Religion
L'individu
Tariq Ramadan

© Tariq
Ramadan
Vendredi 24 mars 2017
L’homme est d’abord un être
responsable. Devant Dieu, mais également
devant les êtres humains et parmi ses
semblables. Construire une société
suppose que l’on ait, au préalable,
déterminé une conception de l’individu
qui la constitue. En cela l’Islam, comme
toutes les spiritualités et toutes les
religions, a mis l’accent sur trois
principes (qui sont autant
d’aspirations) : l’exigence de vérité et
de transparence ; la dimension morale
(éthique) et la priorité des valeurs ;
l’impératif du respect des hommes et des
normes d’équilibre. Chaque être humain
doit chercher à vivre, à nourrir et à
donner sens à ce qui fait son humanité :
savoir pour s’approcher du plus vrai ;
donner force à ses valeurs pour réaliser
le bien ; écouter et participer pour
mieux respecter. L’appel du Prophète
(PBSL) à chercher la connaissance (« La
recherche de la connaissance est une
obligation pour tout musulman et
musulmane ») ; l’exigence coranique à
s’engager pour le bien vis-à-vis de sa
propre personne et de la société (« Vous
commandez le bien et vous interdisez le
mal ») ; et enfin l’ensemble des
recommandations à la mesure et à la
douceur que l’on trouve dans le Coran et
la Sunna (« Parlez-leur de la meilleure
des façons », « N’oubliez pas d’user de
générosité – de bonté, de douceur – les
uns envers les autres ») vont clairement
dans ce sens. Impossible donc de penser
une société sans commencer par
l’individu qui doit faire sien l’effort
de réforme de son être. Le verset est
répété à l’envie :
« […] Dieu ne change pas ce qui est en
un peuple avant qu’ils ne changent ce
qui est en eux […] » Coran 13/11
Le passage du singulier du peuple au
pluriel des individus qui le constituent
ne souffre aucune hésitation pour ce qui
est de la portée de l’injonction. La
dimension sociale prend sens à la source
de la conscience de chaque être, seul,
fort de l’effort de tous. Pour qui est
porteur de la foi, cette compréhension
se fait dans un perpétuel souci
d’équilibre :
« Recherche, dans ce que Dieu t’a donné
comme biens, la demeure dernière. Ne
néglige pas ta part de la vie de ce
monde. Sois bon comme Dieu est bon avec
toi. Ne recherche pas la corruption sur
la terre. Dieu n’aime pas ceux qui
sèment la corruption. » Coran 28/77
Aussi faudra-t-il que la société
permette à chacun de ne pas négliger
« (sa) part de la vie de ce monde ». Les
exigences se font écho : la société doit
se penser en fonction de l’individu et
elle doit lui offrir la possibilité de
vivre pleinement les exigences de son
humanité. En d’autres termes, elle doit
lui donner la possibilité de choisir, en
connaissance de cause : il s’agira donc
de ne pas se tromper sur le fond ;
choisir dans l’ignorance et
l’analphabétisme n’est pas choisir,
voler dans le dénuement total et la
misère n’est pas voler, respecter sous
la contrainte et la répression n’est pas
respecter.
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