Focus
La question de Crimée à la veille
du référendum d’autodétermination
Réseau Voltaire
Photo:
D.R.
Vendredi 14 mars 2014
Alors que la Crimée tiendra dimanche 16
mars son référendum d’autodétermination,
Washington fait mine de durcir sa
position face à Moscou. Voici un résumé
des principaux événements de ces deux
jours.
Le Parlement européen
a adopté, le 13 mars, une résolution sur
« l’invasion de l’Ukraine par la
Russie » [1].
Il y réaffirme son soutien aux autorités
issues du coup d’État de Kiev tout en
dénonçant l’illégitimité des nouvelles
autorités de Crimée. Il déclare
diffamatoire les allégations de la
« propagande russe » selon lesquelles
les manifestants de Kiev seraient des
fascistes (sic). Il dénonce l’invasion
du pays par les troupes russes en
violation du droit international (re-sic).
Les États-Unis ont soumis, le 13 mars
au soir, un projet de résolution au
Conseil de sécurité déclarant que le
référendum d’autodétermination de la
Crimée « n’a pas de validité ».
Contrairement à leurs déclarations
précédentes, ils n’affirment plus qu’il
est contraire au droit international (le
scrutin n’est pas un acte d’agression de
la Russie et l’armée russe n’a pas
envahi la Crimée), mais uniquement à la
Constitution ukrainienne, alors même
qu’ils ont reconnu un gouvernement qui a
pris le pouvoir sans la respecter.
Le Congrès US a remis au 24 mars le
vote de sanctions autant que celui d’un
prêt d’1 milliard de dollars à
l’Ukraine. Cette dernière mesure a été
liée par le président Obama à une
réforme du FMI. Or, celle-ci avantagera
à terme la Russie.
Un groupe d’environ 150 cosaques
s’est installé à Sébastopol. Les
cosaques sont des combattants russes
para-militaires traditionnellement
dévoués à la défense des populations
russes. Ils sont volontaires et ne
dépendent pas des autorités politiques
russes.
Les ministres des Affaires étrangères
états-unien et russe se sont rencontrés
à Londres, le 14 mars, pour discuter du
référendum en Crimée. À cette occasion,
la rhétorique des membres de l’Otan a
évoluée : ils ne parlent plus de « crise
entre la Russie et les Occidentaux »,
mais « entre la Russie et l’Ukraine ».
Ce glissement sémantique semble indiquer
qu’il n’y aura aucune réponse
significative de l’Otan à
l’autodétermination de la Crimée.
John Kerry était accompagné de
Victoria Nuland (son assistante pour
l’Ukraine), de Karen Donfried (le
responsable au sein du Conseil de
sécurité nationale) et du contre-amiral
Kurt Tidd (chargé de la planification
des « opérations spéciales », présent en
l’occurrence pour ses renseignements sur
les mouvements de troupes russes).
M. Kerry a demandé :
la
création d’un groupe de contact sur
l’Ukraine ;
le
retrait des « unités para-militaires
supplémentaires » de Crimée ;
l’envoi
d’observateurs internationaux ;
l’ouverture
de négociations entre la Russie et le
nouveau gouvernement de Kiev ;
l’arrêt
du soutien aux forces séparatistes en
Crimée.
M. Lavrov a demandé l’application de
l’accord du 21 février [2],
soit :
le
passage d’un régime présidentiel à un
régime plus parlementaire ;
une
commission d’enquête du Conseil de
l’Europe sur les violences ;
la
remise des armes illégales ;
la
formation d’un gouvernement d’unité
nationale.
22 États ont annoncer envoyer des
observateurs pour superviser le
référendum d’autodétermination du 16
mars [3].
Bien que la Crimée ait invité l’OSCE,
celle-ci n’a toujours pas répondu à
l’invitation, alors que ses observateurs
militaires mandatés par le gouvernement
de Kiev ont été interdits d’entrée en
Crimée.
La Russie examine comment
approvisionner la Crimée en eau, gaz et
électricité. Ces commodités lui sont
actuellement fournies par l’Ukraine, via
la province de Kherson qui a fait
allégeance à Kiev et pourrait couper le
débit dès le 17 mars.
Des experts européens ont établi une
liste d’environ 120 hauts-fonctionnaires
et hommes d’affaires russes qui
pourraient être sanctionnés par le
Conseil européen du 17 mars. Ces
personnalités pourraient être interdites
d’entrée dans l’Union et leurs avoirs
pourraient être gelés.
[1]
« Résolution
du Parlement européen sur l’invasion de
l’Ukraine par la Russie », Réseau
Voltaire, 13 mars 2014.
[2]
“Agreement
on the Settlement of Crisis in Ukraine”,
Voltaire Network, 21 February 2014.
[3]
« Déclaration
d’indépendance de la République autonome
de Crimée et de Sébastopol », Réseau
Voltaire, 11 mars 2014.
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