MADANIYA
Qatar, Le Livre Noir 1/4
René Naba
Dimanche 5 novembre 2017 Note de la
rédaction www.madaniya.info : «Qatar,
Le Livre Noir», est un ouvrage du Centre
Euro arabe pour combattre l’extrémisme
(CEACE), dont l’adaptation en version
française a été confiée à
www.madaniya.info
« Le
journalisme est un métier qui ne
consiste pas à faire plaisir, non plus
de faire tort, mais de porter la plume
dans la plaie (Albert Londres) en ce que
le goût de la vérité n’empêche pas la
prise de parti. » (Albert Camus)
De même
la Liberté d’informer s’arrête là où
commence l’intoxication de l’opinion. Se
pose de manière sous jacente la question
de la pertinence de confier à des
propagandistes patentés, dans des
journaux jadis réputés pour leur
sérieux, la charge de commenter
l’information sur l’un des conflits
majeurs de l’époque contemporaine.
Loin de
la fébrilité digitaliste du monde
interlope de la djihadologie, ce dossier
présente les faits dans toute leur
simplicité, comme autant de camouflets à
des islamophilistes gaillardement qui
assumèrent le rôle d’«idiots utiles» du
terrorisme islamique, dans la séquence
de la contre révolution arabe initiée
par les pétromonarchies du Golfe en
concertation avec l’Alliance atlantique.
Un
groupe de démocrates de divers pays du
Moyen Orient (Égypte, Iran, Liban Libye,
Tunisie, Turquie, Yémen, des pays du
Golfe et d’Europe) a veillé à le mettre
en œuvre ce principe cardinal d’une
profession, par ailleurs si décriée par
sa connivence avec les puissances
d’argent et sa révérence avec la
puissance politique.
Il a
veillé à le mettre en œuvre par une
étude exhaustive sur la séquence dite du
«printemps arabe», notamment le rôle des
principaux bailleurs de fonds, la
contribution des pétromonarchies à
dévier le cours d’un soulèvement au
départ authentiquement populaire et son
instrumentalisation au bénéfice d’une
stratégie régionale en vue de la
propulsion au pouvoir de la Confrérie
des Frères Musulmans dans les pays
arabes en proie à l’agitation.
«Qatar:
Le Livre Noir» comporte une importante
annexe documentaire destinée à conforter
les affirmations avancées dans le texte,
ainsi que des révélations sur la
«cellule de Doha», les donneurs d’ordre,
la liste nominative des convoyeurs de
fonds des groupements djihadistes avec
les variations de leurs noms
patronymiques, parfois les numéros de
téléphones dont ils faisaient usage et
des précisions sur leurs documents de
voyage.
Le
Centre Euro arabe pour combattre
l’extrémisme (CEACE) ambitionne via son
ouvrage « Qatar: Le Livre Noir » de
dévoiler le rapport entre les
gouvernements du Proche-Orient et
l’extrémisme.
Sa
première publication intervient alors
qu’un conflit frontal oppose quatre pays
arabes (Arabie Saoudite, Bahreïn, Égypte
et Émirats Arabes Unis) au Qatar. Mise à
part la question du « blocus » qui
frappe le Qatar, dont le centre récuse
l’usage du terme qu’il considère comme
inapproprié, le rapport se concentre sur
le soutien gouvernemental du Qatar aux
groupements extrémistes.
Le
Centre a décidé de maintenir dans
l’anonymat l’identité des chercheurs de
ce groupe de travail pour d’évidentes
raisons de sécurité, en raison notamment
de la forte connexion existant, au
niveau européen, entre les états
parrains du terrorisme et de
l’extrémisme et les services de
renseignements des pays européens. Un
anonymat d’autant plus nécessaire que ce
groupe de chercheurs travaille sur des
sujets sensibles.
Le CEACE
se veut un centre d’études et de
recherches contre l’extrémisme. Il est
animé d’un programme vaste et ambitieux.
Son champ d’investigation englobe le
Moyen Orient et l’Afrique du Nord.
Un
groupe de chercheurs et de chercheuses a
d’ores et déjà entamé son travail sur la
Turquie, l’Iran et les six pays membres
du Conseil de Coopération du Golfe
(Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats
Arabes Unis, Koweït, Qatar et Sultanat
d’Oman).
La
guerre menée par les services de
renseignements occidentaux et arabes, la
décennie écoulée, contre bon nombre
d’organisations arabes des Droits de
l’Homme et les centes de recherche a été
sans répit.
Un
facteur qui a conduit le CECEA à faire
preuve de prudence et de s’abstenir de
d’annoncer publiquement le lancement de
ses travaux, et de reporter à une date
ultérieure la divulgation de l’identité
des organisations participant au projet;
une précaution d’autant plus nécessaire
que bon nombre de chercheurs opèrent
déjà sur le terrain dans les zones de
conflit.
Le CECEA
s’appuie sur l’assistance d’associations
arabes. A l’instar des associations
participantes, le CECEA est un organisme
bénévole. Il refuse l’assistance de
nature gouvernementale ou l’assistance
de toute ONG régionale ou
Internationale. Tous les membres du
CECEA sont des volontaires.
Les inédits du livre
Pour la
première fois, le dossier contient une
description détaillée du processus de
mise sur pied depuis un pays arabe,
allié des pays occidentaux, en
l’occurrence le Qatar, d’une cellule
d’Al Qaida, en charge de la coordination
et des contacts pour le compte de ce
groupement à l’échelon régional. La
cellule est basée à Doha, donnant par
extrapolation sa dénomination de
« Cellule de Doha ».
Un
chapitre du livre est consacré aux
connexions établies depuis cette cellule
entre les divers groupements (Abou
Mouss’ab Zarkaoui-Irak, Al Athamena et
Ayman Zawahiri (Qaida Afghanistan), de
même que la division du travail entre
l’axe Yémen-Arabie Saoudite, d’une part,
le Koweït, le Qatar, la Somalie, l’Irak
et la Syrie d’autre part. Il mentionne
les rapports entre Jabhat An Nosra et
Jound al Aqsa, ainsi que le rôle de
Qatar dans le financement, direct ou
indirect de la branche syrienne d’Al
Qaida et d’autres groupements
extrémistes au Liban, en Irak et en
Syrie.
Dans ce
cadre, le livre a volontairement mis de
côté les réseaux parallèles non
directement liés à Al Qaida, mais qui
ont adopté, au regard de la guerre de
Syrie, la même approche concernant la
nécessité de «soutenir militairement un
Islam sunnite opprimé contre les sectes
hérétiques minoritaires qui contrôle
l’armée et l’État dans le pays». Ces
réseaux extrémistes sont multiples et
peuvent être pistés au Qatar, en Arabie
Saoudite et au Koweït.
«La
grande campagne de Koweït pour préparer
12.000 djihadistes envahisseurs au nom
d’Allah» en constitue une parfaite
illustration. Voir à ce propos la photo
y afférente contenue dans le livre). 19
personnalités y figurent sur les
affiches avec des oulémas et des
députés.
Il traite également de la campagne de
mobilisation médiatique menée par des
chaînes à caractère confessionnel telles
Safa ou Wisal, en collaboration avec des
Syriens (Adnan Al Ar’our et Hamed
Khalifa), des Koweïtiens (Uthman al
Khamis (surnommé le Lion d’Al Sunna) et
le député koweïtien Walid Tabtabai, les
qataris Shaqr al Shahwani et Jasem al
Jaber.
Le Centre dispose des preuves
irréfutables de leurs soutiens aux
extrémistes et organisations inscrites
par l’ONU sur la liste du terrorisme.
La
deuxième partie de l’ouvrage est
consacrée aux Islamistes. Elle nous
éclaire sur le rapport de parenté
idéologique entre les Frères Musulmans
et les mouvements djihadistes. Le Centre
a tiré profit de l’étude publiée par le
Scandinavian Institut for Human Rights
et adapté en version française par
www.madaniya.info sur le rapport
entre les groupes djihadistes et les
Frères Musulmans afin de mieux cerner
leur rapport sur le terrain.
Le
dossier relate enfin les conditions qui
ont présidé à la décision de sceller une
alliance entre les djihadistes et les
Frères Musulmans pour déclarer le Djihad
en Syrie. Une décision prise par 500
oulémas, réunis au Caire en présence du
Président islamiste Mohamad Morsi.
Un
congrès qui s’est tenue avec des
participants des pétromonarchies du
Golfe (Qatar, Arabie Saoudite, Koweït,
Bahreïn) ainsi que de l’Égypte, du Yémen
et de la Tunisie.
Financement abusif
Mais le
dossier pêche par certaines omissions,
notamment le contrat conclu entre le
Hezbollah libanais et Jabhat Tahrir al
Sham (ex Al Nosra). Un accord qui a
permis à Jabhat An Nosra de bénéficier
d’un transfert de 100 millions de
dollars, ainsi que le signale un membre
de la Choura de Jabhat Tahrir al Sham:
Housam Ibrahim al Atrash.
Le
rapport se borne à mentionner la somme
d’un milliard de dollars payée à des
groupes chiites ravisseurs de qataris en
Irak, dont des membres de la famille
princière.
Un point
faible concerne la complicité de Qatar
Airways dans le transfert des
djihadistes d’Asie vers la Turquie. Les
preuves présentées manquent de
pertinence. La question se pose de
savoir s’il existe de preuves
complémentaires que le Centre s’est
abstenu de publier
Au delà de ces imperfections, il n’en
demeure pas moins que « Qatar: Le
dossier Noir » constitue une référence
de premier plan sur l’implication des
deux Hamad (l’Émir Hamad Ben Khalifa et
son ancien premier ministre Hamad Ben
Jassem, dans la montée de l’extrémisme
dans le Monde arabe.
L’extrémisme : Produit d’exportation
!!
Tout au
long de cette séquence, l’État de Qatar
a bénéficié d’une grande couverture
médiatique faisant valoir les efforts de
« modernisation » de la principauté, les
« bonds enregistrés dans l’édification
de l’État de droit et des institutions »
et « l’établissement d’une constitution
permanente».
Quid de
la réalité? De la relation entre le
discours politique et la réalité vécue
sur le terrain, notamment la place de la
société et sa pleine participation à la
vie politique de la principauté?
Le terme
« progrès » est-il approprié au Qatar en
matière de circulation des idées, de
concertation et de communication entre
les gouvernants et les gouvernés? La
séparation des pouvoirs est-elle
vraiment ancrée dans la pratique, telle
qu’elle est prescrite par la
constitution? La citoyenneté a-t-elle
vraiment droit de cité, alors que la
Constitution, votée en avril 2003, n’a
jamais été mise en exécution?
In fine,
notons la poursuite la déchéance
arbitraire de nationalité, au mépris du
Droit International, qui proscrit les
apatrides, concernant près de 5.000
membres d’un même clan familial, le Clan
Al Mari, l’extension du domaine du
mercenariat au domaine diplomatique
international ainsi que les détentions
arbitraires.
Pour la déchéance collective
de nationalité
Pour l’extension du
mercenariat au domaine diplomatique
A signaler que sur les 9 détenus donc
les noms figurent dans les listes du
groupe de travail sur la détention
arbitraire du HCDH à Genève, quatre sont
membres de la cellule Doha, selon le
livre noir. Mais aucun n’a été traduit
devant la justice dans le cadre de la
loi antiterroriste?
- Salem Hassan Khalifa Rached Al
Kawari
- Mansour Rashid al-Mansouri
- Abdallah Latif Ben Abdallah Al
Kawari
- Ibrahim Issa Hajji Mohamad Al
Baqer
- Hamad Issa al-Bakir
- Khalid Saeed al-Bu’nein
- Tariq Abdullah al-Mansouri
- Khalid Ali al-Hammadi
- Abdullah Muhammad Suwaidan
- Ahmad Yusuf Hakim
Indice complémentaire de duplicité:
Les autorités qataries avaient donné à
l’époque l’impression aux chancelleries
occidentales l’impression de maîtriser
la situation, alors qu’elles négociaient
parallèlement une coopération future
avec la cellule d’Al-Qaïda.
Tables des matières
Prologue
Chapitre I: La mégalomanie et la cécité
en état de gémellité.
Chapitre 2: La rupture des relations,
les sanctions et le mensonge du blocus.
Chapitre 3: La cellule de Doha
Chapitre 4: La liste des 27 principaux
membres de la cellule de Doha.
Chapitre 5: La banalité du mal.
Chapitre 6: Les racines confrériques de
l’extrémisme
Chapitre 7: La stratégie du lobby qatari
dans les Médias arabes et Occidentaux.
Chapitre 8: Amis et Ennemis des Peuples
Chapitre 9: Chapitre 9: La légitimation
du financement du terrorisme
ou la «campagne menée sous le mot
d’ordre «Mann jahhaza ghazziyan faqqad
Ghaza». -Celui qui offre l’équipement
militaire à un djihadiste est considéré
comme lui- Hadith
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