Le Courrier du
Maghreb et de l'Orient
PALESTINE – Les sept raisons
de l’agression israélienne contre les
Palestiniens
Ziad Medoukh
Mercredi 9 décembre 2015
Source:
http://lecourrierdumaghrebetdelorient.info/...
Les événements sont occultés
dans les médias, trop occupés par les
attentats de Paris. Mais, depuis plus de
deux mois, les forces d’occupation
israélienne ont recommencé à tuer, à
blesser, à arrêter et agresser les
civils palestiniens, partout, en
Cisjordanie, dans la ville de Jérusalem,
dans la bande de Gaza… dans les
territoires de 1948.
Le bilan provisoire de ces attaques
est lourd, déjà… côté palestinien bien
sûr : 100 morts, dont 30 enfants de
moins de 16 ans et 7 femmes ;
4.000 blessés ; et plus de 3.000
personnes arrêtées et emprisonnées.
Certes, les actions ne sont pas
toujours pacifiques : des jeunes
palestiniens manifestent et, comme de
puis longtemps, lancent des pierres
contre les soldats et les colons
israéliens qui ont envahi leur pays et
répliquent avec des armes à feu. Il y a
aussi plusieurs attentats individuels,
des attaques au couteau contre des
Israéliens. Mais les représailles
israéliennes sont
toujours disproportionnées et
sanglantes.
La multiplication des agressions
militaires israéliennes contre les
civils palestiniens montre que cette
armée poursuit sa politique
d’occupation et profite de chaque
occasion pour frapper les Palestiniens
et étendre les colonies de peuplement.
L’armée israélienne viole ainsi tous
les jours le Droit international, et ne
respecte aucune résolution
internationale ; elle tue les civils
palestiniens en sang froid.
Le gouvernement israélien d’extrême
ne se soucie guère de comprendre les
vraies raisons de ce nouveau soulèvement
populaire mené par des jeunes
palestiniens désespérés, par la
génération d’Oslo, désabusée après vingt
ans de « négociations » et de
« processus de paix », qui n’ont abouti
à aucune réalisation sur le terrain et
n’ont apporté aucune perspective pour
l’avenir.
Ce gouvernement, encouragé par les
puissances internationales, et par la
faiblesse d’une position arabe divisée,
poursuit ses attaques et ses agressions
au quotidien contre les civils
palestiniens.
Les sept raisons des agressions
israéliennes contre les Palestiniens
sont :
Premièrement. Israël veut achever de
briser cette population palestinienne
civile qui résiste et existe malgré
soixante ans d’occupation et
d’agressions et les difficultés
économiques. Les Palestiniens, à chaque
occasion ou événement marquant, se
mobilisent ; ils varient les formes de
résistance ; ils manifestent leur colère
contre l’oppression et contre
l’injustice. C’est cet esprit de
résistance qu’Israël veut épuiser et
dissiper.
Une population qui reconstruit chaque
fois que possible ce que l’armée a
détruit, cette population qui continue à
envoyer ses enfants à l’école, cette
population qui s’attache à la vie, et
malgré le mur de l’apartheid, les
check-points et les barrages militaires,
malgré le blocus de gaza et trois
offensives militaires en moins de cinq
ans.
C’est pour cette raison que la
majorité des attaques militaires
israéliennes visent les civils, les
paysans, les pêcheurs, les
journalistes, les enfants, les femmes,
les jeunes et les personnes âgées, les
familles qu’il faut décourager et
chasser.
Deuxièmement. Israël tente de
provoquer les forces de résistance, pour
qu’elles utilisent des armes ou
organisent des attentats militaires, que
certains lancent des roquettes contre
les localités israéliennes proches des
villages palestiniens. Ces tirs de
roquettes, qui ne font pas de victimes
et si peu de dégâts matériels, sont
surexploités, alors, par l’armée
israélienne, qui accuse ainsi les
Palestiniens d’être les agresseurs et
justifie de la sorte ses ripostes
dévastatrices. C’est la politique de
Tel-Aviv : au nom de sa sécurité
menacée, Israël mène des attaques -voire
des guerres- contre les Palestiniens, à
n’importe quel moment, incessamment,
leur rendant l’existence impossible.
Troisièmement. Le boycott des
produits israéliens, qui s’accélère
partout dans le monde, pousse désormais
Israël à essayer de se faire passer pour
la victime ; Israël doit sortir de
l’isolement progressif qui se construit,
en exploitant les attentats commis par
des individus contre les soldats et les
colons, affirmant défendre ses citoyens
agressés par « les » Palestiniens.
Quatrièmement. Le développement de la
lutte non-violente inquiète Israël, qui
a toujours eu peur que les jeunes
Palestiniens qui manifestent
pacifiquement contre la confiscation de
leurs terres n’attirent la solidarité
internationale, mais aussi les
pacifistes israéliens eux-mêmes, qui
gêneraient les opérations militaires
dans les territoires palestiniens.
Cinquièmement. L’échec du processus
de paix : le gouvernement israélien veut
échapper aux critiques internationales
selon lesquelles il est le responsable
de la raison de cet échec par sa
politique coloniale et son refus
d’appliquer les résolutions
internationales. Pour dépasser ces
critiques, Israël accuse l’Autorité
palestinienne de n’avoir pas su
endiguer ce soulèvement populaire qui
« l’oblige » à intervenir
militairement ; et c’est donc l’Autorité
palestinienne qui serait la responsable
de l’échec du processus de paix.
Sixièmement. Le silence total de la
communauté internationale est lourd de
conséquence, autant qu’il est
incompréhensible. Israël se comporte
comme en « État-voyou », mais aucune
institution ou organisation
internationale ne le critique
sérieusement ni ne le dénonce avec
fermeté. Pourquoi cet État hors-la-loi
actif en toute impunité ne
poursuivrait-il pas, dès lors, sa
politique d’anéantissement du peuple
palestinien, dont il a entrepris, dès
avant 1948 déjà, de coloniser le
territoire.
Septièmement. Israël profite de la
division qui règne entre les factions en
Palestine ; et aussi des événements qui
ébranlent les pays arabes. Les
Palestiniens sont divisés et n’arrivent
pas à adopter une forme unique de
résistance contre l’occupation, et les
pays arabes sont très occupés par les
tragédies qui les ravagent ; c’est le
cas de la Syrie, du Yémen, de la Libye,
de l’Iraq et même l’Egypte en proie à
une dictature à l’underground féroce.
Encore une fois : la nécessité est
urgente d’une intervention
internationale, par des sanctions et des
actions de boycott contre cet État-voyou
impuni.
Ce nouveau soulèvement de la jeunesse
de Palestine pourrait annoncer un
tournant dans le conflit
israélo-palestinien : malgré la
répression sanglante par l’armée
d’occupation israélienne, malgré le
bilan lourd de ses attaques, et en dépit
du silence complice de ce monde, les
Palestiniens sont de plus en plus
déterminés ; ils vont poursuivre leur
soulèvement populaire, il n’y a plus de
retour en arrière, plus d’espoir dans
les négociations à rallonge et
malhonnêtes.
La lutte des Palestiniennes pour leur
indépendance est désormais moins
l’apanage des organisations de
résistance que celui d’une population
excédée et qui a pris son sort en main.
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