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Huit heures de garde à vue pour des
affiches
dénonçant la politique d'Israël
Nadir Dendoune
Boualem
Snaoui, responsable départemental du Val
d'Oise d'"Ensemble
et militant de longue
date pour la cause palestinienne.
Capture d'écran / Youtube
Jeudi 27 février 2014
Boualem Snaoui, l'un des responsables
départementaux du Val d'Oise d'Ensemble
(une des composantes du Front de gauche)
et militant de longue date pour la cause
palestinienne, a encore du mal à croire
ce qui lui est arrivé.
Boualem Snaoui, l'un des
responsables départementaux du Val
d'Oise d'Ensemble (une des
composantes du Front de gauche) et
militant de longue date pour la
cause palestinienne, a encore du mal
à croire ce qui lui est arrivé.
Mardi dernier (25 février), en fin
de matinée, deux policiers sont
venus l'arrêter devant son domicile,
alors qu'il venait de se garer
« sans lui dire les raisons de son
interpellation ». « Ils se
sont servis des caméras de
surveillance de la ville de
Montmagny et m'ont suivi jusqu'à
chez moi », explique
Boualem qui ne décolère toujours
pas. « Même une fois au
commissariat, je n’avais toujours
rien compris ».
Après une petite heure au
commissariat, les policiers de
Deuil-La-Barre (95) lui signifient
que « le procureur de la République
a ordonné une perquisition de son
véhicule ». « Ils m'ont menotté,
avant de me ramener devant chez
moi ». A l'intérieur de la voiture,
les policiers découvrent de
nombreuses affiches et tracts qui
l’identifient parfaitement comme
étant syndicaliste et investi
politiquement, ainsi que des
affichettes dénonçant la politique
de l'Etat israélien à l'égard du
peuple palestinien.
Les
mains toujours menottées, Boualem
Snaoui est contrait de retourner au
commissariat où il sera placé en
garde à vue pendant huit heures. Ce
n’est qu’après l’arrivée de son
avocate, Maître D. Cochain, qu’il
apprend alors que René
Taieb, candidat municipal PS à
Montmagny (95) et
accessoirement, responsable
du CRIF (l'institution
juive) du département, a déposé
plainte pour « dégradation de ses
affiches, sur les panneaux dédiés à
la libre expression publique dans la
commune de Montmagny et incitation à
la haine raciale ».
« Cela fait des années que je colle
des affiches avec mes camarades,
partout en Ile-de-France. Et
souvent, nous collons sur les
affiches des autres. Et tout le
monde fait pareil, M. Taieb, y
compris » se défend Boualem
Snaoui, qui ne comprend toujours pas
qu'on puisse porter plainte pour
"des affiches". « Ce n'est pas un
délit. J'appelle plutôt ça un grief
infondé », ajoute-il.
« A
chaque fois que je verrai mes
affiches dégradées, je
porterai plainte », menace
René Taieb. « Je suis élu depuis 20
ans à Montmagny et je n'ai jamais vu
ça ! » s’indigne t-il. Mais René
Taieb choisit d'éluder l'autre
partie du motif de la plainte. Quand
on évoque "l'incitation à la haine
raciale", ce dernier préfère
rappeler plusieurs fois qu'il faut
« laisser la justice faire son
travail ».
De
son côté, Ensemble, le parti de
Boualem Snaoui, s'est fendu d'un
communiqué où les responsables
s'insurgent contre « le
détournement des missions de la
police nationale à des fins
politiques » et
condamnent « les méthodes d'humiliation et
d'atteinte grave à la dignité des
militants des droits humanistes ».
« La liberté d'affichage est
constitutive d'une liberté
fondamentale. C'est une pratique
enracinée dans la tradition
démocratique », concluent-ils.
Boualem Snaoui attend toujours de
savoir s'il sera poursuivi.
Nadir Dendoune
Publié le 1er mars 2014
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