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Corée du Nord:
pourquoi le bluff des
USA ne prend pas
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Ilya Pitalev
Mercredi 29 novembre 2017
Source:
Sputnik Bien que le risque
d’un conflit d’envergure sur la
péninsule coréenne soit toujours
présent, un tel scénario demeure peu
probable face aux réalités du terrain.
Pyongyang, tout en jouant la carte de la
confrontation, semble avoir emporté ce
que beaucoup d’autres pays n’auront pas
réussi à obtenir: sécuriser sa
souveraineté.
Bien que les médias
mainstream n'ont cessé de présenter le
régime nord-coréen, et notamment son
leader
Kim Jong-un, comme étant totalement
«fou», la réalité montre au contraire
qu'il s'est livré à des calculs tout à
fait rationnels. En effet, les nombreux
essais nucléaires nord-coréens avaient
un objectif simple: éloigner tout danger
d'intervention contre le pays du Juche.
Les menaces
d'intervention armée étasuniennes visant
Pyongyang ont beau avoir été à la
Une de l'actualité des derniers mois,
non seulement la Corée du Nord aura
confirmé son statut de puissance
nucléaire en faisant la sourde oreille à
ces menaces, mais elle semble également
avoir écarté le risque d'une attaque à
son encontre.
Finalement,
l'approche russo-chinoise pour résoudre
la crise de la péninsule coréenne
confirme une fois de plus toute sa
pertinence. En effet, dès que la
rhétorique hostile et agressive de part
et d'autre s'est enclenchée, Moscou et
Pékin ont appelé à la retenue et à un
dialogue honnête, sans ultimatums ni
menaces de guerre. Tout en condamnant
les tests nucléaires nord-coréens, la
Russie comme la Chine n'ont pas manqué
de rappeler à l'ordre Washington et ses
alliés, qui attisaient ces tensions
depuis longtemps par d'évidentes
provocations en direction de Pyongyang.
Depuis lors, la
tension semble avoir un peu diminué: en
effet, la Corée du Nord n'a procédé à
aucun lancement de missile ou test
nucléaire depuis plus de deux mois et
demi.. De plus, Song Young-gil,
conseiller du président sud-coréen, a
déclaré que Séoul était prête à relancer
le dialogue avec son voisin du nord si
ce dernier continuait à s'abstenir
d'essais balistiques et nucléaires, ce à
quoi appelaient incessamment Moscou et
Pékin.
La Russie n'a
d'ailleurs pas manqué de rappeler,
via son vice-ministre russe des Affaires
étrangères, Igor Morgoulov, qu'en tenant
compte de la retenue dont faisait
actuellement preuve la Corée du Nord,
désormais «le principal problème réside
dans les exercices
américano-sud-coréens», clairement
provocateurs envers la Corée du Nord.
Connaissant la mentalité des dirigeants
nord-coréens, il est probable que si les
États-Unis poursuivaient ses actions
provocatrices, Pyongyang reprendrait les
siennes, sans que Washington ne puisse
faire quoi que ce soit.
Car soyons
honnêtes: malgré tout le show sur la
puissance étasunienne orchestré par
l'establishment US et les déclarations
sur une éventuelle destruction de la
Corée du Nord, le fait est que
Washington comprend parfaitement qu'il
ne peut pas faire grand-chose face à
Pyongyang, si ce n'est que de continuer
ses menaces verbales et de montrer ses
muscles en organisant des manœuvres
militaires près de la péninsule
coréenne. Et ce, à la grande différence
de ce qu'ils ont pu faire en divers
endroits du monde.
Et ce n'est pas
l'envie de protéger les civils et les
militaires sud-coréens ou japonais —ce
dont Washington se moque éperdument- qui
l'empêche de franchir la ligne rouge,
mais la perspective d'une mort brutale
pour des milliers de militaires et plus
généralement de citoyens américains
résidant dans ces pays. Cela sans même
évoquer la perspective que des missiles
nord-coréens puissent éventuellement
atteindre la côte ouest étasunienne ou
frapper des colonies régionales des
États unis, telles que l'île de Guam.
Une gifle dont les États-Unis ne
pourraient certainement se relever, eux
qui sont tellement habitués à être
épargnés par les conflits armés qu'ils
initient aux quatre coins du monde.
En septembre
dernier, Sergei Lavrov, ministre russe
des Affaires étrangères, avait déclaré
la chose suivante: «Les États-Unis
n'oseront pas frapper la Corée du Nord,
parce qu'ils savent que Pyongyang
possède la bombe nucléaire». Et que là
était toute la différence avec d'autres
situations, notamment celle d'Irak: «Les
Américains ont frappé l'Irak uniquement
parce qu'ils avaient une information à
100% fiable indiquant qu'il ne restait
plus là-bas aucune arme de destruction
massive». On connaît tous le résultat de
cette intervention en terre irakienne:
des millions de victimes, très
majoritairement civiles, et un chaos qui
s'est traduit par une montée en flèche
de l'extrémisme dans toute la
région —aujourd'hui heureusement en
perte de vitesse grâce notamment aux
actions de la Russie.
Tout cela pour dire
que, sans aucunement cautionner la
nucléarisation de la Corée du Nord, et
encore moins ses tests nucléaires, cette
dernière aura démontré une réalité
simple: pour être l'abri d'une
intervention «humanitaire» occidentale
avec toutes les conséquences
désastreuses qui en découlent et pouvoir
défendre sa souveraineté, il faut soit
avoir des alliés de poids, soit posséder
des instruments de dissuasion. Pyongyang
a choisi cette dernière option. On peut
penser ce que l'on veut du gouvernement
nord-coréen et de sa politique, mais
c'est bien le chaos organisé par les
élites occidentales —étasuniennes en
tête- qui ont amené plusieurs pays à
revoir leur approche et surtout ne plus
céder au chantage occidental.
P.S. Aux dernières
nouvelles, Pyongyang a procédé à un tir
de missile balistique en réponse aux
nouvelles provocations américaines: la
retenue a ses limites. Washington,
sachant parfaitement qu'il ne peut se
permettre d'attaquer la Corée du Nord,
souhaite vraisemblablement empêcher à
tout prix l'éventualité d'un dialogue
intra-coréen grâce à la médiation
russo-chinoise. Un dialogue dans lequel
la présence même des USA dans cette
région sera de moins en moins justifiée
et «nécessaire».
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Publié le 30 novembre 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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