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La guerre par procuration contre Daech
en Syrie a atteint son point culminant.
Escalade militaire menant à une invasion
terrestre commanditée par les USA et
l’Otan?
Michel Chossudovsky
Michel
Chossudovsky
Mardi 16 février 2016
La stratégie de Washington
consiste à être le fer-de-lance d’une
guerre régionale élargie en amenant la
Turquie et l’Arabie saoudite, ainsi
qu’Israël, à faire « le sale boulot à
notre place ».
Jusqu’à tout récemment, les forces
armées du gouvernement syrien et leurs
alliés (la Russie, l’Iran et le
Hezbollah) combattaient les soi-disant
« rebelles de l’opposition », pour la
plupart des terrorises « modérés » et
des mercenaires qui comptent dans leurs
rangs des éléments des services secrets
et des forces spéciales des USA et de
l’Otan agissant en secret.
Les terroristes affiliés à Al-Qaïda
et les forces de l’État islamique (Daech)
sont soutenus par les USA, l’Otan,
Israël et leurs alliés membres du
Conseil de coopération du Golfe (CCG).
La Turquie et l’Arabie saoudite, en
étroite collaboration avec Washington,
ont joué un rôle central dans le
recrutement, la formation et le
financement des terroristes.
Jusqu’ici, cette guerre par
procuration s’est poursuivie sans
confrontation directe entre les forces
alliées des USA et de l’Otan et les
forces armées du gouvernement syrien,
qui sont soutenues militairement par la
Russie et l’Iran.
Une transition majeure est en cours
dans la conduite de la guerre en Syrie.
Les terroristes sont en passe d’être
vaincus par les forces armées du
gouvernement syrien avec le soutien de
la Russie. La guerre par procuration
(sous la bannière officielle de « guerre
contre le terrorisme ») a atteint son
point culminant.
Nouvelle étape et rôle de la
Turquie et de l’Arabie saoudite
Les forces turques sont maintenant
directement impliquées dans des
opérations de combat en territoire
syrien.
Pour
sa part, l’Arabie saoudite, un État qui
commandite le terrorisme, a annoncé son
intention de déployer des militaires en
Syrie, prétendument pour combattre les
terroristes de Daech, qui sont en fait
soutenus par l’Arabie saoudite.
Le brigadier général Ahmed Al-Asseri
a déclaré, au nom de Riyad, que les
forces armées saoudiennes :
« vont combattre avec les alliées de
la coalition dirigée par les USA pour
défaire les militants de Daesh en Syrie,
en ajoutant que Washington est davantage
en mesure de répondre aux questions
relatives aux détails de toute opération
terrestre à venir. » (Al
Arabyia)
Que signifie cette affirmation?
Que la guerre par procuration contre
Daech est terminée?
Une nouvelle guerre par procuration
impliquant directement la Turquie et
l’Arabie saoudite dans des opérations
terrestres se trame, avec les USA et
l’Otan qui tirent les ficelles derrière.
Riyad a confirmé qu’un organisme de
coordination militaire turco-saoudien a
été également créé.
L’Arabie saoudite planifie maintenant
d’envahir la Syrie sous les ordres de
Washington :
« Le royaume est prêt à
participer à toute opération
terrestre que la coalition (contre
l’État islamique) pourrait convenir
de mener en Syrie, (…)
Asseri a indiqué que l’Arabie
saoudite est un membre actif de la
coalition dirigée par les USA dans
son combat contre l’État islamique
depuis 2014, et qu’elle a effectué
plus de 190 missions aériennes.
(…)
« S’il y a consensus parmi les
dirigeants de la coalition, le
Royaume est disposé à participer à
ces efforts, car nous croyons que
les opérations aériennes ne
constituent pas la solution idéale
et qu’il doit y avoir un jumelage
d’opérations aériennes et
terrestres », a déclaré Asseri. (Reuters,
le 4 février 2016)
Les opérations aériennes céderont la
place à des opérations terrestres
amenant le déploiement de militaires
saoudiens à l’intérieur de la Syrie.
« Pourparlers de paix » en
prévision de la prochaine étape de la
guerre en Syrie
Récemment, le vice-prince héritier et
ministre de la Défense saoudien Mohammed
ben Salmane était à Bruxelles, dans les
quartiers généraux de l’Otan, pour
« discuter de la guerre civile en
Syrie ». Cette réunion a eu lieu sur
l’initiative du Pentagone et non de
l’Otan. Elle visait à planifier la
prochaine étape de la guerre en Syrie.
Fait notable, le prince ben Salmane a
rencontré à huis clos le secrétaire à la
Défense des USA Ashton Carter.
Pendant ce temps à Munich, John Kerry
et Sergei Lavrov discutaient de la mise
en œuvre d’une cessation des
hostilités à la grandeur de la
Syrie.
Selon le scénario diabolique du
Pentagone, les forces engagées sur le
théâtre des opérations seront
saoudiennes et syriennes, soutenues par
les USA et l’Otan d’une part, et par la
Russie et l’Iran d’autre part.
Des rapports confirment que les
terroristes commandités par les USA et
l’Otan et soutenus par l’Arabie
saoudite, le Qatar, la Turquie et
d’autres ont été en grande partie
vaincus. Vont-ils être remplacés par des
forces armées conventionnelles
saoudiennes et turques, avec le soutien
de nouveaux membres des forces spéciales
des USA et de l’Otan sur le terrain en
Syrie?
Dans ce scénario en évolution, il y a
aussi le risque que les forces armées
turques et saoudiennes agissant pour le
compte des USA et de l’Otan soient
confrontées militairement avec la Russie
et l’Iran, ouvrant ainsi une dangereuse
boîte de Pandore, une porte vers une
escalade militaire.
Le brigadier général saoudien Ahmed
Al-Assiri a également fait une menace
voilée à l’Iran, en disant que « si
Téhéran est sérieux dans sa lutte contre
Deash, il doit cesser de soutenir le
terrorisme en Syrie et au Yémen ».
(Al
Arabyia)
La stratégie de Washington à cet
égard consiste à être le fer-de-lance
d’une guerre régionale élargie en
amenant la Turquie et l’Arabie saoudite,
ainsi qu’Israël, à faire « le sale
boulot à notre place ».
Cette guerre commanditée par les USA
est en définitive dirigée contre la
Russie et l’Iran.
Michel Chossudovsky
Article original en anglais :
The Syria Proxy War against the Islamic
State (ISIS) Has Reached its Climax.
Military Escalation, Towards a US-NATO
Sponsored Ground Invasion?, 12
février 2016.
Traduit par Daniel pour
Mondialisation.ca
Michel Chossudovsky est directeur
du Centre de recherche sur la
mondialisation et professeur d’économie
à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur
de Guerre
et mondialisation, La vérité derrière le
11 septembre et de la Mondialisation
de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller
international publié en 12 langues).
La source originale de cet article
est Mondialisation.ca
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