Actualité
Metdepennigen ou le sanglot négrophobe
d’un salarié du Soir
Olivier Mukuna
Mercredi 17 juin 2020
Une pétition dépassant le millier de
signataires, plusieurs plaintes pour
racisme auprès du CDJ (Conseil de
Déontologie Journalistique) et d’UNIA
(Centre pour l’Egalité des chances) : la
semaine de Marc Metdepenningen aura été
« bien » remplie. En cause : ses tweet
et statut Facebook animalisant les
manifestants du Black Lives Matter
- 15.000 personnes réunies, devant le
palais de justice de Bruxelles, le 7
juin (1) ... Si certains découvrent que
Le Soir salarie un arabo-négrophobe
obsessionnel et nostalgique de la
colonisation, il n’y a pourtant rien de
neuf. Nombre de ses saillies virtuelles
témoignent du fait que Metdepenningen
cultive une cohérence colonialiste,
sexiste et raciste. Une dérive
idéologique prolongée par des manœuvres
en coulisses pour faire taire ses
contradictrices ou leur faire perdre
leur emploi ! Voilà qui pose questions…
Immédiatement drapées d’un silence
médiatique protecteur ! Se dirige-t-on,
malgré le contexte d’une révolte
antiraciste planétaire, vers un énième
« classement sans suite » au
bénéfice de Metdepenningen ? Vers la
confirmation d'une vieille habitude des
dirigeants - tous blancs - des médias
belges : le refus complice d’exclure de
leur rédaction leurs propres agents du
racisme structurel ?
De l’affaire Loubna Benaïssa
(1992-1997) à la manif Black Lives
Matter (BLM) en passant par
la Burqua Pride de l’ULB (2012),
Marc Metdepenningen s’est
toujours positionné en première ligne
médiatique pour défendre la police, le
privilège racial blanc, les
propagandistes « aspects positifs »
de la colonisation belge et, bien sûr,
discréditer - à grand renfort
d’amalgames, d'intox et de calomnies -
tout activiste afro-descendant en lutte
pour une réelle citoyenneté égalitaire.
Mais ce qui passait
encore crème, hier, ne passe plus
aujourd’hui ! A la faveur d’une
impressionnante révolte afro-américaine
et blanche contre le racisme structurel
et les violences policières dont les
répliques irriguent la vieille Europe.
Dans toutes les grandes capitales
européennes, se lèvent des foules
multicolores de citoyens solidaires qui
refusent de cautionner, dans leur propre
société, le racisme systémique comme les
meurtres et violences policières qui en
découlent.
Dans ce contexte
précis, un obscur Astérixeke résiste,
encore et toujours, à la légitime vague
de protestations, manifs et débats
décoloniaux auxquels même la Belgique
n’a pu échapper. Son nom ?
Metdepenningen. Age : 62 ans, dont plus
de 30 passés au journal Le Soir.
Marotte salariée : mépriser, ridiculiser
et insulter tout activisme politique
afro-descendant émancipé des
tutelles paternalistes blanches. Où
cela ? Dans ses articles comme dans ses
tweets et post FB, truffés de fautes
d’orthographe, maquillés d’un prétendu
« humour » qui n’amuse ou ne
trompe que celles et ceux qui veulent
l’être.
Négrophobie
décomplexée
Rétroactes. Le soir
du 7 juin 2020 - date de la manif
bruxelloise qui a réuni près de 15.000
personnes venues clamer qu’en Belgique
aussi : « Les vies des noir-e-s
comptent » - Metdepenningen croit
intelligent, et digne du journalisme, de
poster un statut Facebook et un tweet quasi
identiques :
« J'organise
samedi prochain une manif pour la
protection du pangolin et de la
chauve-souris du nord-ouest de la la
Mandchourie. J'ai accepté pour ce
rassemblement sur la place Poelaert la
contribution des Amis de la Poularde de
Bresse. J'attends 15.000 personnes et
des subsides ».
Sarcasme nauséabond
immédiatement conforté par un tweet de
sa consoeur judiciaire de RTL-TVi,
Dominique Demoulin : « Je viens
au nom de la gaufre de Liège discriminée »…
Le parallèle entre
manifestants, largement
afro-descendants, et deux animaux,
suspectés d’avoir transmis le Covid-19 à
l’homme, est aussi révoltant
qu’incontestable. Comme l’a parfaitement
perçu et dénoncé l’auteur d’une des
nombreuses plaintes transmises au
CDJ contre ces deux journalistes :
« Il est
évident qu’était visée la manifestation
Black Lives Matter. Il est encore
évident que les deux journalistes
cautionnent la comparaison de
manifestants à des ‘animaux’,
sous-entendant qu’il s’agirait de
‘transmetteurs de virus’. Dans le cadre
d’une longue tradition d’usages de
qualificatifs animaliers que ne peuvent
ignorer les journalistes concerné-e-s,
dans la caractérisation des groupes
racisés, il ne peut s’agir que d’une
prolongation de ce geste. Toute
ignorance en la matière friserait le
négationnisme. Il en va de même de la
caractérisation en termes de ‘porteurs
de maladies’. Ils ont écrit ces messages
sur des médias publics en leurs propres
noms de journalistes.Nous demandons que
ces deux personnages retirent leurs
tweets nauséabonds et présentent
publiquement leurs excuses pour ces
traits racistes (et non seulement
‘pouvant être pris comme tels’). Nous
demandons au CDJ de prendre toutes les
mesures possibles à l’encontre de ces
deux journalistes. »
Appels à la haine
raciale
A l’aube du tollé
antiraciste né sur internet, beaucoup
ont voulu croire que Metdepenningen
allait faire un geste. Supprimer ses
tweet et statut Facebook rhédibitoires,
s’excuser ou garder le silence à
l’instar de sa consoeur Demoulin.
C’était mal connaître ce teigneux
psychorigide et procédurier ! Très fier
de sa trouvaille négrophobe flirtant
avec la haine raciale, Metdepenningen
renchérit, dans la nuit du 7 au 8 juin
2020. En postant une autre saillie
négrophobe, maquillée du même « humour »
débile, selon laquelle les manifestants
BLM seraient tous condamnés à mourir du
Covid-19 :
« J’ai réussi
mon coup. J’ai convaincu mon voisin de
75 balais, qui tond sa pelouse tous les
3 jours à 7h du mat, à aller à cette
manif sans distanciation sociale. Il
n’est pas rentré. Suis garanti de
sommeil matinal ».
Toujours aussi
satisfait de lui-même - et n’ayant
visiblement rien d’autre à foutre au
Soir -, « Metpet » enchaîne, dans
l’après-midi, avec la diffusion publique
d’une photo suggestive : un plat de
pâtes à l’encre de seiche en légende
duquel on peut lire : « Black Lives
Matter – L’église pastafarienne de
Belgique apporte son nouillesque soutien
à la cause. »
Ici, à l’adresse
des éternels sceptiques et mal-comprenants,
l’amalgame entre manifestants
afro-descendants et pâtes de couleur
noire (prêtes à être consommées) demeure
aussi insultant qu’indubitable. Résumons
: après avoir comparé les manifestants
afro-descendants du 7 juin à des animaux
suspectés d’être porteurs du Covid-19,
le journaliste du Soir les
amalgame à des féculents de couleur
noire… Et que dire du profond mépris que
traduit ce « nouillesque soutien
» envers plusieurs milliers de ses
concitoyens ? Venus pourtant
courageusement dénoncer la persistance
d’une négrophobie institutionnelle qui
tue des afro-descendant-e-s des deux
côtés de l’Atlantique… et au sujet de
laquelle Metdepenningen n’a jamais pondu
un seul article pertinent en plus de 30
ans !
Pour l’association
Café Congo, l’affaire est
entendue : celle-ci exige le renvoi des
rédactions du Soir et de
RTL-TVi de Marc Metdepenningen et
Dominique Dumoulin. Signalant les prod
abjectes à l’institution ad hoc comme
des « appels à la haine raciale » :
« Pas de doutes (s’il y en avait) :
Metdepenningen vise bien des personnes
noires. Dans le contexte covid, il
s’agit d’un appel à la haine, car, sur
facebook et twitter, il sous-entend
qu’il s’agirait de « transmetteurs de
virus » (son trait sur son voisin, la
comparaison avec le pangolin, la
chauve-souris). Ceci informe donc bien
du « contexte » dans lequel il sait
qu’il parle. Par ailleurs, vous n’êtes
pas sans savoir, et il n’est pas sans
savoir, que la caractérisation en termes
de « porteurs de maladies » de minorités
ethniques ou raciales constitue un grand
classique des formes d’appels à la haine
raciale… Qu’UNIA [Le Centre
interfédéral pour l’Egalité des chances]
envisage toute action nécessaire à
l’encontre de Monsieur Metdepenningen et
de Dominique Demoulin, en ce compris les
poursuites sur un plan juridique. »
Cohérence négrophobe
durant 20 jours
A ce stade, les
adorateurs d’une vénération
inconditionnelle envers les journalistes
de médias mainstream auront cessé leur
lecture. Empressées que seront ces
bonnes âmes à trouver moult
circonstances atténuantes à leur « ami »
journaliste ou relais médiatique
préféré... Pour autant, celles et ceux
qui réclament le scalp professionnel de
Metdepenningen ne vont-ils pas trop
loin ? Deux « dérapages » - pour
reprendre l’expression favorite des
médias - à connotation raciste
méritent-ils une sanction aussi lourde
que le licenciement ?
A la première
question, nous répondons par la
négative ; à la seconde, par
l’affirmative. D’une part, parce qu’il
ne s’agit pas « d’accidents » ou
de « maladresses », dans le chef
de Metdepenningen, mais bien d’une
cohérence idéologique dont nous allons
présenter quelques-unes des innombrables
preuves laissées sur son profil Facebook.
D’autre part : inversons le problème.
Imaginons que deux des (très rares)
journalistes afro-descendants exerçant
dans les médias mainstream belges aient
commis des tweets abjects contre
d’autres manifestants, largement blancs
et juifs, réunis pour dénoncer
l’antisémitisme : ces journalistes
auraient été - à juste titre ! - virés
en moins de temps qu’il ne faut pour
l’écrire...
Epinglons à présent
la cohérence idéologique de
Metdepenningen via certains de ses post
hallucinants de haine négrophobe et de
glorification coloniale. Cela, sur le
timing de ces vingt derniers jours. Soit
depuis la médiatisation planétaire du
meurtre policier de Georges Floyd,
le 25 mai dernier. A cette date précise,
Metdepennigen balance un post matinal
sur… la proposition payante de bénir des
animaux de compagnie par la basilique
Saint-Hubert. Intro de post signée
Metpet :
« Sont tapés ces
religieux. Voilà donc que le recteur de
la basilique de Saint-Hubert ‘bénit’ en
ligne pour 10 € (et don éventuel) ton
clebs avec délivrance d’un diplôme. Sûr
que c’est un marabout africain qui lui a
filé le truc pour pomper les crédules… »
« Sûr » que la
stigmatisation d’un marabout africain -
tous escrocs par définition, selon
Metpet - s’est glissée là par « pure
distraction » et non à cause d’une
généralisation négrophobe que cultive
depuis longtemps le journaliste du
Soir...
Six jours plus tard, le 31 mai 2020,
toujours pas la moindre trace d’empathie
ou même une analyse journalistique –
oui, certes, on peut rêver – concernant
l’horrible meurtre policier de George
Floyd, déclencheur de profondes révoltes
à travers plusieurs villes des
Etats-Unis. Non-non ! Photo d’archive à
l’appui, Metdepenningen préfère amuser
son public avec l’entrée au dictionnaire
d’un mot de dialecte bruxellois qui, par
le passé, aurait fait rire… Léopold II.
Extrait de l’intro de post signée Metpet
:
« Quelle
reconnaissance pour ce merveilleux
vocable bruxellois qui veut bien dire ce
qu’il veut dire quand, au cœur de l’été,
harassés par une chaleur plombée et
moite, nous soupirons : ‘Mais
qu’est-ce qu’il fait douf aujourd’hui !’
A l’instar de ce champion cycliste
que félicite notre Roi Léopold II à son
arrivée et qui s’inquiète de savoir si
l’effort n’a pas été trop pénible. Et
celui-ci de s’écrier : ‘Ça va ! Et
pourtant qu’est-ce qu’il fait douf,
Sire’ et notre Roi d’éclater de
rire ! »
Nous demanderons
pas à ce déchet colonialiste de
Metdepenningen si le roi Léopold II a
aussi ri en voyant une autre photo
d’archive : celle de ce père congolais
fixant du regard la main et le pied
coupés de sa fille, torturée et mutilée
par les sbires léopoldiens, au motif que
l’indigène colonisé n’avait pas atteint
son quota démentiel de récolte de
caoutchouc, imposé par « notre »
souverain…
Georges Floyd ? Rien
à foutre, fieu !
Le 2 juin, vu
l’actu historique nord-américaine, notre
Tintin-Metdepenningen se voit contraint
de poster « sérieusement » sur son
profil Facebook. Un article ? Une
analyse ? Un scoop ? Non, bien sûr : un
montage de 2 photos. Celle de Georges
Floyd dont la nuque est écrasée par le
genou du policier Derek Chauvin,
juxtaposée à celle d’autres policiers
blancs mettant tous un genou à terre, à
la Colin Kaepernick. Intro de
post signée Metpet : « Minneapolis :
il y a 2 façons de s’agenouiller ».
Au-delà de la
violente stupidité de ce commentaire
inepte, soulignons encore que - 8 jours
après LA séquence disruptive qui a
embrasé les Etats-Unis, puis l’Europe -
le journaliste judiciaire du Soir
n’a toujours pas exprimé le moindre
effroi, dégoût ou même critique
élémentaire envers cet homicide raciste,
requalifié par la justice américaine en
« meurtre au second degré »…
Trois
jours plus tard, le 5 juin,
Metdepenningen réagit à un post - sur la
résolution de l’Exécutif bruxellois de
« décoloniser l’espace public » -
partagé par l’un de ses amis débilo-colonialiste.
Commentaire signé Metpet : « Ils
pourraient remplacer ces plaques par les
noms des 58 (au moins) soldats belges
morts lors des émeutes de 60 ou par ceux
des otages victimes des pillards… ».
Outre la
stupéfiante volonté d’honorer des
militaires tombés parmi le contingent de
11.000 soldats et mercenaires belges
envoyés intervenir unilatéralement au
Congo entre juillet et septembre 1960,
quelqu’un pourrait-il signaler à Metpet
que son chiffre de « 58 soldats
belges tués » n’est repris nulle
part ? Pas même dans son propre journal,
Le Soir, sous la plume de
Colette Braeckman qui a notamment
traité de cette première intervention
militaire néocoloniale belge, post
indépendance congolaise (2). Un chiffre
également absent du livre de l’excellent
journaliste et spécialiste du Congo,
François Ryckmans (RTBF) : « Mémoires
noires – Les Congolais racontent le
Congo belge » ; dans la
partie intitulée : « Les
interventions de l’armée belge, une
escalade dramatique » (3)...
Autrement dit, excepté la direction
aveugle du Soir, qui s’étonnera
qu’un plumitif de seconde division
pratique le fake news à ses
heures perdues ?
Pressions et
intimidations sur ses contradictrices
Intéressons-nous à
présent aux contradicteurs, et surtout
contradictrices, du salarié du Soir,
telles Sarah El Ghorfi et Inès
Lambert. Deux jeunes femmes qui ont
courageusement révélé les menaces et
harcèlements exercés contre elles, en
privé, par Marc Metdepenningen (4)… Quel
a donc été leur « crime »
respectif pour mériter pareil « châtiment
journalistique » ? Pour la première :
avoir critiqué sur son profil Facebook
le tweet « plus que douteux » de
Metpet. Pour la seconde : avoir relayé
les 2 tweets des 2 salariés de 2 médias
mainstream, agrémentés du commentaire
suivant : « Ces personnes sont
journalistes ?!? LA HONTE » et avoir
signalé le lancement de la pétition
contre Metdepenningen et Demoulin.
Désormais soutenue
par plusieurs centaines d’internautes,
dont l’ancien député régional bruxellois
Ahmed El Khannouss (cdH), Sarah
El Ghorfi explique, sur son profil
Facebook, pourquoi elle refuse de céder
aux pressions du plumitif :
« Suite au tweet
plus que douteux d’un journaliste du
journal Le Soir (auquel je viens de me
désabonner) qui a choqué de nombreuses
personnes dont moi et aux tentatives
d’intimidation par message privé, j’ai
décidé de porter plainte auprès du
Conseil de Déontologie Journalistique
[CDJ]. Nous avons besoin d’une
presse qui soit à notre service pour
nous informer dans le respect des
valeurs démocratiques et non une presse
qui insulte, écrase, intimide […] Je
refuse de me laisser intimider, je
refuse de me laisser bâillonner, je
refuse de vivre dans la peur. Quoi qu’il
m’en coûte, je me battrai toujours pour
mes idéaux. »
Précisons que le
tweet négrophobe visant les manifestants
BLM a, sans surprise, reçu le «total soutien»
de l’essayiste islamophobe Nadia
Geerts. Celle-ci y ajoute : « Les
temps sont durs pour ceux qui aiment
rire de tout » ... Chacun-e jugera
ce qu’il y a de « drôle » à animaliser,
puis réduire à des féculents et des
gaufres, une quinzaine de milliers de
citoyens solidaires venus dénoncer le
racisme structurel et ses violences
policières. Bref : une autre négrophobe
décomplexée que le meurtre policier de
Georges Floyd - comme celui de citoyens
belges partageant le même épiderme -
n’empêche pas de dormir…
Autre soutien
amical, tout en lâcheté sibylline
celui-ci, griffonné par le journaliste
Alain Gerlache (RTBF) : « Tu
as compris le signal, Marc, c’est bon
pour une fois ! La liberté d’expression
des journalistes est manifestement à
géométrie variable pour certains ».
Sans surprise non plus, la « liberté »
de Metdepenningen de pressuriser les
employeurs de ses contradictrices afin
de faire basculer celles-ci au chômage
n’intéresse guère son confrère
néolibéral de la RTBF.
Le « courage
délateur » de Metpet s’arrête aux
personnalités masculines de poids qui
ont aussi désavoué sa saillie virtuelle…
mais sans aller jusqu'à dénoncer la
négrophobie qu’elle contient ni signer
la pétition. Exemples : le Délégué
général aux droits de l’enfant,
Bernard Devos Dumont, qualifie le
tweet de « pas drôle du tout » et
invite - sans succès - le plumitif du
Soir « à le retirer ».
L’ex-sénateur écologiste Josy Dubié,
80 ans et présent à la manif BLM, écrit
à Metdepenningen que celui-ci se perd en
« sophismes ». Enfin, Ricardo
Gutierrez, Secrétaire général de la
Fédération Européenne des Journalistes
(FEJ), se contente de « liker » l’une ou
l’autre critique d’internautes sur le
fil de com’ de Metpet. Mais sans
émettre, en son nom et sa qualité
pourtant légitime, la moindre critique
déontologique… Lui semble-t-il plus
« simple » de dénoncer les saloperies
aux accents racistes médiatisées par des
journalistes d’Europe de l’Est que
celles d’un… ex-collègue avec lequel il
a travaillé pendant 25 ans au journal
Le Soir ?
Du bon côté de
l’Histoire
En définitive, nous
ignorons si ces trois personnalités
belges francophones, authentiquement
antiracistes, ont fini par signer la
pétition contre le plumitif du Soir ?
Mais là n’est pas notre propos. Plutôt
sur leur « retard à l’allumage » ; sur
cette longue bienveillance - en l’espèce
totalement inappropriée ; sur cette
complaisance presque complice, très
entretenue à la gauche de la sphère
politico-médiatique belgo-blanche, dès
qu’un « ami » ou une vieille
connaissance professionnelle (jugée « utile »)
est accusée de racisme. Aveuglement
sincère, opportunisme sans gloire ou
faiblesse amicale qui font souvent
passer les principes et la déontologie
au rang de détails secondaires sinon
insignifiants...
Autant de raisons
qui m’ont conduit, en tant que
journaliste et citoyen belge
afro-descendant, à me solidariser avec
Sarah El Ghorfi, Inès Lambert et toutes
celles et ceux qui seront - le
conditionnel est ici inutile -
menacé-e-s par le procédurier arabo-négrophobe
et pseudo-défenseur de la liberté
d’expression : Marc Metdepenningen.
Parce qu’il ne faut
pas s’y tromper : le long silence des
pairs de Metpet sur ses incartades
flirtant avec la haine raciale ne
présage rien de bon… Il était d'ailleurs
à craindre que le CDJ - où ne siège
aucun professionnel afro-descendant-e -
de même qu’UNIA jugent « infondées »
les plaintes qu’ils ont reçues depuis le
8 juin. Ce qui est déjà le cas pour le
CDJ au nom duquel la Secrétaire général,
Muriel Hanot, a rendu, le 15
juin, l'avis suivant :
« Je constate que le post en cause a
pour but de dénoncer, sur le ton de
l’absurde, la tenue d’une manifestation
que le journaliste estime inappropriée
dans le contexte de la crise sanitaire.
Pour ce faire, il lance une
pseudo-invitation à manifester pour
défendre les pangolins et les
chauve-souris. Il apparaît de la lecture
du fil twitter du journaliste que la
sauvegarde des pangolins est un «
gimmick » humoristique auquel il a
recours depuis le début de la crise
sanitaire.
Le fait de
mentionner ces animaux pour dénoncer la
tenue de la manifestation n’est donc pas
lié ni à l’objet de la manifestation ni
à ses organisateurs. Vous
noterez qu’il en est de même des
mentions liées à l’église pastaforienne
qui apparaissent dans le fil twitter
bien avant les manifestations « Black
lives matter» et qui sont mises en lien
avec divers autres faits d’actualité.
Le CDJ a rappelé
à plusieurs reprises qu’il est juge du
respect de la déontologie, pas du bon
goût, de la morale ou de la
décence. Dans ce cas, aussi choquant ou
provocateur qu’il puisse paraître, cet
appel absurde à manifester relevait de
la liberté d’expression et d’opinion du
journaliste, compte tenu du ton
polémique et du contexte dans lequel il
s’exprimait.
Dès lors, au
vu de ce qui précède, je décide
conformément à l’art. 1er de
notre règlement de procédure de ne pas
ouvrir de dossier.
Si vous estimez néanmoins qu’une
faute déontologique a été commise et si
vous souhaitez poursuivre la procédure
afin que le Conseil réuni en plénière
remette un avis, merci de me l’indiquer
sous quinzaine, soit au plus tard pour
le 29 juin, en en précisant les motifs. »
Si classiquement
belgo-blanc... Pour autant, en clair
comme en bronzé, et pour reprendre une
formule célèbre de l’ex-président des
Etats-Unis Barack Obama : il est
temps de se placer du bon côté de
l’Histoire. Actuellement, assurément,
pertinemment : celui-ci ne se nourrit
pas du silence gêné ou de la protection
corporatiste envers une expression
négrophobe et colonialiste, tolérée et
financée par le quotidien Le Soir.
Olivier Mukuna
(1) https://bx1.be/news/black-lives-matter-pres-de-10-000-personnes-foulent-les-paves-de-la-place-poelaert-pour-manifester/
(2) https://www.lesoir.be/art/le-congo-sanglant-de-kasa-a-mobutu-le-soldat-de-fortune_t-19900628-Z02UY0.html
(3) "Mémoires noires - Les
Congolais racontent le Congo belge /
1940 - 1960", François Ryckmans, ed.
Racines / RTBF, 2010, p. 256.
(4) https://odpnews.com/societe/2020-06-13-une-internaute-menacee-par-un-journaliste-du-quotidien-le-soir?fbclid=IwAR1VYKWBWz718v5CBnVj8fqFNeh5X5aQ-drXFZQ1GKrKWu2kM-FxkShBH3c
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