MADANIYA
Kaïs Saïed
: Président, par la volonté éclatante
du peuple souverain
Jaafar Al Bakli
Lundi 21 septembre2020
https://www.madaniya.info/ consacre
un dossier en deux volets à la Tunisie à
l’occasion du premier anniversaire de
l’élection de Kaïs Saïed à la présidence
de la République et du décès de l’un de
ses prédécesseurs de sinistre mémoire,
Zine el Abidine Ben Ali ; deux faits
survenus en septembre 2019.
Kaïs Saïed
: Président, par la volonté éclatante du
peuple souverain.
«As Chaab Yourid» –
«Le peuple veut….»
Par Jaafar Al Bakli
Universitaire tunisien, chercheur sur
les questions de l’Islam, spécialiste de
l’histoire politique des pays arabes,
notamment les pays du Golfe. La liste de
ses contributions se trouve à la
rubrique «Auteur» du site
https://www.madaniya.info/
Adaptation en
version française René Naba, directeur
du site
https://www.madaniya.info/
L’élection de Kaïs
Saïed à la magistrature suprême en
Tunisie a constitué une divine surprise.
Plébiscité, ce président inconnu du
grand public est apparu comme un homme
providentiel, dont l’élection a mis fin
à une longue dépossession du peuple
tunisien et la confiscation du pouvoir
par une caste politique dont les
errances ont accentué la précarité de sa
population.
Le peuple tunisien
a élu Kaïs Saïed président de la
République car il souhaitait vivement la
chute d’un régime qui se trouvait
effectivement dans une phase de
disparition.
1 – Le sketch de
la caméra cachée «Le séisme».
Un jour d’été, il y
a six ans de cela, en 2013, Kaïs Saïed
s’est rendu à un studio d’une station
radiophonique en compagnie du
journaliste Al Hadi Zaïm. La
conversation a porté sur la loi
électorale tunisienne.
D’une voix sonore,
le professeur de Droit Constitutionnel a
développé ses vues sur un sujet qui lui
est cher quand soudainement, la terre
s’est mise à trembler. Kaïs Saïed ne
prêta guère attention à la secousse. Il
poursuivit son raisonnement comme si de
rien n’était.
Quelques minutes
plus tard, la terre trembla à nouveau.
La secousse était plus forte. Les murs
du studio ont tremblé. Des vitres se
sont brisées. Des cris et des pleurs ont
éclaté dans les locaux de la station
«Mosaïque». Le journaliste a tremblé de
peur et de panique, tandis que
l’universitaire demeurait sur son siège,
impassible, sûr de lui, rempli de
confiance en soi, un sourire illuminant
son visage, alors qu’il n’était pas
réputé pour être un homme sociable et
affable.
En fait, le séisme
n’était pas réel, mais provoqué. Il
s’agissait d’une séquence de «Caméra
Cachée» produite par la station à l’insu
de son hôte. Lorsque le sketch «Le
séisme» a été diffusé sur les écrans de
la télévision tunisienne, au mois du
Ramadan, il rencontra un grand succès
d’audience. Il a été, en effet, loisible
aux téléspectateurs de comparer
l’attitude des divers participants à
cette séquence.
L’un d’eux sera
candidat à la dernière compétition
présidentielle et la comparaison n’a pas
été à son avantage. Saisi de panique, ce
futur candidat a suscité la pitié des
téléspectateurs.
Contrairement aux
autres participants, Kaïs Saïed a fait
preuve d’une grande maîtrise de soi qui
a surpris les producteurs de la
séquence. Kaïs Saïed avait en effet
déduit que la succession des secousses
ne relevait pas d’un phénomène sismique
naturel. Il a incliné à penser qu’il
pourrait s’agir d’un phénomène simulé,
provoqué. Sa perspicacité lui a valu de
conserver son calme et du même coup,
l’estime des téléspectateurs.
Peu de Tunisiens
connaissait à l’époque Kaïs Saïed avant
la diffusion du sketch, qui a servi de
révélateur au comportement de ce
respectable universitaire.
Le sketch était
bref et Kaïs Saïed était tombé
entre-temps dans l’oubli. Une brève
séquence télévisuelle ne saurait, à elle
seule, permettre au citoyen de se forger
une opinion définitive sur un
personnage; ni, plus tard, expliquer
l’affluence et l’enthousiasme des
Tunisiens à l’élire et leur joie à
l’annonce de sa victoire éclatante. Une
joie jamais égalée auparavant.
Beaucoup de motifs
ont été avancés sur les raisons qui ont
présidé au choix des Tunisiens d’un
homme de principe, sincère, loyal,
sérieux, modeste, propre et pondéré.
Les Tunisiens n’ont
pas élu Kaïs Saïed pour les qualités
précités. Ils l’ont choisi car ils
pressentaient qu’il sera un bienfait
pour eux et que son mandat constituera
une claire rupture avec un régime qui
les a saigné; Une claire rupture avec
une caste politique qui a monopolisé le
pouvoir pendant 60 ans, dont les
Tunisiens ont pu constater la stupidité,
la superficialité et la morgue et
l’échec.
2 -Bourguiba:
L’impudence et l’arrogance.
Un homme sans la
moindre limite.
Père de
l’indépendance tunisienne, Habib
Bourguiba, alias le «combattant
suprême», a gouverné la Tunisie pendant
30 ans, donnant de lui l’image d’un
exemple singulier de dirigeant.
Avocat de
formation, l’homme était affligé d’une
interventionite aigüe, intervenant à
tout propos et hors de propos,
n’hésitant pas à patauger sur des sujets
qu’ils maîtrisaient, et, avec la même
fougue, sur les sujets qu’ils ne
maîtrisaient pas du tout. Il n’hésitait
pas à alimenter la polémique, proférant
bêtises et stupidités et paroles
insensées. Il ne cessera ses
interventions intempestives que
lorsqu’il aura été frappé de la maladie
de Parkinson.
A – Les insultes
légendaires de Bourguiba
Un homme sans la
moindre limite. Il ira jusqu’à insulter
son premier ministre Bahi Ladgham, le
qualifiant, publiquement, de «tête
d’âne», une autre fois d’«idiot».
Pris de sympathie
pour Ahmad Ben Salah, un membre de son
entourage, il le gratifiera d’un trait
de quatre portefeuilles ministériels
(Finances, Économie, Planification et
Éducation Nationale), avant de se
retourner contre lui et de le jeter en
prison. Bourguiba qualifiait Ben Salah
de «rat».
((NDLR: Secrétaire
Général de l’UGTT, Union Générale des
Travailleurs Tunisiens, Ahmad Ben Salah
disposait d’une forte personnalité qui
faisait craindre au Néo-Destour que le
syndicat n’échappe à son contrôle ou
même qu’elle ne suscite la création d’un
parti travailliste. Un courant
néo-destourien se forme rapidement au
sein de l’UGTT pour obtenir l’éviction
de Ben Salah. Au congrès du mois de
septembre 1956, ce courant animé par
Habib Achour se groupe en une union
rivale, l’Union Tunisienne du Travail.
Le Néo-Destour, s’appuyant sur les
syndicats patronaux et paysans,
contraint Ben Salah à se démettre en
décembre 1956. Il est alors remplacé par
Ahmad Tilli.
Accusé d’avoir
abusé de la confiance du président et
d’avoir pris avantage dans les deux
dernières années du mauvais état de
santé de ce dernier, il est traduit
devant la Haute Cour et condamné le 25
Mai 1970 à dix ans de travaux forcés.
Fin de la Note)
Quant à Mohamad
Masmoudi (Affaires étrangères), il était
un «voleur» et d’«ignorant» Ahmad
Mestiri (Intérieur), qui fera par la
suite sécession. «Un ignorant qui parle
de démocratie et qui ignore le sens de
ce terme».
Enfin Beji Caid
Essebsi, le prédécesseur de Kaïs Saïed à
la présidence tunisienne, un homme qui
«ponctionne l’argent de ses compatriotes
et qui oublie de rembourser». Le premier
ministre Mohamad Mzali n’était pas en
reste, sur lequel pesait de lourds
soupçons présidentiels d’un «mauvais
gestionnaire des deniers publics».
Les Tunisiens ont
élu Kaïs Saïed car ils étaient
convaincus que sa présidence marquerait
une claire rupture avec un régime qui
les a saigné. Une clique de politiciens
qui se sont emparés du pays pendant 60
ans.
B- le discours
de Genève devant l’Organisation
Internationale du Travail (OIT).
Les insultes dont
Bourguiba a abreuvé les pontes de son
régime sont peu de poids face à
l’humiliation qu’il a infligée à son
peuple.
Dans un discours
prononcé, en juin 1973, devant
l’Organisation Internationale du Travail
(OIT) à Genève, Bourguiba s’attribua
tout le mérite, qualifiant en termes
méprisants le peuple tunisien:
«C’est moi qui ai
forgé le peuple tunisien. J’en ai fait
un peuple, alors qu’il n’était qu’une
poignée de poussières. J’en ai fait une
nation, alors qu’il était constitué
d’une horde de tribus coutumiers de la
soumission et de l’humiliation», a-t-il
déclaré, d’une voix haute, en français,
pour que cela soit compris de tous.
A dire vrai pas un
dirigeant arabe ne s’est autorisé un tel
comportement, à contrairement au
président tunisien qui n’hésitera pas à
s’en prendre à ses pairs et au peuple
arabe «arriéré, ignorant, des pouilleux,
que j’ai réussi à désinfecter» (1).
C- L’attaque de
Bourguiba contre l’Islam et le prophète
Mohamad.
Dans son envolée
oratoire, Bourguiba, sujet tabou s’il en
est, s’attaquera à l’Islam et à son
prophète: «Un homme simple qui
parcourait le désert, prêtant l’oreille
aux légendes insipides, nombreuses à
l’époque, qu’il s’empressait
d’incorporer au Coran (2).
«Le prophète est un
analphabète vivant dans le désert. Sa
façon d’inciter les gens à adhérer à
l’Islam relevait davantage de
l’incitation que de l’appel à la raison
et à l’intelligence, alors que MOI, j’ai
une parfaite maîtrise de la connaissance
du patrimoine de l’humanité et tout ce
que j’ai entrepris, je l’ai accompli par
un effort personnel de ma part, pas sous
l’effet d’une révélation, mais par la
mobilisation de mon intelligence et de
ma raison (3).
S’il s’était
contente de se comparer au prophète,
cela aurait été un moindre mal, mais
l’impudence et l’arrogance étaient
telles chez lui qu’il s’est permis un
jour de vouloir corriger les erreurs
contenues dans le Coran. Il réclama un
crayon rouge et se mit, ostensiblement,
à corriger devant son auditoire médusé
les incorrections contenues, selon lui,
dans le Livre Saint de l’Islam. Il ira
jusqu’à provoquer le public en soutenant
qu’il lui était loisible de s’alimenter
durant le mois du Jeûne du Ramadan.
Puis, joignant le geste à la parole, il
s’empara d’un verre de jus d’orange, le
but d’un seul trait, en plein mois du
Ramadan (4).
D -Doute de
Bourguiba sur l’existence d’une langue
arabe et sur la notion de nation arabe.
Bourguiba ne s’est
pas limité à mettre en question l’Islam
et mettre en doute le caractère musulman
du peuple tunisien. Il s’est appliqué à
rendre les Tunisiens étrangers à leur
environnement arabe.
Il ne croyait pas,
en son for intérieur, à l’existence
d’une nation arabe, estimant que les
Tunisiens constituait une nation propre.
Une nation elle-même. Il ne croyait pas
non plus à l’existence d’une langue
arabe, qu’il dénigrait et méprisait.
Quant à la langue
française, elle constituait pour lui une
«prise de guerre» qu’il importait aux
Tunisiens de conserver.
Bourguiba a même
évincé Mohamad Mzali car le premier
ministre s’était insurgé contre ses
instructions, en instituant, contre la
volonte du président, la langue arabe
comme langue d’enseignement dans les
établissements scolaires (5).
E -Bouguiba:
Eloge du colonialisme français: Le
discours de Kasserine de 1965
En 1965, dans un
discours à Kasserine, centre ouest de la
Tunisie, Bourguiba a assuré que La
France est entrée en Tunisie car elle
avait constaté que le peuple tunisien
était composé d’«arriérés». Au delà des
luttes et du combat pour l’indépendance,
l’un des résultats de la présence
française en Tunisie est le fait qu’elle
avait «ouvert les cerveaux». A son
départ de la Tunisie, la France a laissé
sur place «un peuple éclairé en mesure
de gouverner le pays sur la voie du
progrès et de la prospérité. Un motif de
fierté pour les Français.
3 – Ben Ali et
la corruption, son père un «indic» des
Français.
Bourguiba a été
évincé et remplacé par Zine el Abdine
Ben Ali. Un successeur nullement à la
hauteur de son prédécesseur.
Ni héros national,
sans charisme, piètre orateur, d’une
culture sommaire, autant de handicaps
qui ne l’habilitaient pas à de hautes
responsabilités, ni non plus un passé de
combattant pour l’indépendance
nationale. Plutôt de fortes suspicions
envers le passé de son père, un «indic»
des Français qui échappa en raison de
son passé collaborationniste à une
tentative d’assassinat.
A- Le général
Mohamad Kafi, beau-père de Ben Ali, un
tremplin vers le pouvoir.
Le souci majeur de
Ben Ali alors qu’il parvenait à maturité
était de rompre avec la pauvreté et la
misère, et d’accéder au bien être
matériel, nullement la recherche de la
gloire.
Les circonstances
l’ont aidé à réaliser son vœu. Plus que
de besoin. Au delà de toute attente.
La chance a souri à
cet aventurier lui ouvrant la voie à
travers les dédales de ce régime
corrompu, vers le sommet de l’état. La
porte du bonheur s’est ouverte à Ben
Ali, une première fois, lorsque la fille
du tout puissant général Mohamad Kafi,
Naima Kafi tomba amoureuse de lui, qu’il
épousera en 1961. Grâce à son beau-père,
le gendre gravit progressivement les
échelons de l’armée, en surclassant
parfois des officiers plus gradés que
lui pour finir par accéder au poste
envié de Directeur des Renseignements
Militaires (DRM) de l’armée tunisienne,
avant de décrocher le poste suprême dans
le domaine du maintien de l’ordre:
Directeur Général de la Sûreté Générale.
B- Le «Jeudi
Noir» de Tunis (26 Décembre 1978): 400
morts parmi les manifestants.
A la tête de ses
troupes, Ben Ali noiera dans le sang les
troubles survenus à Tunis, le 26
Décembre 1978. L’assaut qu’il a ordonné
laissera sur le tapis 400 morts parmi
les manifestants. Pour ce fait d’armes
peu glorieux, Ben Ali glanera le grade
de Général. Un insigne que lui décernera
Bourguiba, en personne, en signe de
reconnaissance pour son rôle dans le
«Jeudi Noir de Tunis».
Pour un homme rusé
et ambitieux, il n’était pas difficile
de grimper les marches du pouvoir au
sein d’un régime aussi moribond que ne
l’était celui de Bourguiba en phase de
repli. Il n’était pas étrange non plus
qu’il écarte son bienfaiteur en phase de
sénéscence.
En dépit de sa
profonde corruption et de ses méfaits,
Ben Ali n’a pas été perfide avec son
bienfaiteur évincé. Il s’est même
abstenu de réserver à Bourguiba le sort
que le «combattant suprême» a réservé à
son prédécesseur le Bey de Tunis, quand
il l’a détrôné.
Le régime Ben Ali
se situait dans le prolongement de celui
de Bourguiba. Mieux, il s’est révélé
plus répressif à l’encontre des
manifestations ostentatoires de
religiosité. L’accusation de prieur
(Moussali), désignant un pratiquant
ostentatoire, pouvait conduire son
bénéficiaire directement à la prison,
sans autre forme de procès.
C- L’épreuve de
force contre les Islamistes.
Ben Ali engagea une
épreuve de force contre le courant
relevant de l’islam politique en vue de
l’éradiquer, en extirpant toute forme de
religiosité au sein de la société
tunisienne, un fait gravissime en ce que
la société tunisienne se vivait dans sa
grande majorité comme une société
traditionnelle conservatrice d’obédience
musulmane.
En s’intronisant
comme le «principal barrage contre
l’intégrisme», le thème de propagande
favori des folliculaires français en
quête de prébendes, Ben Ali visait en
fait un objectif sous-jacent, celui
d’éliminer tout obstacle à sa mainmise
sur le pays.
Pour aller plus
loin sur ce sujet, cf:
Au delà du combat
contre l’intégrisme, Ben Ali a élargi
son champ d’intervention en s’attaquant
aux Libertés Publiques, déblayant ainsi
la voie au pillage du pays.
D- Le pillage du
pays et la mafia du pouvoir.
Sans coup férir,
Ben Ali s’empara de tous les secteurs
d’activité lucratifs, alors que son
entourage familial, -ses gendres et
beaux frères-, se constituaient en
Mafia. Banques, Hôtels, Internet,
Télécommunications, Import-Export,
Domaines Agricoles, Agence de location
de limousine, Habillement…Rien ne
résistera à leur rapacité, avant que la
mafia présidentielle ne jette son dévolu
sur les chaînes satellitaires, la
presse, les produits pharmaceutiques et
les grands projets de travaux public. La
cupidité avait un tel degré que
l’entourage présidentiel s’est engagé
dans des activités criminelles, en toute
impunité: La contrebande des cigarettes,
de la drogue et des pièces
archéologiques.
Pour aller plus
loin sur ce sujet, cf ce lien:
Épilogue : Le
sursaut
Les Tunisiens ont
saturé des plaintes. A juste titre. Ils
se sont alors soulevés. A juste titre.
Et leur révolte a provoqué la chute du
régime et de sa clique. Un événement
considérable dans la vie publique
tunisienne.
Puis ils ont
entrepris de changer de Régime, dotant
le pays d’une nouvelle constitution.
Sauf que le réseau de corruption
tentaculaire a perduré au point de
provoquer une prolifération malfaisante,
au risque de désespérer les Tunisiens
dans leur combat contre la pourriture
ambiante.
Puis soudainement
ce fut le déclic et le sursaut
intervint: Les Tunisiens ont fait le
pari de combattre la corruption en
déléguant la mission à un homme fiable,
doté d’une forte personnalité, un homme
qui se consacrerait exclusivement à
cette tâche.
Cet homme-là, Kaïs
Saïed, est apparu à ce moment décisif de
l’histoire de la Tunisie.
L’arrogance de
Bourguiba l’avait conduit à réclamer un
crayon rouge pour rectifier les erreurs
contenues, selon lui, dans le Coran.
Kaïs Saïed, lui, n’a pas été élu pour
réformer un système en crise. Les
Tunisiens savent pertinemment qu’il
n’est pas en son pouvoir de résoudre des
crises économiques et politiques d’une
grande complexité, fruit d’une longue
accumulation d’erreurs et d’abus.
Les Tunisiens l’ont
choisi, car il a été perçu comme un
homme fort, loyal, transparent,
authentique, alors qu’ils ont été
gouvernés jusqu’à par des voyoux et des
voleurs. Ils l’ont choisi car ils sont
convaincus qu’il s’agit d’un homme de
conviction, fier de son appartenance à
la nation arabe, fier de sa langue
nationale, la langue arabe. Fidèle à la
Palestine……. aux antipodes des agents de
l’étranger.
Les Tunisiens ont
choisi Kaïs Saïed car ils voulaient un
président modeste, à leur image. Ils
l’ont choisi car ils souhaitaient
ardemment la chute de ce régime et que
sa disparition s’imposait
impérativement.
Références
1- Rendons justice
à Habib Bourguiba. En trente ans de
pouvoir, il a instauré un système de
santé et généralisé l’enseignement à
l’ensemble du pays. Mais était-il décent
de sa part d’humilier son peuple à ce
point là? Vers la fin de son règne, il
tancera une nouvelle fois son peuple lui
signifiant que sans lui il n’aurait pu
connu le goût du yaourt. Les disciples
de Bourguiba se gargarisent encore de
nos jours de sa revendication selon
laquelle c’est le «combattant suprême
qui ôté le poux de la tête des
Tunisiens».
2 – Bourguiba a
ironisé sur le prophète Mohamad, dans un
discours prononcé le 19 mars 1974 devant
le monde de l’enseignement à l’occasion
d’un colloque international sur «l’autodictatisme
et l’éveil des consciences». Dans ce
discours retransmis par la Radio
Nationale Tunisienne, Bourguiba a tourné
en dérision le prophète Mohamad, le
qualifiant de puéril et de
falsificateur. Il a même mis en doute le
Coran, en mettant en contradiction
divers versants du livre saint de
l’islam, notamment les versets 51
-Sourate At Tawbah -le repentir: Dis:
«Rien ne nous atteindra, en dehors de ce
qu’Allah a prescrit pour nous. Il est
notre Protecteur. C’est en Allah que les
croyants doivent mettre leur confiance».
Et le verset 11 (sourate Ar Raad – Le
tonnerre: En vérité, Allah ne modifie
point l’état d’un peuple, tant que les
[individus qui le composent] ne
modifient pas ce qui est en eux-mêmes.
Ce discours a été publié dans le journal
tunisien As Sabah dans ses éditions du
20 et 21 mars 1974.
3 – Cf le livre de
Lotfi Hajji «Bourguiba et l’Islam» à
propos du Leadership et l’Imamat», Page
182 (2004).
4 – Discours du 5
Février 1960 sur le Jeûne et l’Iftar:
Bourguiba y soutient que l’Iftar
contribue à gagner la bataille
économique (en ce qu’il favorise la
consommation, par ricohet, la
circulation des marchandises et les
recettes des ventes des produits
commercialisés et par voie de
conséquences les recettes fiscales). Ce
discours a soulevé une vague de
protestation à travers le pays.
5- Témoignage de
Mohamad Mzali sur les raisons de son
éviction par Bourguiba; Séquence 8 du
programme «Témoin de son temps», diffusé
sur la chaîne Al Jazeera le 13 Mai 2000.
Le sommaire de René Naba
Le dossier
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