LUC MICHEL’S
GEOPOLITICAL DAILY
Le soi-disant ʽrapprochement russo-turcʼ
(I) :
comment la question de Crimée
oppose Erdogan et Moscou
Luc Michel
Vendredi 27 octobre 2017
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Flash géopolitique – Geopolitical Daily/
2017 10 27/
Erdogan : « la Crimée n’est pas russe
(…)
«Nous n'avons pas reconnu et ne
reconnaîtrons pas l'annexion illégale de
la Crimée »
Certains analystes,
qui pratiquent la « géopolitique de
l’émotion » (qui est tout sauf de la
Géopolitique), croient à chacune des
gesticulations opportunistes d’Erdogan à
un « tournant géopolitique » (sic) ou
encore à une « Turquie s’éloignant de
l’OTAN ou des USA » (resic).
* Lire sur EODE
THINK TANK/
GEOPOLITIQUE/ QUEL SOI-DISANT
‘RAPPROCHEMENT TURCO-RUSSE’ ? ERDOGAN
REUSSIT SON COUP DE POKER OPPORTUNISTE !
sur
http://www.lucmichel.net/2016/08/24/eode-think-tank-geopolitique-quel-soi-disant-rapprochement-turco-russe-erdogan-reussit-son-coup-de-poker-opportuniste/
Mais ces illusions
sont confrontées à la triple réalité
géopolitique qui oppose et opposera
Ankara à Moscou :
* La nature
idéologique du projet « néo-Ottoman »
d’Erdogan, islamisme radical (version
turque des Frères musulmans) appuyant
une vision de reconstruction de l’Empire
ottoman et du Sultanat, qui ne peut que
s’opposer au projet moscovite, notamment
sur le contrôle de la Mer noire ou du
Caucase ;
* Le « grand jeu »
d’Erdogan en Syrie, clé de ce même
projet, lié aussi à une volonté
géostratégique de résoudre la question
kurde en empêchant tout Kurdistan,
indépendant ou autonome ;
* Les
influences du « Pantouranisme », à la
sauce AKP, qui n’est pas un « Eurasisme
turc » (comme voudraient le croire les
néoeurasistes de droite russe) mais,
depuis l’aventure de Pacha lors de
l’effondrement de l’Empire tsariste, une
vision géopolitique profondément opposée
au Néoeurasisme dans les Balkans, au
Caucase et en Asie mineure .
ERDOGAN AVEC LES
TARTARES DE CRIMEE CONTRE LA RUSSIE
A cela s’ajoute,
directement issue de l’idéologie
néo-ottomane, la protection qu’Erdogan
entend assurer aux Tartares de Crimée.
Et qui a conduit à tracer une ligne
rouge entre Ankara et Moscou à propos
précisément de la Question de Crimée …
Retour sur la
voyage du « nouveau sultan » Erdogan en
Ukraine ! Le président turc y a annoncé
depuis Kiev le 10 octobre 2017 dernier «
qu’Ankara ne reconnaissait pas le
rattachement de la Crimée à la Russie ».
Le journal Nezavisimaya Gazeta écrit
dans un article détaillé : « Le
président turc, Recep Tayyip Erdogan, a
déclaré lors d’une conférence de presse
conjointe avec son homologue ukrainien,
Petro Porochenko, à Kiev qu’Ankara
soutenait l’indépendance et l’intégrité
territoriale de l’Ukraine et qu’elle ne
reconnaît pas le rattachement de la
Crimée à la Russie. »
Erdogan a par
ailleurs indiqué « être arrivé à un
accord sécuritaire avec son homologue
ukrainien au sujet de la mer Noire ».
Les deux présidents ont par ailleurs
signé plusieurs textes allant dans le
sens d’un développement de leurs
relations bilatérales.
Or, cette prise de
position de la Turquie en faveur du
gouvernement ukrainien, qui vient d’être
annoncée, n’a pas beaucoup plu aux
autorités russes. Un sénateur russe,
Alexei Pochkov, vient ainsi d’annoncer :
« La situation de la péninsule coréenne
ne changera en rien et cela importe peu
que le président turc reconnaisse ou non
le rattachement de la Crimée à la Russie
».
Les deux chefs
d’État s’étaient rencontrés il y a six
semaines en marge de l’Assemblée
générale de l’ONU à New York, où Erdogan
avait eu aussi un entretien avec
Porochenko après sa rencontre avec
Erdogan.
En réalité, Ankara
a toujours essayé jusqu’à ce jour de
poursuivre une politique opportuniste et
équilibriste face à Moscou et à Kiev, en
particulier depuis que les relations de
la Turquie avec Washington et l’Union
européenne se sont dégradées.
L’IMPORTANCE DES
RELATIONS ECONOMIQUES
TURCO-UKRAINIENNES.
Erdogan est aussi
un grand stratège économique, basant le
succès de son régime sur ses
réalisations économiques.
Il y a eu des dossiers complexes
au menu des discussions Erdogan-Porochenko,
dont la mise en place d’une zone de
libre-échange entre les deux pays ainsi
que la perspective de la création d’un
gazoduc.
Selon les experts
ukrainiens, « les coopérations
économiques entre les deux pays se
développent actuellement à une grande
vitesse et la mise en place de la zone
de libre-échange envisagée depuis 2011 a
très peu avancé à ce jour ». Il faut
néanmoins préciser que cette question
est très importante pour les
responsables ukrainiens qui ont
désormais perdu le marché russe. Ces
derniers prétendent même que le niveau
des échanges entre la Turquie et
l’Ukraine a commencé à s’accroître cette
année après des années de baisse. Et
Erdogan a promis « d’élever le niveau
des échanges à 20 milliards de dollars
».
LA QUESTION DE LA
MINORITE TARTARE DE CRIMEE
Mais surtout c’est
parce qu’Ankara soutient les Tatares
turcophones de Crimée qu’il s’est opposé
au rattachement de la région à la Russie
et qu’il a défendu et qu’il défend
encore lors de toutes les négociations
l’indépendance et l’unité territoriale
de l’Ukraine.
Vladimir Vovlia, un
expert politique, a déclaré : « D’un
côté la Turquie n’a pas soutenu le
rattachement de la Crimée à la Russie et
de l’autre elle ne veut pas que l’on
impose des sanctions à Moscou. En
réalité, Ankara tente d’adopter une
politique équilibrée en ce qui concerne
la Russie et l’Ukraine pour mieux
préserver ses relations avec ces deux
pays. »
Lors de sa
rencontre à Kiev avec son homologue turc
Recep Tayyip Erdogan, le président
ukrainien Pedro Porochenko a proposé que
la Turquie rejoigne le « groupe d'amis
pour la dés-occupation de la Crimée ».
Erdogan a alors répondu que la Turquie
soutient toujours l'intégrité
territoriale de l'Ukraine et ne
reconnaîtra pas la réunification de la
Crimée avec la Russie. « Nous n'avons
pas reconnu et ne reconnaîtrons pas
l'annexion illégale de la Crimée », a
déclaré le Président turc Erdogan.
EXIGENCES TURQUES
ET ILLUSIONS RUSSES ?
« La relation entre
la Russie et la Turquie est très
versatile ces derniers temps »,
commentait un expert russe. Malgré les
déclarations régulières de Poutine et
Erdogan sur la nécessité de « renforcer
et d'élargir la coopération russo-turque
», Ankara a subitement fixé de nouvelles
règles d’importation des produits
agricoles russes en Turquie. Dorénavant,
pour pouvoir exporter leurs produits en
Turquie, les exportateurs russes devront
obtenir un permis spécial auprès de la
mission commerciale turque ou des
services diplomatiques. Bien qu'Ankara
le nie, les experts ont trouvé cela pour
répondre à la récente décision russe de
n'importer les légumes que de neuf
entreprises turques.
Pour couronner le
tout, le ministre des Affaires
étrangères turques, Mevlut Cavusoglu, a
déclaré le 9 octobre « qu'Ankara
pourrait repenser le contrat d'achat du
système de missiles antiaériens S-400
russe ». Selon le ministre, « le contrat
ne se concrétisera que si les Russes
partagent avec les Turcs la production
de ces complexes en Turquie ». « Si les
Russes ne sont pas d’accord, nous
pourrions conclure un accord avec un
autre pays, » a déclaré sans équivoque
le diplomate.
Pravda.Ru a demandé
son avis d'expert sur le sujet au
docteur en philosophie Viktor Nadein-Raevsky,
chercheur principal à l'Institut
d'économie mondiale et des relations
internationales de l'Académie des
sciences de Russie. Selon l'expert, « la
restauration des relations russo-turques
n’est pas achevée. Le processus
s'accompagne de difficultés, comme
l'importation de marchandises turques en
Russie », qui n'est « pas très
importante pour les Russes, mais est de
première importance pour Ankara. La
Turquie tente toujours d’exercer des
pressions sur la Russie dans l'espoir de
résoudre le problème une fois pour
toutes ».
La Russie maintient
toujours des restrictions unilatérales
par rapport à la Turquie, et l'affaire
ne porte pas uniquement sur les
importations de tomates turques. La
Turquie a instauré un régime sans visa
pour les touristes russes, mais n'a pas
reçu de réponse symétrique. La
Fédération de Russie a seulement
simplifié le régime des visas pour les
hommes d'affaires et les constructeurs
turcs. « On craint en Russie que la
Turquie reste un territoire de transit
d’islamistes, car la plupart d'entre eux
sont arrivés en Syrie et en Irak via la
Turquie, » a encore déclaré l'expert.
COMPRENDRE LA
NATURE DU PROJET NEO-OTTOMAN :
Il faut décrypter
la « Grande-Turquie » de Recep Erdogan
et ses rêves néo-ottomans. Voir la place
de la Turquie dans les visions
géopolitiques de l’Union Européenne et
dans les projets de remodelage du «
Grand Moyen-Orient » mis en œuvre par
Washington …
* Voir Mon émission
sur EODE-TV & AFRIQUE MEDIA/
LE GRAND JEU
(Saison I/1) : LA ‘GRANDE-TURQUIE’
D’ERDOGAN
sur
https://vimeo.com/109011138
* Voir
sur EODE-TV/
LUC MICHEL :
GEOPOLITIQUE DE LA
TURQUIE NEO-OTTOMANE D’ERDOGAN
sur
https://www.youtube.com/watch?v=u2VyTC6eQ8c
* Et sur EODE-TV/
LUC MICHEL :
GEOPOLITIQUE.
LA GRANDE-TURQUIE
NEO-OTTOMANE D’ERDOGAN ET LE REMODELAGE
U.S. DU PROCHE-ORIENT
sur
https://vimeo.com/152723460
(Source : Pravda.ru
– Presse russe – EODE Think Tank)
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