Opinion
Al Jaafari ovationné par les ministres
arabes
en parlant du Hezbollah !
Soraya Helou
Vendredi 29 mars 2016
Dans une décision spectaculaire qui a eu
de grands échos au Liban où les milieux
du 14 Mars ont été pris d’une véritable
panique, le Conseil de Coopération du
Golfe ainsi que la Ligue arabe ont mis
le Hezbollah sur la liste des
organisations terroristes. La nouvelle
était censée faire peur au Hezbollah et
pousser ses alliés et sa propre assise
populaire à se détacher de lui. Le plan
était clair, il s’agit de détruire
l’image noble du Hezbollah, force de
résistance contre l’ennemi israélien et
contre l’extension des terroristes de «Daech»
vers le Liban. Ce plan qui a commencé il
y a dix ans lorsque l’ambassadeur des
Etats-Unis à Beyrouth à l’époque
(aujourd’hui secrétaire d’Etat adjoint
des Nations Unies pour les questions
politiques) Jeffrey Feltman avait
reconnu devant le Congress de son pays
que des millions de dollars avaient été
versés pour ternir l’image du Hezbollah
et l’affaiblir ainsi au sein de la
population libanaise et de sa propre
communauté, est donc toujours le même.
Les méthodes et les acteurs peuvent
changer, mais l’objectif reste le même.
Cette fois, ce ne sont donc plus les
Américains qui agissent et cherchent à
obtenir une condamnation du Hezbollah,
mais bien des gouvernants arabes qui
devraient être les premiers à appuyer le
Hezbollah qui constitue aujourd’hui non
seulement un rempart contre les projets
expansionnistes israéliens mais aussi
contre ceux des terroristes de «Daech»
et «al-Nosra». Malgré cela, la Ligue
arabe, sur les directives des
représentants de l’Arabie saoudite, a
choisi de mettre le Hezbollah sur la
liste des organisations terroristes.
Mais cette décision a eu l’effet d’un
coup d’épée dans l’eau. Même si elle a
été adoptée, elle n’a eu aucun effet sur
la situation du Hezbollah et sur ses
relations arabes.
D’abord, il y a eu le
discours du ministre irakien des
Affaires étrangères Ibrahim al Jaafari.
Ce dernier a déclaré haut et clair
devant ses pairs arabes que le Hezbollah
et les forces irakiennes de la
mobilisation populaire sont un honneur
pour le monde arabe et lui redonnent sa
dignité à travers leur résistance contre
«Israël» et contre «Daech».
L’ambassadeur d’Arabie auprès de la
Ligue arabe s’est empressé de se retirer
suivi du ministre saoudien des Affaires
étrangères. Tous deux n’ont donc pas pu
voir les ministres arabes applaudir
frénétiquement les propos d’Al Jaafari.
Mais ils ont entendu les
applaudissements dont les échos sont
arrivés jusqu’au salon adjacent où ils
s’étaient installés. Selon un des
présents, le ministre irakien a eu ainsi
droit à une «standing ovation» et ses
collègues arabes se sont empressés de
venir le féliciter à la fin de son
discours. Au point que le ministre
saoudien est revenu rapidement dans la
salle pour éviter que les choses
n’aillent trop loin et que les ministres
arabes reviennent sur leur décision de
mettre le Hezbollah sur la liste des
organisations terroristes. Une fois dans
la grande salle de réunion, le ministre
saoudien a parlé avec chaque ministre
pour lui rappeler son engagement à ce
sujet et le communiqué final a pu être
adopté, mais dans un énoncé assez souple
puisqu’il évoque essentiellement les
activités du Hezbollah à Bahreïn. Les
Saoudiens ont donc dû se contenter de
cette formule, alors que plusieurs
ministres arabes se sont empressés de
rappeler aux médias que les dispositions
du communiqué ne sont pas obligatoires
pour les Etats membres de la Ligue arabe
et n’entraînent pour eux aucune
obligation particulière. Plus même,
l’Egypte par exemple a ouvertement
reconnu qu’elle maintenait ses relations
avec le Hezbollah d’autant qu’une
délégation de ce parti était récemment
au Caire et elle a rencontré certains
responsables du pays. De même, exceptés
les Emirats arabes unis, le Koweït et le
royaume de Bahreïn, aucun pays n’a pris
des mesures concrètes contre les
Libanais, alors que l’Arabie saoudite
qui avait menacé d’expulsion les
Libanais qui travaillent sur son
territoire et qui sont plus de 250000 a
dû se rétracter et mettre un bémol à sa
colère et à ses décisions punitives
contre le Liban. Le vent de panique qui
a soufflé sur une partie du Liban après
la décision de la Ligue arabe s’est donc
calmé et aujourd’hui c’est comme si
cette décision n’avait pas été prise. Le
Hezbollah campe sur ses positions et le
dialogue est maintenu avec le Courant du
Futur, alors que la plus grande partie
des pays arabes n’ont rien changé à leur
attitude à son égard. La décision a été
prise il y a trois semaines mais il est
de plus en plus clair qu’elle avait un
objectif médiatique bien plus que des
effets concrets, sachant que malgré tous
les millions dépensés pour ternir son
image auprès des populations arabes,
l’aura du Hezbollah reste grande et bien
plus solide que les discours prononcés
ça et là.
Source :
French.alahednews
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