La Plume à gratter
Genève II : la carpette sud-coréenne
s’est pris les pieds dans le tapis
persan… et l’ONU se retrouve
complètement à poil
Marc Leroy
Vendredi 24 janvier 2014
Au moins, désormais, les choses
devraient être définitivement claires
pour les derniers ravis de la crèche qui
n’avaient pas encore compris que l’ONU
et la plus que fumeuse « communauté
internationale » n’étaient que les
faux-nez à peine maquillés de
l’hégémonisme occidental, pour ne pas
dire de l’impérialisme
américano-israélien.
Car si le dernier et pathétique
épisode mettant en vedette l’inénarrable
Ban Ki-Moon, son actuel secrétaire
général (depuis 2007), quelques jours à
peine avant le début de la conférence de
paix Genève II censée chercher des
solutions à la tragédie syrienne n’a pas
ouvert les yeux des naïfs qui croyaient
encore au sérieux et à l’impartialité du
machin et de l’homme qui est censé
l’incarner, plus rien ne le fera.
Certes, celui qui avant même sa prise
de fonction onusienne avait déjà été
baptisé l’« anguille glissante »
par la presse sud-coréenne pour son
aptitude à répondre à côté de la plaque
ou carrément à éluder les questions qui
dérangent, avait maintes fois déjà au
cours de sa longue carrière de diplomate
apporté les preuves de son allégeance
constante et totale aux intérêts
états-uniens…
- En tant que directeur de cabinet de
Han Seung-soo, ancien président de
l’Assemblée générale des Nations-Unies
(2001-2002), il avait ainsi été le
principal artisan de l’adoption par
l’ONU de la fameuse résolution
condamnant les attentats du 11 septembre
2001, résolution ouvrant toute grande la
porte aux opérations militaires et
impériales américaines présentées comme
« anti-terroristes » en Afghanistan,
puis en Irak, opérations dont tout le
monde sait aujourd’hui les conséquences
cataclysmiques qu’elles ont engendrées
pour les pays concernés, ainsi que pour
nombre de ceux qui les entourent.
- Comme Ministre des Affaires
étrangères (2004-2006) de la Corée du
Sud, indéfectible allié pour ne pas dire
vassal des USA en Asie (les USA y
disposent de pas moins de
dix bases militaires), il avait
également su être constamment très
conciliant avec les intérêts
nord-américains.
- Ouvertement soutenu par l’oncle Sam
et nommé par acclamations en janvier
2007 secrétaire général des
Nations-Unies en succession d’une autre
marionnette (Kofi Annan), il avait dès
le premier jour de sa prise de fonction
semé le trouble dans la « communauté
internationale » en adoptant une
position plus que nuancée concernant la
sordide exécution télévisée après un
simulacre de justice de l’ancien
dirigeant irakien Saddam Hussein : alors
même que la peine de mort était
jusqu’alors systématiquement condamnée
par l’ONU « même dans les cas de
crimes de guerre, contre l’humanité ou
de génocide », Ban Ki-moon avait
botté en touche, se contentant d’un
sibyllin : « la question de la peine
capitale reste la décision de chacun des
pays membres », rompant ainsi
radicalement avec la position
traditionnelle de l’organisation
internationale. Une sortie qui lui avait
immédiatement valu d’être qualifié d’ « homme
des américains » par nombre de
représentants de ces mêmes pays membres.
Un surnom qui ne l’a d’ailleurs plus
quitté depuis. Et ce n’est bien-sûr pas
sa complaisance gênée et sans cesse
renouvelée envers Israël, et face aux
violations répétées des résolutions
onusiennes et du Droit International
perpétrées par l’état hébreux, qui
risqueraient de modifier aux yeux d’une
grande partie du monde le portrait fort
peu flatteur de cet homme de paille
constamment au service de l’empire du
bien américain.
Le dernier épisode de la tragédie
syrienne vient donc d’en apporter une
nouvelle -et consternante- preuve : Ban
Ki-Moon n’est pas l’ambassadeur de bonne
volonté d’un monde multipolaire qui
cherche à s’investir dans la résolution
de la crise qui ensanglante la Syrie et
déstabilise tout le Moyen-Orient : il
est le porteur d’eau servile d’un axe
composé principalement des Etats-Unis,
d’Israël, de la Turquie et de l’Arabie
Saoudite. Sans oublier quelques caniches
plus ou moins dociles (la Grande
Bretagne) quand ce n’est pas serviles
(la France, depuis l’élection en 2007 de
Nicolas Sarkozy à la présidence de la
république, et en rupture totale de sa
traditionnelle indépendance en matière
de politique étrangère). Une position de
larbin servile illustrée aujourd’hui en
Hollandie et jusqu’à l’extravagance par
les rodomontades pathétiques et sans
cesse répétées de l’invraisemblable
Laurent Fabius.
Plus de trente pays (parmi lesquels
quelques uns d’ailleurs fort
improbables, comme la Belgique) devaient
être officiellement représentés à Genève
II. Devant l’insistance de la Russie, et
dans ce que l’on pouvait alors prendre
pour un soudain éclair de lucidité et un
vrai désir d’avancer vers une possible
résolution de la crise syrienne, Ban Ki-Moon
avait donc dans un premier temps invité
l’Iran de Rohani à y participer. Ce qui
pour tout observateur un tant soit peu
averti était bien la moindre des
choses : lorsque l’on prétend tenir une
conférence de paix qui invite par
ailleurs à sa table tous les états qui
depuis deux ans jettent continuellement
de l’huile sur le feu syrien (USA,
Arabie Saoudite, Turquie, France) à
grands coups de déclarations
incendiaires, de désinformation pour ne
pas dire de propagande quand ce n’est
pas carrément à grand renfort de
barbouzeries, d’opérations sous faux
drapeau ou distributions d’armes en tous
genres, le moins que l’on puisse faire
pour prouver sa bonne foi est d’inviter
aussi tous les états de la région
directement impactés ou plus ou moins
ouvertement impliqués dans les
évènements qui ensanglantent la Syrie.
De ce point de vue, la présence de
l’Iran, puissance totalement
incontournable de la région, soutien
jusqu’à présent indéfectible du régime
de Damas à la table des négociations
semblait devoir aller de soi, car
l’absence d’un des acteurs majeurs,
essentiels de la crise eût été en effet
totalement rédhibitoire pour entretenir
un espoir même très faible de progrès,
et en réalité totalement irresponsable,
carrément grotesque pour une conférence
prétendant vouloir avancer sur le chemin
de la paix… voire !
Car c’était -on le sait à présent-
compter sans les Etats-Unis, la Turquie
et sans doute plus encore l’Arabie
Saoudite. Ces trois pays et la fantoche
opposition syrienne (et sans même
évoquer Israël en coulisses) jugeant
plus ou moins ouvertement la présence de
l’Iran totalement inopportune, Ban Ki-Moon,
une fois de plus aux ordres de son
maître, a donc immédiatement et
piteusement fait machine arrière dans
les vingt-quatre heures, retirant son
invitation à la délégation iranienne, se
ridiculisant encore un peu plus et
torpillant du même coup et avant même
qu’elle ait seulement commencé une
conférence de paix, qui a donc, comme
aurait dit Coluche, déjà fait « prout »…
On peut évidemment avoir envie de
pleurer devant une telle constatation,
mais au moins, désormais, pour tout
observateur un peu lucide, les choses
sont définitivement claires : Ban Ki-Moon
est un laquais, les Nations-Unies une
gigantesque arnaque, et la conférence de
Genève II une sinistre farce. Pendant ce
temps, après l’Afghanistan, après
l’Irak, après la Libye, par la
volonté impériale de l’oncle Sam et de
ses sbires, entre un régime autoritaire
qui refuse de céder aux diktats
occidentaux et des djihadistes
fanatiques qui massacrent à tout va, la
Syrie se disloque, et les Syriens
meurent… Oui, avoir envie de pleurer…
tout de même…
Marc LEROY
– La Plume à Gratter
Publié le 25
janvier 2014 - Source :
La Plume à Gratter
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