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Affaire Georges Ibrahim Abdallah :
la France accusée d’obéir à Israël et
aux États-Unis
Middle East Eye
Georges
Ibrahim Abdallah, le 3 juillet 1986 au
tribunal de Lyon (AFP)
Jeudi 24 octobre 2019
Le militant communiste libanais, « plus
ancien prisonnier politique en Europe »,
est incarcéré en France depuis 35 ans
alors qu’il est libérable depuis 1999
L’Association
France Palestine solidarité (AFPS) s’est
encore mobilisée pour
la libération de Georges Ibrahim
Abdallah qui croupit en prison depuis 35
ans. Le militant communiste libanais a
été arrêté le 24 octobre 1984 à Lyon et
condamné en 1984 pour détention de faux
papiers (notamment un passeport
algérien), puis il a été renvoyé devant
les tribunaux spéciaux en 1987 pour
complicité dans les attentats des FARL
(Fractions armées révolutionnaires
libanaises, dont il était membre) et
condamné à la prison à perpétuité.
« Pressions des USA
et d’Israël »
« Faut-il rappeler
que cette condamnation à la plus lourde
peine du code pénal français ne repose
sur aucune charge directe mais sur une
complicité présumée d’homicide
volontaire suite à la revendication par
les FARL de l’assassinat de deux
responsables israélien et américain des
services de renseignements en poste dans
l’Hexagone et à la découverte d’armes
dans un logement loué au nom de Georges
Ibrahim Abdallah ? », rappelle
l’Association France Palestine
Solidarité.
Juridiquement
libérable depuis 1999 après une période
de sûreté de quinze ans, la décision de
sa libération, demandée deux fois par la
juridiction de l’application des peines,
n’a jamais été appliquée « suite à des
pressions des USA et d’Israël », indique
l’AFPS.
Dans son communiqué
du 18 octobre, l’association cite les
déclarations de l’ancien patron de la
DST française, Yves Bonnet, en 2016 :
« Georges Ibrahim Abdallah n’a plus rien
à faire en prison ».
« Les interférences
étrangères dans les affaires internes
d’un pays, du fonctionnement de sa
justice, ne sont certes pas rares »,
note l’AFPS. « Mais nous n’acceptons pas
l’application en France d’une perpétuité
réelle, le refus de fait de toute
libération conditionnelle, la seule
perspective pour ce résistant politique
d’une mort en détention, pour complaire
à des États qui ne sont pas les nôtres.
»
Solidarité et
mobilisation
« Il ne suffit pas
que l’État du Liban ‘’exige’’ ou plutôt
‘’demande’’ ma libération, il faut
encore que le rapport de force
réellement existant puisse faire
comprendre aux représentants de
l’impérialisme français que mon
incarcération commence à peser plus
lourd que les possibles menaces
inhérentes à ma libération »
- Georges Ibrahim
Abdallah
En 2013, Manuel
Valls, à l’époque ministre de
l’Intérieur, refuse de signer l’arrêté
d’expulsion de Georges Ibrahim
Abdallah vers le Liban, une des
conditions de sa remise en liberté, ce
qui fait dire au journaliste Daniel
Schneidermann et à l’écrivaine Chloé
Delaume :
« On n’ose penser
que si Manuel
Valls tarde à signer, c’est pour ne
pas déplaire au Conseil représentatif
des institutions juives de France
(CRIF). Ce dernier vient de révéler
pourquoi il s’oppose à la libération
d’Abdallah : parce qu’il ne s’est pas
repenti. C’est aussi la position du
gouvernement américain, qui vient de la
rappeler. En sens inverse, le
gouvernement libanais milite pour la
libération d’Abdallah. Mais que pèse le
gouvernement libanais ? »
Son avocat, Me
Jacques Vergès, avait
clairement déclaré, documents du
département d’État américain à
l’appui : « C’est le gouvernement des
États-Unis qui oppose un veto
intolérable à sa libération ».
Le 19 octobre
dernier, plusieurs militants communistes
et sympathisants ont organisé une
manifestation devant la prison de
Lannemezan (Hautes-Pyrénées), où est
détenu celui qu’ils considèrent comme le
« plus ancien prisonnier politique en
Europe ».
À cette occasion,
le militant libanais a envoyé une lettre à
ses soutiens : « Sans se bercer de
douces illusions, camarades, quant à ma
situation, il y a encore ‘’beaucoup’’ à
faire pour amorcer une issue favorable.
Comme vous le savez, il ne suffit pas
que l’État du Liban ‘’exige’’ ou plutôt
‘’demande’’ ma libération, il faut
encore que le rapport de force
réellement existant puisse faire
comprendre aux représentants de
l’impérialisme français que mon
incarcération commence à peser plus
lourd que les possibles menaces
inhérentes à ma libération. »
® Middle East Eye
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Publié le 28 octobre 2019 avec l'aimable
autorisation de Middle East Eye
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