Russie
Sanctions occidentales & riposte russe :
l’effet boomerang en pleine action
Mikhaïl Gamandiy-Egorov
© Collage:
La Voix de la Russie
Dimanche 10 août 2014
La Russie avait pourtant été
claire. Il ne faut jouer avec elle au
jeu des « sanctions », que les
politiciens et financiers occidentaux
utilisent à ce jour à différents
endroits de la planète, notamment contre
les nations les plus faibles. La Russie,
elle, a tous les moyens nécessaires d’y
répondre. C’est ce qu’elle a fait. Et de
quelle manière…
Le manque, parfois total,
de professionnalisme des élites
politiques occidentales ne date pas
d’hier. On l’a d’ailleurs mentionné à
plusieurs reprises et sur différents
sujets d’actualité. Sauf qu’aujourd’hui,
la maladresse de ces dites « élites »
arrive à un point où désormais leurs
propres citoyens seront frappés au
porte-monnaie en raison de
l’incompétence de ceux qui sont
justement chargés, de par leurs
obligations « professionnelles », à
défendre les intérêts de leurs
concitoyens.
En effet, les dirigeants de
Bruxelles ont montré une fois encore
qu’ils sont totalement incapables de
défendre les intérêts des peuples
européens. Totalement incapables. Car
lorsque les USA ont lancé le fameux jeu
des « sanctions » à l’encontre de la
Russie, il était plus que clair que la
Russie (d’aujourd’hui) allait réagir.
D’autant plus que dès le départ et
puisque tout est soi-disant lié à la
situation en Ukraine, ce seraient les
USA qui auraient dû être sanctionnés
pour la simple et bonne raison que le
chaos qui règne aujourd’hui dans l’Etat
qui jadis s’appelait l’Ukraine, les
Etats-Unis en portent entière
responsabilité.
Il était également plus que
clair que les Etats européens (dans la
version UE) n’avaient aucun intérêt à
suivre aussi aveuglement et comme
d’habitude leur « ami » étasunien.
Pourtant, c’est ce qu’ils ont fait. Et
tout cela après les insultes envers l’UE
de la secrétaire d’Etat étasunienne
adjointe chargée pour l’Europe, Victoria
Nuland. Après les multiples scandales
d’espionnage par la NSA étasunienne de
ses « alliés » européens. Des scandales
qui par ailleurs ne finissent pas à ce
jour. Masochisme oblige ?
Et parallèlement, l’UE a
oublié les intérêts économiques la liant
à la Russie. Car il ne faut tout de même
pas oublier une chose, ou plutôt deux :
les mesures de riposte économique de la
Russie toucheront également les USA. Et
pas dans une moindre mesure. A ce titre
et à l’heure actuelle, plusieurs
représentants du milieu des affaires
étasunien ayant des activités
importantes en Russie ne cachent pas
leur sérieuse inquiétude. Mais les
intérêts économiques de l’UE sont
aujourd’hui les premiers touchés, ne
serait-ce qu’en raison de la proximité
géographique entre l’Europe dans sa
version UE d’un côté et la Russie, ainsi
que plus globalement l’Eurasie de
l’autre.
Aujourd’hui pour l’Union
européenne, ce rôle de sous-traitants de
la politique étasunienne sur le
continent européen se paie donc cash. Et
ce n’est vraisemblablement que le début.
Depuis hier, la Russie a imposé une
interdiction totale (pour une période
d’un an) sur l’importation de tous les
produits agricoles, ainsi que de viande
de bœuf, de porc, de fromage, de
volaille, de lait, de poisson en
provenance des USA, des pays de l’UE,
d’Australie, du Canada et de Norvège.
Une véritable catastrophe
selon plusieurs producteurs de pays
européens. « C’est un cauchemar »,affirmait
sur l’antenne de France 2 un exportateur
français de fruits. Une perte de 200 000
euros pour lui seul sur ce mois, ainsi
que le licenciement de tous ses employés
à l’horizon très proche. Des histoires
similaires dans la Belgique voisine,
pour laquelle le marché russe était l’un
des principaux en matière d’exportation
de produits agricoles, notamment des
poires, atteignant dans certains cas
60-70% de la production. Les producteurs
allemands et italiens, sont eux aussi,
très inquiets. Pour certains c’est la
banqueroute pure et simple. Cela, sans
parler de la Pologne et des pays baltes,
dont la très grande majorité de la
production agricole s’écoulait également
sur le marché russe.
Et qu’en-est-il de la
Russie dans cette situation ? Les
producteurs nationaux russes, ainsi que
leurs homologues des pays d’Amérique
latine ont d’ores et déjà assuré de leur
capacité à remplacer sur le marché russe
les produits agricoles et de
consommation, en provenance des USA &
pays de l’UE, et ce dans un délai de
deux-trois semaines. D’autres pays
également sont ravis de cette situation,
car cela leur permettra d’augmenter
massivement l’export de leurs produits
similaires sur le marché russe. Parmi
ces pays : la Turquie et les pays d’Asie
centrale, dont l’Ouzbékistan, le
Kazakhstan et le Tadjikistan, voisins de
la Russie.
Mais la Russie garde encore
un certain nombre de mesures qui
risquent de frapper d’ici peu et
grandement les intérêts économiques de
l’Occident. Parmi elles, on mentionnera
que la Russie entrevoit de fermer
entièrement son espace aérien aux vols
de transit des compagnies aériennes
occidentales. Si cela devait arriver, ce
serait un coup très dur pour les
Lufthansa, Air France-KLM, British
Airways, Finnair, etc… Car cela
augmenterait très considérablement leur
coût de transport des passagers d’Europe
vers l’Asie, en conséquence de quoi et
cela concerne les passagers, les prix
des billets augmenteront. Autre mesure,
qui elle vise précisément les USA,
concerne le blocage du transport des
astronautes étasuniens vers la Station
spatiale internationale (ISS),
mentionnée déjà il y a quelques temps
par le vice-premier ministre russe,
Dmitri Rogozine.
Par ailleurs, la Russie
pourrait augmenter le prix de son gaz
destiné à l’export dans l’Union
européenne. Vraisemblablement, cette
option reste encore dans le tiroir au
moins jusqu’à l’automne mais peut sortir
à tout moment, surtout si la colossale
dette ukrainienne pour le gaz russe déjà
fourni ne sera pas réglée d’ici cette
période. Une dette que Kiev ne se presse
pas (encore) de payer, avec le « soutien
» de ses mentors washingtoniens et
bruxellois. Il serait d’ailleurs
intéressant de voir comment ce « soutien
chaleureux » permettra à la « nouvelle »
Ukraine de se chauffer en période
hivernale.
Les USA sont en déroute et
pas depuis hier, à l’image d’un grand
bateau qui coule. Sauf que ce grand
bateau entraine avec lui l’Europe, ou du
moins une partie du continent européen.
La Russie, elle, a prouvé une fois
encore qu’on est plus en 1991, ni en
1998, mais bien en 2014. Et qu’elle
capable de faire face à n’importe quel
défi qui lui est lancé par ceux qui
pensaient il y a encore pas très
longtemps l’avoir mise définitivement à
genoux. Dommage pour les producteurs
européens, et américains aussi
d’ailleurs, qui aujourd’hui paient le
prix de l’aventurisme de leurs
gouvernements. Peut-être que cela
poussera le mécontentement populaire du
monde occidental à un nouveau stade,
d’autant plus que l’opinion publique de
l’Occident se révolte de plus en plus de
la « bénédiction » de ses gouvernements
aux massacres dans le Donbass et en
Palestine. Quant à la Russie, elle
poursuivra l’intégration eurasiatique,
de même qu’avec les BRICS, l’Amérique
latine, le monde arabe et l’Afrique.
Avec tous ceux qui voient en elle un
pays ami et le symbole d’un nouveau
monde déjà devenu réalité.
© 2005—2014 La
Voix de la Russie
Publié le 10 août 2014 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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