Vu du Droit
Macron, le verbe désenchanté
Anne-Sophie
Chazaud

Samedi 1er septembre 2018 « Quand ça veut pas
ça veut pas ! » Anne-Sophie Chazaud fait
élégamment le constat que désormais le
petit roi cochonne tout ce qu’il touche.
Elle est assez pessimiste pour la suite
de son règne.
Ce fut un
quinquennat d’un an.
Nous avions
clairement identifié que le symptôme
Benalla était grave et marquait une
rupture probablement irréversible dans
le quinquennat jupitérien, non pas
tellement pour tout ce que ce piteux
épisode contenait au plan factuel, mais
en raison de tout ce qu’il dévoilait,
-et n’oublions jamais que le
« dévoilement » est l’autre nom de
l’Apocalypse. Les petits soldats En
Marche et les soutiers de la
communication macronienne ne s’y
trompèrent du reste pas non plus, qui
nous enjoignirent constamment de
regarder le doigt (ou le poing) Benalla,
afin que nous n’apercevions pas,
consternés, l’état de la lune, en
l’occurrence de ce que toute cette
tragi-comédie multidélictuelle et
pathétique, à peine rafistolée par
toute une tripotée de mensonges et de
faux-fuyants aussi ridicules
qu’inefficaces, révélait quant au mode
de fonctionnement de cette nouvelle
gouvernance et dont on voit désormais
nettement se dessiner au grand jour les
faiblesses, les contradictions
inhérentes, profondes et
irréconciliables.
Nous n’imaginions
pas, en revanche, à quel point le
château de cartes de cette gouvernance
dont on nous promettait monts et
merveilles, qui serait exemplaire et où
l’Histoire et ses vaines dialectiques
pour vieux politicards disparaîtraient
sous la lumière d’un Soleil rédempteur,
chimère entièrement et exclusivement
bâtie sur une communication constamment
paradoxale et prétendument disruptive
(au point de se disputer elle-même),
tomberait si vite ni aussi facilement.
Voici le Verbe du
pouvoir totalement désenchanté voire
devenu impossible, toute phrase émise
par le monarque communicant se retourne
désormais contre son émetteur, le
désappointement se lit sur le visage,
tiré, tendu comme tenu par les fils
serrés de la contradiction intérieure,
acculé à n’être plus qu’agi et ballotté
par des faits qu’il ne maîtrise plus.
Isolement et
entêtement sur l’Union européenne et la
folle démesure migratoire qui structure
son insatiable besoin de main d’œuvre
quasi-esclave, incompréhension de ce qui
se joue de considérable et fondamental
dans la reprise en main de leur destin
par tous les peuples européens les uns
après les autres -les mêmes causes
à la fois économiques et culturelles
produisant absolument partout les mêmes
effets-, incompréhension culturelle et
identitaire -et pour cause, l’argent des
yuppies n’a pas de frontière. De Gaulle
disait qu’un Etat n’a pas d’amis,
« il n’a que des intérêts ».
L’argent néo-libéral et ses laquais
aussi, n’ont que des intérêts, mais en
outre, il n’ont pas de pays, pas d’Etats
–peuplés, comme chacun sait, de lépreux
et de réfractaires populistes.
Et voici que ceux
qui servaient de simples faire-valoir
dans cet improbable équipage se
carapatent du Costa Concordia quand il
est encore temps, Hulot reparti dans son
ULM, Bern qui a déjà arrimé sa
bouée-licorne de sauvetage, et bientôt
tous les autres : les rhônalpins le
savent, les premiers de cordée, les
vrais, c’est indispensable, mais
lorsqu’il y en a un au pied moins assuré
qui tombe, c’est toute la ribambelle
encordée qui dégringole. L’on se moquait
d’eux pour ce qu’ils étaient, des objets
de communication ; et voici que contre
toute attente ils évoquent les questions
de fond, ils se piquent de faire le job
pour de vrai, les voilà, les ingrats,
qui parlent soudainement d’écologie, de
patrimoine, qui ne se sentent pas
redevables des faveurs de la cour et de
ses fêtes aussi vulgaires que
tapageuses, et refusent de servir de
cautères sur la chenille de bois du
rouleau compresseur pseudo-réformiste.
Il n’en faut pas
davantage pour que sur ces entrefaites,
et comme si tout n’était déjà pas assez
grotesque et grave, Hollande le déchu en
perde le peu de lucidité qu’il pouvait
lui rester et s’active comme un bateleur
ivre à la Foire au Boudin de Groland,
pour ne rien dire du Cohn-Bendit qui a
dû oublier ce qu’il prônait autrefois :
place aux jeunes ! Les vieux babos ont
fait leur temps et on a vu dans quels
errements leurs choix idéologiques les
ont menés, alors une bonne camomille
fera plutôt l’affaire et au lit, ou à
l’hospice ! Ne Cours surtout pas,
Cohn-Bendit, le Vieux Monde est derrière
toi et tu en fais partie !
Restent toujours
bien sûr les irremplaçables cartouches
Debbouze et Bellatar qui, sous la
houlette de Mimi Marchand et Sibeth
Ndiaye promettent peut-être un spectacle
de haut niveau et de grande qualité
intellectuelle.
Il était clair
depuis quelques temps que ce système
pseudo-disruptif nous garantirait le
pire de la droite et le pire de la
gauche, la cruauté sociale et
l’inculture identitaire. On n’est pas
déçu.
Les élections à
venir, si le Parlement tient d’ici là,
seront une déconvenue cuisante,
accompagnée au minimum de législatives
anticipées.
Ce fut un
quinquennat d’un an.
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