Alahed
Le lobby sioniste tente de saboter le
sommet des chrétiens d’Orient, à
Washington
Samer R. Zoughaib
Vendredi 12 septembre 2014
Le lobby sioniste au Congrès
américain a tenté de saboter le sommet
consacré à la défense des chrétiens du
Moyen-Orient, réuni à Washington du 9 au
11 septembre. Un grand nombre de
personnalités politiques et religieuses
s’est opposé à cette manœuvre. Que
s’est-il réellement passé?
Préparé par l'organisation «In Defense
of Christians» (IDC), présidée par le
Libanais Toufic Baaklini, le sommet a
réuni près de 1200 chefs spirituels
chrétiens, dont les principaux
patriarches d’Orient, des responsables
du Vatican, des hommes politiques
américains et des délégués venant des
pays du Proche et Moyen-Orient.
Le but de cette initiative était de
sensibiliser l’opinion publique
américaine et les politiciens de ce pays
sur la tragédie vécue par les chrétiens
d’Orient, persécutés par les extrémistes
en Irak, en Syrie et au Liban.
Mais cette manifestation n’a pas plu au
lobby sioniste, qui a tenté de la
saboter. Dans une allocution adressée
aux participants, le sénateur du Texas,
Rafael Edward «Ted» Cruz, de la mouvance
des «chrétiens sioniste», a essayé de
réorienter le débat dans une direction
servant les intérêts d’«Israël». Dans un
discours improvisé, le sénateur proche
des ultraconservateurs du Tea Party a
pris la défense de l’entité sioniste,
prétendant que les «chrétiens n'avaient
pas de meilleurs alliés que l'Etat
juif». Selon lui, «Daech, Al-Qaïda, le
Hezbollah, le Hamas et les deux Etats
qui les sponsorisent, l’Iran et la
Syrie, sont engagés dans une campagne
visant à détruire les minorités au
Moyen-Orient». «Ceux qui haïssent
Israël, haïssent les Etats-Unis, et les
persécutions dont sont victimes les
chrétiens sont les mêmes que celles qui
ont pris pour cible les juifs hier»,
a-t-il lancé, en allusion à la guerre de
Gaza, au cours de laquelle «Israël» a
tué 2000 civils, dont une majorité de
femmes, d’enfants et de personnes
âgées.
Les propos de Ted Cruz ont provoqué un
vif émoi dans la salle. Le sénateur a
été longuement hué et sifflé et un grand
nombre de participants ont réclamé son
expulsion. L’ambassadeur du Liban à
Washington, Antoine Chédid, s’est retiré
de la salle de conférence en signe de
protestation. Le patriarche
grec-catholique, Mgr Grégoire III Laham,
a été pris d’une grande colère,
demandant l’arrêt immédiat du discours
du sénateur extrémiste. Le prélat a fini
par se retirer. «Ca suffit, ca suffit»,
ont hurlé d’autres participants.
Ignorant les vives protestations, Ted
Cruz a terminé son mot par une menace à
peine voilée: «Si vous ne voulez pas
être aux côtés d'Israël et des juifs,
alors je ne serai pas avec vous».
Cet incident a provoqué un grand malaise
dans la salle et il a fallu que M.
Toufic Baaklini déploie d’intenses
efforts pour calmer les esprits. Après
le départ du sénateur provocateur, le
patriarche Laham, l’ambassadeur Chédid
et les personnes qui s’étaient retirées
sont revenues.
Obama: «Assad protège les
chrétiens»
Le chef de l’Eglise grecque-catholique
d’Orient a dénoncé dans les termes les
plus forts les propos de Ted Cruz. Il a
expliqué avoir également refusé de
participer à une autre séance consacrée
à la «situation des chrétiens», car un
membre du Congrès, le républicain Chris
Smith, comptait y présenter un document,
préparé il y a un an, dans lequel il
réclame que le président syrien, M.
Bachar al-Assad, soit jugé devant la
Cour pénale internationale. «Je ne peux
pas cautionner par ma présence des
positions lancées contre les
gouvernements et les peuples de la
région et contre la convivialité», a
expliqué le prélat.
Jeudi, les patriarches d’Orient ont été
reçus pendant 40 minutes par Barak
Obama, à la Maison Blanche, en présence
de sa conseillère à la sécurité
nationale, Suzan Rice.
Selon des participants à la rencontre,
cités par le quotidien libanais
Al-Akhbar, le président américain a tenu
des propos assez surprenants. Il aurait
dit devant les prélats: «Nous savons que
le président Bachar al-Assad protège les
chrétiens en Syrie.» La surprise était
d’autant plus grande qu’il aurait
utilisé les mots «gouvernement syrien»
au lieu de l’expression péjorative
«régime syrien». L’un des membres de la
délégation lui aurait répondu: «Vous
devriez, alors, cesser de parler d’une
opposition syrienne modérée.»
Lors des réunions de travail du sommet,
le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï,
a lu un manifeste au nom des autres
patriarches des Eglises orientales. Il a
appelé la communauté internationale à
agir pour faciliter le retour des
réfugiés chassés par «l'Etat islamique»,
créer des zones sécurisées, et
surveiller les individus et les pays qui
soutiennent les extrémistes. Il a
insisté sur l'urgence de prendre des
mesures, «car le péril peut s'étendre
plus loin que la Syrie et l'Irak».
Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de
la Congrégation pour les Eglises
orientales au Vatican, a appelé à
rejeter clairement tout soutien
politique, économique et militaire,
explicite ou implicite, à «Daech». Il a
dénoncé aussi le silence de certains
acteurs, qu’il voit comme un acte de
complicité.
Selon le cardinal, l'enjeu de la lutte
que mène le prétendu «Etat islamique»,
qui chasse les chrétiens et les autres
minorités, n'est pas avant tout une
guerre religion». «Il s'agit du contrôle
de vastes intérêts économiques, qui sont
notamment la vente d’armes, le contrôle
des puits de pétrole, la sécurité des
pipelines», a-t-il précisé.
Etaient présents au sommet: Le cardinal
Leonardo Sandri, préfet de la
Congrégation pour les Eglises
orientales, les patriarches de l'Eglise
orthodoxe d'Antioche Youhana X Yazigi,
de l'Eglise maronite Béchara Raï, de
l'Eglise grecque-catholique melkite
d'Antioche Grégoire III Laham, de
l'Eglise syriaque-catholique Ignace
Youssef III Younan, de l'Eglise
syriaque-orthodoxe Ephrem II Karim, le
catholicos arménien Aram I et le
cardinal américain Donald Wuerl.
Source: french.alahednews
Le sommaire de Samer R. Zoughaib
Les dernières mises à jour
|