LUC MICHEL’S
GEOPOLITICAL DAILY
Géopolitique rétrospective :
les guerres de Yougoslavie (I)
Luc Michel
Vendredi 24 novembre 2017
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour
EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2017 11 24/ « A propos de
l'ex-Yougoslavie, peut-être parce qu'il
s'agissait de l'Europe, la comparaison
fut prise au pied de la lettre,
théorisée. Les événements présents
étaient le fruit du national-communisme,
monstre idéologique né du croisement du
communisme moribond avec le nationalisme
renaissant, et dont le pouvoir serbe
était l'incarnation archétypale. Le
concept avait le mérite de rendre
intelligible une situation inédite et
déconcertante, et fournissait par la
même occasion une grille
d'interprétation pour les événements à
venir »
- Jean-François
Gossiaux (maître de conférences à l'Ecole des hautes
études en sciences sociales, Libération,
1995).
I-
REGARDS SUR LES
GUERRES DE YOUGOSLAVIE : AU CŒUR DE LA
STRATEGIE EURASIATIQUE DES USA
De la mort de Tito
en 1980 à l'indépendance du Kosovo en
2008, retour sur les principaux
événements qui ont conduit à l'explosion
sanglante de la Yougoslavie dans une
série de conflits meurtriers dans les
années 1990. Les
guerres de Yougoslavie - dites encore
hypocritement « Guerre des Balkans »
pour dissimuler leur but véritable –
n’ont pas répondu à une fatalité. Mais
bien à un plan géostratégique des USA,
soutenu par leur vassaux de l’OTAN et de
l’UE, qui continuait les plans ayant
conduit à l’implosion de l’URSS et à la
victoire occidentale dans la Guerre
froide ;
L’APRES TITO
Après le décès de
son fondateur Josip Broz Tito en 1980,
la Yougoslavie communiste la IIe
Yougoslavie de 1945), constituée de six
républiques -- Slovénie, Croatie,
Bosnie, Serbie, Monténégro, Macédoine --
et de deux provinces autonomes
rattachées à la Serbie -- Voïvodine,
Kosovo --, aurait « sombré dans une
crise économique et politique qui ravive
les nationalismes ». Derrière cette
crise (voir la partie II) il y a le «
processus de transition » (qui est alors
à sonstade d’essai) imposé par les USA …
Les premières
élections démocratiques en 1990,
débouchent sur une écrasante victoire de
partis nationalistes dans toutes les
républiques. A la tête de la Serbie,
Slobodan Milosevic veut maintenir tous
les Serbes de Yougoslavie dans un seul
Etat car ils sont majoritaires dans
d'importantes portions de territoires en
Croatie et en Bosnie. Et qu’il n’est pas
un ultra-nationaliste serbe mais un
communiste yougoslave .
L’UTILISATION DES
PETITS-NATIONALISME POURE FAIRE ECLATER
LA FEDERATION YOUGOSLAVE DE TITO
Le 25 juin 1991,
les parlements de la Slovénie et de la
Croatie proclament leur indépendance,
encouragés par Berlin (soutien des
fascistes croates dès les Années 20 et
organisateur d’un lobby allemand en
Slovénie, Lubjana ayant été une ville
germanique sous le nom de Laibach), le
Vatican (Slovèves et croates sont
catholiques) et les USA, provoquant une
réaction immédiate et légale de l'Armée
populaire yougoslave (JNA), largement
contrôlée par Belgrade. Après dix jours
d'affrontements, la JNA se retire de
Slovénie, territoire ethniquement
homogène.
Mais en Croatie,
elle s'allie aux Serbes locaux qui,
opposés à l'indépendance, s'insurgent
contre Zagreb, provoquant un conflit de
quatre ans qui fait 20.000 morts. Une «
Republica Srpska de Krajina »
est auto-proclamée.
En avril 92, un
conflit embrase la Bosnie après un
référendum où Musulmans et Croates se
sont prononcés pour l'indépendance. Les
Serbes, à l'époque plus de 30% des
quelque 4,4 millions d'habitants, ont
boycotté le scrutin. Les musulmans,
appuyés par les saoudiens, les frères
musulmans et les USA (alliance issue de
la guerre d’Afghanistan contre les
soviétiques), sont dirigés par des
islamistes radicaux, ceux d’Izetbegovic
qui veut instaurer une « république
islamique ». Le 22 mai 1992, la Bosnie
entre à l'ONU. Les Serbes ont proclamé
l'indépendance de leur entité, la
"Republika srpska", sur les territoires
qu'ils contrôlent. Les Croates suivent
leur exemple et les trois communautés se
livrent une guerre sans merci pendant
trois ans et demi qui fait plus de
100.000 morts. Musulmans et Croates sont
tour à tour alliés et ennemis pendant ce
conflit.
Face à la rés Face
à la résistance des forces
serbo-yougoslaves, l'Otan déclenche le
30 août 1995 des frappes aériennes
massives contre les positions militaires
des Serbes bosniaques.
LES ILLUSIONS DE
L'ACCORD DE PAIX DE DAYTON
En novembre 1995,
sous la pression de la communauté
occidentale, dirigée par les Etats-Unis,
des négociations de paix sont organisées
sur une base militaire à Dayton (Ohio)
pour mettre fin aux conflits en Bosnie
et en Croatie. La Bosnie de
l'après-guerre est divisée en deux
entités, l'une serbe, l'autre
croato-musulmane, semi-indépendantes,
reliées par de faibles institutions
centrales. Avec un proconsul de l’ONU
qui a le vrai pouvoir central.
L'accord de paix
est signé le 14 décembre 1995 à Paris
par les présidents yougoslave Slobodan
Milosevic, de Croatie Franjo Tudjman et
de Bosnie Alija Izetbegovic. Là réside
tout le problème : car Milosevic a
instauré dès 1992 la IIIe Yougoslavie
(constituée de deux républiques --
Serbie, Monténégro -- et de deux
provinces autonomes rattachées à la
Serbie -- Voïvodine, Kosovo --). C’est
une résistance yougoslave qui va
directement à l’encontre des plans
américains de « balkanisation » de la
région. Après l’URSS, la Yougoslavie
résiduelle doit disparaître !
LA SECESSION DU
KOSOVO ORGANISEE PAR LES USA ET L’OTAN
Trois ans plus
tard, en 1998 au Kosovo, une guérilla
albanaise séparatiste, parainnée et
armée par les USA et l’OTAN, provoque
une campagne de répression de Belgrade.
Pour y mettre fin,
l'Otan lance, en mars 1999, une
opération de frappes aériennes
dévastatrices contre Belgrade qui se
solde, après 78 jours, par le retrait
des forces serbes du Kosovo, placé
d'abord sous l'administration de l'ONU
avant de déclarer son indépendance en
février 2008. Le conflit a fait environ
13.000 morts. L'ex-province serbe a vu
son indépendance reconnue par quelque
110 pays, mais pas par Belgrade.
DERNIER ACTE : LA
LIQUIDATION DE LA IIIe YOUGOSLAVIE
Première étape, la
liquidation de Milosevic par une «
révolution de couleur » (le premier
essai), lors des élections de Octobre
2000. La matrice des « révolutions de
couleur », où apparaît le premier
groupuscule organisé par « les vitrines
légales de la CIA » et les Réseaux Sorös
OTPOR, contre Milosevic. Ils formeront
ensuite l'institut international CANVAS,
l'école des mercenaires des USA pour
organiser la première phase des
révolutions de couleur. Omniprésent le
logo d'OTPOR : le Poing noir stylisé. Il
va se répandre sur deux continents dans
les quinze années qui vont suivre.
Le coup d'état de
Belgrade en octobre 2000, a été précédé
d'une vague d'assassinats des cadres du
régime 'national-communiste' du
président Milosevic (*). Principalement
dans les ministères de force. Il
s'agissait de dégager la rue de toute
force organisée pour contrer les groupes
de choc de l'OTAN. En particulier
l'assassinat de Zelinko Rajnatovic, le
célèbre Arkan, le 15 janvier 2000, avait
supprimé celui qui aurait été le plus
susceptible de nettoyer la rue de
Belgrade pour le gouvernement Milosevic.
Avec ses anciens « Tigres », des
commandos de choc, et la masse du noyau
dur des supporters du club de football «
L'Etoile rouge » de Belgrade, dont Arkan
était le leader.
Seconde étape :
briser le SPS, le Parti Socialiste de
Serbie, force dominante à Belgrade de
1991 à la chute de Milosevic, et un
autre parti de la majorité de Milosevic,
le Parti Radical Serbe (SRS) .
Milosevic, à qui on avait garanti
l’immunité, est arrêté puis extradé
illégalement au TPIY de La Haye (ancêtre
de la sinistre CPI). Son parti, dont une
partie des cadres sont achetés ou
neutralisés par la CPI, devient une
force de seconde zone. Milosevic, privé
de traitement médical approprié, meurt
dans les geôles de La Haye en 2005. Ses
funérailles grandioses à Belgrade seront
le chant du cygne de la Yougoslavie. Le
chef du SRS, Seselj sera aussi déporté à
La Haye, lui aussi ne sera pas jugé et
cancéreux sera libéré après près d’une
décennie de détention préventive
(contraire à la Convention des Droits de
l’Homme).
Dernière étape : le
Monténégro proclame son indépendance.
Exit la Fédération yougoslave. Reste la
Serbie, avec sa province autonome la
Voïvodine, avec de fortes minorités
hungarophones, où Budapest appuie des
velléités sécessionnistes.
NOTE :
(*) Une précision.
Les politologues sérieux, pas les flics
de la pensée politique des Universités
franco-belges (qui sont souvent des
flics tout court, correspondant des
polices politiques), classent dans une
même catégorie, qu’ils nomment le «
National-communisme », des mouvements
politiques comme le KPRF russe, le
régime de LUKASHENKO au Belarus ou
encore le SPS de MILOSEVIC ou la JUL, la
« Gauche Unie Yougoslave » de Mirjana
MARKOVIC. ET bien entendu notre PCN, qui
idéologiquement et politiquement, les a
tous précédé de presque une décennie.
Lorsque nous étions représentés au
Parlement Wallon, en Belgique, dans les
Années 1996-98, la questure nous avait
étiquetés «national-communistes».
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