Palestine
La solution est la paix
Ziad Medoukh
Lundi 1er août 2016
Dans un monde en effervescence :
guerres, violence, attentats, haine,
crimes, attaques terroristes,
agressions, bombardements, interventions
militaires, pauvreté, précarité,
chômage, chocs sociaux et économiques,
menaces nucléaires, traumatisme
collectif, et horreur absolue qui fauche
des vies infiniment précieuses et répand
la souffrance et la peur.
Avec la domination
de l’intolérance et le rejet de l’autre,
nous vivons une crise morale, qui
commence à avoir des conséquences
dramatiques sur des pays et des nations.
Tant de manipulation et
d’instrumentalisation par des médias et
des politiques qui cherchent à récupérer
avec «opportunisme » les monstruosités,
la douleur, l’horreur, pour soigner leur
côte de popularité, pour ouvrir des
brèches criminelles entre les peuples,
pour avoir plus d’intérêts économiques.
Le résultat est
certes le même, horrible, l’horreur ne
tombe pas du ciel. Elle naît de
fractures, de fêlures, de rejets, de
discriminations, d’intolérances ; de
violences sociales, guerrières, de
frustrations , d’injustice et
d’humiliations.
Si nous ne sommes
pas vigilants, les politiques et les
médias arriveront à nous faire détester
les opprimés et aimer ceux qui les
oppriment.
Loin des
manipulations politique et médiatique,
d’une malhonnêteté flagrante, nous
devons sortir du cercle vicieux de la
guerre et de la terreur.
Cette situation
nous rappelle combien la vie est sacrée
et que face à la barbarie, nos
meilleures armes sont la force de
l’esprit là où sévit l’obscurantisme, la
puissance de l’amour là où hurle la
haine, les instruments de la paix là où
tuent les armes de guerre.
Plus que jamais,
œuvrer à un vivre ensemble pacifique
s’impose, nous avons besoin des paroles
solidaires et réconfortantes, des
actions contre l’amplification du climat
de racisme et contre des idéologies
dominantes qui commencent à gagner la
majorité des esprits.
L’espérance naîtra
de notre capacité à nous rencontrer avec
nos multiples appartenances, pour nous
reconnaître d’une même humanité. Elle se
renforcera par notre volonté de nous
unir autour d’un même combat pour la
dignité. Tout le monde devrait nous
montrer des voies pour bâtir la paix, et
s’engager sans relâche pour conjurer la
vengeance et la peur, en semant la paix
dans le cœur des enfants et des jeunes.
La solution n’est
ni sécuritaire ni militaire, elle est
avant tout sociale et scolaire, la
solution est la paix, nous devrons
remplacer la culture de la guerre par la
culture de la paix.
La paix est une
demande populaire partout dans le monde,
le problème est que la paix est devenue
un slogan pour beaucoup de pays,
d’institutions, d’organisations et de
personnes, qui jour et nuit déclarent
avoir travaillé et œuvré pour réaliser
cette paix dans leur entourage, dans
leurs pays, dans leurs régions et dans
le monde, mais sur le terrain, ils ne
font rien pour la réaliser, au
contraire, ils incitent à la haine et
l’intolérance dans leurs actions et dans
leurs mesures.
Les raisons sont
simples : les intérêts économiques de
ces pays, l’absence d’une éducation à la
paix dans les écoles et dans les
universités, et surtout l’absence d’une
vraie volonté pour réaliser cette paix.
Sans oublier que le monde entier vit une
crise morale, avec des valeurs humaines
qui tombent en faveur des intérêts
personnels.
Nous vivons dans la
violence, les guerres, la peur,
l’inquiétude et la méfiance entre
personnes et entre pays.
J’accuse comme
premiers responsables à cette situation
d’insécurité dans le monde les
fabriquant d’armes, qui au travers de
leurs relations économiques avec les
hommes politiques et les décideurs,
essayent de garder cette situation
d’insécurité dans le monde afin
d’augmenter leurs profits et leurs
bénéfices, même sur le dos de milliers
de victimes.
Il y a ici une
raison principale de cette situation
c’est l’injustice, quand un pays riche,
au lieu d’aider les pays pauvres à
sortir de leur crise économique et de
leur envoyer des aides alimentaires,
leur envoie des missiles et des
militaires pour occuper et déstabiliser
ce pays.
De même, il y a des
conflits qui durent depuis plus d’un
demi-siècle comme le conflit
israélo-palestinien, et aucun pays, ni
aucune organisation n’arrive à trouver
une résolution de ce conflit, pourtant
simple : la fin de l’occupation et la
fin de la colonisation des territoires
palestiniens, et l’instauration d’une
paix juste et durable.
Mais on voit des
pays qui encouragent Israël dans sa
politique agressive à l’encontre des
Palestiniens par l’envoie d’armes à cet
état d’apartheid, et le défendent dans
les instances internationales.
On doit accepter
l’autre et essayer de vivre avec lui,
loin des différences ethniques et
religieuses, on doit augmenter le nombre
de rencontres interculturelles et
internationales partout dans le monde,
chacun doit connaître la culture de
l’autre, on doit enseigner à nos enfants
à vivre ensemble, le rôle de l’école
devrait changer, l’école ce n’est pas
seulement un espace scientifique et
d’apprentissage, mais c’est un lieu de
rencontre, c’est inculquer les principes
et les valeurs humaines dès l’enfance,
afin de participer à créer une
génération tolérante, une génération qui
s’ouvre sur la justice, sur la paix et
sur la stabilité dans le monde. Une
génération qui soit capable de lutter
pour instaurer la paix, et qui se
mobilise pour ces valeurs humaines et
humanistes.
La question ce
n’est pas de créer et d’engager une
nouvelle éthique, mais de revenir à nos
valeurs humaines de tolérance, de
justice, d’accepter l’autre, de vivre
ensemble, de mettre la paix comme un
objectif à réaliser, et pas seulement
comme un slogan ou comme un discours. Il
y a ici une responsabilité de ces
associations et organisations nationales
et internationales qui œuvrent pour la
paix, qui devraient renforcer leurs
actions et toucher un public plus large,
notamment dans les lieux de conflit afin
d’arrêter la violence et augmenter la
chance pour arriver à des solutions
pacifiques. A mon avis, il y a un manque
de conscience chez les gens, il manque
un travail de fond. Ce qu’ont encouragé
la violence et les guerres partout dans
le monde.
Cette violence
favorise l’injustice et la haine, ce qui
rend la solution pacifique très
difficile, et ainsi la violence engendre
la violence, et c’est la paix qui sera
perdante.
Quand , le monde
prendra-t-il conscience que la violence
est en train de saper les fondements de
l’humanité et des civilisations ?
Tout le monde doit
assumer ses responsabilités afin
d’éviter d’aggraver notre crise morale
et cette tendance vers l’intolérance.
Pour sortir de
cette crise morale, on devrait commencer
un travail de fond avec la nouvelle
génération, on devrait proposer aux
enfants et aux jeunes une culture
à la paix, une éducation à la tolérance,
un enseignement des valeurs humaines. Il
y a un rôle très important à jouer par
les médias, qui devraient augmenter
leurs programmes et leurs chaînes pour
sensibiliser les gens au danger de la
violence et des conflits et essayer de
rapprocher les peuples et participer à
instaurer une culture de paix et de
tolérance. Par exemple, les chaînes de
TV et les journaux, au lieu de mettre à
la Une de leurs pages et de leurs
écrans, une image ou des nouvelles d’une
guerre, attentat, ou bombardement,
pourraient mettre une action de paix ou
une rencontre sur la tolérance dans le
pays ou la région de cette guerre ou
attentat.
Je vous donne un
exemple concret : on a créé à notre
université de Gaza un Centre de la paix
pour enseigner les principes de la
démocratie, des droits de l’homme, de
tolérance et de paix aux jeunes
étudiants, ce Centre organise des
ateliers, des rencontres et des
formations sur ces principes ; quand on
invite des journalistes à visiter notre
Centre afin de couvrir nos activités,
ils ne viennent pas, mais quand il y a
un bombardement israélien sur Gaza ou
des affrontements , les journalistes
arrivent nombreux. Ces journalistes au
lieu de m’interroger sur les actions de
notre Centre, demandent des réponses sur
les attaques et les offensives
israéliennes contre la bande de Gaza. Et
ça se répète en Iraq, en Syrie, au Yémen
où les médias s’intéressent aux clashs
et aux attentats violents, au lieu de
parler des actions faites pour la
tolérance et pour la paix dans ces pays,
qui sont nombreuses, mais pas connues à
cause de la non-couverture médiatique.
Toujours en
Palestine, et malgré l’occupation et la
colonisation, et malgré leur souffrance
au quotidien depuis plus de 70 ans, il y
a plus de 300 organisations,
associations, centres, magasins, médias,
facultés et écoles, qui portent le nom
de la Paix dans les territoires
palestiniens.
En conclusion, nous
devrons tous travailler ensemble et nous
mobiliser afin d’essayer de sauver ce
monde de sa crise morale et de favoriser
le dialogue entre les pays et les gens
pour arriver à une vraie paix durable,
une paix qui passe avant tout par la
justice.
Il est vrai que
construire la paix nécessite discrétion,
humilité, persévérance et tolérance, des
qualités rares dans notre monde actuel,
mais nous devons croire en l’humanité,
car l’humanité est plus forte que les
prisonniers de la haine ! Et que
l’humanité est pacifique avant tout !
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