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Yediot Aharonot
L'affaire des excavations près du
Mont du Temple
Le pont effondré en question
où ont lieu les travaux se trouve en bas à droite de l’image
[Flou administratif, controverses d'experts. Mais
surtout, politiquement, vu les précédents, est-il responsable
d'enflammer une zone aussi sensible? Fausses nouvelles et conséquences
sanglantes à prévoir...]
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3361666,00.html
Yediot Aharonot, 6 février 2007
Mardi, des organisations palestiniennes ont menacé de réagir par
des attentats à l'intérieur d'Israël si l'Autorité [israélienne]
responsable des Antiquités continuait ses travaux de renforcement
de la colline de Mougrabi (Almaghariba) et mène au Mont du Temple
(al-Haram al-Sherif pour les musulmans, le "Noble
Sanctuaire") et qui menace de s'effondrer.
Le premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh a appelé les
musulmans en Israël et dans les Territoires à se rassembler sur
le site pour empêcher les travaux. Des forces de police sont postées
à Jérusalem Est, dans la Vieille Ville et aux portes qui mènent
au Mont du Temple pour prévenir des émeutes.
Mardi après-midi, plusieurs jeunes Arabes ont jeté des pierres
vers les forces de police pour protester contre les travaux.
Plusieurs dizaines de jeunes, empêchés de pénétrer dans la
zone, ont voulu se rendre rue Salah a-Din ("Saladin", la
rue principale de Jérusalem Est), mais la police les en a empêchés.
Des pierres ont été jetées, mais aucun blessé n'est à déplorer.
Dans le camp de réfugiés de Shoafat, au Nord de Jérusalem,
plusieurs dizaines de jeunes ont là aussi jeté des pierres sur
les forces de police, qui ont dispersé l'émeute. En tout, 11
jeunes ont été arrêtés.
Ramadan Adassi, l'un des hauts responsables des Brigades des
Martyrs d'al-Aqsa, nous a déclaré plus tôt dans la journée que
son organisation réagirait avec force et perpétrerait des
attentats si les travaux continuaient. Le Jihad islamique, quant
à lui, a affirmé que les deux roquettes Qassam lancées dans la
matinée constituaient une réponse à ces travaux.
Il apparaît aujourd'hui qu'il y a une semaine, la Contrôleure de
Jérusalem Shoulamit Rubin avait déclaré illégaux les travaux
entrepris sur le site de Mougrabi, les responsables des
excavations n'ayant pas soumis un plan détaillé des travaux. Son
rapport a été adressé aux responsables municipaux concernés.
L'association Ir Amim (la "Ville des Peuples") a adressé
lundi une lettre urgente au procureur général Menahem Mazouz,
selon laquelle l'illégalité des travaux est connue de la
municipalité.
Toutefois, Yehoshoua Pollack, président de la commission du plan
et de la construction à Jérusalem, a déclaré mardi :
"Nous avons reçu la demande et l'autorisation a été donnée
avec l'approbation de l'ingénieur en chef de la ville, du
ministre des affaires intérieures, du ministre de la défense, du
chef de la police et du chef de cabinet du ministère de la défense
: tous ont accepté l'idée qu'un pont qui mène au Mont du Temple
était impératif pour la sécurité des visiteurs. Nous avons également
examiné cette affaire avec l'Autorité des Antiquités."
L'Autorité des Antiquités, lors d'une conférence de presse
organisée mardi sur les lieux des travaux controversés, a répété
que toutes les inquiétudes concernant les dommages éventuels à
des mosquées étaient infondées. Les travaux de renforcement
concernent la colline de Mougrabi, loin du Mont du
Temple. "Cette information est donc fausse", a déclaré
l'archéologue Youval Baroukh. "D'ailleurs, ces excavations
sont conduites à ciel ouvert et ouvertes à tous. Tout le monde
peut venir les observer", a-t-il ajouté.
L'Autorité des Antiquités a entamé les travaux il y a trois
semaines. Elle compte insérer des colonnes de soutènement sous
la colline de Mougrabi, après l'effondrement du chemin d'origine
lors d'une tempête de neige en 2004 et la construction d'un pont
provisoire, déclaré dangereux car la colline elle-même est
instable.
Meir Ben-Dov, archéologue qui a dirigé les excavations près du
Mont du Temple pendant 39 ans, affirme quant à lui qu'il n'est
nul besoin de travaux si importants et qu'on pouvait se contenter
d'une solution "plus simple et moins coûteuse". D'après
lui, la décision de démolir la colline Mougrabi pour y
construire deux ponts à la place pourrait provoquer un bain de
sang : "Jusqu'à présent, les choses étaient assez calmes,
alors pourquoi les enflammer aujourd'hui. A-t-on besoin de
conflits religieux? Ces gens sont stupides, à courte vue. Ils
cherchent les émeutes."
La députée travailliste Colette Avital a appelé le gouvernement
à annuler les travaux prévus : "Nous devons éviter toute
tension inutile à Jérusalem."
Yossi Beilin, député et président du parti Meretz, a qualifié
ces travaux d'"irresponsables", et a dit qu'ils
pourraient avoir des "conséquences dévastatrices".
"Quiconque se souvient des conséquences de la visite d'Ariel
Sharon au Mont du Temple et à l'ouverture du Mur des
Lamentations, prend des risques immenses en termes de vies
humaines et fait le jeu des extrémistes du côté
palestinien", a-t-il ajouté.
Le député Gideon Saar (Likoud) a dit que c'étaient les
critiques des députés de gauche qui étaient irresponsables et
qui faisaient le jeu du Hamas et du Jihad islamique.
La réaction jordanienne (source : Ha'aretz)
Le roi Abdallah II de Jordanie (1) a dit mardi que les travaux
d'excavations entrepris par Israël près de la Mosquée d'al-Aqsa
à Jérusalem provoquent une dangereuse montée des tensions au
Proche-Orient et pourraient faire dérailler les tentatives de
relance des négociations.
"Ce que fait Israël, par ses pratiques et ses attaques
contre nos lieux saints musulmans constitue une violation
flagrante qui ne peut être acceptée sous aucun prétexte",
a dit le roi cité par l'agence de presse jordanienne
Petra. "Ces mesures ne feront que créer une atmosphère qui
n'aidera en aucune manière au succès des efforts entrepris pour
relancer le processus de paix. Il s'agit d'une escalade dangereuse
à laquelle nous assistons ces dernières heures... ces travaux et
ces excavations menacent les fondations de la Mosquée d'al-Aqsa",
a-t-il ajouté.
Une réaction palestinienne officielle (source : Wafa)
De son côté, l'agence de presse palestinienne annonçait
aujourd'hui que "des bulldozers israéliens sont en train de
détruire la Mosquée d'al-Aqsa".
(1) Rappelons que le roi de Jordanie est toujours officiellement
gardien des Lieux saints musulmans de Jérusalem.
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
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