Révision des lois libyennes pour les
conformer à la charia
Les islamistes
imposent leur diktat
Merzak Tigrine
Samedi 16 novembre 2013
Face à la forte pression des
islamistes, le nouveau régime libyen a
cédé en acceptant la mise en place d’un
comité, qui sera chargé de la révision
des lois et réglementations nationales
afin de les rendre conformes aux
dispositions de la charia.
Petit à petit, la Libye bascule dans
l’islamisme. Les autorités n’arrivent
plus à résister à la pression des
islamistes, comme en témoigne cette
décision de procéder à une révision
exhaustive des lois et réglementations
nationales afin de les rendre conformes
aux dispositions de la charia (loi
islamique). C’est un document du
ministère libyen de la Justice, dont
l'AFP a obtenu une copie, qui annonce la
création d'un “comité chargé réviser la
législation existante et de proposer des
amendements de manière à ne pas
contredire les dispositions et règles
fondamentales de la loi islamique”.
Composé de seize membres nommés par le
ministère de la Justice sur proposition
de la Cour suprême et du mufti, la plus
haute autorité religieuse libyenne, ce
comité qui sera présidé par un juge
comprendra aussi des professeurs
d'universités islamiques, selon le
document. Les lois amendées seront
ensuite présentées pour adoption au
Congrès général libyen (CGN), la plus
haute autorité législative du pays. Pour
rappel, une loi instituée par le régime
de Mouammar Kadhafi et limitant
strictement la polygamie, a été déjà
abolie après la révolution de 2011 qui a
renversé ce régime. La décision du
ministère de la Justice semble destinée
à satisfaire les revendications de
certains groupes salafistes. Lundi
dernier, Ansar Ashariaa, le principal
groupe salafiste jihadiste libyen,
pointé du doigt dans des dizaines
d'attaques et d'assassinats dans l'est
du pays, a affirmé que la sécurité en
Libye était “tributaire” de
l'application de la loi islamique. Ce
groupe, dont le QG se trouve à Benghazi,
chef-lieu de l'Est libyen, a indiqué par
ailleurs qu'il ne reconnaissait pas les
institutions de l'État ni ses services
de sécurité, les qualifiant d'apostat et
de “taghout” (forces maléfiques au
service de la tyrannie). Un nouvelle
Constitution est en cours d'élaboration,
qui devra aborder des questions clé,
dont le rôle de la loi islamique, le
système politique, la langue officielle
du pays ou encore le statut des femmes
et des minorités. Dans un pays où
l'islam conservateur est profondément
enraciné, de nombreux analystes estiment
qu'il existe un large consensus sur le
fait que la nouvelle Constitution
devrait s'inspirer fortement de la
charia, mais aussi sur la nécessité
d'éviter l'extrémisme. Par ailleurs, un
imam officiant dans une mosquée de
Benghazi et un ex-officier de police ont
été assassinés jeudi dans cette ville de
l'Est libyen, dans deux incidents
séparés, selon une source au sein des
services de sécurité. Muftah al-Fitouri,
un ancien officier de l'armée qui
prêchait dans la mosquée de la base
aérienne de Benina, a été tué dans la
matinée par un engin explosif placé sous
sa voiture, a indiqué cette source sous
couvert de l'anonymat. En fin
d'après-midi, Omar al-Orfi, ancien
officier de la sécurité intérieure, un
organe de l'ex-régime de Mouammar
Kadhafi aujourd'hui dissous, a été
assassiné par balles près d'une mosquée
dans le quartier al-Lithi, a ajouté la
même source. Une porte-parole de
l'hôpital al-Jala à Benghazi, Fadia al-Barghathi,
a confirmé la mort de cheikh al-Fitouri
ainsi que d'al-Orfi.
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