Réseau Voltaire
Le Conseil de sécurité s’apprête
à enjoindre à Israël de rompre avec al-Qaïda
Thierry Meyssan
Le 17
avril 2016, Benjamin Netanyahu narguait
la communauté internationale en
organisant un conseil des ministres sur
le plateau du Golan et en déclarant
qu’il ne le rendrait jamais à la Syrie.
Samedi 2 juillet 2016
Israël a participé à l’expulsion des
Casques bleus de la zone tampon du
Golan, en août 2014, et a confié depuis
deux ans ce territoire à al-Qaïda dont
il assure la logistique. Puis, Benjamin
Netanyahu a annoncé son intention de
violer la résolution 338 et d’annexer le
Golan occupé. C’en était trop. Les
États-Unis et la Fédération de Russie
ont décidé de rappeler Tel-Aviv à
l’ordre.
Le Conseil de sécurité devrait
prochainement adopter une résolution co-rédigée
par les États-Unis et la Fédération de
Russie sur la Force des Nations unies
chargée d’observer le dégagement
(FNUOD), c’est-à-dire sur les casques
bleus chargés de s’interposer entre
Israël et la République arabe syrienne
sur le plateau du Golan.
45 casques
bleus fidjiens ont été faits prisonniers
par al-Qaïda,
puis libérés après le virement d’une
rançon sur un compte bancaire.
Le 28 août 2014, le Front al-Nosra (al-Qaïda)
parvenait à s’introduire dans la zone
tampon et à prendre en otage 45 casques
bleus fidjiens. Désobéissant aux ordres
des Nations unies, des casques bleus
philippins tentèrent de les sauver. En
définitive, des casques bleus irlandais
accompagnés de soldats israéliens
parvenaient à établir le contact avec
les jihadistes. À l’issue de longues
négociations, l’Onu refusait de retirer
al-Nosra de la liste des organisations
terroristes, mais décidait de verser une
rançon par virement bancaire (!). La
libération des otages n’était pas
annoncée par l’Onu, mais depuis Londres
par l’Observatoire syrien des Droits de
l’homme, une ONG servant de couverture
au MI6. Jamais les Nations unies n’ont
motivé leur ordre de laisser tomber les
Fidjiens, ni entrepris d’enquête sur le
compte bancaire d’al-Qaïda.
Le Premier
ministre israélien Benjamin Netanyahu
vient féliciter
les jihadistes d’al-Qaïda soignés en
Israël.
Depuis lors, il n’y a plus de casques
bleus pour assurer l’application de la
résolution 338, ce rôle étant dévolu à
al-Qaïda. Lorsque des jihadistes sont
attaqués et blessés par l’armée arabe
syrienne, ils se replient en territoire
israélien et sont soignés au Ziv Medical
Centre, puis raccompagnés par l’armée
israélienne à la frontière pour
reprendre le combat.
Le 17 avril 2016, Israël s’était
livré à une provocation, organisant un
Conseil des ministres sur le Golan. Le
Premier ministre Benjamin Netanyahu
avait alors déclaré que son pays
n’appliquerait jamais la résolution 338
et ne restituerait jamais le Golan.
Le 14 juin 2016, l’ancien Premier
ministre Ehud Barak avait dénoncé la
politique irresponsable de M. Netanyahu
et appelé les dirigeants israéliens à le
renverser par tous les moyens.
Les
soldats israéliens ont confié la zone
tampon à al-Qaïda en lieu et place de la
FNUOD.
Le projet de résolution stipule
notamment :
« Le
Conseil de sécurité souligne qu’il ne
devrait y avoir aucune activité
militaire des groupes d’opposition armés
dans la zone de séparation et prie
instamment les États Membres de
signifier clairement aux groupes
d’opposition armés syriens présents dans
la zone d’opérations de la FNUOD qu’ils
doivent cesser toute activité risquant
de mettre en danger les soldats de la
paix et laisser au personnel des Nations
Unies la liberté dont il a besoin pour
s’acquitter de son mandat en toute
sécurité ;
Demande
à tous les groupes autres que la FNUOD
d’abandonner toutes les positions de la
Force ainsi que le point de passage de
Qouneïtra et de restituer les véhicules,
les armes et tout autre matériel
appartenant aux Casques bleus ; »
Pendant soixante ans, Israël a
dénoncé le danger du terrorisme arabe et
musulman. Cependant, sur le Golan, il a
aidé à expulser la FNUOD et confié la
zone tampon à al-Qaïda.
Après deux ans de violation du Droit
international, le Conseil de sécurité
devrait donc redéployer la FNUOD et
enjoindre Israël de cesser son soutien à
l’organisation terroriste.
L’État d’Israël n’a jusqu’à présent
respecté presque aucune des résolutions
du Conseil de sécurité le concernant.
Thierry Meyssan
Consultant
politique, président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for Peace. Dernier ouvrage en
français :
L’Effroyable imposture : Tome 2,
Manipulations et désinformations
(éd. JP Bertand, 2007). Compte
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