Les 7 du Québec
L'endiguement de l'Iran
et les accords sur le nucléaire
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 22 juillet 2015
http://www.les7duquebec.com/...
Pour chaque
événement historique d'importance, la
bourgeoisie présente une exégèse de
droite et une interprétation de gauche
dont s'emparent les plumitifs
(journalistes stipendiés et analystes
médiatisés) à la solde des médias "mainstream"
pour les propager. C'est au milieu de
ces écueils savamment disposés sur le
sentier de la vérité que les communistes
révolutionnaires doivent naviguer afin
d'analyser les informations convergentes
et divergentes qui ne peuvent manquer de
"suinter" de la réalité. Ainsi, il est
difficile (mais pas impossible)
d'interpréter l'accord sur le nucléaire
iranien sans connaître la teneur de
l'entente secrète signée en marge de
l'accord officiel.
Voici ce que la
bourgeoisie propose comme interprétation
de gauche pour cet accord de droite.
Lisons l'analyse repiquer du Wall Street
Journal qu'un commentateur colporte :
"L’accord de Vienne conclu le 14
juillet 2015 entre l’Iran et les «P5 +
1» (les 5 membres du Conseil de Sécurité
de l’ONU – Chine, États-Unis, France,
Royaume-Uni, Russie – plus l’Allemagne)
conclut 12 ans de négociations sur le
dossier nucléaire iranien. Initiées en
2003 par l’administration Bush, l’année
même de l’invasion de l’Irak, les
accusations selon lesquelles l’Iran
aurait un programme nucléaire militaire
clandestin et aspirerait à obtenir la
bombe atomique était tout aussi
infondées que celles qui furent portées
contre les prétendues armes de
destruction massive de l’Irak. Ces
allégations, démenties par toutes les
données et par tous les observateurs
internationaux, servaient seulement de
prétexte à une agression qui devait
constituer le dernier acte du projet de
Nouveau Moyen-Orient redessiné selon les
desiderata de Washington. Un
Moyen-Orient dans lequel il n’y aurait
de place pour aucun État et aucune force
qui puisse représenter un danger pour
l’hégémonie américaine et son contrôle
des ressources et des axes stratégiques
de la région" (1).
Tout y est, la
parodie des centrifugeuses maudites et
le mythe du "Projet de Nouveau
Moyen-Orient" de Bush que tout gauchiste
devrait vilipender faute de pouvoir le
répudier. Pourtant, si les analystes de
gauche ouvraient les yeux au lieu
d'ânonner les mantras que refilent les
médias américains, ils verraient que
nous possédons tout de même beaucoup
d'informations qui ne mentent pas.
**********
1.
L'affaire des centrifugeuses et
de la concentration d'uranium enrichi en
vue de produire quelques bombes
nucléaires iraniennes n'a jamais été que
le fallacieux prétexte de cette
confrontation interblocs impérialistes
pour rallier l'Iran dans un camp ou dans
l'autre. En effet, peu chaud aux
États-Unis, munis de 3500 ogives
nucléaires de 4e génération disséminées
à travers 700 bases militaires, que
l'Iran dissimule sur son sol,
grand comme quatre états
américains, quelques bombes de première
génération, sans vecteurs de lancement
efficaces.
2. Israël et
l'Arabie Saoudite sont les deux
puissances réellement préoccupées par
l'arme atomique iranienne. Mais ni l'une
ni l'autre de ces alliées de l'Amérique
n'a été conviée aux pourparlers. Les "conspirationstes",
qui croient que les sionistes dirigent
le monde à partir de Bilderberg, en son
quitte pour concocter un nouveau
compendium à propos des ploutocrates
dirigeants la superpuissance américaine
à partir de l'AIPAC et de la Knesset.
3. Les accords
(publique et secret) Iran - Groupe
interimpérialiste prouvent, comme les
communistes révolutionnaires l'affirment
depuis des années, qu'une puissance
alignant huit millions d'habitants, un
PIB de 304 milliards de dollars et 200
ogives nucléaires,
n'impose pas son diktat à une
puissance représentant 314 millions
d'habitants, un PIB de 16 000 milliards
de dollars et 3 500 bombes
thermonucléaires.
4. Le pétrole, les
énergies fossiles, la monnaie du
commerce international étaient les
véritables enjeux de cette saga qui
débuta en 1979, avec l'insurrection
iranienne et le repositionnement
géostratégique de ce pays entre le bloc
impérialiste de l'Ouest, dirigé par les
États-Unis, et le bloc social
impérialiste soviétique périclitant (il
s'effondrera en 1989).
5. Déjà, à cette
époque, le bloc soviétique déclinant
n'offrait pas un havre d'accueil
intéressant pour l'Iran qui préféra
jouer l'agent libre et ne se rallia à
aucun camp impérialiste si ce n'est le
panier de crabes des pays non-alignés
(sic) - tous alignés sur le mode de
production capitaliste (incluant la
Chine impérialiste).
6. En 2003, l'Iran
poussa l'outrecuidance jusqu'à
s'inquiéter de la fluidité de ses
réserves de dollars et
proposer, lors d'une assemblée
secrète de créanciers, à laquelle
assistait la France (rapporteur ou
transfuge ?), de remplacer le dollar US
par un panier de devises pour le
commerce des hydrocarbures.
7. Aussitôt Israël
reçu l'ordre de Washington de clamer son
indignation face à l'enrichissement de
l'uranium iranien et d'intimer (sic) le
Pentagone et la Maison-Blanche d'en
faire autant. "Impératif" auquel
Washington se plia de bonne grâce (sic).
Débutait alors la fourberie des
tractations à propos du nucléaire
iranien.
D'un côté, une série de sanctions
économiques douloureuses furent imposées
à l'Iran des mollahs milliardaires -
dont le gel de leur fortune placer à
l'étranger; isolement économique et
diplomatique du pays;
perte de revenus du pétrole;
dépenses de défense importantes;
inflation et dévaluation du Rial.
De l'autre côté, difficulté
d'approvisionnement en Europe, perte de
juteux contrats en Iran; déstabilisation
en Irak et dans tout le Moyen-Orient où
l'Iran joue le matamore (ce que les
mythomanes conspirationnistes appellent
le "Plan de réaménagement du Grand
Moyen-Orient", qui ne se réaménagera
jamais tant que l'Iran y dominera).
8. Pendant ce
scénario tragique pour la population
iranienne le bouffon israélien
s'activait, telle la mouche du coche
dans son rôle d'agitateur et de père
Fouettard. Comme les communistes
révolutionnaires l'ont déjà dit, Israël
n'a absolument pas les moyens d'une
guerre contre l'Iran, même pas contre le
Hezbollah, sa sentinelle au Levant.
9. Doucement,
pendant dix ans, la puissance iranienne
a été poussée dans les filets des
grandes puissances. Entre temps, la
puissance américaine déclinait alors que
la puissance chinoise se confortait. Le
dilemme iranien devenant dantesque,
finalement l'Iran s'est rangé du côté de
l'Occident en attendant que la Chine ose
affirmer sa puissance montante.
10. La France et
l'Allemagne, arrimer au rafiot américain
entendent bien tirer les marrons du feu
des juteux contrats et des marchés
alléchants en Iran.
11. L'entente
publique, paraphée le 14 juillet 2015,
aura comme conséquences de :
A) dégeler les
avoirs à l'étranger des milliardaires
iraniens (les ouvriers iraniens n'ont
aucune fortune à l'étranger - que leurs
enfants qui ont migré pour travailler).
B) D'ouvrir le marché iranien aux
investisseurs impérialistes étrangers -
si le marché iranien peut encore en
absorber (!?)
C) De faire chuter le prix du
pétrole par un afflux de carburant par
ailleurs déjà trop abondant.
D) De créer des difficultés
supplémentaires aux pétrolières
américaines et mondiales dont les taux
de profits périclitent inexorablement.
E) De permettre aux multinationales
industrielles de respirer quelque peu en
payant moins cher leur carburant.
Cependant,
les consommateurs surendettés et
sous-employés ne seront pas au
rendez-vous pour acheter et consommer
(d'où les baisses de taux d'intérêt afin
de souffler le mistral du crédit sur les
braises de la crise systémique).
F) La devise américaine devrait se
raffermir quelque peu compte tenu de
l'augmentation des échanges pétroliers
en dollars US (pour un temps seulement).
12. Maintenant que
le front du Moyen-Orient a été éclairci,
la bataille pour contrôler et endiguer
l'État Islamique (EI) sera renforcée,
car l'Iran n'entend pas tolérer ce
parasite dans son environnement. Ce sont
de mauvaises nouvelles pour l'Arabie
Saoudite, le Qatar et Israël pourvoyeur
de l'EI. Le gendarme aurait-il été
remplacé ?
13. Les États-Unis
ayant délaissé le front du Moyen-Orient,
on devrait assister au cours des
prochains mois à une intensification des
agressions économiques et militaires
contre la Russie l'un des dirigeants de
l'alliance impérialiste concurrente,
toujours intéressée à recruter l'Iran
dans son camp. Poutine, voilà un
oligarque à la mesure de l'Amérique. La
Chine sera la cible suivante.
Rien dans tout ceci
n'est de bon augure et rien ne conforte
les intérêts de la classe ouvrière
iranienne, française ou américaine.
Cessons de deviser à propos de la petite
puissance qui tient tête à la grande
puissance sur le dos, chacune, de leur
classe ouvrière - chair à canon. Nous
communistes révolutionnaires n'avons
rien à y faire. Poursuivons la
préparation de l'insurrection
internationaliste.
**********
Pour en apprendre
davantage sur notre plateforme politique
:
Robert Bibeau (2014). Publibok.
Paris.
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
(1)
http://sayed7asan.blogspot.ca/2015/07/accord-sur-le-nucleaire-iranien-le.html
et
Une victoire pour l'Iran. (2015)
http://www.france-irak-actualite.com/2015/07/accord-de-vienne-sur-le-nucleaire-une-indubitable-victoire-pour-l-iran.html
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