Palestine
Le retour du Hamas
dans l'Axe de la Résistance
Qassem Qassem

Téhéran, février
2012 - L'Ayatollah Ali Khamenei, guide
suprême iranien, accueille
chaleureusement Ismail Haniyeh, Premier
ministre palestinien du gouvernement
Hamas élu démocratiquement et à la
majorité absolue aux élections
législatives de janvier 2006
(Photo: AFP)
Mardi 10 février 2015
L'Iran et le
Hamas ont presque normalisé leur
relation, même si le leader du Hamas
Khaled Meshaal ne s'est pas encore rendu
à Téhéran. Les deux bords ont eu de
longues discussions ces derniers jours,
qui ont culminé avec la remise, par la
délégation du Hamas, des requêtes de sa
branche militaire, les Brigades Al-Qassam,
notamment des demandes de livraisons
d'armes iraniennes pour préparer tout
futur conflit.
L'expérience politique du Hamas avec les
soi-disant "Arabes modérés" et ceux qui
sont proches des Frères musulmans a fait
la preuve que le soutien iranien à la
cause palestinienne et à la résistance à
l'occupation israélienne a plus de
constance. Selon les dirigeants du
Hamas, la dernière attaque israélienne
sur Gaza - la troisième
en six ans - a montré que l'axe des
Arabes modérés, avec lesquels
l'organisation a tenté d'établir des
relations plus étroites, était contre le
Hamas pendant la guerre.
En conséquence, des réunions entre les
dirigeants du Hamas et les responsables
impliqués dans la question palestinienne
à Beyrouth et à Téhéran se sont
intensifiées après la fin de la guerre.
A Téhéran, l'Iran et le Hamas sont
parvenus à ce qu'on a appelé un "mémorandum
d'entente." Peut-être le point le
plus important, parmi ceux sur lesquels
porte le mémorandum, est d'empêcher que
le conflit syrien n'affecte la relation
entre le Hamas et l'axe de la
résistance, ni qu'il ait des
répercussions sur le financement et
l'armement de la résistance
palestinienne - en particulier les
Brigades al-Qassam - avec des armes
sophistiquées pour faire face à toute
nouvelle attaque. Au cours des derniers
jours, les médias israéliens ont annoncé
à plusieurs reprises que la République
islamique a repris l'envoi d'argent au
Hamas "après deux ans d'interruption."
Pour les Palestiniens, ce mémorandum
d'entente est le résultat d'une "longue
évaluation interne du Hamas" qui est
arrivé à la conclusion que "la
plupart des pays arabes ont pris
position contre le Hamas dans la
dernière guerre." C'est la raison
pour laquelle un dirigeant du Hamas a
déclaré : "Nos intérêts requièrent
que nous soyons aux côtés de ceux qui
nous fournissent des armes." En tant
que tel, la délégation du Hamas a
demandé à l'Iran d'armer les Brigades
Al-Qassam avec des roquettes sol-sol et
des missiles anti-aériens.
Une source bien informée sur les détails
de la visite a dit, "Les Iraniens ont
accepté notre demande à cause de notre
expérience de la guerre et une
évaluation du cours qu'elle a pris a
confirmé que nous avions besoin de
missiles guidés pouvant toucher des
cibles à l'intérieur d'Israël
et provoquer davantage de dégâts. Des
roquettes tirées à l'aveugle ne peuvent
plus le faire."
Ces missiles sont devenus une nécessité
pour les combattants d'Al-Qassam, qui
ont l'intention de s'entraîner et de
s'armer comme si une guerre éclatait
demain. Les responsables du Hamas
s'attendent à "une guerre avec
l'ennemi dans un proche avenir en raison
de la pression sur les Gazaouis."
Sami Abu Zuhri, porte-parole de
l'organisation, l'a suggéré hier
lorsqu'il a déclaré : " La poursuite
du siège va pousser le Hamas à des
actions qui pourraient être décrites
comme folles."
Outre le besoin en armes, la discussion
s'est centrée sur la position des pays
arabes contre le Hamas et le rôle qu'ils
ont joué dans le prolongement de la
guerre à Gaza. En
outre, ils ont discuté des pressions
saoudiennes sur le Qatar pour qu'il
rompe les relations avec les Frères
Musulmans, malgré les assurances
réitérées de Doha aux dirigeants du
Hamas que leur relation bilatérale ne
serait pas affectée par ces pressions.
Tout ceci a incité le Hamas à se
repositionner, et le groupe a depuis
fait de gros progrès tant avec l'Iran
qu'avec le Hezbollah. Aujourd'hui, la
seule étape restante est la visite à
Téhéran du Président du bureau politique
Khaled Mechaal.
Les mêmes sources disent que "la
visite a failli avoir lieu mais elle a
été retardée en raison d'un désaccord
entre Téhéran et le Hamas sur la
détermination du programme de la visite."
Le Hamas veut que Meshaal reçoivent un
véritable accueil. "Une visite dans
laquelle Abou al-Walid (Meshaal) ne
rencontrerait pas le leader suprême
(Khamenei) et le président serait comme
prier sans faire ses ablutions," a
dit un responsable du Hamas. Les
Iraniens ont réaffirmé à la délégation
en visite que "Meshaal recevra un
accueil digne de son statut."
Cependant, la crainte du Hamas que cette
rencontre n'ait pas lieu "a repoussé
la visite jusqu'à ce qu'ils soient sûrs
que Abu al-Walid rencontre le chef
suprême." Les sources continuent : "Nous
n'exigeons pas ceci pour Meshaal, en
soi, mais parce qu'il représente un
mouvement qui a une présence importante
sur le terrain." Mohammed al-Daïf,
leader Al-Qassam, a répondu avec une
lettre de condoléances au Secrétaire
général du Hezbollah, le Sayyed Hassan
Nasrallah. La lettre a cependant
déclenché une tempête politique à
l'extérieur et même à l'intérieur du
Hamas, au point de nier l'existence du
courrier.
Le langage de la lettre voulait montrer
la chaleur de la relation entre les
mouvements de résistance libanais et
palestinien, en plus de la stratégie
qu'ils sont en train de mettre au point
pour de futures confrontations avec
Israël. Daïf a écrit :
"Toutes les forces de la résistance
de la nation doivent mener leur
prochaine bataille unies comme un seul
homme, et leurs tirs doivent se croiser
au-dessus de notre terre occupée."
Ces mots ne sont pas simplement de la
poésie. Après tout, ils sont envoyés de
chef militaire à chef militaire. Chaque
mot dans le courrier est pensé et pesé,
en particulier parce qu'Israël
surveille Daif depuis la tentative
d'attentat perpétrée contre lui. Par
conséquent, soulignent les sources,
"lorsque Daif dit 'il faut que leurs
tirs se croisent au-dessus de notre
terre occupée', il parle sérieusement.
Lorsque Nasrallah dit que l'axe de la
résistance est un, de l'Iran à la
Palestine, lui aussi
parle sérieusement." A Beyrouth, les
deux parties essaient de consolider leur
relation et d'apaiser les tensions entre
leurs partisans. C'est pourquoi le Hamas
va réunir ses cadres dans les prochains
jours pour "les rééduquer, afin de
diminuer la tension au sein de la base
de soutien," selon un responsable du
parti. Ces réunions entre les dirigeants
et les cadres du Hamas ne sont pas
limitées au Liban. Le projet est
d'engager un processus de "rééducation"
partout où le Hamas est présent.
Des sources au sein du Hamas
reconnaissent que "la visite en Iran
a été facilitée par Nasrallah et par le
secrétaire-général du Jihad Islamique
Ramadan Shallah, qui ont travaillé
ensemble à l'amélioration des relations
avec le Hamas." Un observateur dit :
"L'approche rationnelle et la
stratégie à long terme de la direction
iranienne signifient que le soutien
iranien au Hamas ne cessera pas à cause
de leur désaccord sur la Syrie." Il
ajoute : "La République islamique ne
peut pas abandonner les Brigades al-Qassam,
même si Téhéran est en désaccord avec le
bureau politique de l'organisation."
Le Hamas, cependant, est confronté à des
difficultés internes qui entravent son
retour dans l'axe de la résistance, en
particulier de la part de ses partisans
à l'intérieur de la Syrie et du
mouvement salafiste à Gaza.
Ses partisans en Syrie ont créé des
pages Facebook vilipendant le Hamas pour
avoir entrepris cette mutation, et
faisant valoir que l'organisation "trahit
la volonté du peuple syrien," alors
que des attaques étaient portées contre
Meshaal par les forces syriennes
opposées à cette démarche.
Des sources au Hamas soulignent que
toutes ces voix, "indépendamment de
leurs postes ou de leurs étiquettes ne
sont pas en résonance avec la direction
du mouvement, qui a pris la décision
unanime de consolider les relations de
l'organisation avec l'axe de la
résistance quel qu'en soit le prix."
Ils soulignent que "des mesures
disciplinaires ont été prises contre eux
et qu'ils seront tenus officiellement
pour responsable (...). Quant à ceux qui
sont proches du mouvement salafiste,
nous ne sommes pas responsables
d'eux et ils n'ont aucune incidence sur
l'amélioration des relations."
Source :
Al Akhbar
Traduction : MR pour
ISM
Publié avec l'aimable
autorisation d'ISM
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