Opinion
L'hommage de Bagnolet
à Georges Ibrahim Abdallah suspendu
Nadir Dendoune
France, Montreuil,
jeudi 30-01-2014. Des personnes
soutenant la décision du conseil
municipal de Bagnolet d'honorer Georges
Ibrahim Abdallah, devant la Tribunal
administratif de Montreuil. Crédit photo
/ Nadir Dendoune
Vendredi 31 janvier 2014
Le verdict est tombé aujourd'hui, on
l'attendait hier à l'issue du procès. Ce
matin, vendredi 31 janvier, le juge des
référés du Tribunal administratif de
Montreuil a décidé de suspendre la
délibération du conseil municipal du 11
décembre dernier, pour défaut d'intérêt
local, qui avait fait de Georges Ibrahim
Abdallah, un Libanais condamné en France
en 1987 à perpétuité pour complicité
d’assassinat de deux diplomates
étrangers, un citoyen d’honneur de la
ville de Bagnolet (93).
FRANCE,
Lannemezan: Des manifestants aux abords
de la prison de Lannemezan, ce 26
octobre 2013, réclamant la libération de
Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné
depuis 30 ans. LAURENT DARD / AFP
Une mauvaise nouvelle pour le groupement
des associations de Bagnolet (GAB), à
l’initiative du vote de cette
délibération. Le Tribunal répondait à
une demande formulée par le Préfet de
Seine-Saint-Denis,
Philippe Galli, qui avait décidé
d’attaquer le 23 janvier dernier la
décision de Bagnolet, arguant qu’on
ne pouvait pas « nommer quelqu’un à un
tel rang alors qu’il avait été
condamné par la justice française
», ajoutant que Georges Ibrahim Abdallah
n’avait « mené aucune action
bénéfique pour la ville ».
Hier, jeudi 30 janvier, il est 14h30
quand le juge des référés pénètre dans
la salle d’audience totalement remplie
pour l’occasion, en grande majorité
des soutiens de la ville de
Bagnolet. Après le rappel des
faits, la parole est donnée à l’avocat
de la préfecture.
« En matière d’hommage à une personne
privée, on doit estimer si l’intérêt
local est satisfait. Faire de Georges
Ibrahim Abdallah un citoyen d’honneur ne
répond pas à cette prérogative, sauf à
verser dans le clientélisme et à
favoriser une quelconque catégorie
ethnique, religieuse, etc., défend
Maitre Boulay. Avant de rappeler qu’une
ville, en matière de décisions
politiques « doit faire preuve de
neutralité ».
Après un quart d’heure de plaidoirie de
l’avocat du préfet, c’est au tour de
Maitre Vasseur, défenseur de la
ville de Bagnolet de prendre la
parole. « Il y a beaucoup d’associations
locales et bien implantées dans la vie
municipale qui œuvrent en lien avec le
Moyen-Orient. La nomination de Georges
Ibrahim Abdallah n’est pas un appui au
terrorisme. Elle vise simplement
à soutenir la demande de libération d’un
prisonnier enfermé depuis trente ans.
Je tiens à rappeler que la Ligue des
Droits de l’Homme a déclaré en octobre
dernier, que le fait de
maintenir M. Abdallah en détention était
une décision arbitraire ».
Après une demi-heure de débat, le juge
ajourne la séance. Malgré les arguments
avancés par Maitre Vasseur, le
juge des référés a donné tort à la ville
de Bagnolet, en suspendant la
délibération de son conseil municipal.
Bagnolet n'a pas encore décidé si elle
fera appel de la décision. Elle a quinze
jours pour le faire.
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