L'art de la guerre
Washington, la raison de la force
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 5 février 2019
Il y a deux
semaines Washington a couronné président
du Venezuela Juan Guaidó, bien que
celui-ci n’ait même pas participé aux
élections présidentielles, et a déclaré
illégitime le président Maduro,
régulièrement élu, en pré-annonçant sa
déportation à Guantanamo.
La
semaine dernière Washington a annoncé la
suspension du Traité FNI, en en
attribuant la responsabilité à la
Russie, et a ainsi ouvert une phase
encore plus dangereuse de la course aux
armements nucléaires.
Cette semaine Washington accomplit un nouveau pas : demain 6 février,
l’Otan sous commandement USA s’élargit
ultérieurement, avec la signature du
protocole d’adhésion de la Macédoine du
Nord comme 30ème membre.
Nous ne savons pas quel autre pas fera
Washington la semaine prochaine, mais
nous savons quelle est la direction :
une succession de plus en plus rapide
d’actes de force par lesquels les USA et
les autres puissances de l’Occident
essaient de garder la prédominance
unipolaire dans un monde qui est en
train de devenir multipolaire.
Cette stratégie -expression non pas de force mais de faiblesse, non
moins dangereuse cependant- piétine les
plus élémentaires règles du droit
international. Le cas emblématique est
l’adoption de nouvelles sanctions contre
le Venezuela, avec le “gel” de biens
pour 7 milliards de dollars appartenants
à la compagnie pétrolière d’État, dans
le but déclaré d’empêcher le Venezuela,
pays qui a les plus grandes réserves
pétrolifères du monde, d’exporter du
pétrole.
Le
Venezuela, en plus d’être un des sept
pays du monde à avoir des réserves de
coltan, est aussi riche en or, dont les
réserves sont estimées à plus de 15
mille tonnes, utilisé par l’État pour se
procurer des devises fortes et acheter
des médicaments, produits alimentaires
et autres denrées de première nécessité.
Pour cela le Département du Trésor USA,
de concert avec les ministres des
Finances et les gouverneurs des Banques
Centrales d’Union européenne et Japon, a
mené une opération secrète
d’”expropriation internationale”
(documentée par le quotidien Il Sole
24 Ore). Il a séquestré 31 tonnes de
lingots d’or appartenant à l’État
vénézuélien : 14 tonnes déposées auprès
de la Banque d’Angleterre, plus 17
autres transférées à cette banque par
l’allemande Deutsche Bank qui les avait
eues en gage d’une garantie de prêt,
totalement remboursé par le Venezuela en
devise forte. Une véritable rapine, dans
le style de celle qui en 2011 a conduit
au “gel” de 150 milliards de dollars de
fonds souverains libyens (désormais en
grande partie disparus) : avec la
différence que le vol de l’or
vénézuélien a été mené secrètement.
Le but
est le même : étrangler économiquement
l’État-cible pour en accélérer le
collapsus, en fomentant l’opposition
interne, et, si cela ne suffit pas,
l’attaquer militairement de l’extérieur.
Avec le même mépris des plus
élémentaires règles de conduite dans les
rapports internationaux, les États-Unis
et leurs alliés accusent la Russie de
violer le Traité FNI, sans apporter
aucune preuve, tandis qu’ils ignorent
les photos satellite diffusées par
Moscou : celles-ci prouvent que les
États-Unis avaient commencé à préparer
la production de missiles nucléaires
interdits par le Traité, dans un site de
Raytheon, deux ans avant qu’ils
n’accusent la Russie de violer le
Traité.
Concernant enfin le prochain
élargissement de l’Otan, qui sera signé
demain, on rappellera qu’en 1990, à la
veille de la dissolution du Pacte de
Varsovie, le Secrétaire d’état USA James
Baker assurait au Président de l’URSS
Mikhail Gorbachev que “l’Otan ne
s’étendra pas d’un seul pouce à l’Est”.
En vingt années, après avoir démoli par
la guerre la Fédération Yougoslave,
l’Otan s’est agrandie de 16 à 30 pays,
en s’étendant de plus en plus à l’Est
vers la Russie.
Édition de mardi 5 février 2019 de il
manifesto
https://ilmanifesto.it/washington-la-ragione-della-forza/
Traduit de
l’italien par M-A P.
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