Sputnik
Nouvelles sanctions, la Russie
dit...
merci et garde le cap
Mikhail Gamandiy-Egorov
CC0
Mercredi 26 juillet 2017
Source:
Sputnik
Ceux qui ont peu ou mal étudié
l’histoire s’imaginent qu’ils peuvent
faire fléchir la Russie à coups de
pressions extérieures. C’est gravement
sous-estimer la capacité de résilience
du pays, qui en profite pour se
renforcer. Les sanctions antirusses, que
les USA viennent encore de renforcer, en
sont l’éclatante démonstration.
Le temps passe,
mais l'Occident, et avant tout les
États-Unis, semble déterminé à vouloir
poursuivre ses attaques contre la
Russie. En témoignent naturellement les
nouvelles sanctions votées par les USA à
l'encontre de Moscou. Ses dirigeants
n'ont visiblement toujours pas compris
que la Russie version 2017 ne reculera
pas, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, une
large majorité de citoyens russes
soutient clairement la politique
actuelle de la Russie. Cela ne signifie
pas pour autant qu'il n'y a pas de
problèmes à régler, comme chaque pays la
Russie fait face à des défis à relever.
Néanmoins, l'écrasante majorité de la
population refuse catégoriquement toute
idée d'un retour aux années libérales
pro-occidentales 1990, tellement
applaudies en Occident.
L'idée de la
démocratie souveraine, développée en
Russie dans les années 2000, a fait du
chemin et aujourd'hui ne se limite plus
à la seule Russie, mais à un nombre sans
cesse croissant de nations, qui
souhaitent bâtir un État de droit dans
le respect des valeurs et des traditions
propres à chacune et dans lesquelles la
voix de la majorité décide du chemin à
suivre. Parallèlement à cela, le
leadership occidental privilégie quant à
lui de moins en moins le vote populaire,
tout en continuant à donner des leçons
de vie au reste de l'humanité
(représentant la majorité de la
population terrestre) et à vouloir
exporter des «valeurs» dont cette même
majorité du globe terrestre ne veut pas.
Revenons à la
Russie. Au-delà de la fierté nationale,
les Russes savent aussi analyser et
comparer et peut-être sur beaucoup de
points mieux qu'en Occident. En effet,
les citoyens russes refusent
l'hypocrisie des élites occidentales qui
affirment que les années de honte
postsoviétiques étaient les meilleures
de l'histoire russe. Ces mêmes années où
une grande partie de la population
vivait d'une façon indigne pour un pays
comme la Russie, lorsque le marasme
économique était ambiant et les
règlements de comptes mafieux
quotidiens. Et c'est aussi à cette
période peu glorieuse de l'histoire
contemporaine de la Russie, qu'une
classe ultralibérale et largement
pro-occidentale s'est enrichie de façon
spectaculaire et le plus souvent
criminelle.
Puis changement de
cap, politique comme économique. Tout en
restant attachée à l'économie de marché,
la Russie post années 2000 a limité
l'approche ultralibérale du gouvernement
précédent. Le niveau de vie moyen a
alors augmenté considérablement. La
Russie a retrouvé non seulement le
statut de grande puissance
internationale du point de vue de ses
capacités défensives, et notamment
nucléaires, mais s'est à nouveau
retrouvée dans le Top 10 des puissances
économiques mondiales. Évidemment,
certains «analystes» du mainstream n'ont
pas manqué de dénigrer les résultats
obtenus, affirmant qu'ils étaient dus
presque uniquement aux prix élevés des
hydrocarbures.
Vraiment? Et
aujourd'hui donc? Alors que ces mêmes
prix sont maintenus au plus bas et que
la Russie fait face à une pression hors
normes émanant des élites occidentales
depuis plusieurs années, comment se
fait-il alors que le pays non seulement
tienne bon économiquement, mais en plus
alloue des sommes très importantes,
aussi bien pour des projets à
l'intérieur de la Russie qu'à
l'étranger?
Encore une fois,
grand merci aux élites peu prévoyantes
de l'Occident, qui connaissent bien mal
la mentalité russe. Car au final, ils
ont donné ce petit coup de pouce dont la
Russie avait besoin. Lorsque je suis
revenu à Moscou après mes études en
France, j'ai insisté sur le fait que
nous avions besoin d'une large
diversification non seulement de notre
économie, mais aussi de nos liens
économiques. Malheureusement, il a fallu
attendre un certain temps pour aller
dans cette direction, mais le processus
a bien été lancé.
Résultats, les pays
instigateurs des sanctions perdent bien
plus économiquement parlant que la
Russie grâce à des contre-mesures
efficaces. Mais ce n'est même pas
l'essentiel. L'essentiel étant que les
représentants d'un large nombre de
secteurs de l'économie russe prient pour
la poursuite des sanctions et
contre-sanctions. En premier lieu le
secteur agroalimentaire russe, qui a su
tirer profit des occasions qui
s'offraient à lui du fait des sanctions.
Mais il est loin d'être le seul et
désormais, la Russie mise à fond sur les
exportations, créant même une sérieuse
concurrence aux entreprises
occidentales.
Et il ne s'agit pas
là que d'hydrocarbures et d'armement,
deux secteurs qui demeurent bien sûr
stratégiques. La Russie est de plus en
plus à la «mode» à tous les niveaux:
automobile (notamment des 4x4),
nouvelles technologies (produits IT et
autres), jusqu'aux services
éducationnels. Même les experts onusiens
reconnaissant que le gouvernement russe
a réussi à adapter efficacement son
économie à la suite des sanctions
engagées à son encontre.
Pendant ce temps,
les entrepreneurs européens continuent à
compter leurs pertes après avoir perdu
le marché russe pour bien longtemps,
pour certains probablement pour
toujours. Leur niche a été rapidement
prise par les producteurs nationaux
russes et avec eux les professionnels
d'un certain nombre de pays d'Asie,
d'Amérique latine et d'Afrique.
Enfin, et bien
qu'étant un produit du système éducatif
européen, plus précisément français, je
suis heureux que mes compatriotes aient
dans l'ensemble cessé d'idéaliser nos
voisins occidentaux. Nous avons beaucoup
en commun avec les peuples d'Europe,
mais tant que les gouvernements qui
parlent et prennent des décisions au nom
de ces peuples poursuivront leur
politique hostile vis-à-vis de la
Russie, nous serons obligés d'y répondre
avec efficacité.
Oui, aujourd'hui
nous pensons à nos propres intérêts et
aux intérêts de nos alliés. Dernier
point: que vous soyez désormais en
Chine, au Venezuela, en Algérie, au
Vietnam, en Iran ou ailleurs, ne soyez
plus surpris d'entendre parler russe. La
Russie est une puissance globale et le
restera, n'en déplaise à certains.
La concurrence sera
ferme. Certains vont devoir faire de la
place.
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Publié le 26 juillet 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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