L'art de la guerre
Le nouveau Gladio en Ukraine
Manlio Dinucci
Mardi 18 mars 2014
Son nom de guerre est Delta. C’est un
des chefs militaires de la « révolution
ukrainienne » même si, comme il le
déclare lui-même, il ne se considère pas
comme Ukrainien. Sous le casque il porte
la kippa. C’est l’agence de presse juive
Jta (dont le siège est à New York) qui
en raconte l’histoire, après l’avoir
interviewé de façon anonyme, en le
photographiant en tenue de camouflage et
gilet pare-balle, le visage couvert par
des lunettes et une écharpe noires.
Delta est un vétéran de l’armée
israélienne, qui s’est spécialisé en
combat urbain dans la brigade
d’infanterie Givati, utilisée dans
l’opération Plomb Durci et dans d’autres
actions contre Gaza, notamment le
massacre de civils dans le quartier Tel
el-Hawa. Rentré en Ukraine il y a
quelques années en habits d’homme
d’affaires, il a formé et entraîné avec
d’autres ex militaires israéliens le
peloton « Casques bleus de Maïdan », en
appliquant à Kiev les techniques de
combat urbain expérimentées à Gaza. Son
peloton, déclare-t-il à
la Jta, est aux ordres
de Svoboda, autrement dit d’un parti qui
derrière sa nouvelle façade conserve sa
matrice néonazie. Pour tranquilliser
justement les juifs ukrainiens qui se
sentent menacés par les néonazis, Delta
souligne que l’accusation
d’antisémitisme à l’égard de Svoboda est
une « connerie ». La présence en Ukraine
de spécialistes militaires israéliens
est confirmée par l’information,
diffusée par la Jta et d’autres agences juives,
que plusieurs blessés dans les
affrontements avec la police à Kiev ont
immédiatement été transportés dans des
hôpitaux israéliens, évidemment pour
empêcher que quelqu’un ne révélât
d’autres vérités incommodes. Comme celle
sur les gens qui ont entraîné et armé
les snipers qui, avec les mêmes fusils
de précision, ont tiré, place Maïdan, à
la fois sur les manifestants et sur les
policiers (presque tous touchés à la
tête). Ces faits apportent une nouvelle
lumière sur la façon dont a été préparé
et mis en œuvre le coup d’Etat de Kiev.
Sous direction USA/OTAN, à travers
la Cia et d’autres
services secrets, ont été pendant des
années recrutés, financés, entraînés et
armés les militants néonazis qui à Kiev
ont donné l’assaut aux palais
gouvernementaux, et qui ont ensuite été
institutionnalisés comme « garde
nationale ». Une documentation
photographique, qui circule ces
jours-ci, montre de jeunes militants
néonazis ukrainiens de Uno-Unso
entraînés en 2006 en Estonie par des
instructeurs OTAN, qui leur enseignent
des techniques de combat urbain et
d’utilisation d’explosifs pour des
sabotages et des attentats. L’OTAN fit
la même chose pendant la guerre froide
pour former la structure paramilitaire
secrète de type « stay-behind », avec le
nom de code « Gladio ». Active aussi en
Italie où, à Camp Darby (base
étasunienne à côté de Pise) et dans
d’autres bases, furent entraînés des
groupes néofascistes en les préparant à
des attentats et à un éventuel coup
d’Etat. Une structure paramilitaire
analogue a été créée et employée
aujourd’hui en Ukraine, en se servant
aussi de spécialistes israéliens.
Le coup d’Etat n’aurait cependant
pas pu réussir si l’OTAN ne s’était
attachée une grande partie des sommets
de la hiérarchie militaire ukrainienne,
en les formant pendant des années au
NATO Defense College et dans des
« opérations pour la paix » sous
conduite OTAN. Et il n’est pas difficile
d’imaginer que, sous le réseau officiel,
ait été construit un réseau secret. Les
forces armées ukrainiennes ont ainsi
obéi à l’ordre de l’OTAN de « rester
neutres », pendant que le coup d’Etat
était en cours. Ensuite, leur direction
a été prise par Andriy Parubiy,
co-fondateur du parti socialnationaliste
renommé Svoboda, devenu secrétaire du
Comité de défense nationale, et, en
habits de ministre de la défense, par
Igor Tenjukh, lié à Svoboda.
A coup sûr est déjà en oeuvre
l’épuration (ou élimination) des
officiers jugés non fiables. Tandis que
l’OTAN, qui a déjà de fait annexé
l’Ukraine, déclare le référendum en
Crimée « illégal et illégitime ».
Edition de mardi 18 mars 2014 de
il manifesto
http://ilmanifesto.it/la-nuova-gladio-in-ucraina/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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