Discours
Hassan Nasrallah : la riposte
syrienne a
terrorisé Israël et brisé son
prestige
Samedi 19 mai 2018
Discours du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, le 14 mai 2018, à
l’occasion de la commémoration du
deuxième anniversaire de la mort du
Commandant du Hezbollah Sayed Moustafa
Badreddine.
Traduction :
http://sayed7asan.blogspot.fr
Transcription
:
[...] Le deuxième point que je veux
évoquer, et qui va également nous amener
à la Palestine, est la confrontation
récente en Syrie qui s'est produite il y
a quelques jours dans le Golan avec
l'ennemi israélien. Dans les jours
précédents, a eu lieu une confrontation
de la plus haute importance en Syrie. On
la désigne (dans les médias) comme « la
nuit des missiles. » Très bien, disons
donc la nuit des missiles. Ce qui s'est
passé durant cette nuit et jusqu'à
l'aube fut de la plus haute importance,
et les implications dans la lutte
israélo-arabe, la lutte contre l'ennemi
et les développements dans la région
(sont immenses).
La question a pris une certaine ampleur,
et je veux en parler quelque peu, car
nous avons assisté durant les derniers
jours à un effort israélien visant à
dévoyer la vérité, et à des efforts
prodigieux dans les médias du Golfe
visant à présenter ce qui s'est passé
comme une grande victoire pour Israël.
Avec des mensonges, certains peuvent
transformer une défaite ou un échec en
victoire, grâce à la falsification, ce
qui est malheureusement devenu une
spécialité de certains médias arabes et
surtout de certains médias du Golfe.
Je vous donne une simple donnée. Dans
cette confrontation, les Israéliens
eux-mêmes n'ont pas utilisé ce nombre,
mais les médias du Golfe se sont
précipités pour dire que dans cette
confrontation, 23 personnes ont trouvé
le martyre, Syriens et Iraniens, la
moitié d'entre eux étant des Iraniens.
Et c'est complètement faux. Ce sont des
mensonges grossiers. Même les Israéliens
n'ont rien dit de tel. Mais les chaines
satellites du Golfe et leurs journaux
ont repris cette (fausse) information en
boucle pendant 3 ou 4 jours, ainsi que
certaines chaines libanaises qui ont
mentionné ces (prétendus) 23 martyrs
dans leur bandeau déroulant, alors que
c'est absolument faux. La vérité est que
le résultat de la confrontation, surtout
grâce aux défenses anti-aériennes
syriennes, est qu'il y a eu 3 martyrs de
l'Armée Arabe Syrienne dans cette
confrontation, et cela a été annoncé
officiellement en Syrie.
Revenons au cœur du sujet, et à
l'événement lui-même pour le décrire et
énoncer ses implications en deux mots.
Car si nous ajoutons cet événement,
cette confrontation de la nuit des
missiles, à la nuit où l'avion de guerre
(F-16) israélien a été abattu il y a
quelques mois, nous en arrivons à des
développements absolument majeurs.
Cette nuit, et ce pour la première fois
dans l'histoire depuis l'accord de
cessez-le-feu dans le Golan, depuis la
guerre de 1973, les positions des forces
d'occupation israéliennes dans le Golan
occupé — il faut bien garder ce fait à
l'esprit : ce n'est pas (seulement) le
Golan syrien, mais le Golan syrien
occupé, pour lequel les
Israéliens s'efforcent jour et nuit
depuis des années, du fait des
événements en Syrie, d'obtenir une
reconnaissance internationale attribuant
le Golan à l'entité israélienne. Pour la
première fois dans cette histoire, les
positions de l'armée d'occupation dans
le Golan syrien occupé ont subi une
frappe de missiles de cette ampleur, en
quantité et en qualité.
Ce qui s'est passé exactement — je vais
être très précis. Les Israéliens parlent
de 20 missiles tirés, affirmant qu'ils
ont intercepté la plupart d'entre eux.
Mais la vérité est que 55 missiles ont
été tirés, dont certains étaient lourds.
Certains étaient lourds. Ces missiles
ont ciblé un certain nombre de positions
militaires, des positions de
l'occupation sur le Golan, entrainant de
très fortes explosions dans la région du
Golan qui ont conduit et forcé la
totalité des colons du Golan (plus de 20
000) et d'une partie du nord de la
Palestine à se précipiter dans les
refuges. Et c'est la première fois
depuis l'année 1973 qu'ils descendent
s'abriter dans les refuges, effrayés,
apeurés et terrifiés.
L'ennemi a dissimulé ses pertes, au cas
où il en aurait eu. Quoi qu'il en soit,
c'est son habitude. Il a imposé le
silence sur les cibles des missiles et
l'endroit où ils sont tombés, et il a
essayé d'amoindrir l'importance de
l'événement. Lorsqu'il a parlé de 20
missiles, il n'a pas donné le véritable
nombre. Et sa riposte aux tirs de
missiles a consisté à frapper un certain
nombre de points dont la plupart avaient
été précédemment évacués. Les défenses
syriennes, les forces de défense
anti-aériennes ont fait face (à
l'agression) avec un héroïsme et un
savoir-faire remarquables, comme cela a
été le cas durant la « nuit de Trump »,
lors de l'agression tripartite contre la
Syrie, et un grand nombre de missiles
des forces aériennes israéliennes ont
été interceptés. Les missiles des
défenses anti-aériennes sont parvenus
au-dessus de Tibériade et de Safad [au
Nord de la Galilée], ce qui a contraint
Israël à utiliser les Patriot
pour les intercepter. Certains sont
tombés au-dessus (des villes
israéliennes) de Safed, de Tibériade et
de Metoula, ainsi que d'Habariyé au
sud(-Liban), et il y a eu un véritable
affrontement.
Vers l'aube... Et bien sûr, même les
cibles qu'a frappées Israël en réponse
aux missiles syriens étaient très
précises, limitées, et ils ont évité les
cibles civiles, gouvernementales et
politiques — je vais vous expliquer
pourquoi je précise cela. Ils ont choisi
de frapper des cibles en sachant
qu'elles étaient vides. Car après avoir
effectué ces frappes, ils ont contacté
l'UNDOF (Forces des Nations Unies
chargée d'observer le désengagement),
les forces d'observation présentes sur
le Golan, et leur ont demandé de
contacter les Syriens pour leur dire que
si leur opération était terminée, ils
avaient eux aussi terminé. Ça m'a
rappelé — parce que nous avons suivi les
images durant toute la nuit — ce qui se
passait avec Israël avant l'an 2000
[Israël s'efforçait de contacter le
Hezbollah pour obtenir un
cessez-le-feu].
Tel est donc l'événement, tels sont les
faits. Disons maintenant deux mots sur
les implications, car elles sont
extrêmement importantes.
Premièrement, cette attaque de missiles
est l'une des manières — ce n'est pas la
seule — de riposter aux agressions
israéliennes continues contre la Syrie.
C'est l'une des manières de riposter aux
agressions israéliennes continues contre
la Syrie et contre ceux qui sont en
Syrie (Hezbollah, Iran), que les cibles
soient l'Armée Syrienne, la présence
iranienne — qu'on les désigne comme des
conseillers ou qu'on parle de bases, car
il y a un débat à ce sujet — ou
n'importe lequel des alliés. C'est une
des formes de riposte parmi d'autres. Le
message transmis par cette attaque de
missiles aux Israéliens et au
gouvernement ennemi, et qui a été bien
reçu — car nous suivons les médias
israéliens de très près, ce que disent
les ministres, les députés, la Knesset,
les médias et même la rue. Et j'estime
que dorénavant, les habitants du Golan,
c'est-à-dire les colons du Golan et les
groupes de colonies au nord de la
Palestine occupée, auront également leur
mot à dire au gouvernement israélien.
Quel est donc le message ? Le voici : «
Si tu penses (ô Israël) que tu peux
continuer ainsi, surgir en Syrie et
bombarder, tuer, détruire, sans faire
face à la moindre réaction, et pouvoir
menacer et intimider impunément et voir
tout le monde s'incliner, tu te berces
d'illusions. » Tel est le message. Et
bien au contraire, on ripostera, de la
manière appropriée, au moment approprié,
à l'endroit approprié, de la façon
appropriée — car c'est une des formes
que peut prendre la riposte, et il n'est
pas sûr que la riposte prenne toujours
cette forme. Tu ne peux pas continuer,
toi Israël, l'ennemi, à agir à ta guise
et violer en permanence la souveraineté
syrienne et à l'agresser ainsi que ses
alliés, et l'Axe de la Résistance en
Syrie, sans subir de riposte et de
châtiment. Nous sommes arrivés à une
étape complètement nouvelle, inaugurée
par cette attaque stratégique de
missiles.
Par conséquent, même au sein de l'entité
(sioniste), on commence à dire : « Où
est-ce que vous nous menez ? Nous ne
sommes pas prêts à la guerre, et si ce
que vous faites appelle des ripostes,
puis des réactions aux ripostes, cela
peut mener à la guerre, et ce n'est pas
notre intérêt de mener une guerre.
Calmez-vous, calculez bien, etc. » Nous
sommes bien arrivés à une nouvelle
étape. Voilà le changement majeur qui
s'est produit. Nous sommes à une
nouvelle étape dans laquelle Israël doit
pondérer avec le plus grand soin ses
actions en Syrie. Peut-être qu'avant,
ils ne faisaient pas beaucoup de
calculs. Après que l'avion (de chasse
israélien) ait été abattu, nous qui
suivons les questions militaires de
près, nous avons clairement vu que les
mouvements de l'aviation israélienne en
direction de la Syrie ont mis en place
de nouveaux protocoles et mesures, et de
nouveaux calculs. Après cette attaque de
missiles, la décision israélienne, cette
gâchette facile comme on dit, cela va
disparaitre.
Je ne dis pas qu'ils ne vont plus rien
faire. Mais je dis qu'ils vont
minutieusement calculer tous leurs
mouvements. Et je vous dis également que
c'est là le message de cette attaque
stratégique de missiles, qui doit être
prise en compte dans ces calculs.
Deuxièmement, cette riposte de missiles
s'est produite malgré les menaces et
intimidations israéliennes. Si vous vous
souvenez bien, durant deux ou trois
semaines (avant l'attaque), les
Israéliens disaient qu'ils s'attendaient
à une riposte, mais que si elle
advenait, ils détruiraient,
bombarderaient, tueraient, mettraient
tout sens dessus dessous. Eh bien, la
riposte a eu lieu, et ils s'y
attendaient, et ils savaient que la
nature de (leurs adversaires) les
conduirait à une riposte de cette
ampleur, mais ils n'ont rien mis sens
dessus dessous, et ils n'ont pas osé
toucher certaines des lignes rouges en
Syrie. Car je vais vous révéler un
secret, le gouvernement ennemi a été
prévenu par des intermédiaires
internationaux que si la riposte
israélienne en Syrie dépassait les
lignes rouges, le second bombardement
ciblerait le cœur de la Palestine
occupée (Tel-Aviv), et non pas le Golan.
Voilà une des raisons pour lesquelles
ils ont paniqué durant cette nuit,
contacté l'UNDOF, et déclaré que si la
Syrie avait fini, eux aussi (s'en
tiendraient là). Malgré toutes les
intimidations et menaces, ils ont pris
cette décision et lancé cette riposte.
Et cela signifie que nous en avons fini
avec les menaces, les intimidations, la
terreur, et que sais-je encore, tout ça
c'est terminé.
Troisièmement, malgré les efforts dans
le recueil d'informations et les mesures
des Israéliens durant tous les jours qui
ont précédé l'attaque de missiles pour
empêcher que des missiles soient lancés
depuis la Syrie, les missiles ont été
lancés, et c'est un échec militaire
israélien et une victoire pour ceux qui
ont tiré les missiles.
Quatrièmement, malgré le fait qu'ils
sachent, par leurs analystes et
peut-être par leurs informations, que la
cible était le Golan, qu'ils aient
déployé le Dôme de Fer et tous les
systèmes chargés d'intercepter les
missiles, qu'ils aient envisagé toutes
les possibilités et aient été à un
niveau d'alerte maximal, ils n'ont pas
réussi à empêcher que la plus grande
partie des missiles touchent les
positions militaires israéliennes dans
le Golan, et cela constitue également un
échec militaire pour Israël.
Cinquièmement — où en sommes-nous, au 4e
ou au 5e point ? Peu importe. Cette
expérience a démontré les mensonges des
dirigeants israéliens, et nous Libanais,
Syriens, Palestiniens et toute la région
devons le savoir pour ne pas se faire
bourrer le crâne par les Israéliens, qui
n'arrêtent pas de menacer de guerre,
affirmant que leur front intérieur est
prêt à la guerre. L'une des implications
les plus importantes de cet événement a
été de prouver que le front intérieur
(israélien) n'est pas prêt à la guerre.
Leur population n'est pas prête
psychologiquement et moralement, pas
plus que leurs abris ou leur front
intérieur. Le scandale (de leur
impréparation) a été exposé aux yeux du
monde entier avec cet événement. Et
c'est également l'une des raisons de
leur précipitation pour mettre fin à la
confrontation et l'empêcher d'aller vers
l'escalade.
Une des autres implications qui était
riche en enseignements est le besoin
d'Israël de dissimuler l'ampleur de ce
qui s'est passé en recourant aux
mensonges, lorsqu'il a parlé de 20
missiles (au lieu de 55), lorsqu'il a
affirmé les avoir interceptés (alors que
la plupart ont touché leur cible),
lorsque Liberman a déclaré que leur
riposte à l'attaque de missiles dans le
Golan a détruit toutes les bases
iraniennes en Syrie et en a fini avec
elles. Ce sont des mensonges, des
mensonges absolus. Ils n'ont aucun
fondement de vérité. Et bien entendu, le
deuxième jour, des responsables
israéliens se sont exprimés pour dire
que s'il se passait quelque chose, ils
détruiraient les bases iraniennes en
Syrie. Mais n'avez-vous pas déjà affirmé
les avoir détruites ? Indépendamment de
la question de savoir s'il y a
(vraiment) des bases iraniennes en
Syrie, ou si il y a seulement des lieux
où se trouvent les conseillers, nous en
parlerons une autre fois. L'exagération
de ce qu'ont fait les Israéliens, et
l'atténuation des implications de ce qui
s'est passé sont des tentatives
israéliennes d'occulter et de dépasser
ce développement.
Le dernier point quant aux implications
de cette question, avant de nous
consacrer à notre dernière partie, la
Palestine, est la prise de position
humiliante et honteuse de certains pays
du Golfe. Lorsque par exemple le
Ministre des Affaires Étrangères du
Bahreïn déclare qu'Israël a le droit de
se défendre, c'est la un
développement... Comment dire... Il n'y
a plus aucune pudeur, aucune honte,
aucune valeur, aucune morale, aucune
religion, je ne sais que dire (pour
décrire un tel acte). De l'impudence ?
Je dis pour ma part que c'est de la
hideur. Il n'y a rien de plus hideux, de
pire, de plus atroce (que cela). Peut-on
imaginer que ce soit là une prise de
position arabe ? Qu'Israël ait le droit
de riposter face à la Syrie, de
bombarder, de détruire, de tuer, en
légitime défense. Tu reconnais donc
aussi le Golan comme appartenant à
Israël ? L'opération a eu lieu dans le
Golan (occupé), espèce d'imbécile,
d'abruti, de pervers, de traître ! Quoi
qu'il en soit, la présence de ce
ministre, de ce pouvoir au Bahreïn
constitue l'une des plus grandes
oppressions de l'histoire contre le
peuple bahreïni. Et celui qui exprime la
véritable position du Bahreïn, c'est le
peuple du Bahreïn, les gens qui au
Bahreïn sont descendus (dans les rues)
et ont manifesté pour dénoncer les
propos du Ministère des Affaires
Étrangères du Bahreïn. Un tel niveau de
vice, d'imbécillité, d'abrutissement, de
soumission, de flatterie des Américains
et des Israéliens est vraiment effarant.
En vérité, nous avons vécu et nous avons
vu (bien des choses), et peut-être qu'il
y avait beaucoup de gens qui
s'attendaient à ce que certains Arabes
soient des traîtres, sans honneur, vils
et hideux, mais (pas) au niveau que nous
voyons ces jours-ci...
Le plus important dans cette question
est le message suivant : nous sommes
arrivés à une nouvelle étape en Syrie.
La Syrie et l'ensemble de l'Axe de la
Résistance aux côtés de la Syrie sont
parvenus à une nouvelle étape.
L'accomplissement le plus important qui
soit survenu est de briser le prestige
israélien, de même que l'avion israélien
abattu a brisé le prestige de leur
aviation. (Auparavant), Israël était
bouffi d'orgueil et plein de morgue,
disons les choses comme elles le sont.
Si quiconque portait la main sur le
Golan, avançait ne serait-ce qu'un doigt
vers le Golan, Israël était prêt à lui
couper la tête. Mais cela est fini. Cela
est fini.
Aujourd'hui, le message adressé à Israël
durant la nuit des missiles est que ni
la Syrie, ni les dirigeants de la Syrie,
ni son Armée, ni son peuple, ni ses
alliés ne tolèrent que la Syrie reste
sans défense à toutes ces violations et
agressions israéliennes. Et ils sont
prêts à aller aussi loin que possible.
Ce qui s'est passé en Syrie durant la
nuit des missiles est premièrement et
essentiellement un acte de défense de la
Syrie et de sa souveraineté, avant
d'être une vengeance pour tels ou tels
martyrs. Et notre responsabilité à tous
est d'établir fermement, d'œuvrer à
établir fermement cette nouvelle
équation dans la lutte, car c'est une
équation très importante et qui a une
influence sur (notre) protection. [...]
Troisième et dernière partie sur la
Palestine à venir.
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