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Le dossier Crimée est une affaire pliée
...
La Crimée à l'heure de Moscou : retour à
la Rodina et intégration à marche forcée
Luc Michel
Luc Michel
Mardi 18 mars 2014
Selon les résultats définitifs du
référendum annoncés lundi matin, près de
97% des votants ont voté pour le
rattachement de la péninsule ukrainienne
à la Russie.
Proclamation d'indépendance, demande de
rattachement adressée à Moscou,
dissolution annoncée des unités
militaires ukrainiennes, introduction du
rouble: les autorités réunionistes de la
nouvelle Crimée ont brûlé les étapes
lundi au lendemain du plébiscite pour
leur rattachement à la Russie.
Et les sanctions occidentales n'ont pas
tardé. En vain …
L'Union européenne et les Etats-Unis ont
annoncé des mesures ciblées
--restrictions de visas et gel d'avoirs
(la plupart de pure propagande
médiatique)-- contre plusieurs
responsables russes et ukrainiens
pro-russes. L'Union européenne a décidé
de viser 21 personnalités ukrainiennes
et russes, a annoncé le radical
russophobe ministre lituanien des
Affaires étrangères Linas Linkevicius
sur son compte twitter. De sources
diplomatiques, on a précisé que les
sanctions, décidées lors d'une réunion
des chefs de la diplomatie à Bruxelles,
visaient 13 responsables russes et huit
Ukrainiens pro-russes. De son côté, le
président des Etats-Unis Barack Obama a
décrété des sanctions contre 11 hauts
responsables russes et ukrainiens, dont
le président élu Viktor Ianoukovitch.
Parmi les sept hauts responsables russes
visés figurent le vice-Premier ministre
russe, Dmitri Rogozine, la présidente du
Conseil de la Fédération (chambre haute
du Parlement russe), Valentina Matvienko,
ainsi que deux proches conseillers du
président Vladimir Poutine et deux
parlementaires. Côté ukrainien,
Washington cible deux dirigeants
réunionistes de Crimée, le président et
un conseiller de ce dernier.
De son côté, l'Ukraine a lancé une
mobilisation partielle de ses forces
armées et a rappelé son ambassadeur en
Russie. Ce qui n’empêche personne de
dormir à Moscou qui ne reconnaît pas la
junte putschiste de Kiev. Les députés
ont également approuvé l'octroi de près
de 6,9 milliards de hryvnias
supplémentaires (530 millions d'euros)
pour assurer l'aptitude au combat des
forces armées. Les soldats ukrainiens
déployés en Crimée "resteront là-bas", a
affirmé le ministre ukrainien de la
Défense Igor Tenioukh, lors d'une
conférence de presse. Kiev n’a plus
d’argent sauf pour préparer la guerre.
Air bien connu à Bruxelles …
Parallèlement, pour marquer leur soutien
à l'Ukraine face à la Russie, les
ministres européens des Affaires
étrangères réunis à Bruxelles ont
annoncé que le volet politique de
l'accord d'association entre l'UE et
l'Ukraine serait signé le vendredi 21
mars. Avec un gouvernement putschiste
illégitime comprenant des néonazis. Et
sans élections préalables. C’est çà la «
démocratie » made in UE !
A Simféropol, la capitale de la
République libre, dans la foulée de la
proclamation d'indépendance et de la
demande de rattachement à la Russie,
tous les 85 députés se sont prononcés
pour la nationalisation par la Crimée de
tous les biens de l'Etat ukrainien qui
s'y trouvent, l'introduction du rouble
comme monnaie officielle avec la hryvnia
et le démantèlement des unités
militaires ukrainiennes.
Le parlement de la "République de
Crimée" a demandé aussi "aux Nations
unies et à tous les pays du monde de la
reconnaître comme un Etat indépendant".
Sa résolution indique que les lois
ukrainiennes ne s'appliquent plus en
Crimée et que les autorités de Kiev n'y
exercent plus aucune autorité. Le
président du parlement de Crimée
Volodymyr Konstantinov a précisé que les
unités militaires ukrainiennes présentes
en Crimée "seraient dissoutes" et que
les soldats ukrainiens devaient se
"rallier ou partir".
La Crimée passera le 30 mars au fuseau
horaire de Moscou – tout un symbôle -,
en avance de 2 heures sur Kiev
actuellement en vigueur, a indiqué le
Premier ministre pro-russe Serguiï
Axionov, avant de prendre l'avion pour
Moscou à la tête d'une délégation.
A Moscou, les médias saluaient presque
tous le résultat du référendum. "Gloire
à la Crimée", titrait le quotidien
Kommersant généralement plus réservé
dans ses gros titres.
L'ancien président soviétique Mikhaïl
Gorbatchev, pour une fois lucide, a
salué lundi le résultat du référendum.
"Si la Crimée a à l'époque été unie à
l'Ukraine selon des lois soviétiques,
(...) sans demander son avis au peuple,
aujourd'hui ce peuple a décidé de
corriger cette erreur. Il faut saluer
cela, et non annoncer des sanctions",
a-t-il dit.
Les autorités réunionistes sont arrivées
au pouvoir à Simféropol après la
destitution à Kiev, le 22 février, du
président Ianoukovitch par un coup de
force organisé par des milices
néofascistes en armes.
LM
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