L'art de la guerre
Otan, le tabou de la gauche
Manlio Dinucci
Mardi 10 novembre 2015
Bombarder – a
déclaré la ministre de la Défense
Pinotti (Pd)- « ne doit
pas être un tabou ». Ainsi tombe en
Italie et Europe le tabou de la guerre
et, avec lui, celui du nazisme aussi. A
Kiev, rapporte l’Ansa dans un document
reportage (4 novembre), arrivent chaque
semaine de la moitié de l’Europe (Italie
comprise) et des USA des dizaines de
« professionnels de la guerre » recrutés
surtout par Pravy Sektor et par le
bataillon Azov, d’empreinte clairement
nazie. Les bataillons néonazis font
partie de
la Garde nationale,
entraînée par des instructeurs
étasuniens et britanniques Dans ce cadre
se trouvent entraînés et armés aussi les
étrangers, envoyés ensuite combattre au
Donbass contre les Russes d’Ukraine. A
leur retour dans leur patrie, leur est
fourni « le passeport ukrainien,
une sorte de laissez-passer qui peut
servir dans le monde entier ». Le cadre
est clair. L’Ukraine de Kiev, de fait
déjà dans l’Otan sous commandement
étasunien, est devenue le « sanctuaire »
du nazisme résurgent au cœur de
l’Europe. Le régime de Kiev a mis hors
la loi non seulement le Parti communiste
mais le communisme en tant que tel, dont
la profession est considérée comme un
délit. Il a transformé l’Ukraine en
centre de recrutement de néonazis
provenant de pays européens et
extra-européens, de fait sélectionnés,
entraînés et armés par l’Otan. Après
avoir été mis à l’épreuve dans des
actions militaires réelles dans le
Donbass, on les fait rentrer avec le
« laissez-passer » du passeport
ukrainien dans leurs pays, Italie
comprise. Là les plus méritants entrent
dans le nouveau Gladio, prêt, si
nécessaire, à provoquer d’autres
« places Maïdan » (ou pire) en Europe.
Le tout avec la connivence des gouvernements européens. A ceux qui
considèrent ce scénario comme « complotiste »,
nous conseillons de visionner
l’intervention de Ferdinando Imposimato,
Président honoraire de la Cour Suprême de
Cassation, à
la Conférence
internationale organisée à Rome le 26
octobre par le Comité No Guerra No Nato.
Il affirme : « dans les enquêtes que
j’ai faites sur les massacres, de celui
de Piazza Fontana à ceux de Capaci et de
Via d’Amelio, il a été asserté que
l’explosif utilisé venait des bases
Otan ». C’est là que « se réunissaient
des membres du terrorisme noir, des
officiers de l’Otan, des mafieux, des
hommes politiques italiens et des
francs-maçons, à la veille des
attentats. Et cela arrive à partir du
début des années Soixante sans
interruption ».
Dans une telle situation, dans la gauche italienne et européenne le tabou
de l’Otan continue par contre à dominer.
En Italie aucun parti de l’opposition
parlementaire n’a dans son programme la
sortie de l’Otan. En Grèce Syriza a de
fait effacé de son programme l’objectif
de « fermer toutes les bases étrangères
en Grèce et sortir de l’Otan », comme
celui d’ « abolir les accords de
coopération militaire avec Israël », qui
ont au contraire été renforcés par celui
souscrit en juillet dernier par Panos
Kammenos, fondateur du parti de droite
Anel, auquel le gouvernement Tsipras a
confié le ministère de la défense.
Pareil en Espagne, où Podemos, qui avait
dans son programme un référendum sur la
sortie de l’Espagne hors de l’Otan, l’a
redimensionné en mettant dans son
programme pour les élections du 20
décembre l’objectif d’une « plus grande
autonomie stratégique d’Espagne et
d’Europe au sein de l’Otan ». Sergio
Pascual, dirigeant et candidat de
Podemos à Séville, déclare que,
concernant les bases étasuniennes en
Espagne, « nous respecterons jusqu’à la
dernière virgule les accords souscrits
par notre pays ». Le général Julio
Rodriguez, candidat de Podemos comme
futur ministre de la défense, réaffirme
que « l’Otan est nécessaire ». Comme
elle l’était en 2011 quand
Rodriguez, ancien chef d’état-major,
collaborait, en tant que chef de la
mission espagnole dans l’Otan, au
bombardement de la Libye.
Edition de
mardi 10 novembre 2015 de il
manifesto
http://ilmanifesto.info/nato-il-tabu-della-sinistra/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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