Opinion
Bilan d'une campagne électorale bancale
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 9 avril 2014
L’autonomie des sous-fifres politiques
Les analystes et les journalistes
plumitifs sont très excités d’observer
le changement de la garde
gouvernementale survenu au Québec le
sept avril [voir
ici]. Habituellement, la grande
bourgeoisie et le grand capital ne sont
pas préoccupés de savoir quel parti
politique à leur solde dirigera les
destinées de leur État policier. Ainsi,
quand le Parti
Libéral du Canada se discrédita dans
le scandale des «Commandites» la
grande bourgeoisie canadienne vit d’un
bon œil sa réclusion dans l’opposition,
et l’installation à la gouvernance de
l’État policier d’une Alliance
réactionnaire formée de «Rednecks» de
l’Ouest et de Conservateurs de l’Est du
Canada, sous la direction d’un
saltimbanque autoritaire, maître Stephen
Harper.
Ainsi, quand les Libéraux provinciaux de
Jean Charest furent discrédités –
échouant à briser la grève de quelques
dizaines de milliers d’écoliers (2012) –
le grand capital québécois – section
provinciale de la grande bourgeoisie
canadienne – vit d’un bon œil son
remplacement par le Parti Québécois,
d’autant plus commodément que ce parti
bourgeois était dirigé par une
multimillionnaire, madame Pauline Marois,
et un petit homme d’affaires fédéralo-souverainiste,
accrédité à Québec et à Ottawa [voir
ici].
De toute façon, les politiciens sont des
pions sans pouvoir de décisions – sur
les grands leviers de l’économie (la
dette, la balance des paiements,
l’emploi, les banques, les marchés, la
production). Les politiciens sont des
larbins assujettis aux diktats des lois
inexorables de l’économie politique
capitaliste. La crise systémique bat son
plein et les politiciens n’y peuvent
rien, sauf de transférer sur le dos des
salariés le fardeau de la crise débridée
[voir
ici].
Un politicien, pour être candidat d’un
parti bourgeois, doit prêter allégeance
à la «démocratie» des riches, et jurer
fidélité à l’État policier pour le
bénéfice exclusif des riches. Attention,
administrer l’État des riches peut
impliquer d’accorder des concessions aux
employés afin de les apaiser, ce sont
les «acquis sociaux» de l’éphémère État
providence, qui fondent comme neige au
soleil en période de crise économique
systémique, et ce, malgré les jérémiades
de la petite bourgeoisie démunie qui
appelle les assistés sociaux à voter
pour un parti similaire, mais opposé.
La suppléante manque à ses devoirs
Et voici que la dame Marois, membre du
sérail capitaliste canadien (section
Québec), dont le parti politique était
minoritaire à l’Assemblée nationale,
s’avéra incapable de livrer les «cent
livres de chairs populaires» réclamées
par les usuriers – banquiers,
financiers, spéculateurs, constructeurs,
Bureaux d’ingénieurs, grandes
corporations – tous affamés. La dame
Marois cogita en compagnie du
«Chartiste» Bernard «l’Hermite» une
attaque xénophobe contre une fraction
des salariés (les travailleuses voilées)
pensant ainsi rameuter tout ce que le
Québec profond compte de punaises de
bénitiers, de réactionnaires, de
xénophobes, de fanatiques religieux de
la laïcité, de baby boomers «nationaleux»
véreux, de racistes endeuillés et de
fascistes esseulés [voir
ici].
Malheureusement, pour les comploteurs
«chartistes», toute cette racaille
rassemblée ne faisait pas la pesée
devant la montée de colère des salariés.
Le PQ n’ayant pas passé le test de la
gouvernance sans mouvance militante, le
grand capital lui tendit un piège pour
son incapacité à gérer leur État
policier dans la tranquillité. Après
quelques mois de sondages orientés,
favorisant sa formation, la dame-lion se
lança en campagne électorale pour sa
réélection. Nous avons alors annoncé que
le PQ se retrouverait dans l’opposition
[voir
ici].
Pour le savoir, il suffisait d’observer
que les croupiers libéraux étaient
avantagés par les médias soudoyés. La
tactique électorale des riches étant :
d’une main, de dépecer la Coalition
Avenir Québec (CAQ) afin de diriger
cet électorat aliéné vers les libéraux
célébrés; et de l’autre main, de gruger
le PQ sur son aile séparatiste afin de
déplacer quelques points de vote vers
Québec SoliTaire, un parti
social-démocrate provincial identique au
Nouveau Parti Démocratique au
fédéral. La grande bourgeoisie se garde
toujours une carte «Solidaire»
pour dévoyer la colère les jours de
grogne populaire. Cependant, elle ne
joue cette carte qu’au dernier instant,
quand il n’y a plus moyen de faire
autrement. Pendant ce temps, Québec
SoliTaire apprend le gouvernement
des riches et fait du temps à
«l’Assemblée de la race crucifiée en
bleue».
Après quelques sondages biaisés, il
parut évident que l’électorat d’Avenir
Québec répugnait à rallier les libéraux
du médecin Couillard, parti corrompu
qu’ils avaient rejeté amers comme on
leur avait enseigné quelques années
auparavant. Il y eut donc inversion des
sondages et rapatriement des caquistes
chez leur berger narcissique (On se
donne Legault). Il devenait évident que
pour porter leur favori au pouvoir, il
valait mieux diviser le vote de
l’opposition bidon (25%=PQ et 23%=CAQ).
Il faut se rappeler qu’une bouffonnerie
électorale bourgeoise se gagne ou se
perd en déplaçant dix à quinze (10-15)
pour cent de l’électorat votant. Le
reste de l’électorat demeure figé
derrière une bannière ou une autre des
différents partis politiques qui
alternent au pouvoir [voir
ici].
L’entrée en scène du milliardaire PKP,
le faux séparatiste, propriétaire de 40%
des médias du Québec, ne visait pas à
mousser l’option
souverainiste-mort-né-terminée comme
l’ont laissé croire les nationalistes
chauvins, mais à préparer la succession
à la direction du Parti Québécois.
De grandes manœuvres s’annoncent et la
grande bourgeoisie envoie l’un de ses
représentants directement dans l’arène
politique afin d’en diriger les menées.
Qui avalera l’autre, le PQ ou la CAQ?
Pour résoudre cette énigme il suffit
d’examiner le tableau ci-haut.
Les sondages que la bourgeoisie
publie au cours de telles mascarades
électorales visent deux objectifs : le
premier est d’indiquer aux électeurs
pour quel parti politique ils doivent
voter. Le deuxième objectif est de
vérifier si les électeurs ont bien
intégré les consignes propagées par les
médias soudoyés.
Trente pour cent des électeurs refusent
de voter
Pour les ouvriers, le seul chiffre
significatif de cette élection bidon
c’est le taux d’abstention. Il fut de
30%, un taux important dans une élection
québécoise. Ce refus de voter de la part
des salariés serait une négation de «l’idéal
démocratique» se lamente la petite
bourgeoisie pathétique. En société
capitaliste bourgeoise il y a deux
sortes de démocratie : la démocratie
populaire galvaudée et la démocratie
impopulaire élitiste et ce sont deux
idéaux démocratiques contradictoires et
opposés. Instaurée la démocratie
ouvrière populaire dans une société en
exclu la démocratie élitiste bourgeoise,
ces deux démocraties sont incompatibles
et s’excluent mutuellement.
Si comme l’indique les résultats de
l’élection bidon, la forme électoraliste
bourgeoise de la politique est de plus
en plus rejetée par les salariés et par
les ouvriers (ce que les analystes
bourgeois appellent l’apathie de
l’électorat), c’est que les salariés se
rendent compte qu’aucun des partis
politiques en liste ne défend leurs
intérêts de classe et aucun de ces
partis partisans ne propose de s’emparer
du pouvoir d’État pour le mettre au
service exclusif des ouvriers au
détriment des capitalistes [voir
ici].
Dans ce contexte électoraliste pour les
riches, ne pas voter signifie pour
l’ouvrier de confirmer qu’il a perçu
cette incongruité où la majorité n’est
jamais représentée, et qu’elle ne pourra
jamais s’emparer de tout le pouvoir de
l’État policier, pour le chambouler.
L’ouvrier refuse d’accréditer cette
bouffonnerie électorale bancale. Ne pas
voter est le geste le plus constructif,
affirmatif et anti-apathique qui se
puisse. Les ouvriers l’ont compris un
peu partout dans le monde, qu’est-ce que
le petit-bourgeois frustré attend pour
s’élever au niveau de conscience de
classe de l’ouvrier engagé?
(1)
http://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2014/resultats-des-elections-quebec-2014/#qc
(2)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/le-sept-avril-2014-une-autre-election-bidon/
(3)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/qui-se-preoccupe-du-deficit-commercial-grandissant/
(4)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/pkp-peladeau-la-menace-du-fils-a-papa/
(5)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/181329/
(6)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/le-referendum-de-la-derniere-chance-est-passe/
Pour s’informer,
le webzine :
http://www.les7duquebec.com/
Le sommaire de Robert Bibeau
Le dossier
Monde
Les dernières mises à jour
|