Opinion
Contre la
légitimation du régime congolais
par le gouvernement socialiste
Survie
![](Denis-SASSOU-NGUESSO.jpg)
Vendredi 5 avril
2013
François
Hollande recevra le 8 avril le dictateur
congolais Denis Sassou Nguesso. Le temps
où l’élection de François Hollande
devait être une «
mauvaise nouvelle
pour les dictateurs » [1]
est définitivement révolu, de même que
les promesses de fin de la Françafrique
dont le soutien aux dictatures des
anciennes colonies demeure l’essence. Un
an après sa réception par Nicolas
Sarkozy, cette nouvelle visite du
président congolais montre la proximité
de ce régime criminel avec les plus
hautes autorités françaises, et ce
quelle que soit leur appartenance
politique. Denis Sassou Nguesso est
revenu au pouvoir en 1997 dans le sang
de la population congolaise, avec
l’appui avéré de Elf et des autorités
françaises de l’époque. Alors que l’on
s’apprête à commémorer le 19ème
anniversaire du génocide des Tutsi du
Rwanda, il convient également de
rappeler que cette prise de pouvoir
s’est aussi faite avec la participation
d’un certain nombre d’ex-FAR (Forces
Armées Rwandaises) et d’Interahamwe, qui
sont les groupes qui ont commis le
génocide. Parmi la série de massacres
commis par les milices de Sassou Nguesso
au cours de cette guerre civile pour
prendre le pouvoir et de la répression
qui s’en est suivie, un épisode est
toujours en procédure devant la justice
française : l’affaire des « disparus
du Beach » [2].
Denis Sassou Nguesso est aussi parmi les
chefs d’État visés par
la procédure judiciaire sur les «
Biens Mal Acquis ». Cette
affaire met en lumière le patrimoine
considérable acquis grâce aux
détournements de fonds publics, avec la
complicité d’acteurs français.
Le règne de Sassou Nguesso se
caractérise par le crime, la corruption,
la violation des droits humains, le
détournement des ressources du pays au
profit du clan présidentiel.
Dernièrement, un
rapport de l’Observatoire Congolais des
Droits de l’Homme (OCDH), suite à
une enquête réalisée entre 2010 et 2012
avec l’appui financier de l’Union
européenne (UE) dans six des douze
départements du Congo, concluait que la
torture y est pratiquée de « façon
systématique et partout » « (...) dans
les lieux de détention officiels (...)
» et « (...) plusieurs cas sont
suivis de meurtre ». Cela n’empêche
pas
l’Ambassade de France d’afficher
ostensiblement sur son site que «
la France entretient depuis toujours des
relations privilégiées de coopération
avec la République du Congo et se place
aujourd’hui au premier rang des
bailleurs de fonds bilatéraux présents
dans le pays. ». Cela ne semble pas
non plus déranger le président français
qui viole une nouvelle fois ses
promesses de campagne en recevant le
despote congolais. Déjà, lors des
élections législatives l’été dernier,
la France n’avait émis aucune objection
au déroulement d’un scrutin législatif
pourtant caractérisé par une
participation de seulement 15% et la
dénonciation de « flagrantes
irrégularités » par l’opposition.
Il est probable que M. Hollande ou
Fabius promettront encore "de faire
avancer la question de la démocratie et
des droits humains" lors de cette
rencontre, comme par exemple lors de
la réception du dictateur Ali Bongo en
juillet 2012, ou celle
d’Idriss Déby le 5 décembre 2012. En
réalité, une telle visite est une
victoire pour le dictateur et son
entourage qui ne cachent pas leur
satisfaction. Il sera probablement
question des ennuis judiciaires du clan
présidentiel en France, mais aussi de
business. Une rencontre est d’ailleurs
prévue entre le dictateur et des patrons
français. Comme l’a dit cyniquement le
ministre des affaires étrangères Laurent
Fabius, chantre de la diplomatie
économique à la française [3]
interrogé sur une éventuelle rupture
dans les pratiques franco-africaines,
« la question n’est pas de savoir s’il
faut ou non rompre avec nos
prédécesseurs, mais de conduire la
politique qui est bonne pour la France ».
La France continue par l’entremise de
son Président et de son ministre des
affaires étrangères à consolider ses
intérêts économiques en Afrique au
détriment de ceux des peuples africains.
Nous invitons celles et ceux
qui souhaitent s’élever contre la
légitimation du régime congolais par le
président et le gouvernement français à
s’associer à la manifestation le 8 avril
à 14h, métro Saint-Philippe du Roule.
[1]
Meeting de campagne du candidat Hollande
à Bercy le 29 avril 2012
[2]
La FCD, la FIDH et Survie notamment sont
parties civiles de cette procédure. On
estime que 353 personnes auraient
disparu lors de cet événement.
[3]
Déclaration de M. Laurent Fabius,
ministre des affaires étrangères, sur la
diplomatie économique, à Paris le 18
janvier 2013.
http://discours.vie-publique.fr/not...
Le dossier Afrique noire
Les dernières mises à jour
![](Arrow_Up.gif)
|