Opinion
8 mai 1945 :
Massacres de Sétif, Guelma et Kherrata:
La France criminelle
Rédaction
de ‘Réflexion’
Photo:
Réflexion
Mercredi 8 mai 2013
C’est jour de deuil en Algérie en ce 8
mai 1945: des dizaines de milliers
d’Algériens ont été massacrés, lynchés,
torturés, jetés dans des fours à chaux
par l’armée française dans plusieurs
villes de l’est du pays, après avoir
seulement revendiqué le droit à
l’existence, la fin du colonialisme, au
lendemain de la victoire des alliés sur
le nazisme.
Pourtant, à Sétif comme à Guelma, Kherrata ou d’autres villes de l’est
du pays, on avait cru, un moment, un
bref instant, que les festivités
marquant la fin du nazisme en Europe
et la fin de la longue nuit
coloniale. A Sétif, et dans les
villes du »Constantinois », les
colons et l’armée coloniale
découvrent, effarés, que les
Algériens, eux également
revendiquent leur liberté.
L’affranchissement du joug colonial,
après avoir participé, eux
également, à la victoire des forces
alliées contre les nazis. Et ils
défilent à Sétif portant drapeau
algérien et pancartes où sont
inscrits les slogans »Libérez
Messali », »Vive l’Algérie libre et
indépendante ».
45.000 VICTIMES, AUCUN FRANÇAIS
A Guelma, le même jour, la
manifestation organisée par les
nationalistes, drapeaux algériens et
alliés en tête, est arrêtée par le
sous-préfet Achiary. La police tire
sur le cortège, il y a 4 morts
algériens, aucun européen. Achiary
décrète le couvre-feu, fait armer la
milice des colons. Et, dans la
soirée, les arrestations et les
exécutions commencent.
L’insurrection va se propager avec
la nouvelle de la répression dans la
région de Sétif, Guelma, Kherrata,
JIjel, qui fera plus de 45.000
victimes d’une sauvagerie inouïe,
selon la fondation du 8 mai45. A
Guelma, le sous-préfet livre des
camions bourrés de prisonniers à une
mitrailleuse de 24, en position au
milieu d’une route. Dans les gorges
de Kherrata des algériens sont jetés
par grappes du haut des ponts,
attachés par des barbelés. A Guelma,
on brûle les corps des exécutés dans
des fours à chaux pour éliminer les
preuves des massacres. Et, ces
massacres »sont amnistiés au nom de
la raison d’Etat », selon des
historiens.
ON BRULE LES CORPS DES ALGERIENS
EXECUTES DANS DES FOURS A CHAUX A
GUELMA
A Guelma, de nombreux corps ne
peuvent être enterrés ; ils sont
jetés dans les puits, dans les
gorges de en Kabylie , des
miliciens utilisent les four à chaux
pour faire disparaître des cadavres
et éliminer les preuves des
massacres.
Saci Benhamla, qui habitait à
quelques centaines de mètres du four
à chaux d’Héliopolis, décrit
l’insupportable odeur de chair
brûlée et l’incessant va-et-vient
des camions venant décharger les
cadavres, qui brûlaient ensuite en
dégageant une fumée bleuâtre.
De nombreux musulmans, dirigeants
politiques et militants, du Parti du
peuple algérien (PPA), des Amis du
manifeste de la liberté (AML) (dont
le fondateur Ferhat Abbas) et de
l'association des oulémas furent
arrêtés. Le 28 février 1946, le
rapporteur de la loi d'amnistie (qui
fut votée) déclarait en séance : «
Quatre mille cinq cent arrestations
furent ainsi effectuées, 99 neuf
condamnations à mort dont vingt-deux
ont été exécutées, soixante-quatre
condamnations aux travaux forcés à
temps et il y aurait encore deux
mille cinq cents indigènes à juger »
.La répression prend fin
officiellement le 22 mai. L’armée
organise des cérémonies de
soumission où tous les hommes
doivent se prosterner devant le
drapeau français et répéter en chœur
: « Nous sommes des chiens et Ferhat
Abbas est un chien ». Des officiers
exigent la soumission publique des
derniers insurgés sur la plage des
Falaises, non loin de Kherrata.
Certains, après ces cérémonies, sont
embarqués et assassinés. Pendant de
longs mois, les algériens musulmans
qui, dans les campagnes, se
déplaçaient le long des routes
continuèrent à fuir pour se mettre à
l'abri, au bruit de chaque voiture.
L'historien algérien Boucif Mekhaled,
raconte : « [À Kef-El-Boumba], j’ai
vu des français faire descendre d’un
camion cinq personnes les mains
ligotées, les mettre sur la route,
les arroser d’essence avant de les
brûler vivants ».
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Publié le 11 mai 2013
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