Opinion
Transition énergétique: bientôt de
nouveaux permis de recherche
d'hydrocarbures en France ?
Maxime Combes
Jeudi 9 octobre 2014
Alors que l'examen du projet de loi
sur la transition énergétique a débuté à
l'Assemblée nationale, les collectifs
mobilisés contre les hydrocarbures de
schiste demandent à Ségolène Royal de
rejeter la douzaine de demandes de
permis de recherche d'hydrocarbures sur
le territoire français. Et ils se
mobilisent aux quatre coins de la France
ce 11 octobre dans le cadre du Global
Frackdown Day.
Le 30 septembre dernier, les
collectifs citoyens engagés contre les
hydrocarbures de schiste ont écrit
une lettre ouverte à Ségolène
Royal pour lui demander de « ne
pas signer de nouveaux permis, de ne
plus signer d'autorisation de
prolongation ni de renouvellement de
permis, de ne plus signer de mutation de
permis exclusif de recherches
d'hydrocarbures ». Ce
courrier est resté sans réponse.
Alors que Ségolène Royal a
affirmé le 28 septembre
dernier qu'il n'y aurait pas
d'exploitation du gaz de schiste tant
qu'elle serait ministre et alors que
l'examen du projet de loi sur la
transition énergétique vient de débuter
à l'Assemblée nationale, son
administration finalise l'instruction de
demandes d'attribution de plus d'une
douzaine de nouveaux permis de recherche
d'hydrocarbures liquides ou gazeux et
examinent des demandes de renouvellement
ou de prolongation de permis de
recherche existants. Pour les
collectifs, « tous les projets
d'attribution de permis proposés (…)
sont des permis ayant pour objectifs des
hydrocarbures non conventionnels ».
La question est donc posée à
Madame Ségolène Royal, et à l'ensemble
des parlementaires français : transition
énergétique ou nouvelles recherches
d'hydrocarbures, il faut choisir !
Depuis le 19 septembre, le site du
ministère s'est enrichi de nouvelles
consultations publiques concernant des
demandes de permis situés dans l'Aisne,
les Bouches-du-Rhône, le Loiret, les
Landes, la Marne, la Meurthe et Moselle,
la Moselle, le Vaucluse, l'Yonne…
(voir
liste des consultations publiques en
cours ici). Toutes ces
demandes avaient été déposées avant le
vote de la loi de Juillet 2011
interdisant l'usage de la fracturation
hydraulique et ciblaient clairement la
recherche d’hydrocarbures non
conventionnels. Sous la pression
citoyenne et de la Fédération des parcs
naturels régionaux de France, Ségolène
Royal
a annoncé publiquement
qu'elle ne signerait pas la demande
d'attribution du permis de Calavon,
couvrant le parc naturel régional du
Luberon.
Excellente nouvelle ! Mais pourquoi n'en a-t-elle pas
fait autant avec les treize autres
demandes de permis en cours
d'instruction ?
Ainsi, les documents relatifs aux
demandes des permis de Gastins, de Dicy
et de Montmort, pour n'en citer que
trois, font explicitement référence à
l'utilisation de la fracturation
hydraulique et à la nécessité de
fracturer la roche qui retient les
hydrocarbures.
Il serait pourtant aisé que Ségolène
Royal accepte de rencontrer enfin les
collectifs citoyens. Ils pourraient
ainsi partager leur expertise technique
des demandes de permis et leurs
exigences, comme ils avaient pu le faire
avec Philippe Martin, lequel avait
reconnu leurs pertinence et bien-fondé.
A l'heure de la transition
énergétique, délivrer de nouveaux permis
d'hydrocarbures sur le territoire
français serait incohérent et
inconséquent. Mais pas nouveau,
puisque le gouvernement avait délivré de
nouveaux permis en 2013 et qu'il
encourage le développement de nouveaux
gisements d'énergies fossiles dans le
Nord-Pas-de-Calais et la Lorraine.
Fixer un objectif de réduction de la
consommation d'énergie fossile de 30 %
d'ici 2030 et prétendre à l'exemplarité
et la cohérence dans la perspective de
l'accueil de la conférence de l'ONU sur
le climat à Paris fin 2015 impliquent
que le gouvernement stoppe son
soutien au développement des énergies
fossiles. En juillet dernier,
nous avions établi une liste de cinq
principes d'action que le
gouvernement devrait suivre :
- Abandonner définitivement les
recherches d'hydrocarbures ;
- Ramener à la raison le
complexe de l'énergie fossile
français ;
- Ne pas encourager la
production d'hydrocarbures de
schiste par les accords de
libre-échange ;
- Supprimer les financements
climaticides ;
- Mettre en oeuvre des
politiques de recherche et
d'innovation en faveur de la
transition
Ils sont toujours valables.
Ils sont urgents à mettre en oeuvre.
Ils seront au cœur des
mobilisations contre les hydrocarbures
non conventionnels de ce samedi 11
octobre, date du 3ème Global Frackdown
Day, qui regroupera plus de
200 actions dans 27 pays (lieu des
RDV en France ci-dessous).
Maxime Combes, membre d'Attac
France et de l'Aitec,
engagé dans le projet
Echo des Alternatives (www.alter-echos.org)
@MaximCombes sur Twitter
Plus d’information sur les
manifestations du 11 octobre 2014 en
cliquant sur l’image
PS : Un immense remerciement aux
collectifs citoyens contre les
hydrocarbures de schiste dont
l'essentiel des informations postées sur
ce billet est issu. Sans leur
détermination, le sérieux de leur
travail, le temps et l'énergie que leurs
membres consacrent à l'analyse des
documents produits, aucun de mes posts
sur le sujet n'aurait été possible. Si
ce billet comporte des erreurs et manque
de clarté sur certains points, c'est de
ma seule responsabilité.
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