PANAFRICOM
Attention l'idéologie est toujours en
embuscade derrière les productions
américaines : le débat sur le projet ʽconfederateʼ
de HBO et la question du racisme aux USA
Luc Michel
Jeudi 3 août 2017
#
PANAFRICOM/
GUERRE CULTURELLE/
ATTENTION L’IDEOLOGIE EST TOUJOURS EN
EMBUSCADE DERRIERE LES
PRODUCTIONS AMERICAINES : LE DEBAT SUR
LE PROJET ‘CONFEDERATE’ DE
HBO ET LA QUESTION RACIALE AUX USA LM pour PANAFRICOM/
Avec AFP – HBO -
NNK/ 2017 08 03/
Derrière les
uchronies et les séries des médias
américains, l’idéologie n’est
jamais absente. Et en arrière-plan la
guerre culturelle yankee …
« Et si le Sud
avait gagné la Guerre de Sécession ? »
Voilà le préambule de la
future série, déjà controversée, des
créateurs de HBO ("Game of
Thrones"), qui en inquiète certains en
raison du traitement réservé à la
question raciale. La chaîne câblée HBO,
qui produit déjà "Game of Thrones",
a annoncé mi-juillet avoir commandé aux
concepteurs de la saga
fantastico-médiévale une nouvelle série,
intitulée "Confederate".
Elle imagine que le
bloc confédéré a repoussé, durant la
Guerre de Sécession, l'armée
de l'Union et ainsi préservé son
indépendance. Un scénario sans doute
inspiré (sans le dire) de la BD
française « Hauteville House »,
qui développe la même Uchronie.
L'esclavage aurait ainsi perduré dans
ces Etats confédérés d'Amérique, qui se prépareraient,
toujours selon les éléments de scénario
dévoilés mi-juillet, à une
nouvelle guerre civile contre l'Union.
DERRIERE LE
SCENARIO DE ‘CONFEDERATE’ UNE QUESTION
RACIALE TOUJOURS BIEN ACTUELLE AUX
USA !
Dès l'annonce de la
mise en chantier de cette nouvelle
série, dont les premiers épisodes
doivent être diffusés après la dernière
saison de "Game of Thrones",
en 2018 ou 2019, les critiques se sont
multipliées sur les réseaux
sociaux. "Les mêmes personnes qui
donnent dans les scènes gratuites de
viols et qui n'ont aucun personnage
important de couleur vont
aborder l'esclavage des Noirs avec
nuance", a notamment ironisé la
militante April Reign, à l'origine du
mot-clé #OscarsSoWhite qui
avait dénoncé le manque de diversité
dans la liste des nominations aux
Oscars 2016. L'activiste faisait
référence à "Game of Thrones", série
la plus populaire au monde, et à ses
créateurs, David Benioff et
D.B. Weiss, qui seront épaulés sur le
projet "Confederate" par
les producteurs Nichelle Tramble
Spellman (qui a travaillé sur la
série "The Good Wife") et Malcolm
Spellman ("Empire"), tous
deux noirs.
L'affaire a pris
une telle ampleur que le mot-clé
#NoConfederate a été lancé sur les
réseaux sociaux. Il est même arrivé en
tête des termes les plus utilisés
aux Etats-Unis sur Twitter dimanche
soir, lors de la diffusion sur HBO
du troisième épisode de la septième
saison de "Game of Thrones".
« L'IMAGINAIRE DES
HOMMES BLANCS »
Interrogé par un
internaute sur l'éventualité de
participer à "Confederate",
l'acteur noir Don Cheadle a expliqué que
"cela dépendrait du rôle.
Comme toujours". "Mais je suis plus que
sceptique quant au projet en
général", a-t-il prévenu sur Twitter.
Pour Stephane Dunn, professeur au Morehouse College, le postulat même pose
problème, "dans la mesure où
nous vivons dans une société qui a
toujours une orientation vers la
suprématie blanche enracinée en elle".
"Nous avons un
grand respect pour le débat et les
inquiétudes exprimées au sujet
de +Confederate+", a réagi HBO dans une
déclaration écrite, transmise à
l'AFP, sans évoquer un éventuel
renoncement. "Nous avons confiance
dans le fait que Nichelle, Dan, David et
Malcolm vont aborder ce sujet
avec soin et sensibilité. Le projet en
est aujourd'hui à ses
débuts, donc nous espérons que les gens
vont se garder de juger
avant qu'il n'y ait quelque chose à
voir."
LE SUCCES DES
UCHRONIES
L'uchronie, «
l'histoire reconstruite telle qu'elle
aurait pu se produire », est à
la mode à la télévision: "La servante
écarlate" (Hulu) a connu un
immense succès critique, tout comme "Le
Maître du Haut Château"
(Amazon) et "SS-GB" (BBC). Toutes ces
séries ont été lancées depuis deux
ans. La série d'Amazon imagine les
Etats-Unis conquis par les
nazis et par leurs alliés japonais,
celle de la BBC l'invasion du
Royaume-Uni par les nazis. Dans la ligne
du « Fatherland » (roman et film)
de Robert Harris.
Dans le cas de "Confederate",
la polémique dépasse le seul sujet du traitement
télévisuel de l'esclavage et concerne
tout autant l'insuffisante
diversité derrière la caméra, même si
MM. Benioff et Weiss ont fait
appel à deux producteurs noirs. Une
polémique du même ordre est née
autour du film "Detroit" (qui évoque les
émeutes dans cette ville en 1967
et la répression qui a visé la
communauté noire) car la réalisatrice
et toute l'équipe de production étaient
blanches.
Pour l'artiste et
militante Bree Newsome, le mouvement
d'opposition à "Confederate"
"n'est pas qu'une question historique",
a-t-elle tweeté dimanche. "C'est
aussi lié au fait que (le genre) fantasy
est limité à l'imaginaire des
hommes blancs". "+Confederate+ et
d'autres donnent du crédit aux gens qui
dénoncent le fait que des réalisateurs
blancs ou des chaînes
blanches conduisent de tels projets,
mais c'est parce qu'ils ont été
vraiment mal faits" par le passé,
explique Stephane Dunn. "Il y a un
historique", résume-t-il.
LM / PANAFRICOM
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