En direct de Gaza
Une autre année dramatique pour
les Palestiniens de Gaza
Ziad Medoukh
Samedi 31 décembre 2016
Depuis plus de dix ans, et à la fin de
chaque année, les habitants de la bande
de Gaza espèrent un changement de leur
situation marquée par la souffrance, le
maintien du blocus israélien inhumain,
la poursuite des attaques israéliennes
contre leur prison à ciel ouvert, et son
isolement comme région oubliée.
Depuis le retrait israélien de la bande
de Gaza et l’évacuation des colonies
israéliennes illégales en 2005, et
depuis le début du blocus israélien
imposé contre cette région isolée en
2006, la bande de Gaza vit une situation
terrible à tous les niveaux, une
situation qui rend la vie de deux
millions d’habitants de pire en pire.
En dix ans, la population civile a subi
trois offensives militaires israéliennes
qui ont fait des milliers de morts et de
milliers de blessés, sans oublier la
destruction massive de toute une région.
Dix années se sont écoulées, mais c’est
difficile pour nous Palestiniens de Gaza
d’oublier la guerre, l’enfermement, la
souffrance, les massacres et les crimes
commis par cette armée d’occupation,
contre nos femmes et nos enfants, contre
nos maisons et nos écoles, contre nos
usines et nos routes, contre notre
volonté et notre résistance.
Cette année 2016, a connu la poursuite
des événements tragiques pour les
habitants de cette région enfermée et
laissée à son sort, une région
abandonnée par une communauté
internationale officielle complice. Mais
surtout n’a connu aucun changement sur
le terrain.
L’année 2016 pour les habitants de la
bande de Gaza, a été marquée par les dix
événements suivants :
1-Le maintien du blocus israélien
inhumain imposé de façon illégale par
les forces de l’occupation depuis plus
de dix ans, et la fermeture permanente
des passages qui relient la bande de
Gaza à l’extérieur.
Concernant les passages commerciaux :
Actuellement, par jour, 290 à 320
camions entrent à Gaza via le seul
passage commercial ouvert cinq
jours par semaine, ce passage se situe
au sud de la bande de Gaza, mais la
moitié de ces camions sont pour les
organisations internationales et leurs
projets de reconstruction d'écoles et de
stations d’eau. Parmi ces camions, 5 ou
6 seulement contiennent des matériaux de
construction notamment le ciment. Ce
passage se ferme sous n’importe quel
prétexte, par décision israélienne, sans
prendre en considération les besoins
énormes de la population civile.
Gaza n’a droit qu’à 130 produits au lieu
de 970 avant le blocus, quelques
produits et médicaments n’entrent pas,
ce qui a aggravé la situation. Selon les
estimations des organisations
internationales, la bande de Gaza a
besoin de plus de 1300 camions par jour
pour répondre aux besoins énormes d’une
population en augmentation permanente.
Sans oublier la liste de 90 produits
toujours interdits d’entrer par ordre
militaire israélien.
Cette fermeture a empêché la libre
circulation des importations et des
exportations des biens et produits de
Gaza, en particulier les matières
premières et les produits semi-finis.
Le gouvernement israélien refuse
l’ouverture des passages d’une façon
régulière et maintient son blocus sur
Gaza. Les organisations internationales
n’arrivent pas à faire pression sur ce
gouvernement, et les Palestiniens de
Gaza sont dans l’attente.
2-Les projets de reconstruction public
ou privé sont au point faible, deux ans
et demi après la fin de la dernière
attaque sanglante contre Gaza en été
2014. le comité national de la
reconstruction de Gaza a annoncé que
seulement de réparation pour les maisons
touchées partiellement par les
bombardements israéliens, qui ont été
faites.
Seulement 65% de l’argent promis lors de
la conférence sur la reconstruction de
la bande de Gaza les 11 et 12 octobre
2014 au Caire.- 5.6 milliards dollars
promis- est versé soit directement à
l’autorité palestinienne qui se heurte
à d’énormes difficultés pour mener
des projets de reconstruction dans la
bande de Gaza, qui réellement n’y exerce
aucun pouvoir, à cause des mesures
israéliennes d’une part et des
divergences politiques entre les
différents partis palestiniens d’autre
part, soit aux organisations
internationales qui s’intéressent
surtout à distribuer des aides
alimentaires aux sans-abris plutôt que
de commencer la reconstruction des
maisons détruites.
Le plan Siry – le responsable des
Nations-Unies qui prévoit l’entrée de
quelques camions de ciment par jour à
Gaza sous contrôle israélien- qui a
donné une légitimité internationale au
blocus et a permis à Israël
d’engranger des profits supplémentaires
n’est pas appliqué même par les
autorités israéliennes, qui sous
n’importe prétexte, se désengagent de
son engagement,
On est passé suite à cette situation
catastrophique dans la bande de Gaza
d’une économie familiale non-violente à
une économie dépendante d’Israël et des
organisations internationales.
3-La poursuite des incursions,
bombardements, malgré une trêve
respectée par les factions de Gaza,
jamais par l’armée d’occupation
israélienne. On compte plus de deux cent
violations israéliennes en 2016 : 45
bombardements, 70 incursions dans
différentes zones frontalière au sud et
au nord de la bande de Gaza, 85 attaques
contre les pêcheurs et leurs bateaux de
pêche. 25 palestiniens ont trouvé la
mort à Gaza suite à ces attaques et
bombardements.
4-Le maintien de la division inter
palestinienne, malgré la création d’un
gouvernement d’union nationale dans les
territoires palestiniens, pas d’unité
nationale en Palestinien, ce qu’a
aggravé la souffrance des habitants de
la bande de Gaza. Actuellement, il
y a deux gouvernements, un à Gaza et un
en Cisjordanie, leur divergence et leurs
décisions contradictoire empêchent les
habitants de Gaza d’accès à tous les
services.
L’autorité palestinienne verse le
salaire à 70.000 fonctionnaires de Gaza
via les banques, mais elle ne contrôle
pas tous les secteurs économiques ni les
passages dans cette région dominé
jusqu’à maintenant par le Hamas.
5-La dégradation de la situation
économique, le taux de chômage dépasse
les 65% de la population civile, mais le
phénomène le plus dangereux est la
hausse du chômage chez les jeunes de
moins de 30 ans, qui atteint 80%, en
2016, plus de 50.000 personnes
s’ajoutent au chômage.
- La pauvreté. 70% de la population de
Gaza vit en dessous de seuil de pauvreté
-L’augmentation du nombre de personnes
qui dépendent des organisations
humanitaires. 75% des Palestiniens de
Gaza vivent sur des aides alimentaires.
Selon les sources du bureau des
Nations-Unies pour les réfugiés
palestiniens –UNRWA- dans la bande de
Gaza, plus de 990.000 personnes ont
bénéficié du programme de l’aide
alimentaire géré par le bureau en 2016,
ce programme a élargi ses services pour
cibler les citoyens et non seulement les
réfugiés.
Sur le plan économique, la situation ne
cesse de s’aggraver avec les
conséquences dramatiques du blocus et de
la dernière agression qui ont causé
l’augmentation du chômage, et du niveau
de pauvreté, sans oublier l’incapacité
de bâtir une véritable économie dans la
bande de Gaza.
L’économie de la bande de Gaza souffre
d’une crise très grave due aux
agressions israéliennes et au blocus.
Cette situation empêche tout
développement d'une économie en faillite
qui ne trouve pas les ressources
nécessaires pour sortir d'une crise
qui touche tous les secteurs.
Pour beaucoup d’économistes, l’année
2016 est considérée comme la plus
catastrophique pour l’économie
palestinienne depuis 20 ans
6-Le soulèvement populaire en
Cisjordanie commencé en octobre 2015,
qui a détourné les yeux sur la
souffrance au quotidien des Palestiniens
de Gaza, les problèmes et les
difficultés affrontés par les citoyens
de Gaza intéressent moins l’autorité
palestinienne et le reste du monde. Au
nom de ses préoccupations et de son
suivi de ce soulèvement populaire , qui
entre dans sa deuxième année,
l’autorités et les autres institutions
palestiniennes s’intéressent moins aux
problèmes de ces citoyens.
7-La fermeture des passages qui relient
la bande Gaza à l’extérieur, notamment
le passage de Rafah au sud de la bande
de Gaza, et le passage d’Iretz au nord
de la bande de Gaza, a rendu le
déplacement des palestiniens de Gaza
très faible. Le passage de Rafah a
ouvert ses portes seulement 90 jours en
2016, tandis que le passage d’Iretz
contrôlé par l’armée israélienne n’est
pas autorisé qu’à 7 % de la population
gazaouite, surtout les malades, les
hommes d’affaires et quelques cas
humanitaires.
8-Aucune solution est proposée pour les
problèmes de la bande de Gaza, soit de
deux gouvernements palestiniens, soit
des organisations internationales, voir
des pays voisins ou autres. Les
problèmes d’eau, d’électricité,
d’infrastructure, de chômage, de
pauvreté, de précarité et reconstruction
sont toujours présents.
La seule centrale électrique qui a
été bombardée lors de la dernière
agression, fonctionne avec seulement 30%
de sa capacité, chaque foyer à Gaza a le
droit de 6 à 8 heures de courant
électrique par jour.
Concernant l’eau : Les dommages causés
aux canalisations d’eau et
d’assainissement ont été immenses En
décembre 2016, plus de la moitié des
Gazaouis n’avait plus aucun accès à
l’eau.
9-La situation et les événements dans la
région et dans des pays arabes, en
particulier en Syrie et au Yémen qui
attirent les dirigeants arabes et
internationaux, , la cause palestinienne
est passée au deuxième plan, avec
l’accélération de ces événements dans
une région arabe de plus en plus
instable.
10-Aucun changement, rien ne change,
rien ne bouge, la vie est presque
paralysée pour cette population civile.
Et ça dure depuis longtemps, sans aucune
réaction nationale, régionale ou
internationale. Les citoyens de Gaza
vivent le jour au jour, ils essayent de
s’adapter, de tenir bon, mais surtout
d’y exister.
L’aspect le plus grave de toute cette
situation difficile des habitants de la
bande de Gaza et qui marque l’esprit de
la majorité des habitants, c’est
l’absence de perspectives pour ces gens
qui ne voient aucun changement, qui
constatent que les choses n’avancent
pas, ne bougent pas, sur tous les
niveaux : réconciliation, fin de
division, amélioration de leur condition
de vie, ouverture, fin d’occupation ;
sentiment horrible qui va influencer
l’avenir de cette génération, surtout
celle des jeunes, qui commencent à
perdre espoir en un avenir immédiat
meilleur.
Les questions qui se posent au début de
cette nouvelle année :
Quand la reconstruction de Gaza
commencera-t-elle ?
Jusqu’à quand ce blocus israélien
inhumain contre la population civile de
la bande de Gaza ?
Jusqu’à quand la souffrance des
Palestiniens de Gaza ?
Jusqu’à quand cet impunité d’Israël ?
Jusqu’à quand le silence international
officiel ?
Et jusqu’à quand cette injustice ?
La population civile se bat
quotidiennement pour survivre digne sur
sa terre.
La situation stagne, rien ne bouge et
les gens, sur place, attendent et
attendent, ils attendent une ouverture,
ils attendent la levée de ce blocus
inhumain, ils attendent une vraie
réaction internationale afin de mettre
fin à l’impunité d’Israël et fin à leur
souffrance, ils n’ont pas d'autre choix
que d’attendre, ils attendent avec un
courage et une volonté remarquables.
Mais surtout avec un message simple et
claire : ici notre terre, nous partirons
pas.
Mais la vie continue, ses habitants
s’adaptent et montrent une patience
extraordinaire devant le silence
complice d'une communauté internationale
officielle impuissante.
En attendant, les Palestiniens de Gaza
tiennent bon, persistent, patientent,
résistent, mais surtout, ils continuent
d’espérer en un lendemain meilleur, un
lendemain de liberté, de paix, mais,
avant tout, un lendemain de justice.
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