Opinion
Algérie-Maroc : la rupture en marche...
Rafik Benasseur
Vendredi 31 janvier 2014
“Le Makhzen (l’État marocain et ses
institutions) s’est rendu coupable d’une
énième provocation à l’encontre de
l’Algérie. Ces agissements sont ceux
d’un pays ennemi et non pas d’un pays
frère. Par conséquent, l’Algérie doit
prendre une position ferme pour mettre
définitivement fin à ces provocations. A
mon sens, il faut rompre les relations
diplomatiques”.
En prononçant un discours aussi sec
que radical, Me Farouk Ksentini, a-t-il
exprimé tout bas ce que le gouvernement
algérien envisage tout haut ? Sans doute
que les propos fermes du président de la
commission nationale des droits de
l’homme ne sont pas le fruit d’un simple
coup de gueule très personnel.
La teneur diplomatique de ce violent
réquisitoire semble inspirée par les
hautes autorités du pays qui ne
supportent plus l’infinie haine royale à
l’égard de l’Algérie. En l’occurrence,
Alger aura longtemps encaissé les coups
qui lui viennent de son voisin sans
qu’elle ne se départisse de sa volonté
de régler les contentieux bilatéraux par
la voie diplomatique.
Mais il se trouve que Rabat semble
prendre la sagesse algérienne pour de la
faiblesse, en témoigne les déclarations
successives aussi haineuse les unes
après les autres des responsables
marocains. La ligne rouge a été franchie
en septembre dernier quand un énergumène
stipendié par le roi a commis
l’irréparable en arrachant le drapeau
algérien du haut du siège du Consulat
d’Algérie à Rabat.
Un geste sauvage commis sous les yeux
amusés des policiers de sa majesté qui
se délectaient de ce forfait indigne
d’un pays “frère et voisin”. Preuve de
sa volonté de poursuivre sa croisade
contre l’Algérie, le makhzen ne s’est
même pas excusé de cet acte idiot et
odieux qu’il a relegué au rang de fait
divers. L’auteur de cette violation
d’une enceinte diplomatique, s’en est
même sorti avec trois mois de sursis !
Ksentini en porte-voix
Autrement dit, le message est clair :
cet “attentat” contre le Consulat
d’Algérie à Rabat est directement
téléguidé par le roi et sa Cour. Depuis,
Alger semble avoir compris
définitivement qu’il est illusoire
d’essayer de faire entendre raison à un
voisin vraiment encombrant.
La causticité des réactions
algériennes par la voix de son ministre
des affaires étrangères ou de son porte
parole prouvent en tout cas qu’Alger est
fatigué d’encaisser les coups sans
répondre. De fait, Faouk Ksentini qui
n’est pas spécialement le responsable
habilité a répondre à Rabat, a sûrement
reçu le feu vert pour évoquer la
necéssité d’après lui de rompre les
relations diplomatiques.
De là à trancher sur cette
éventualité très probable, beaucoup
n’hésitent plus à franchir la ligne
rouge. Pour cause, face à un voisin avec
lequel la coopération économique est
égale à zéro, et avec lequel l’Algérie
ne partage presque rien sur la scène
diplomatique, continuer cette relation
tumultueuse s’apparente quelque part à
une hypocrisie diplomatique. Faut-il
alors en finir avec cette atmosphère de
ni guerre ni paix entre Alger et Rabat ?
Hélas ce sont les deux peuples frères
qui subiraient les contre coups d’une
attitude aventureuse du makhzen.
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