Sputnik
La multipolarité, c’est aussi en
économie !
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Alexander Demyanchuk
Jeudi 21 septembre 2017
Source:
Sputnik
L’Occident, par ses
sanctions, a finalement accéléré un
processus qui a bénéficié à Moscou:
l’économie russe a gagné en
attractivité, en diversité et en
dynamisme. Raison pour laquelle de
nombreux pays se tournent désormais vers
la Russie, sonnant le glas de certaines
positions hégémoniques des USA. Nous vivons dans un
monde de concurrence. Et plus la
multipolarité du système régissant
les relations internationales continuera
de se renforcer, plus la concurrence
augmentera entre les différents acteurs
du monde. Dans ce contexte, ceux qui
s'étaient habitués à avoir des positions
quasi-hégémoniques dans certains
secteurs et certaines zones
géographiques vont devoir assez
rapidement revoir leur enthousiasme à la
baisse.
Une chose est
néanmoins assez sûre: les relations
entre la Russie et l'Occident ne seront
probablement plus jamais les mêmes. Cela
est d'ailleurs de plus en plus admis par
le gouvernement russe, même de la part
de ceux qui ont toujours cherché à
développer ces relations. Au-delà
d'avoir boosté (malgré eux) l'économie
russe dans plusieurs secteurs
d'activités, il y a d'autres points
importants qu'il faut noter en ce qui
concerne l'avenir des relations avec nos
«partenaires» de l'Occident.
Tout d'abord, même
ceux qui aujourd'hui en Russie ont
longtemps regardé en direction de
l'Ouest, regardent désormais, ne
serait-ce que par pragmatisme, vers
l'Est et vers le Sud. Quant aux parts de
marché perdues par un certain nombre de
sociétés occidentales en Russie du fait
des
contre-sanctions russes, elles ne
seront probablement jamais retrouvées.
Mais c'est loin
d'être tout. Les pays occidentaux ont
poussé la Russie à l'autosuffisance dans
plusieurs domaines avec le régime de
sanctions adoptées à son encontre.
C'est, notamment le cas dans le secteur
agricole, qui a connu un développement
sans précédent, de l'aveu même des
médias mainstream. Ensuite, l'Occident a
aussi permis, à son corps défendant, à
des pays non-occidentaux d'occuper
rapidement la niche fermée aux produits
en provenance des pays ayant lancé les
sanctions antirusses et d'élargir en
conséquence leur présence sur ce grand
marché.
Enfin, ces pays
vont avoir la Russie comme sérieux
concurrent dans des domaines et des
zones géographiques où les élites
occidentales pensaient s'être imposées à
jamais, surtout depuis l'éclatement de
l'URSS.
À tort, car le plus
intéressant ne fait que commencer.
En effet, la Russie
ne se limitera pas à continuer sur la
voie de l'autosuffisance et de la
diminution de sa dépendance aux
technologies occidentales pour sa
production intérieure. Elle compte bien
devenir un concurrent de premier plan
pour les intérêts occidentaux dans des
domaines où l'Occident avait l'habitude
de dominer. Une démarche qui ne concerne
pas que l'industrie de l'armement, qui
depuis sa modernisation sous l'ère
Poutine et la démonstration de ses
capacités en Syrie a le vent en poupe
aux quatre coins du monde.
Le président russe
a récemment déclaré deux choses
importantes. La première est qu'il faut
mettre l'accent sur le développement des
nouvelles technologies en utilisant au
maximum le potentiel des cerveaux
russes, qui ne manquent heureusement
pas. Et que d'autre part, le temps était
venu de diminuer largement la part des
technologies produites à l'étranger pour
les remplacer par celles créées
justement par ces cerveaux, de plus en
plus jeunes d'ailleurs.
Cela signifie qu'il
ne faudrait pas s'étonner de voir, dans
un avenir proche, la Russie exceller non
seulement dans les exportations
d'armements sophistiqués, mais aussi par
exemple de produits IT, comme d'ailleurs
le fait déjà avec grand succès une
entreprise de portée mondiale comme
Kaspersky Lab.
La Russie s'éloigne
donc résolument de son précédent modèle
économique, basé sur l'exportation de
pétrole et de gaz et l'importation de
pratiquement tout le reste, pour adopter
une diversification de sa production et
de ses exportations. Une diversification
qui est aussi géographique. Si dans les
premières années de la Russie
post-soviétique et jusqu'au début des
années 2000, les relations extérieures
«prioritaires» étaient très
principalement axées sur l'étranger dit
«proche», à savoir les voisins de
l'ex-URSS et le développement des
relations avec l'Occident, on assiste
depuis à une véritable révolution en ce
sens.
Certains d'ailleurs
y voient le retour aux meilleures années
de la Guerre froide. Mais la question
n'est même pas là. La réalité est
simplement qu'un grand nombre de pays
asiatiques, latino-américains ou
africains souhaitent renforcer largement
leurs relations avec Moscou. C'est un
fait aujourd'hui qu'il serait absurde de
nier. Un souhait partagé par Moscou et
qui ne se limite plus à une zone
particulière, bien que l'espace
eurasiatique représente évidemment un
axe prioritaire.
La Russie adopte
une approche véritablement globale sur
les affaires du monde, qu'ils soient
d'ordre politique ou économique.
En ce sens,
certains pays vont devoir rapidement
oublier qu'il existe des «pré-carrés».
Car les nations du monde, surtout celles
longtemps exploitées et non-respectées
par les Occidentaux, iront
indéniablement dans le sens de la prise
en main de leur destin, vers le
renforcement de leur souveraineté et le
soutien au monde multipolaire. Et pour
cela, ils sauront choisir les
partenaires qu'ils leur conviendront le
mieux. Nous avons déjà notre petite
idée.
Après tout, cela
est d'ailleurs logique et juste: un
espace représentant moins de 10% de la
population mondiale ne pourra tout
simplement plus dicter au reste de
l'humanité la façon dont celui-ci doit
vivre et penser, surtout compte tenu des
nouvelles réalités. Une page de
plusieurs siècles sera alors
définitivement tournée. Le processus,
lui, a déjà été lancé et suit son cours
naturel.
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Publié le 22 septembre 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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