Religion
Le Créateur et la gérance
Tariq Ramadan

© Tariq
Ramadan
Vendredi 24 février 2017
Le dogme de l’islam, c’est
l’existence de Dieu, Unique et Créateur.
Le principe qui en découle est que
l’univers entier appartient à Dieu qui
en est, par essence, le propriétaire. On
trouve souvent répétée dans le Coran la
formule :
« Ce qui est dans les cieux
et ce qui est sur la terre appartient à
Dieu […] » Coran 2/284
C’est bien cette idée qui est
traduite dans ces versets qui associent
la propriété divine des cieux et de la
terre, la dimension sacrée des êtres et
des éléments de la création et, enfin,
le rappel de la destinée des hommes :
« Ne vois-tu pas que ce qui se trouve
dans les cieux et sur la terre et les
oiseaux qui étendent leurs ailes
célèbrent les louanges de Dieu ? Dieu
connaît la prière et la louange de
chacun d’entre eux. Dieu sait
parfaitement ce qu’ils font.
La royauté des cieux et de la terre
appartient à Dieu : le retour final sera
vers Dieu.
Ne vois-tu pas que Dieu pousse les
nuages, puis qu’Il les amoncelle pour en
faire une masse ? Tu vois alors l’onde
sortir de leur profondeur. Dieu fait
descendre du ciel de la grêle
(provenant) des nuages (comparables) à
des montagnes. Il en frappe qui Il
veut ; Il en préserve qui Il veut ;
l’éclat de la foudre arrache presque la
vue.
Dieu fait alterner la nuit et
le jour. Il y a en cela un enseignement
pour ceux qui sont doués de vue. »
Coran 24/41-44
Ainsi, une fois rappelée cette
dimension, le croyant perçoit que
l’ensemble de la création est sacrée et
qu’il doit user des éléments avec
respect et reconnaissance. Il n’est,
comme le dit le Coran, qu’un gérant qui
devra rendre compte de ses actes :
« C’est Lui qui a fait de
vous ses gérants (lieutenants :
khalâ’if) sur la terre. Il a
élevé certains d’entre vous au-dessus
des autres pour vous éprouver en ce
qu’Il vous a donné […] » Coran
6/165
Ainsi l’homme vit dans un univers
dont tous les éléments sont des signes
dès lors qu’il se souvient de Dieu. Les
éléments sont sacrés dès lors qu’est
convoquée la mémoire de la foi ; ils
deviennent profanes par l’oubli et la
négligence. C’est dire combien est
grande la responsabilité de l’homme qui,
en sus du dépôt de la foi, doit et devra
rendre compte de sa gestion du monde.
Tel est le sens de la parabole
coranique :
« Oui, nous avions proposé le
dépôt de la foi aux cieux, à la terre et
aux montagnes. Ceux-ci ont refusé de
s’en charger, ils en ont été effrayés.
Seul, l’homme s’en est chargé, mais il
est injuste et plein d’ignorance. »
Coran 33/72
L’homme est libre, certes, mais d’une
liberté qui a ses exigences, au plein
sens du mot.[1]
[1]. Le désir traduit par le
philosophe Michel Serres de voir la
Nature – le monde – être considérée
comme le sujet d’un contrat naturel à
élaborer, trouve un grand écho dans la
conception musulmane du rapport de
l’homme à l’univers et à ses éléments.
Cf. infra Le contrat naturel,
1988.
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