Opinion
Comment on transforme l'ancien SS
Heinrich Harrer, « confident et
professeur » du Dalaï Lama, en apôtre
des droits de l'homme
Marie-Ange Patrizio
Jeudi 9 avril 2015
Au sujet de la
non-traduction de
Sept ans
d’aventures au Tibet
Comment faire du récit d’un alpiniste
autrichien ancien membre de la SS un
manuel pour « la défense des peuples
opprimés » destiné à redorer le blason
des partisans du féodalisme tibétain ?
En faisant traduire son récit
Sept ans au Tibet
(dont JJ Annaud a tiré le film
Sept ans au Tibet)
sans s’encombrer de scrupules sur la
rigueur éditoriale et l’honnêteté à
l’égard du lecteur. Et sans lésiner sur
les moyens : on supprime non pas
quelques mots ou quelques phrases, mais
des paragraphes, des pages et, si
besoin, des chapitres entiers. La place
libérée permettant aussi d’intervenir à
l’aise pour modifier (en tous sens) et
compléter comme on veut le texte
restant.
Comment s’en aperçoit-on ? Par
exemple, en faisant une traduction ; au
moment de reporter dans le texte qu’on
travaille les citations extraites de
livres étrangers publiés (et connus)
dans la langue d’arrivée. Quand on ne
trouve pas ces extraits : parce qu’ils
n’y sont plus.
C’est ce qui m’est arrivé en
travaillant la bibliographie de
La non-violence. Une histoire démystifiée
de Domenico Losurdo, que je traduisais
pour les Editions Delga. Dans le
chapitre 8 -De
Gandhi au Dalaï Lama
?-
l’auteur cite notamment le livre
Sieben Jahre in Tibet
(7
ans au Tibet)
de Heinrich Harrer. Traduit en de
nombreuses langues -« cinquante »
d’après son éditeur français- le récit
avait été publié chez Arthaud sous le
titre
7 ans d’aventures
au Tibet.
Mais d’assez nombreux passages cités
dans
La non-violence
s’avéraient introuvables dans cette
version… Pour faciliter ma recherche D.
Losurdo m’envoya la version italienne,
dont il garantissait la conformité avec
l’original allemand sur lequel il avait
aussi travaillé. La comparaison mot à
mot mit alors en évidence dans le texte
français, et indépendamment de questions
de style, une gamme d’interventions -pas
seulement des suppressions- rendant
difficile l’utilisation de cette
version. Décision de l’éditeur
(germanophone) de
La non-violence
: je traduirai les extraits cités à
partir de la version italienne du livre
de Harrer, et il contrôlera la
conformité de toutes les citations avec
l’original allemand.
Une fois
La non-violence
traduite et publiée, il était
intéressant de revenir sur les
modifications rencontrées chez Arthaud
et leur contexte ; qui vont nous
conduire au-delà de quelques
arrangements éditoriaux (et) hexagonaux.
Dans la propagande éditoriale de masse[1].
Précisions préliminaires : dans
7 ans d’aventures au Tibet
aucune mention de l’éditeur ne vient
avertir que le texte est revu et
augmenté (ou diminué) par rapport à
l’original ; et si rien n’indique que
l’auteur, Heinrich Harrer (mort en
2006), n’a pas participé ou donné son
accord pour ces modifications au cours
des éditions successives, rien non plus
n’indique qu’il l’a fait. La valeur
littéraire de la version d’Henri Daussy,
écrite dans un style très vivant, n’est
pas en cause ici ; et, avec deux mots
ajoutés dans le titre, la traduction
s’adapte à la ligne éditoriale de la
collection dans laquelle elle va être
publiée : « Les clefs de l’aventure »…
Les premières pages du récit
original -où l’auteur résumait sa vie
avant son arrivée en Inde « à
la fin du mois d’août 1939 »-
ont été supprimées au profit d’un Avertissement
de l’éditeur
(Fr, 7) : « un
livre mythique qui relate un tournant
décisif dans la vie et la carrière
d’Heinrich Harrer»
: «inscrit
dès 1933 dans une association sportive
dépendant
[sic]
des SA autrichiens
[…]
avant d’adhérer aux SS en avril 1938 »,
Harrer
« s’attaque à la chaîne himalayenne
[…]
en vain »,
il est ensuite arrêté par les Anglais en
Inde au début de la guerre. Par son
évasion « et
enfin, et surtout, par sa découverte du
Tibet, va naître un nouvel Harrer
[…].
Au fil de cette épuisante marche à
travers les hauts plateaux tibétains
puis de sa rencontre avec ce peuple
d’exception et de son chef religieux
[…]
le jeune homme, régénéré[2],
trouve bientôt sa voie : celle de la
défense des peuples opprimés »,
ici par la Chine communiste qui a
« envahi » le Tibet.
On était averti.
Quand c’est Domenico Losurdo qui
cite Harrer (Losurdo, p. 234
sqq.),
de quel mythe est-il question ?
La non-violence à l’égard de toute forme
de vie serait une tradition présente au
Tibet depuis des siècles ; si bien que,
écrit Harrer
« L’existence sur terre n’a pas
une grande valeur », « la mort
ne fait pas peur »
(Al. 242) ; et « après
avoir séjourné un peu dans le
pays, il n’est plus possible à
quelqu’un de tuer une mouche
sans réfléchir. Moi-même, en
présence d’un Tibétain, je
n’aurais jamais osé écraser un
insecte pour la seule raison
qu’il m’agaçait
» (Al. 243).
|
Supprimé dans environ 4 pages à
Fr p. 171 (on remarquera tout au
long de la comparaison la
différence de pages entre les
deux éditions, non imputable à
des seules questions de numéro
de police).
|
« De ce principe
[respect de toute forme de vie]
découle le fait qu’au Tibet la
peine de mort n’existe
pas. L’homicide
est considéré comme le crime le
plus atroce, et les assassins ne
sont que fouettés et enchaînés
avec des chaînes en fer aux
chevilles. Il est vrai aussi que
la fustigation est parfois plus
inhumaine que la peine de mort,
selon la façon dont la punition
va à son terme. La victime meurt
souvent dans des douleurs
atroces après que le châtiment a
été infligé, mais les préceptes
religieux n’ont pas été rompus
(Al, 244).
|
Supprimé
|
« Quand des pillards ou
des bandits sont capturés ils
sont généralement condamnés à
l’amputation d’une main ou d’un
pied. Je fus effaré de voir
comment étaient stérilisées les
plaies qui avaient été
infligées. Le membre était
immergé dans le beurre bouillant
où on le laissait un peu.
[…]
A Lhassa de telles
formes barbares de punitions
sont désormais interrompues.
[…]
« Les punitions pour les délits
politiques sont très sévères.
Les gens parlent encore des
moines de Tengyeling qui
quarante ans plus tôt avaient
tenté de se mettre d’accord avec
les Chinois. Leur
monastère
fut démoli et leurs noms frappés
d’infamie pour toujours ».
[…]
« Au Tibet les tribunaux
organisés n’existent pas. les
enquêtes sont généralement
confiées à deux ou trois
personnes appartenant à
l’aristocratie mais la
corruption est malheureusement
très fréquente : rares
sont les nobles qui jouissent
d’une réputation d’intégrité
morale » etc. (Al. 245).
|
Supprimé
|
« On
me parla d’un homme qui avait
volé une lampe dorée au beurre
d’un temple de Kyirong. Il fut
déclaré coupable du délit, et ce
que nous aurions nous considéré
comme une sentence inhumaine fut
appliquée. On lui coupa
publiquement les mains, et son
corps mutilé mais toujours
vivant fut enveloppé dans une
peau de yak mouillée. On laissa
la peau sécher et il fut jeté
dans un précipice »
(Al 103).
|
Supprimé avec à peu près toute
une page, Fr 75.
|
On trouvait dans la même page
l’épisode de la peine (cent
coups de fouet) infligée à une
religieuse et à un moine qui
avaient enfreint la règle
de ccélibat
imposée par leur secte : «la
religieuse
[sic]
avait habité
avec le moine et eu un fils de
lui, qu’elle
avait tué
à
peine né »
;
la population était intervenue
pour faire réduire la peine,
mais l’ancien SS avait commenté
la fustigation -à laquelle il
avait assisté- en disant
« [avoir] pensé
que la peine n’avait
pas
été
assez sévère ».
(Al 248)
|
Supprimé dans la page 75.
|
Comme de nombreux autres faits
« inhumains » sont quand même
conservés dans le récit français,
la phrase
présentant les Tibétains comme
«le
peuple le plus pacifique de la
terre»
(Al, 243)
|
est supprimée
(Fr 285) peut-être pour
sauvegarder un peu de cohérence.
|
D’autres interventions plus
discrètes n’en sont pas moins
radicales : quand Harrer
rapporte la « conjuration
des moines de Sera en 1947 »,
qu’il qualifie de
« petite guerre civile [car] les
révolutions militaires n’étaient
pas inconnues dans l’histoire de
Lhassa »
(Al, 295,
It 317)
|
la version française conclut au
contraire : « C’était
la première fois que pareil
incident se produisait dans la
capitale et l’émotion des
Lhassapa était à son comble »
(Fr 203).
|
Discrétion aussi sur le pouvoir
des religieux : « La
vie des gens est régulée par la
volonté divine, dont les seuls
interprètes sont les lamas
» (Al, 242)
|
Supprimé,
|
et «le
pouvoir illimité de la
hiérarchie
[ecclésiastique] » (Al, 197)
|
est traduit par :
« A Lhassa le pouvoir ne badine
pas et il sait imposer ses
décisions par la force si la
persuasion ne suffit pas »
(Fr 139).
|
«Les
femmes ne savent encore rien de
l’émancipation et de l’égalité
des droits, et je crois qu’elles
sont heureuses de la vie
qu’elles mènent ».
|
Eliminé au passage, dans la même
page.
|
La description de l’arbitraire
exercé par l’armée (contrôlée
par le pouvoir monastique) : «
les soldats ont le droit de
réquisitionner ce qu’ils veulent
» (Al, 154)
|
est restituée sur un ton plus
léger : « l’armée a, dit-on,
la main leste et les
réquisitions sont mal vues »
(Fr 103)
|
Harrer décrit les sanctions
infligées, sur ordre des moines,
à ceux qui ne respectent pas les
interdits religieux pendant les
périodes de festivité : «il
est arrivé plus d’une fois que
quelqu’un meure sous la
flagellation rigoureuse, la
peine habituelle
» (Al, 203)
|
devient « une
généreuse bastonnade et une
amende largement calculée. Il
arrive même qu’un contrevenant
reste sur le carreau »
(Fr 145).
|
L’ampleur de la résistance
cléricale décrite initialement
par Harrer :
« Le gouvernement tibétain avait
prié un enseignant anglais
d’installer à Lhassa une école
selon le modèle européen, en lui
offrant un contrat pluriannuel.
Après six mois, écœuré par
l’opposition des moines, il
avait quitté le pays »
(Al. 195)
|
est nuancée par une petite
inversion : « Ainsi à
plusieurs reprises on nous conte
l’histoire d’un instituteur
anglais qui avait sollicité du
gouvernement tibétain
l’autorisation d’ouvrir une
école à Lhassa. En possession
d’un contrat en bonne et due
forme il s’apprêtait à passer à
la réalisation de ses projets,
lorsque la sourde opposition du
clergé l’obligea à y renoncer :
six mois plus tard, dégoûté, il
repassait la frontière » (Fr
138). Puisque c’est lui qui
avait voulu y aller, il ne
pouvait s’en prendre qu’à
lui-même.
|
Le « paradis » que les deux
alpinistes avaient « beaucoup
de tristesse de quitter
(…) » (Al. 77)
|
est introuvable chez Arthaud (Fr
76)
|
De toutes façons le paradis
était éphémère : « Le
Tibet n’a pas
[comme la Chine…]
de souci de surpeuplement.
Depuis des siècles le nombre des
habitants est resté
stationnaire. Ceci découle non
seulement de la polyandrie et du
monachisme très répandu, mais
aussi de la mortalité infantile.
Selon mon évaluation l’âge moyen
des Tibétains est de trente
ans. A mon époque dans tout le
Tibet il n’y avait chez les
fonctionnaires qu’un seul
septuagénaire et deux
sexagénaires»
(Al, 252).
|
Suppression de tout le
paragraphe (Fr 174) des données
démographiques peu
paradisiaques.
|
Allons directement aux dernières
pages du récit :
« Pour
[la]
formidable organisation
[de «la puissance occupante »]
cela a été une broutille de
construire de nombreux
kilomètres de route en mesure de
relier avec la Chine ce pays
inaccessible »
(It. 318)
|
Les effets de l’« occupation »
chinoise, déjà largement
dénoncés par Harrer, sont
amplifiés de quelques mots à
l’intérieur des phrases : « pour
affermir son emprise,
[la « puissance occupante »]
construit des centaines de
kilomètres de pistes reliées au
réseau routier chinois »
(Fr 286).
Ou bien ce sont quelques phrases
qui sont ajoutées pour
« résumer » la situation. A
propos du Traité en 17 points
négocié par la République
Populaire de Chine avec le Dalaï
Lama :
« En résumé, tout en
sauvegardant les apparences, le
vainqueur impose sa loi ; telle
est la conclusion de ce traité
de dupes ».
Ou : « un
pays libre gémit sous le joug de
l’occupation étrangère »
et quand le Panchen Lama fait
son entrée à Lhassa c’est « sous
le joug des baïonnettes
communistes »
(Fr 286) au cas où on l’aurait
oublié.
|
Ce type d’ajouts parsème le texte. Mais
les inventions sont parfois plus
massives, et plus ou moins
anecdotiques ; où les deux alpinistes
devisent, par exemple, sur l’aménagement
du territoire tibétain, avec ses
promesses et ses risques. Que se
produirait-il « si
chacun était libre de franchir
l’Himalaya à sa guise ? Un tel
introduirait dans le pays un véhicule à
roues qui, tôt ou tard, remplacerait le
portage à dos d’homme
[…]
et de yak ; marchant sur les traces du
premier, un autre étranger, armé d’une
seringue et de pénicilline,
entreprendrait de chasser les maladies
vénériennes des tentes des nomades et
des palais des nobles.
[…]
Torrents et rivières actionneraient
bientôt des turbines ; sur les cols, où
à l’heure actuelle claquent au vent
banderoles et oriflammes, se
dresseraient des pompes à essence et des
hôtels de tourisme. Enfin, chassant les
dieux de leurs trônes terrestres,
remonte-pentes et funiculaires se
lanceraient à l’assaut des montagnes.
C’est précisément contre cette invasion
que le Tibet et son gouvernement
entendent se prémunir ! »
(Fr 116)… Ou bien, « de
nombreux propriétaires aimeraient
bénéficier de notre expérience
[en agronomie] […]
Dans certaines contrées méridionales,
grâces à une exploitation rationnelle,
le rendement de la terre pourrait être
décuplé
[…]
Il serait facile de produire assez de
thé dans le pays pour la consommation
nationale. Pourtant en y réfléchissant
bien, je crains qu’il ne soit difficile
d’amener les Tibétains, routiniers et
conservateurs, à modifier leurs
habitudes »
etc.
(Fr 140).
Ces inventions conséquentes sont
bien intégrés dans le fil du récit ;
quand on a deux versions différentes en
main, on évalue, ne serait-ce qu’au
nombre de pages, une autre fonction de
ces ajouts : compenser l’important
volume de texte supprimé par ailleurs.
Autre façon, sympathique, de
rattraper des pages : introduire du
dialogue.
Par exemple, au lieu de « Ils
ne pouvaient pas croire que nous avions
traversé le Changtang pour arriver
jusqu’ici»
(It 125), on écrit (Fr
114) :
Notre
hôte ne se lasse pas de nous poser des
questions :
"D’où venez-vous ?"
- Du Changtang.
- Qui êtes-vous ?
- Deux prisonniers de guerre évadés des
Indes. Deux Allemands.
- Et vous avez fait tout ce chemin à
pied ? »,
oui et on a gagné au moins 4 lignes en
bavardant. Non négligeables avec tout ce
qu’on jette en chemin.
Comme ces deux chapitres (lacune
d’une douzaine de pages après Fr 286)
que Harrer avait écrit «quatorze
ans plus tard»
c’est-à-dire à la fin des années 60 ;
l’auteur y relatait, depuis sa Carinthie
natale, « la
lutte des Tibétains pour la liberté »,
les effets du « gouvernement
de la terreur »
de la « voie
au socialisme » chinois,
et la résistance tibétaine (Al, 429, It,
318 et suivantes). A la décharge du
correcteur français, on doit reconnaître
que la résistance et les combats décrits
par Harrer coïncidaient très peu avec
l’image d’une dissidence tibétaine
pacifique.
Qu’est-ce qu’on a enlevé ? Dans
la province orientale de Kham, le « sauvage
West […]
infesté de brigands et
[où],
depuis toujours, la population avait
l’habitude d’avoir des fusils et
pistolets pour se défendre »,
un conflit éclate quand les autorités
chinoises ordonnent aux Khampa de
remettre armes et munitions à la police
; et c'est « précisément
ce conflit avec les Khampa qui en 1955
lance le mouvement de dissidence entre
les Tibétains et leurs oppresseurs».
Viennent ensuite « les
"réformes sur le territoire" »
: l’administration chinoise avait eu la
« prétention »,
explique le narrateur autrichien, de
recenser les biens (terres et animaux)
des propriétaires terriens et des
monastères, pour les fiscaliser. Les
communistes chinois avaient tenté de « déchaîner
les serfs contre leurs patrons : ils en
trouvèrent quelques uns d’insatisfaits
-comme il y en a partout
[sic]-
et les payèrent pour qu’ils alimentent
les tensions ».
Une véritable armée est alors formée par
un « héros
de la liberté »,
issu d’une famille de propriétaires
terriens khampa, qui, en mai 58, passe à
l’attaque : « il
savait que dans un monastère
[…]
se trouvait un arsenal secret du
gouvernement de Lhassa et qu’il aurait
suffi d’anéantir la garnison
[chinoise]
pour se faire ouvrir l’arsenal par les
moines »;
« armés
de fusils, pistolets et couteaux, les
troupes d’Andrutshang prirent par
surprise les gardes puis la garnison
toute entière. A l’aube on comptait des
milliers de Chinois tués, et les autres
en fuite ».
Butin : « 500
fusils de l’arsenal du monastère et une
grosse quantité de munitions ».
Puis
« ils surprirent dans une autre ville
les troupes communistes arrivées en
renfort, et tuèrent deux cents Chinois
dans un véritable massacre
[…]
et à nouveau un gros butin d’armes et
munitions ».
Plus tard et de nuit encore, les
insurgés du « peuple le plus pacifique
de la terre » attaquent une autre
garnison, « l’affrontement
dura des heures, jusqu’à ce que 3000
Chinois fussent tombés sur le champ de
bataille ».
Pour finir : fuite du Dalaï Lama
« avec
les cinq cents derniers hommes du
régiment tibétain »
formant une arrière-garde pour le chef
religieux : « au
moins quatre cents étaient membres du
Khelenpa, c’est-à-dire des commandos
suicides ».
Mais tout ça ne coïncide pas du
tout avec l’icône de la non-violence
désormais exposée par les sponsors du
Dalaï Lama qui va gagner un Prix Nobel
de la paix en 1989. Donc, ça saute.
Arthaud met ensuite à jour son
édition avec le court
Epilogue
écrit en 1996 par Harrer ; remanié.
Le « moyen-âge [du] mystérieux
Tibet »
fascinant l’officier SS
|
est supprimé ; le Tibet
« dissident » doit
plutôt refléter des
Lumières occidentales face à une
Chine obscurantiste. On
agrémente de quelques chiffres
(des victimes de l’invasion, du
pourcentage - 2% !- de maisons
traditionnelles restantes). On
élimine la lévitation des
moines…
|
Et dans l’énumération des
malheurs -«des
décennies de destruction, de
répression, épurations,
génocides et endoctrinement
politique »
(It 336) qui
« ne parviennent pas à étouffer
le désir de liberté des
Tibétains »
(It 336, Fr 291)
|
on trouve une « stérilisation »
(Fr 291) dont il est peu
probable que ce soit par
distraction que l’ancien SS ne
l’aurait pas mentionnée.
|
|
In extremis,
dernier ajout en antépénultième
paragraphe :
« A New Delhi, le 10 mars 1996
-jour du dix-septième
anniversaire du soulèvement
sanglant de Lhassa-, le
dalaï-lama a dénoncé la
poursuite de la répression au
Tibet. La Commission des droits
de l’homme a renchéri en
révélant les tortures et les
cruautés couramment infligées
aux enfants par les autorités
chinoises ».
|
Le naturel revenant généralement
au galop, l’épilogue original de
l’alpiniste autrichien se
terminait en apothéose
wagnérienne : « Et
donc, dans l’avenir encore, les
Tibétains les plus dévots,
franchissant les cols élevés,
pourront dire : "Les dieux
vaincront !" ».
|
Les dieux disparaissent dans le
crépuscule de la version
française au profit d’une phrase
(ramenée d’un paragraphe
antérieur) donnant le dernier
mot à une catégorie plus
efficiente -et laïque- dans la
nouvelle propagande impérialiste
: « Cependant,
malgré les voix qui s’unissent
dans le monde entier pour
soutenir le combat pour la
liberté du Tibet, la plupart des
pays accordent plus d’importance
aux préoccupations matérielles
qu’aux droits de l’homme »
(Fr 291).
Rideau.
|
Mais les surprises continuent. En
vérifiant sur
Internet
ma courte bibliographie pour ce
compte-rendu, je découvre que la version
française sur laquelle j’avais travaillé
-réédition 2008, copyright 1983- n’était
pas la première ; le récit de Harrer
avait déjà été publié par Arthaud en
1953 mais, bizarrement, cette édition
n’était pas mentionnée dans celle que
j’avais. Les deux versions
n’étaient-elles pas identiques ? De
quand dataient les modifications ?
Recherche d’un exemplaire de 1953
; et constat qu’il s’agit bien de la
même version, à quelques nuances
éditoriales près…
D’abord dans la brève
présentation qu’Arthaud avait faite de
l’auteur : surtout l’aspect montagnard.
En 53, Heinrich Harrer est celui qui « triomphe »
en juillet 1938 de la « fameuse
paroi nord de l’Eiger »
; « né
à Graz (Autriche) »
il va « prendre
part à l’Expédition allemande au Nanga
Parbat »
grâce à ses « dons
exceptionnels »
de montagnard ; il « s’apprête
à regagner l’Europe quand la guerre le
surprend aux Indes. Qui eut cru que
l’interné des camps anglais de Bombay et
de Dehra-Dun s’évaderait pour vivre au
coeur du Tibet la plus extraordinaire
des aventures ? ».
Point d’interrogation et pas d’autre
question,
dirait Prévert.
En 83 l’auteur va être un peu
plus longuement présenté comme l’« alpiniste
autrichien »
[qui]
« participe aux JO de 1936 », « réalise
la première ascension de l’Eiger en
Suisse, et est salué par le nouveau
régime comme un héros. Il accompagne le
succès du parti nazi en Autriche et
devient membre de la SS ».
Interné en Inde par les autorités
britanniques
etc..
Mais surtout la présentation est
complétée de l’Avertissement
de l’éditeur
(supra) : on peut vous dire maintenant
que c’était un membre de la SS parce
qu’il a beaucoup changé depuis.
Autre modification en 83, les 40
photos -faites par l’auteur- ont été
supprimées : on a bien fait. Elles ne
montraient pas un paradis mais une
effroyable misère de gens en haillons,
toujours tenus à la plus grande distance
des nobles et des moines, où on ne
constatait pas du tout que « le
Tibétain rit à tout propos comme un
enfant »(Fr
146). Les enfants, d’ailleurs, ont
plutôt un air terrorisé. Ces
illustrations, banales sans doute dans
une France coloniale des années 50,
devenaient totalement contre-productives
pour la propagande pro lamaïste
occidentale des années 80.
Dans
le texte proprement dit, je n’ai repéré
autour des extraits travaillés que trois
différences. Dans l’édition de 53, une
phrase précédait la lacune sur les
épisodes des châtiments infligés au
voleur de Kyrong et au couple de
religieux hors la loi (de l’abstinence
sexuelle) :
« Une autre constatation s’est imposée à
nous durant notre séjour : »
(Fr 53, p. 71). Or le deux-points
n’ouvrait pas sur un développement
logiquement attendu. Vérification faite,
cette phrase n’est présente que dans la
version française (de 1953) ; c’était
donc un ajout propre à l’édition
d’Arthaud. Ajout qui interroge : quelle
constatation s’était imposée, à la place
ou en résumé de ce qui avait été
supprimé ? En tous cas, oubli du censeur
en 53, la phrase incongrue, pouvant
attirer l’attention sur une lacune,
disparaît après 1983.
Par contre, en 53 était présent
un autre passage relevé par Losurdo: « Le
ministre-moine résidant le long du
Lingkhor - la route des Pèlerins, longue
de huit kilomètres, qui tourne autour de
Lhassa- nous reçut avec la plus grande
simplicité.
[…]
Il semblait avoir un esprit très éclairé
et prudent, et à l’inverse de ses
collègues il s’abstint de toute
déclaration. Il s’appelait Rampo et
était un des rares fonctionnaires-moines
d’origine noble. Le développement de la
situation générale devait lui causer de
nombreuses préoccupations secrètes parce
qu’il s’intéressa beaucoup à nos
opinions sur la politique soviétique.
Dans les antiques écritures, nous
dit-il, on lisait une prophétie : une
grande puissance du Nord portera la
guerre au Tibet, détruira la religion et
imposera son hégémonie au monde
» (Fr 53, 125) ; tout le paragraphe a
disparu en 83.
Et dans tout le récit le
dalaï-lama
a gagné un trait d’union et, preuve de
sa démocratisation, perdu ses majuscules
des années 50.
Le bouquiniste perspicace chez
qui j’avais fini par trouver cette
première édition, avait remarqué que la
première page ne mentionne pas à partir
de quelle langue a été faite la
« traduction d’Henri Daussy ». Or
j’avais appris par D. Losurdo que le
traducteur anglais de
La non-violence
avait lui aussi été confronté à des
lacunes en consultant la version
anglaise,
Seven years in Tibet.
Ce qui faisait surgir une nouvelle
question (et recherche d’un exemplaire
de l’édition anglaise) : de quel texte
avait été traduite la version française,
l’original allemand ou l’anglais ?
Autrement dit : qui était intervenu sur
le texte de Harrer : les Anglais ou les
Français ?
Les deux. Mais pas dans les mêmes
passages ni surtout dans les mêmes
proportions ;
sauf dans un cas (infra), les
modifications que j’avais recensées ne
pouvaient pas être imputées à la version
anglaise. Qui cependant apportait, elle
aussi quelques surprises, au-delà des
extraits qui me servaient de jalons…
Le texte original (et la version
italienne) indique qu’en janvier 1946,
les deux alpinistes trouvent des
journaux, chez un de leurs hôtes, où ils
voient des « photos
[montrant]
des prisonniers de guerre allemands
employés à des travaux forcés en
Angleterre et en France »
(It 126). Plus loin, Harrer écrit : «en
notre for intérieur nous nous étions
résignés à devoir partir au plus tôt
pour l’Inde, où nos compagnons
[prisonniers allemands]
étaient encore derrière les barbelés,
bien qu’on fût désormais en avril 1946 »
(It 172). Ces propos de l’ex-prisonnier
autrichien, peu fair-play en 1952 à
l’égard des ex ennemis avec lesquels on
est maintenant réconcilié, sont absents
de la version anglaise (An 118 et 155).
Et si l’on va voir dans la version
française, on constate que la deuxième
phrase n’y est pas non plus ; ni une
autre sur la légation britannique
(Richardson) convaincue de l’« innocuité »
des deux évadés allemands (It 173,
lacune Fr 163). Par contre, l’admiration
enthousiaste d’un général tibétain pour
Rommel a été conservée chez les Anglais
et les Italiens (An 120, It 128), sans
rancune. Pas chez les Français. La
sélection du censeur a ses nuances,
diplomatiques ; ou bien, là aussi, tout
simplement ses ratés.
L’édition anglaise de 56 est
augmentée à la fin d’une très courte
note de Harrer évoquant « Bob Ford »
qu’il vient de revoir lors d’un voyage à
Londres : qui était Robert Ford ? « Envoyé
au Tibet par Reginald Fox comme
opérateur radio sans fil à Chamdo pour
le Gouvernement Tibétain »,
« arrêté
[dans sa fuite avec les autorités
tibétaines]
par les Chinois envahisseurs,
accusé d’espionnage et autres "crimes"
[sic],
Bob est emprisonné pendant 5 ans, et
soumis au terrible traitement connu
comme "lavage de cerveau" »
(An 267).
Ces quelques lignes ramènent
l’attention sur un personnage dont il
avait été assez peu question dans le
récit, et, du coup, sur d’autres
interventions dans le
texte français. Revenons donc à
« Bob ». Dans un premier passage,
l’opérateur radio est présenté de façon
uniforme dans toutes les versions que
j’ai consultées : il opérait dans une
des stations émettrices installées par
Fox
« destinées
à donner l’alarme en cas d’invasion »
chinoise. Mais l’auteur s’en souvient
surtout « comme
d’un danseur particulièrement brillant »
qui « le
premier initia la jeunesse de la
capitale
[Lhassa]
à la pratique de la samba »(Fr
194, An 189, It 215) : normal quand on
fait de la radio. « Quelques
jours après son arrivée à Lhassa, Ford
partit rejoindre
son poste solitaire à des centaines de
kilomètres de la ville sainte d’où il
établit le contact avec Fox
[…]
Les amateurs sans-filistes du monde
entier cherchèrent à entrer en
communication avec les deux opérateurs »
; et
« malheureusement pour Ford, les notes
d’écoute qu’il prit à cette époque lui
furent fatales : lors de l’arrivée des
troupes chinoises, accusé d’espionnage,
on le traîna
[sic]
devant un tribunal. Condamné à la prison
à vie sous prétexte d’avoir empoisonné
un lama
Fox
croupit dans une geôle communiste
» (Fr 194). Deux particularités sont à
souligner dans le texte français :
l’indication de la durée de la peine et
l’erreur, présente dès 53 et non
corrigée ensuite, sur l’identité du
prisonnier : celui qui
croupit etc.
est bien Ford, et pas son patron, Fox,
travaillant -officiellement- pour le
gouvernement tibétain. Tout le monde
peut se tromper[3]
; et on n’est pas (encore) dans un roman
d’espionnage, mais dans un livre
d’aventures.
A cet endroit-là (An 189) la version
anglaise (de 56) ne donne pas de détail
sur la condamnation de Ford, et renvoie
à la « note de l’auteur p. 267 ». Mais,
dans son récit en 1952, Harrer reparle
brièvement de l’opérateur radio quelques
dizaines de pages plus loin, dans les
Préparatifs de départ
des autorités tibétaines en octobre 1950
(Fr 274, An 253, It 301). Et là on en
apprend un peu plus sur les
circonstances et les motifs de
l’arrestation de Ford : « Le
gouverneur du Tibet oriental demande par
TSF l’autorisation de déposer les armes
[…]
l’assemblée nationale
[tibétaine]
refuse. Après avoir fait sauter les
dépôts de munitions, le gouverneur
s’enfuit en compagnie de l’opérateur
radio, Robert Ford ; le surlendemain,
des unités chinoises leur coupent la
route et les font prisonniers ».
Ici, c’est bien
« l’infortuné Ford
[qui]
croupit encore dans les geôles
communistes »
(Fr 274) : le correcteur (du censeur
français) avait eu un moment de
distraction à la page 194.
C’est bien parce que la condamnation
était de 5 ans de prison, et non « à
vie », que le brillant danseur - et
amateur de feux d’artifice pour saluer
l’arrivée des troupes chinoises- avait
pu retrouver Harrer à Londres en 56.
Signalons quand même à propos de la
condamnation de « Bob » « sous
prétexte d’avoir empoisonné un lama »
que le lama empoisonné était rien moins
que l’abbé d’un des plus grands
monastères tibétains, « envoyé
spécial du gouvernement chinois chargé
de transmettre au gouvernement tibétain
à Lhassa des propositions en vue de
négociations de paix »[4]…
Après sa libération, Robert Ford était
aller danser sous d’autres latitudes
(notamment au Vietnam) pour le compte
des Affaires étrangères britanniques. A
son retour en Angleterre, grâce à son
cerveau tout propre, lui aussi écrit un
livre -sur le
Tibet rouge,
immédiatement traduit en français- fait
des conférences, reçoit des décorations,
soutient le gouvernement tibétain en
exil, et fonde (1959) la
Tibet Society,
etc.. Si bien que « le
13 avril 2013, le
dalaï-lama
lui remet le
prix Lumière de la vérité».
Le réseau -sans fil- de Sa Sainteté
(avec Sa Majesté).
Cette note de quelques lignes
évoque seulement Robert Ford et celui
qui « l’avait
envoyé au Tibet, Reginald Fox »[5].
On est donc moins étonné que l’Introduction
anglaise du récit ait été écrite par un
baroudeur non alpiniste… mais
officier de services très particuliers
de Sa Majesté : Peter Fleming, mais oui,
«le frère
du romancier
Ian Fleming
qui
s'inspira de sa vie pour créer son
personnage de
James Bond»[6].
Le préfacier a été « agent
du MI6 dès 1935 », « puis officier des
Unités auxiliaires, les ancêtres des
unités de commandos
[…]
chargé en 1940 de créer le premier
centre d'entraînement d'unités de
guérilla
[…].
Il termine la guerre
[…]
à la tête du service d’Intoxication du
quartier général du commandement de
l'Asie du Sud-Est (SEAC) de l'amiral
Louis Mountbatten
[…].
Il reçoit le 14 mai 1948 la rosette de
l’Ordre du Nuage et de l’Étendard de la
Chine nationaliste».
Avec cette
Introduction
du tonton décoré de 007 et la Note
finale de
Herr
Harrer (comme l’appelle Fleming),
l’édition anglaise de
Sieben Jahre in Tibet
a donc le mérite d’attirer l’attention
du lecteur sur d’autres aspects du
fan-club de l’actuel Dalaï Lama. Ce
qu’on entrevoit ici, sous prétexte
d’aventures, ce sont des intérêts
politiques communs entre un ancien SS
autrichien et des instructeurs de
commandos et agents du renseignement
britanniques, en poste avant, pendant et
après la Deuxième guerre mondiale.
Actifs aussi comme écrivains et
conférenciers pendant la guerre froide,
et finissant leur carrière dans
l’exploitation des filons non-violence
et droits-de-l’homme. Dénominateur
commun dans le temps et dans l’espace :
la haine du communisme.
Du point de vue éditorial, quel
était le contexte de la publication ?
Depuis quelques années « l’Amazonie,
le Tibet et l’Afrique envahissent les
boutiques sous forme de livres de
voyage, comptes rendus d’expédition et
albums de photographies où le souci de
l’effet domine trop pour que le lecteur
puisse apprécier la valeur du témoignage
qu’il apporte. Loin que son esprit
critique s’éveille
[…] » écrivait C. Lévi-Strauss en 1955.
Avec
Sieben Jahre in Tibet,
on est loin, pas que géographiquement,
des
Tristes Tropiques.
Personne ici n’a prévenu dès les
premiers mots : « Je
hais les voyages et les explorateurs ».
Au contraire. Et on aura du mal à
trouver une « sorte
de honte et de dégoût »
qui
« empêche »[7]
d’écrire, de préfacer et de diffuser ce
récit prétendument d’aventures ; puis,
dans la foulée, d’un pays à un autre, de
faire des traductions contribuant à
limiter encore le risque d’éveiller
l’esprit critique du lecteur.
Pour
conclure.
Les modifications rapportées dans ces
lignes concernent surtout les extraits
de
Sept années d’aventure au Tibet
cités par Losurdo dans son ouvrage
La non-violence. Une histoire
démystifiée
; le panorama plus large des
interventions censoriales que j’ai
entrevues est époustouflant. Et n’est
exposé ici qu’un petit échantillon -
donc partiellement significatif- de ces
découvertes : parfois, à première vue,
inattendues dans la logique apparente de
la réécriture. Comme l’élimination de
passages où Harrer laisse échapper son
effarement devant certains aspects,
impitoyables, de la société lamaïste ;
conserver ces remarques aurait pourtant
rendu l’ancien nazi plus conforme à la
régénération annoncée dans l’Avertissement
et à la défense des peuples opprimés.
Mais le Tibet lamaïste plus difficile à
vendre comme paradis.
En passant par l’édition
apparemment anodine du livre de
montagne, de voyage ou d’aventures, la
publication ciblait un lectorat large,
et les propagandistes n’ont eu aucune
retenue dans leur besogne. Mais, de ce
fait, quand on se penche sur les
catégories et les mécanismes utilisés
dans la manipulation, les objectifs qui
la dirigent se révèlent plus facilement.
Puisque, tels des lapsus, ce sont
justement les infidélités qui attirent
l’attention sur une continuité et une
cohérence non pas littérales mais
politiques de la démarche, d’une version
à une autre et d’une guerre à une autre.
De la défaite du Troisième Reich
à la guerre froide, puis à
l’instrumentalisation des droits de
l’homme et de la non-violence dans
l’assaut occidental contre la Chine
communiste. Sa Sainteté en tête du
cortège, escorté maintenant, à la place
des commandos suicides, par la tromperie
éditoriale.
Marie-Ange Patrizio,
Traductrice, 9 avril 2015
Bibliographie
Harrer, Heinrich
Sieben Jahre in Tibet
(1952),
Ullstein, Berlin (22ème réédition,
2013).
7 ans d’aventures au
Tibet,
traduction de Daniel Daussy, 1953,
Editions Arthaud, Paris. Puis 1983, avec
une
Préface de l’éditeur
; 3ème réédition, 2008, en référence
pour cet article.
Seven years in Tibet
(1953), traduit de l’allemand par
Richard Graves, Editions Rupert
Hart-Davis, Londres. Avec une
Introduction
de Peter Fleming en 1956 pour Pan Books,
Londres, pour la version de référence
dans cet article.
7 anni nel Tibet
(1997), traduction de Guido Gentili pour
Mondadori, Milan.
Puis collection
Oscar
Mondadori, 14ème
réédition, 2007, pour la version de
référence dans cet article.
Lévi-Strauss, Claude (1955),
Tristes Tropiques,
Editions Plon (1993), Paris.
Losurdo, Domenico
La non-violenza. Una storia fuori dal
mito,
(2010)
Editions Laterza, Rome-Bari.
La non-violence. Une histoire
démystifiée
(2014), traduction de l’italien par
Marie-Ange Patrizio, Editions Delga,
Paris.
[1]
Les extraits signalés
ici seront référencés
Fr. pour la réédition
2008 de la version Arthaud 1983,
sur laquelle j’ai
travaillé ;
Al, pour l’original,
It pour la version italienne qui
a servi de base
à
ma traduction, et An pour la
version anglaise ;
Fr 1953 pour la première
édition
Arthaud, découverte
à
la fin de mon investigation. Les
mots
« confident
et professeur »
sont extraits de la 4ème
de couverture de la version 83 d’Arthaud.
[3]
Autre erreur -faux-sens ou
manipulation ?- un peu plus loin
: Harrer raconte que les Tibétains
les prennent parfois,
Aufschnaiter et lui, pour des
Kazakhs, dont
certains ont, comme les deux
Autrichiens,
« le
teint et les yeux clairs et
portent la barbe ». Ces
Kazakhs auraient « émigré
à
la bâte
d’Union
Soviétique
pendant la guerre, avec leurs
troupeaux et leurs familles »
(It 119). Chez Daussy, les
Kazakhs sont devenus des
« Cosaques,
originaires du Turkestan russe réfugiés
par milliers sur le Toit du
monde avec leur troupeaux (…)
Leur séjour
en territoire tibétain
fut
marqué
par des pillages et des
incidents sans nombre»
(Fr 106). Au choix : des Kazakhs
au teint clair, ou bien des
Cosaques -pillards- poussant
leurs chèvres
ou leurs moutons depuis les
steppes de l’Asie
Centrale…Dans
les deux cas fuyant
évidemment
devant l’Armée
rouge.
[7]
Lévi-Strauss
C. (1955),
Tristes Tropiques
Plon 1993, Paris, p. 13-14.
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