Tunisie-Politique
Ennahdha aligne
ses jeunes
pour contrer les vieux schnocks de
l'opposition
Moncef Dhambri
Lundi 18 novembre 2013
Stratégie d'Ennahdha pour les prochaines
élections: détourner le débat du bilan
du gouvernement, qui est nul, vers la
question du renouvellement de la classe
politique. Les vieux pontes (de
l'opposition) au placard, place aux
jeunes... islamistes!
Par
Moncef
Dhambri
Les jeunes du parti islamiste
Ennahdha (au pouvoir) viennent de lancer
une initiative intitulée ''Me
Nensewech'' (N'oublions pas!).
Cette démarche est un signe indéniable
que le parti islamiste prend les choses,
toutes les choses, très au sérieux et
qu'il ne laisse aucun détail au hasard.
Jeudi, Montplaisir, quartier où se
trouve le siège du parti, a dépêché sur
les plateaux de Nessma TV deux jeunes
militants, Mohamed-Khalil Barouni et
Houssem Trabelsi, prêcher la bonne
parole nahdhaouie. On donnerait le bon
Dieu sans confession à ces deux
jeunots....
Houssem
Trabelsi.
La jeunesse
et la protection de la révolution
Ennahdha, nous l'avons dit (mais
répétons-le tout de même), n'a jamais
perdu son temps, depuis le 23 octobre
2011 et bien avant cette date. Elle a
assidument meublé son temps légitime,
pris celui de tout notre peuple et usé
des très longues et innombrables
prolongations illégitimes pour conquérir
tous les terrains possibles et imposer
les débats.
Les stratèges islamistes ont déjà
préparé la campagne d'Ennahdha pour les
prochaines élections et planché
sérieusement sur les thèmes qui
constitueront les axes principaux de
leur offensive.
Les sorciers de Montplaisir semblent
avoir d'ores et déjà opté pour deux
arguments forts: la jeunesse et la
protection de la révolution.
Les deux dossiers appartiennent, en
apparence, à des registres distincts. En
réalité, ils se rejoignent sur cette
obsession des partisans d'Ennahdha et du
Congrès pour la république (CpR) de
vouloir «immuniser» la
Révolution et d'exclure une certaine
opposition compétente, sinon toute forme
d'opposition au projet islamisme.
Jeudi en début de soirée,
Mohamed-Khalil Barouni et Houssem
Trabelsi, en éclaireurs de la stratégie
électorale d'Ennahdha, sont venus sur le
plateau de ''Ness Nessma News''
présenter cette initiative de la
jeunesse d'Ennahdha.
Pour Houssem Trabelsi, «''Me
Nensewech'' est un cri de cœur de la
jeunesse tunisienne qui revendique sa
place entière dans la Révolution (...)
sur les scènes politique et médiatique».
C'est tout ce à quoi le téléspectateur
de Nessma TV aura droit sur cette
initiative ''Me Nensewech''. Le
plus clair de la vingtaine de minutes
qui ont été accordées aux deux jeunes
militants nahdhaouis sera réservé à la
dénonciation de «ceux qui ont fait
souffrir ce peuple, ceux qui ont tué nos
jeunes».
Mohamed-Khalil Barouni
On "enterre"
les aînés
On l'a compris, les deux jeunots
nahdhaouis avaient pour mission de
reprendre le refrain du vieillissement
de la classe politique tunisienne, la
confiscation de la révolution et
l'exclusion de la jeunesse.
Houssem Trabelsi, militant nahdhaoui
bloggeur, n'y est pas allé par quatre
chemins. Pour lui, «la classe
politique actuelle a quasiment fait
faillite. Il est grand temps qu'elle
prenne conscience qu'il existe un âge
pour la retraite politique. Il faudrait
que cette génération de politiciens –
qu'elle ait été au pouvoir sous Ben Ali
ou dans l'opposition – se rende à
l'évidence qu'elle doit se retirer et
céder la place à la jeunesse et aux
véritables revendications de la
révolution».
Mohamed-Khalil Barouni enfonce encore
plus le clou: «Certes, dit-il, la
tête de l'ancien régime est tombée, mais
le régime lui-même est toujours là. Nous
voulons rappeler que les élites
politiques d'aujourd'hui sont en train
de trahir la révolution et ses martyrs.
Ces élites feraient mieux de se
consacrer à la rédaction de leurs
mémoires».
On peut donc deviner qu'en lieu et
place du bilan de leurs deux ou trois
années au pouvoir, de la reconnaissance
de leurs erreurs, leurs échecs et leurs
incompétences qui ne se comptent plus,
les Nahdhaouis se préparent à mener
leurs batailles électorales sur le
terrain de l'âge des candidats de
l'opposition progressiste et moderniste.
Les vieilles
marmites au placard !
Souvenons-nous, il n'y a pas si
longtemps, l'ancien ministre des
Affaires étrangères Rafik Ben Abdessalem
Bouchlaka s'était déjà essayé à ce
jeu-là en attaquant Béji Caïd Essebsi,
l'ancien Premier ministre et leader de
Nida Tounes, qui lui reprochait son
manque de compétence diplomatique et
ironisait sur sa méconnaissance des noms
des capitales du monde...
D'ailleurs, à bien regarder cette
intervention télévisée des deux jeunes
militants nahdhaouis, on peut aisément
constater que le jeune Houssem Trabelsi,
par son look (y compris sa coupe de
cheveux, sa barbichette et ses lunettes
en écaille), est un sosie du gendre de
Rached Ghannouchi. S'agit-il, là, d'une
ressemblance fortuite ou d'un lavage de
cerveau qui dépasse le simple
embrigadement idéologique?
Nous n'avons pas de réponse à cette
question.
Par contre, nous pouvons affirmer que
les deux jeunes militants nahdhaouis,
présents ce soir-là sur le plateau de
''Ness Nessma News'', avaient
pour tâche de relayer cette idée de
l'âge très avancé des dirigeants de
l'opposition. Cette dernière, donc, est
avertie: qu'elle range dans les placards
de l'Histoire ses «vieilles
marmites», même si celles-ci
peuvent toujours faire les meilleures
soupes.
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Publié le 18
novembre 2013 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
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