ELAC & ALAC
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Coup d'Etat à Tripoli. Voilà les
factions de
la CIA qui se déchirent en
Libye ...
Luc Michel
Samedi 15 février 2014
Luc MICHEL pour ELAC & ALAC Committees/
avec El Arabia - PCN-SPO - ELAC Website
/ 2014 02 14 /
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Des rumeurs de coup d’état ont secoué
Tripoli ce vendredi.
Le général (du CNT) Hifter, agent de la
CIA depuis 1987, et vrai patron de la
‘nouvelle armée libyenne’ néocoloniale
après avoir été celui des katibas du
CNT, annonce « le gel du gouvernement et
la dissolution du Parlement en Libye ».
Mais le premier ministre Zeidan, lui
aussi agent de la CIA depuis 1980,
dément et s’en prend volemment à son
collègue Hifter.
Analyse sérieuse des événements de
Tripoli et de leur perspective.
Au moment où rumeurs et ‘hoax’ du Net
sont reprises sans fin par des
« spécialistes » qui n’ont jamais mis un
pied en Libye. Mais cherchent uniquement
le scoop. L’un d’eux confondant même la
ville de Sebha ou Sabha (Sud saharien
libyen) avec la marque d’aliments pour
chats Sheba …
Retour donc à l’analyse et à l’expertise
documentée …
I : LES EVENEMENTS : COUP D’ETAT A
TRIPOLI ?
ENTRE FAITS, RUMEURS ET INTIMIDATIONS …
La chaîne satellitaire El Arabia a
diffusé l’information sur son site web
selon laquelle l’ancien chef d’état
major libyen Khelifa HIFTER (ou HAFTER
ou HAFTAR, les noms libyens ne sont pas
fixés. On connaît ainsi pas moins de 47
variantes de Kadhafi) a annoncé, via un
document télévisé, le gel du
gouvernement et la dissolution du
Parlement en Libye. L’ex-chef d’état
major a tenu à « préciser qu’il ne
s’agissait pas d’un coup d’Etat mais
d’une réponse aux appels du peuple
libyen ». Il a par ailleurs annoncé « la
mise en place d’une feuille de route en
cinq points ».
La chaîne El Arabia ajoute qu’elle « a
reçu des informations confirmant
l’interruption des télécommunications et
de l’internet dans la capitale »,
Tripoli, alors que « des troupes fidèles
à Haftar auraient pris le contrôle de
plusieurs positions stratégiques ». Les
mêmes sources ajoutent que « l’ex-chef
d’état major dispose de l’appui de
nombreuses directions militaires ».
Al Arabia ajoute que Fadhil el Amine,
président de la commission nationale du
dialogue national et Ezzedine Akil de
l’Union républicaine libyenne ont
déclaré que « rien ne confirme les
déclarations de Haftar », ajoutant que
« tout semble normal à Tripoli ». Par
ailleurs, dans une dépêche urgente, la
chaîne Al Arabia a annoncé que le
Premier ministre (fantoche) de
Libye, Ali Zeyden, a « démenti
l’annonce faite par l’ex-chef d’état
major et a appelé l’armée à
intervenir ».
POUR QUI ROULE KHELIFA HAFTAR ?
« Les rumeurs les plus contradictoires
circulent depuis ce vendredi
matin à Tripoli à propos d’un coup
d’Etat conduit par le général
Khalifa Hafter »,
s’interrogeaient les médias arabes.
Ancien opposant à Kadhafi et colonel
félon, le ‘général’ (qui a reçu ses
étoiles du CNT) a choisi curieusement,
une chaîne étrangère, la Saoudienne, El
Arabya pour annoncer son coup d’Etat. Il
s’en est donc pris au Chef du
gouvernement, Ali Zidane et aux groupes
jihadistes, prononcé « la dissolution »
des institutions fantoches mises en
place après le renversement de Kadhafi
par l’OTAN et le « gel de la
constitution ». Il n’en fallait pas plus
pour que le sociologue tunisien, Moncef
Ouannès, «spécialiste» autoproclamé des
affaires libyennes, parle « d’une
réédition du scénario égyptien, évoque
une probable connivence
égypto-saoudienne » et souhaite son
…succès.
Réagissant aussitôt à cette annonce, le
Chef du gouvernement Zeidan se montre
serein : « Il n’a pas de troupes. C’est
un fieffé menteur. Il sera traduit en
justice. Les
institutions fonctionnent
normalement ». Depuis, aucune
information n’est venu infirmer, ni
confirmer le coup d’Etat. A noter que
l’ambassadrice américaine a ajouté dans
un tweet que les déclarations du général
n’avaient « aucun fondement ».
# II : ANALYSE : QUI DIRIGE
L’ETAT-CROUPION LIBYEN ?
POURQUOI LES FACTIONS DE LA CIA SE
DECHIRENT ?
L’intéressant dans cette affaire est
qu’elle met en lumière une nouvelle
fracture dans la ‘nouvelle Libye’ :
après la guerre larvée entre factions
islamistes, milices-Villes (Misratta,
Zlintan, Dernah …), gouvernement
fantoche, autonomistes divers
(Cyrénaïque, Toubous, Berbères,
Amazighs), après la guerre ouverte entre
ces factions et la RESISTANCE VERTE
pro-Kadhafi, voici les leaders du ‘parti
américain’ en Libye qui se déchirent.
Car Zeidan et Hafter sont tous deux de
vieux complices et des agents avérés de
la CIA.
QUI SONT LES AGENTS DE LA CIA QUI
DIRIGENTS LE ‘PARTI AMERICAIN’ EN
LIBYE ?
En Libye, trois citoyens américains (la
nationalité de leurs passeports depuis
les Années 80), traîtres à leur patrie
et agents de la CIA, sont aujourd’hui,
dans la réalité et non dans la fiction
des « institutions » de la ‘nouvelle
Libye’ made in NATO, aux commandes :
Zeidan, Megaryef, Hifter. Depuis les
années 80, inlassablement, avec des
moyens sans limite, ces trois défecteurs
devenus agents de la CIA ont organisé
des vagues de coups d’état – quinze de
1982 à 2011 – contre la Jamahirya de
Kadhafi.
Leurs alliés la plupart du temps, du
coup de 1982 à celui de Benghazi en 2011
(à l’exception des années Bush de 2003 à
2008)
: les hommes de Ben Laden en
Libye. Entre eux et le trio de la CIA il
y a trois décennies de complots, de
coups d’état, de complicités. Et depuis
la rupture amorcée en Libye septembre
2012 et celle en Syrie de juin 2013, la
haine des djihadistes qui se considèrent
comme trahis par les hommes de
Washington.
Voilà les laquais des USA, citoyens
américains et agents de la CIA, qui
dirigent l’état-croupion libyen et leur
passé de comploteurs et de putchistes.
Oui Zeidan sait de quoi il parle quand
il évoque un coup d’état à Tripoli. Il
en est un expert !
Revenons sur le parcours de ces hommes
de Washington en Libye …
MEGARYEF, PATRON DES FORCES LIBERALES,
L’HOMME-CLE DE WASHINGTON EN LIBYE
Le premier président de l’ « Assemblée
nationale libyenne » fantoche - ce «
Congrès national général » -, installée
par les USA et l’OTAN, est en effet un
traître libyen naturalisé américain et
employé de la CIA depuis le début des
Années 80. Megaryef, comme son complice
Khalifa Hifter « général libyen » au
service de la CIA depuis trois décennies
et en charge de la réorganisation de la
nouvelle Armée coloniale libyenne au
service de l’OTAN, est l’exemple typique
de cette clique de traîtres qui a
organisé la recolonisation de la Libye.
Premier président du « Congrès général
national libyen » (le nom a été choisi
pour usurper celui du « Congrès
Populaire général », la plus haute
institution de la Démocratie Directe
libyenne sous Kadhafi), la nouvelle
Assemblée nationale fantoche, issue des
élections législatives truquées du 7
juillet 2012, Mohamed al-Megaryef est à
la fois un citoyen américain depuis plus
de 30 ans et un économiste libéral, mais
néanmoins réputé proche des islamistes.
Ce qui n’est pas un hasard puisque les
islamistes libyens ont été
instrumentalisés dès 1980 par la CIA
contre le régime révolutionnaire de
Kadhafi. Megaryef dirige aussi
actuellement le Front national libyen,
une formation néo-conservatrice très à
droite, le cœur du « parti américain »
en Libye.
Né en 1940 à Benghazi, berceau de la
révolte libyenne, Mohamed al-Megaryef
est l’ancien ambassadeur de Libye en
Inde. Ambassade où travaillait aussi
Zeidan. Cette « grande figure de
l’opposition à Mouammar Kadhafi », selon
les médias de l’OTAN, a choisi de
s’exiler dans les années 80.
Il dirigeait alors le « Front national
pour le salut de la Libye » –
groupuscule armé, encadré et financé par
la CIA, une formation politique à
l'étranger chargée par les américains de
regrouper les opposants en exil, et dont
sa formation actuelle est issue – qui a
tenté à plusieurs reprises par des coups
d’état et des campagnes de terrorisme de
mettre fin au régime de du leader
libyen. Le premier en 1982, le plus
important en 1998 avec comme alliés
al-Qaida de Ben Laden (la Jamahiriya
lance alors le premier mandant
international chez Interpol contre Ben
Laden, immédiatement bloqué par
Washington …). Le dernier à Benghazi et
Tripoli lres 15-17 février 2011 …
LE COLONEL FELON HIFTER, L’HOMME DE MAIN
DES COUPS TORDUS
Derrière ces coups d’états depuis 25
ans, un autre américano-libyen, lui
aussi employé de la CIA. Le vieux
complice de Megaryef et avec lui le vrai
patron de la Libye post CNT : Khalifa
Hifter (encore écrit Haftar ou Hafter).
Lui aussi un parcours de traître
exemplaire au service des ennemis de son
pays. Dès mars 2011, le journal
McCaltchy révélait que Khalifa Hifter,
un ex-colonel déserteur de l’armée de
Kaddhafi, avait « été envoyé pour
diriger les rebelles libyens »
du pseudo CNT appuyés par l’ONU,
les Etats-Unis et la coalition.
Hifter depuis vingt ans vivait «
dans la banlieue de la Virginie » (où
est installée la CIA, à Langley), « où
il s’est établi mais l’ancien officier
de Kaddhafi a maintenu des liens avec
des groupes restés au pays », écrivait
Chris Adams l’auteur de
l’article. Une connaissance de Khalifa a
dit à Adams que
» on ne savait pas ce que faisait
réellement Hifter pour nourrir sa
nombreuse famille »
Hifter a commandé au début des années
80, le corps expéditionnaire libyen au
Tchad avec pour mission : occuper la
bande d’Aouzzou qui appartenait à la
Libye mais qui avait rattachée au Tchad
par la France. L’opération s'est
soldée par un échec cuisant pour les
Libyens et la capture de Khélifa Hafter
par les Tchadiens. « Retourné par les
Américains, il formera une véritable
légion de 2000 hommes, tous déserteurs
du corps expéditionnaire qui seront
entraînés et armés par les Américains en
prévision d'une invasion de la Libye à
partir du Tchad. Devant les réticences
de ce pays, Hifter et ses hommes seront
rapatriés aux Etats unis. Ils y
resteront une bonne vingtaine d’années
avant de retourner en Libye après la
révolution. »
Hifter est donc un agent de la CIA ce
qui explique son long séjour en
Virginie. En
1996, le Washington Post (26 mars
1996) informait lui qu’un « Colonel
Haftar était arrivé aux Etats-Unis ».
Et qu’ « il était le leader d’un
groupe de « contra » établi aux
Etats-Unis,
l’Armée Nationale Libyenne ». Ce
groupe est soutenu par les Etats-Unis,
où il dispose de camps d’entrainement. «
Il est probable
que le groupe du Colonel Haftar
opère en Libye avec la bénédiction de
notre gouvernement », soulignait le
Washington Post.
Deux ans plus tard c’était le
coup d’état de Ben Laden en Libye …
14 ans plus tard, Hifter réapparaissait
à Benghazi, en Mars 2011, appointé «
général » et commandant des katibas du
CNT. A la grande colère du général
Younes, lui déserteur de l’Armée
libyenne depuis seulement quelques jours
et comploteur depuis quelques semaines,
et qui se voyait déjà en général en chef
des rebelles de Benghazi. Gageons que
l’exécution sauvage fin juillet 2011 de
Younes par des djihadistes du même CNT
proches de son leader Mustapha
Abdeljalil n’a pas du peiner beaucoup
Hifter …
Le livre de Pierre Péan MANIPULATIONS
AFRICAINES, fait de Hifter un employé de
la CIA dès 1987, « Haftar, alors colonel
de l’armée de Kadhafi, avait été capturé
au Tchad où il combattait avec une
rébellion soutenue par la Libye contre
le gouvernement d’Hissène Habré, soutenu
par les États-Unis. Il fit défection
pour le Front National de Salut Libyen
(FNSL), la principale force d’opposition
à Kadhafi, qui avait le soutien de la
CIA ». Le groupuscule armé de Megaryef
pour rappel, le monde des traîtres
libyens est bien petit. « Il organisa sa
propre milice qui opéra au Tchad jusqu’à
la déposition d’Hissène Habré en 1990
par Idriss Déby,
son rival appuyé par la France ».
Selon Péan, « la force de Haftar, créée
et financée par la CIA au Tchad,
disparut dans la nature avec l’aide de
la CIA peu de temps après le
renversement du gouvernement par Idriss
Déby ». What else ?
ZEIDAN, L’INTELLECTUEL
Zeidan, lui, le troisième homme, avait
fait défection en 1980 depuis l’Inde où
il travaillait à l’ambassade libyenne de
Megaryef. Il avait alors passé trois
décennies en exil, au service de la CIA.
Il a été l’un des dirigeants du « Font
National pour le Salut de la Libye. Il
fut ensuite avocat à Genève.
Réapparaissant en février 2011 à Genève
au nom d’une fantomatique et inconnue «
Ligue libyenne des droits de l’Homme »
dénonçant au bon moment les « crimes du
régime ». “En Europe il fut une vitrines
(poster-boy) de la révolution libyenne »
, chargé de vendre – avec BHL – la cause
de Benghazi à Sarkozy. Et faisant
oublier dans les médias de l’OTAN les
djihadistes et les forces d’al-Qaida –
les vieux complices du trio de la CIA -
qui constituent en fait les « katibas du
CNT ».
POURQUOI LES FACTIONS DE LA CIA EN LIBYE
SE DECHIRENT …
L’appareil politico-militaire américain
est en plein questionnement. Il faut
lire, sans les diaboliser comme certains
journalistes ‘non-mainstream’, les
analyses de STRATFOR, le Think Tank US
proche du Pentagone. Et de son patron
Friedman, l’un de géopolitologues
américains de la nouvelle génération.
Tous sont d’accord pour maintenir la
domination mondiale de l’hyperpuissance
américaine, « pour un XXIe siècle
américain ».
Mais deux courants, deux écoles
s’opposent : l’une veut le maintien du
Hard power, de la vieille politique du ‘big
stick’ yankee, des agressions
militaires, de la domination directe.
L’autre entend combiner Hard power et
Soft power, style « printemps arabe » et
manipulations politico-médiatiques. Y
compris en appliquant la fameuse
‘Théorie géostratégique du Chaos’.
L’Egypte post Moubarak voit ces factions
américaines
- toutes, ne jamais l’oublier –
s’opposer.
C’est maintenant le tour en Libye.
Zeidan, qui s’inscrit dans la ligne du
State Department, la seconde école,
entend maintenir la fiction politique de
la ‘nouvelle Libye’.
Hifter, lui, est un homme de main, un
‘chien de guerre’, organisateur de coups
tordus et de coups d’état. Un pirate
formé par la Division des Opérations
spéciales de la CIA, les « hommes de
cape et d’épée » (le héros des romans
géopolitiques SAS est l’un d’eux). Il
tente donc de jouer son va-tout, et de
jouer, sans avoir les moyens du général
égyptien, le rôle d’un Sissi libyen. Il
est trop tôt pour savoir si une partie
de l’establishment US le soutient …
Pendant ce temps, la RESISTANCE VERTE
s’implante dans le Sud libyen, hisse le
drapeau vert de la Jamahiriya sur Sebha.
Mais cette montée en force peut aussi
expliquer le coup de force de Hifter.
Luc MICHEL
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