MADANIYA
La transaction du siècle :
Solder au
propre et au figuré l’affaire
palestinienne
Abdel Bari Atwane
Lundi 4 novembre 2019
Par Abdel Bari
Atwane, directeur du site «Ar Rai Al
Yom»
Adaptation en version française René
Naba
www.madaniya.info
- 2.750 dollars:
L’obole allouée pour chaque
palestinien pour renoncer à sa
patrie, son identité, sa culture,
son indépendance et se contenter
d’une situation de citoyen de
seconde zone.
- La population
palestinienne a vocation à faire
office de barrière humaine sunnite
dans les zones de déploiement
démographique chiite dans le centre
de l’Irak et au Liban.
Note de la
rédaction
Sous la menace
d’une procédure d’Impeachment, Donald
Trump devrait annoncer le volet
politique de la «transaction du siècle»
sur la Palestine, à l’automne 2019, à
une date intervenant à un an des
élections présidentielles américaines
visant à la reconduction –ou non- de son
mandat pour une durée de quatre ans.
La liquidation du
chef de Daech Abou Bakr Al Baghdadi, fin
octobre 2019, pourrait donner un ballon
d’oxygène, sans pour autant entraver le
processus judiciaire mis en route par la
Chambre de represéentants.
A l’arrière plan de
la nouvelle déconfiture électorale de
son complice israélien Benyamin
Nethanyhu, sous la menace d’une probable
inculpation par la justice israélienne,
le duo a donc été conduit à revoir à la
baisse ses objectifs sous l’effet des
facteurs suivants:
-La déconfiture de ses alliés kurdes
dans le nord de la Syrie,
-La percée
diplomatique de la Russie dans les
pétromonarchies du Golfe, avec la visite
de Vladimir Poutine dans la basse cour
américaine, -en Arabie saoudite et aux
Emirats arabes Unis, les 15 et 16
octobre 2019- un mois après la
destruction des installations du géant
pétrolier saoudien ARAMC.
Et, à défaut d’une
paix globale, le duo se contenterait
d’une collaboration souterraine et d’un
pacte de non belligérance entre l’Etat
hébreu et les roitelets de l’ancienne
côte des pirates.
Le volet économique
avait été rendu public lors de
l’«Atelier de Manama», le 25 juin
dernier.
Présenté par Jared
Kushner, influent membre du lobby juif
américain, gendre présidentiel et maître
d’oeuvre de la transaction, le projet
économique avait reçu un accueil mitigé
en raison de son boycottage par les
Palestiniens, les principaux intéressés
au bradage de leur cause, de même que
l’absence des deux pays du champ de
bataille n’ayant pas souscrit à un
accord de paix avec Israël: La Syrie et
le Liban qui abritent néanmoins un
important lot de refugiés palestiniens
ainsi que l’Irak; enfin, le faible
niveau de participation des autres pays
arabes, dont aucun n’était représenté
par un chef de gouvernement encore moins
par un chef d’état.
En parallèle avec
la tenue du sommet économique de Manama,
un groupe de démocrates arabes avait
organisé un contre sommet économique au
Palais des Nations à Genève le vendredi
28 juin pour dénoncer le choix de Manama
et révéler les raisons ayant présidé au
choix de Bahrein pour abriter ce sommet
de la capitulation.
https://www.madaniya.info/2019/06/28/geneve-28-juin-2019-contre-sommet-economique-de-manama-au-palais-des-nations/
En une série de
deux papiers, https://www.madaniya.info/
poursuit la publication de ce dossier
consacré aux objectifs sous jacents du
sommet de Manama- Fin de la note
La transaction
du siècle: solder au propre et au figuré
l’affaire palestinienne.
Verbatim de M.
Abdel Bari Atwane, directeur du site en
ligne https://www.raialyoum.com/ au
contre sommet économique de Manama à
Genève.
1- L’éviction de
John Bolton et la démission de Jason
Greenblatt: un indice patent de l’échec
d’un passage en force
Coup sur coup deux
des principaux collaborateurs du
président Donald Trump, Jonh Bolton, son
conseiller pour la sécurité nationale et
Jason Greenblatt, son conseiller spécial
pour «la transaction du siècle», ont été
zappés de la scène publique; indice
patent de l’échec d’un passage en force.
Si le dégagement de
John Bolton est imputable aux échecs
répétitifs de la politique de force de
l’ultra faucon face à l’Iran, la Corée
du Nord, voire même le Venezuela, celle
de Jason Greenblatt constitue un indice
patent de l’échec de Donald Trump
d’opérer un passage en force pour solder
la question palestinienne.
John Bolton, dejà
en poste sous George Bush Jr, dans la
désastreuse invasion de l’Irak, en 2003,
est la 3me personne à occuper le poste
stratégique conseiller présidenitel pour
les affaires de sécurité nationale après
Michael Flynn et H. R.McMaster; une
rotation anormalement élevée
symptomatique de l’instabilité de
l’exécutif américiain.
Jason grennblatt,
son conseiller spécial de chargé
d’établir un plan de paix pour un
règlement du conflit
israélo-palestinien, a lui annoncé sa
démission le 5 septembre 2019, à douze
jours des élections israéliennes qui
devaient donner le signal de la relance
du volet politique de la «transaction du
siècle».
En tandem avec
Jared Kushner, gendre du président
Trump, ce très proche ami d’Israël avait
la très lourde tâche d’établir un plan,
concocté dans le plus grand secret, qui
s’est révélé outrageusement favorable à
Israël.
Jason Greenblatt s’était attiré les
foudres de diplomates européens à l’ONU
en juillet 2019en fustigeant avec des
mots très durs, devant le Conseil de
sécurité, le « consensus international »
sur les moyens de mettre fin au conflit
israélo-palestinien.: « Une paix durable
et globale ne sera pas décrétée par la
loi internationale ou par ces
résolutions verbeuses et peu claires »,
avait-il lancé, dans une nouvelle prise
de distance flagrante des États-Unis
avec les Nations Unies.
En application de
l’adage selon lequel «on ne change pas
une équipe qui perd», Jason Greenblatt a
été remplacé par Avi Berkowitz (30 ans),
le jeune assistant de Jared Kushner, un
novice en diplomatie dont la fonction
essentielle auparavant était de servir
d’«office boy» entre Donald Trump et son
gendre. Un tel dispositif en circuit
fermé vise à maintenir cet «arrangement
entre amis» sous le contrôle absolu du
lobby juif américain en connexion avec
Benyamin Nethanyahu.
2 – Une obole de
2.750 dollars par palestinien pour solde
de tout compte
La transaction du
siècle alloue un budget de 50 milliards
de dollars pour la réinsertion et la
réhabilitation des Palestiniens dans les
pays arabes.
Sur les 50
milliards, 27 milliards sont affectés
spécifiquement aux 15,5 millions de
Palestiniens, soit pour chaque
palestinien 2.750 dollars, une somme
échelonée sur dix ans, soit par an une
obole de 275 dollars pour un palestinien
pour prix de sa renonciation à sa
patrie, son identité, sa culture, son
indépendance pour se contenter d’un
statut de citoyen de seconde zone. Un
solde de tout compte. Un bradage.
Le plan Jared
Kushner prévoit, à titre symbolique,
d’autoriser 40.000 palestiniens à faire
valoir leur droit au retour et de
transférer 150.000 palestiniens sunnites
de Cisjordanie vers la région d’Al
Anbar, dans le centre de
l’Irak, afin de briser la continuité
démographique chiite reliant l’Iran à la
Syrie.
Un projet similaire
avait été conçu par Daech, dans le
secteur de Palmyre, dans le désert
syrien, avec la constitution d’un Emirat
Islamique de Palmyre faisant la jonction
entre les zones sunnites d’Irak et de
Syrie.
En ce qui concerne
le Liban, le plan Jared Kushner prévoit
une subvention économique de six
milliards de dollars au Liban en
contrepartie de l’octroi de la
nationalité libanaise aux 500.000
réfugiés palestiniens présents au Liban,
mais «sans égalité de droit».
La subvention ne
serait pas versée en une seule fois,
mais s’étalerait sur plusieurs années et
les Palestiniens seront naturalisés,
mais «sans égalité de droits» avec les
Libanais, c’est à dire qu’ils seront des
«citoyens de seconde zone» en somme,
selon les dispositions du plan mis au
point par le spécialiste de
l’immobilier, mais néanmoins important
membre du lobby juif américain.
Toutefois
l’insertion des réfugiés palestiniens
dans le tissu social libanais, dans leur
zone de déploiement, dans les camps de
Sabra-Chatila, au sud-est de Beyrouth,
dans les camp du sud-liban, le camp de
Ain el Héloué (banlieue de Saida), ainsi
que dans le camp de Myeh Myeh et de
Rachidyeh, (banlieue de Tyr), devrait
constituer un barrage humain naturel
sunnite- un «cordon de sécurité» – sur
les voies de ravitaillement stratégique
du Hezbollah depuis Beyrouth Sud vers la
région frontalière libano-israélienne.
Le plan Jared
Kushner pourrait faire écho au fameux
plan Henry Kissinger, du nom de l’ancien
secrétaire d’état américain qui avait
estimé que «le Liban était une erreur»,
proposant en conséquence, dans la
décennie 1970, le remplacement des
populations chrétiennes libanaises par
les réfugiés palestiniens en
contrepartie d’une émigration des
chrétiens libanais vers les Etats Unis.
Le plan Kissinger a été l’un des
facteurs ayant contribué à la guerre
civile.
3- La
transaction du siècle ne concerne pas
les Palestiniens
Mais une
reconfiguration géostratégique de la
zone dans un sens qui pérennise
l’hégémonie israélo-américiane. Le plan
américain vise à instaurer une Union
Economique Régionale, incluant Israël,
qui se substituerait à la Ligue Arabe,
en une version améliorée du projet
sarkozyste mort né de l’Union Pour la
Méditérranée».
Là où le bât blesse
toutefois: les participants à l’atelier
de Manama n’avaient aucune
représentativité. Aucun chef d’état
n’était présent, à l’exception du Roi du
pays hôte, le plus minuscule pays arabe,
protégé par une base navale américaine.
De sorte que ce plan pâtit d’une absence
de légitimité.
Pour aller plus
loin sur ce thème, cf: Le lancement de
l’Union Pour la Méditerranée.
https://www.renenaba.com/union-pour-la-mediterranee-un-orni-objet-remuant-non-identifie/
La mort du projet,
un an après
https://www.renenaba.com/1er-anniversaire-du-lancement-de-lunion-pour-la-mediterranee/
4 – La stratégie
de strangulation du leadership
palestinien.
Le peuple
palestinien n’a pas vocation à s’offrir
en victime consentante aux groupes de
pression américains. Mais
l’administration américaine pratique une
stratégie de strangulation du leadership
palestinien en vue de son dépérissement,
en jetant le discrédit sur les
formations historiques de l’Organisation
de Libération de la Palestine (OLP),
alimentant la suscpicion sur la
légitimité sur les organisations telles
que le Fatah (Yasser Arafat), le Front
Populaire pour la Libération de la
Palestine (FPLP de Georges Habbache), le
Front Démocratique pour la Libération de
la Palestine (FDLP Nayef Hawatmeh), à
l’origine de la guérilla palestinienne.
Selon le schéma
américain, Israël devrait, au final,
s’emparer de 60 pour cent de la
Cisjordanie, le reliquat 40 pour cent
sera intégré à une conféderation
jordano-palestinienne, préludant à la
proclamation de l’état de Palestine sur
le territoire de la Jordanie, qui sera
en fait «la patrie de substitution» des
Palestiniens.
L’idée, ancienne,
avait été dejà préconisée dans la
décennie 1970 par le sécrétaire d’état
Henry Kissinger de faire du Liban, la
«partie de substitution aux
Palestiniens», un des facteurs
déclencheurs de la guerre civile
libanaise.
La transaction du
siècle à l’oeuvre par Abdel Bari Atwane
https://www.madaniya.info/2019/02/01/palestine-la-transaction-du-siecle-a-l-oeuvre/
5- L’offre
ahurissante de Mme Tansu Ciller
(Turquie): un lieu de culte juif dans
l’enceinte de la Mosquée d’Al Asqsa.
Selon M. Atwane,
Yasser Arafat, chef de l’OLP, lui a fait
part d’une offre ahurissante du
gouvernement turc présidé alors par Mme
Tansu Ciller, concernant le règlement du
conflit israélo-palestinien.
Première et unique
femme à avoir exercé les charges de
premier ministre en Turquie (Juin
1993-Mai 1996), Mme Tansu Ciller aurait
envoyé un émissaire au chef palestinien
dans la foulée des accords
israélo-palestinien d’Oslo pour lui
tenir les propos suivants: «La seule
façon pour vous d’obtenir un état
palestinien indépendant est de
convaincre Israël et les Juifs de votre
bonne foi. Aménagez un lieu de culte
juif dans l’enceinte de la Mosquée d’Al
Aqsa».
Réponse de
Yasser Arafat à l’émissaire turc:
«En vertu de quel
principe les Palestiniens sont soumis à
une assignation permanente de faire
preuve de leur bonne foi? Pourquoi la
partie adverse en est constamment
dispensée? La cause de Jérusalem est
sacrée et fait l’unanimité chez les
Palestiniens ausssi bien chez les
Chrétiens que les Musulmans. Demandez
l’accord préalable des Palestiniens
chrétiens avant de solliciter l’accord
des Palestiniens musulmans. Pour votre
gouverne, les Palestiniens chrétiens
sont tout aussi farouches que les
Musulmans dans la défense des lieux
saints chrétiens et musulmans de
Jérusalem, sans la moindre altération».
La fin prévisible
de l’hégémonie du dollar en tant que
monnaie de référence des échanges
internationaux, la montée en puisance de
la Chine, le retour en force de la
Russie au Moyen Orient ont conduit les
Etats Unis à consolider le flanc
méridional de l’Otan par une alliance
entre Israël et les pétromonarchies
sunnites.
Si la destruction
de l’Irak en 2003 par l’invasion
américaine du pays et l’élimination de
son potentiel scientifique, a permis de
réduire la menace sur le Front Nord
d’Israël, l’Iran, par effet d’aubaine,
s’est substitué à l’Irak et a neutralisé
cet avantage, déjouant les prévisions
américaines et saoudiennes.
La reconfiguration
stratégique régionale s’impose en raison
de la vulnérabilité de l’Arabie saoudite
et de la porosité de la défense
israélienne.
6 –
Vulnérabilité de l’Arabie saoudite
La guerre du Yémen
a révélé la vulnérabilité de l’Arabie
saoudite avec la surpenante reconquête
par les Houthistes de la zone de
Najrane, le 26 septembre 2019, date
anniversaire de l’abolition de l’Imamat
et de la proclamation de la République.
Najrane, province à l’origine yéménite a
até annexée de force par les saoudiens
dans les années 1930, ainsi que Jizane
et Assir.
Sa reconquête s’est
produite deux semaines après la
spectaculaire destruction des
installations pétrolières de l’Aramaco,
le geant pétrolier saoudien, ainsi que
les bombardement par les houthistes des
principaux aéroports du pays Khamis
Machiit, Jizane, Najrane et surtout
Abha, 3eme aéroport du pays par ordre
d’importance après ceux de Riyad et de
Djeddah, de surcroît un centre de
villégiature important qui a privé les
Saoudiens de leur saison estivale.
Jamais depuis sa
fondation, en 1929, le Royaume wahhabite
n’a fait l’objet de tirs hostiles.
Jamais depuis la bataille d’Ohod, dans
les premiers temps de l’Islam, la
péninsule arabique n’a été autant
menacée. Du fait de la résistance
opiniâtre des Houthistes malgré la
considérable disproportion des forces.
La bataille d’Ohod
est un combat entre les musulmans
yathribines et la tribu mecquoise des
Qoraichites sur le Mont Ohod près de
Médine en 625, remporté par les
Mecquois. Le prophète de l’Islam avait
vaincu les Mecquois, un an auparavant,
lors de la bataile de Badr en 624. Ce
succès fit beaucoup pour la réputation
de Mahomet grâce au butin qu’elle
rapporta.
La menace de
bombarder Abou Dhabi et ses
installations vitales (aéorport,
installations pétrolières) a conduit
l’Emirat à faire profil bas dans la
guerre du Yémen et à se démarquer
quelque peu de son allié saoudien.
Un prince de
Doubai, Mohamad Ben Rached, a confié à
Abdel Bari Atwane, –qui en a fait état
au contre-colloque de Manama à Genève en
juin 2019–, les raisons de l’absence de
ripopste des Emirats à l’annexion par le
Chah d’Iran, dans la décennie 1970, de
trois ilots du Golfe (l’Ile d’Abou
Moussa et les deux iles Tomb), en ces
termes: «La superficie totale de ces
ilots représente 13 km 2. Il aurait été
absurde de notre part de sacrifier
toutes nos richesses pour 13 km carrés
de terres inhabitées»… En cas de guerre
entre les Etats Unis et l’Iran, il est
possible que les Etats Unis gagnent la
bataille, mais, à coup sûr, Doubai et
les autres principautés seront
complétement détruites», a-t-il ajouté.
7- La porosité
de la défense d’Israël.
L’arme atomique est
inopérante en raison de l’exiguité du
terrioire israélien. En cas d’usage de
la bombe atomique, les retombées
nucléaires n’épargneront pas non plus la
population israélienne.
Mais en cas
d’embrasement, la reconquête de la Haute
Galilée constitue désormais un objectif
déclaré du Hezbollah Libanais, et le
front s’étendra de la Méditérranée, du
sud Liban, jusqu’au contrefort du Mont
Hermon sur le plateau du Golan, avec en
parallèle, le Front de Gaza et sa
puissance de feu amplifiée par sa
balistique.
Si les trois
précédentes guerres de Gaza ont duré 50
jours en moyenne, la 4eme guerre n’a
duré que 48 heures du fait de
l’intervention de missiles à charges
explosives qui ont menacé Tel Aviv,
entraînant l’implosion de l’alliance
entre les deux ultra faucons de
l’échiquier israélien, le premier
ministre Benyamin Nethanyahu, et son
ministre de la défense Avigdor
Lieberman.
De surcroit, depuis
la signature du traité de paix
égypto-israélien, en 1979, qui devait
neutraliser le plus grand pays arabe du
champ de bataille, Israël n’a plus
jamais remporté une victoire militaire
décisive.
En 2000, il s’est
retiré militairement du Liban, sous
l’effet des coups de boutoir du
Hezbollah, sans négociations directes ni
traité de paix, un standard dans
l’histoire du conflit israélo-arabe. En
2006, Israël a même été contraint
d’accepter un cessez le feu faute
d’avoir vaincu le Hezbollah au terme
d’une guerre de soixante jours et
l’appui massif américain.
Et en dépit de
quatre guerres successives contre
l’enclave palestinienne, l’état hébreu
n’a toujours pas réussi à terrasser le
Hamas à Gaza, qui le nargue désormais
avec ses missiles jusqu’à Tel Aviv.
8– Tiran et
Sanafir
Le maréchal Abdel
Fattah Al Sissi, qui a fait face à une
fronde populaire à l’automne 2019, s’est
borné à piocher abondamment dans les
budgets de l’Arabie saoudite et des
Emirats arabes Unis pour éponger son
déficit, en application de son mot
d’odre «Egypt First», sans la moindre
participation égyptienne aux projets des
deux pétromonarchies, ni la guerre du
Yémen, ni le projet d’Otan Arabe.
Si, pour des
raisons opportunistes, Sissi a cédé
Tiran et Sanafir à l’Arabie saoudite,
son successeur, -ou à tout le moins
l’état profond égyptien-, récupérera,
tôt ou tard, ces deux îles de la mer
rouge, dont la cession à l’Arabie
saoudite a transformé le statut
juridique de la zone, passant d’une zone
sous souverainété égyptienne à une voie
d’eau internationale.
Ce mic mac a permis
à Israël de dynamiser ses échanges avec
l’Asie, via le port d’Eilath, point
d’entrée de 90 pour cent des produits
manufacturés à bas côut d’Asie, alors
que Haifa n’assure que 10 pour cent du
trafic maritime israélien principalement
en direction de l’Europe.
9 – Richard
Perle à Abdel Bari Atwane:
L’Irak ne possédait
pas d’armes de destruction massive mais
nous voulions détuire Saddam Hussein
Abdel Bari Atwane
avait participé à Londres en 2003 à un
colloque auquel avait pris part Richard
Perle, sous secrétaire à la défense sous
l’administration George Bush jr, adjoint
de Donald Rumsfeld, et un des principaux
architectes de la guerre d’Irak.
A la fin du
colloque, comme Abdel Bari Atwane se
dirigeait vers la sortie, Richard Perle
le prit par le coude et l’entraina dans
un endroit isolé pour lui tenir le
discours suivant:
«Tout ce que vous
avez dit sur l’Irak est vrai. Je vous
confirme que les Etats Unis savaient
pertinement que l’Irak ne disposait pas
d’armes de destruction massive, mais
nous avions décidé d’abattre Saddam
Hussein et d’anéantir toute possibilité
pour l’Irak de reconstituer sa puissance
balistique, en raison du fort potentiel
scientifique dont il disposait.
Toutefois, l’Iran
s’est, elle, dotée d’un potentiel
militaire qui a neutralisé la
supériorité israélo-américaine dans la
zone par sa riposte polyvalente
(Hezbollah libanais, Hamas palestinien),
auxquels s’ajoutent désormais les
Houthistes au Yémen et la milice chiite
irakienne d’Al Hached Al Chaabi, sans
compter la redoutable puissance de feu
de l’Iran.
Sur le martyrologe
scientifique irakien, ce lien:
https://www.madaniya.info/2018/09/21/le-martyrologe-scientifique-irakien/
10 – La guerre
des pistaches.
Au delà de la
pression américaine sur l’Iran afin de
neutraliser toute obstruction à
l’adoption de la transaction du siècle,
l’objectif sous jacent de cette épreuve
de force est «la guerre des pistaches».
L’Iran engrange
près de 15 milliards de dollars de
recettes par an des exportations de ses
pistaches.
Or les Etats Unis,
2me producteur au monde de cette denrée,
se heurtent à une vive concurrence
iranienne. Les producteurs de Californie
disposent d’un groupe de pression de 23
membres au Congrès (Sénat et Chambre de
représentants), qui plaide en vue de
l’imposition de restrictions à
l’exportation des pistaches d’Iran, afin
de favoriser la production américaine et
de tarir en même temps les ressources en
devises iraniennes.
Quiconque a eu le
bonheur de déguster la délicieuse
pistache d’Iran est sûr que la pistache
califonienne, bourrative sans saveur, ne
pourra sur terrain jamais rivaliser avec
sa concurrente, la reine des pistaches.
En dépit de tous les embargos. Parole de
dégustateur.
Pour aller plus
loin
1 – Le centenaire
Balfour: La Palestine cent ans après
https://www.madaniya.info/2017/11/27/centenaire-balfour-palestine-cent-ans-apres/
2 – Les deux fautes
stratégiques majeures de l’OLP
https://www.madaniya.info/2017/10/16/les-deux-fautes-strategiques-majeures-du-mouvement-national-palestinien/
3 – Abdel Bari
Atwane, directeur du site «Ar Rai Al
Yom», contributeur du site madaniya,
dont voici la précédente contribution
https://www.madaniya.info/2019/02/01/palestine-la-transaction-du-siecle-a-l-oeuvre/
Illustration
Israeli Prime
Minister Benjamin Netanyahu meeting
Jared Kushner and Jason Greenblatt.
Stern Matty / EPA
Le sommaire de René Naba
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