EODE /
International Elections Monitoring
Législatives au Québec (1) : la question
du référendum sur l'indépendance domine
la campagne
Luc Michel
Photo:
D.R.
Jeudi 3 avril 2014
Luc MICHEL pour EODE Press Office /
avec La Presse - AFP – Radio Canada /
2014 04 03 /
http://www.facebook.com/EODE.monitoring
http://www.eode.org/category/eode-international-elections-monitoring/international-elections-survey/
Législatives très disputées au Québec ce
7 avril avec en toile de fond une fois
de plus l’indépendance du bastion
francophone …
« La souveraineté du Québec, la charte
des valeurs avec la laïcité ou encore
l'intégrité se sont imposées dans la
campagne des législatives du 7 avril de
la province francophone à l'issue très
incertaine entre le Parti Québécois au
gouvernement et les libéraux » commente
l’AFP.
Emmené par la Première ministre sortante
Pauline Marois, le Parti Québécois (PQ)
est devancé dans les sondages par le
Parti Libéral du Québec (PLQ) de
Philippe Couillard. Les deux autres
formations, la Coalition Avenir Québec
(CAQ) de François Legault et Québec
Solidaire (gauche) de Françoise David se
posent en arbitre.
ENJEU NON ENONCE :
LE RÉFÉRENDUM SUR L'INDÉPENDANCE DU
QUÉBEC
Le référendum sur l'indépendance du
Québec – comme en Crimée ou en Catalogne
- ou l'intégrité sont autant "d'enjeux
non énoncés clairement qui prennent le
devant de la scène", remarque Carolle
Simard, professeur à l'Université du
Québec à Montréal.
Au pouvoir mais minoritaire, le
gouvernement indépendantiste de Mme
Marois a déclenché des législatives
anticipées pour emporter une majorité en
lançant sa "campagne sur les questions
économiques ou identitaires avec la
Charte des valeurs", explique Antonia
Maioni, politologue à l'Université
McGill.
Mais pour le PQ, "ces deux piliers ont
été ébranlés" par le poing levé de
Pierre Karl Péladeau, milliardaire
indépendantiste rallié de dernière heure
au PQ. L'image sur toutes les
télévisions de ce magnat de la presse au
Canada, haranguant la foule d'un "+faire
du Québec un pays+", n'a pas eu l'effet
escompté. Au contraire, les adversaires
libéraux, dont la plateforme électorale
n'était guère solide sur l'économie
--généralement leur thème de
prédilection--, ont déclenché "une
campagne de peur", analyse Mme Maioni.
COMME EN ECOSSE, EN CATALOGNE ET APRES
LA CRIMEE :
LA PEUR DU RÉFÉRENDUM -
Philippe Couillard s'est engouffré dans
la brèche et a centré sa "campagne sur
la peur du référendum" sur
l'indépendance en cas d'une victoire du
PQ, une manière de faire ressortir
auprès de l'électorat "une forme de
radicalisme du parti québécois", juge
Pierre Martin, professeur à l'Université
de Montréal. Cette peur des politiciens
professionnels du parlementarisme pour
ce mécanisme de Démocratie directe qui
fait irruption dans le jeu électoral.
« Or la population québécoise n'est pas
prête pour un référendum, même si elle
semble dans les sondages attachée à
l'idée de la souveraineté » affirment en
cœur partis et médias. "Il n'y aura pas
de référendum (...) tant que les
Québécois ne seront pas prêts", a même
lancé Mme Marois dans un débat mi-mars,
sans arriver à lever l'ambiguïté autour
de la question de l'indépendance.
L'aile gauche du Parti Québécois, déjà
méfiante vis-à-vis du ralliement du
milliardaire Pierre Karl Péladeau, a
« également souffert des reniements du
parti sur les questions
environnementales, illustrés par le feu
vert à l'exploration pétrolière sur
l'île d'Anticosti, refuge pour la faune
et la flore au coeur de l'embouchure du
Saint-Laurent ».
« Empêtré dans la campagne et pour
éviter la fuite de son électorat de
gauche vers la formation Québec
Solidaire , le PQ a bien tenté de
déplacer le débat sur l'intégrité et la
transparence. Un moyen de refaire le
coup du dernier scrutin en septembre
2012 gagné sur "l'échec relatif du Parti
Libéral", usé par la crise étudiante du
printemps précédent et par plus d'une
décennie au pouvoir », remarque Carolle
Simard, une sociologue.
Autre angle d'attaque pour les
indépendantistes, la charte des valeurs
pour laquelle les libéraux apparaissent
divisés sur le principe de laïcité de
l'Etat, avec l'interdiction qui serait
faite aux employés accueillant du public
de manifester leur appartenance à une
religion. Mais, pour Mme Simard, cette
thématique "est arrivée tard dans la
campagne" et ne s'est jamais imposée.
"En Gaspésie, c'est le prix du poisson
qui fait l'élection" et non le port
ostentatoire de signes religieux. Par
cette formule, Claire Durand entend
résumer l'enjeu de la campagne où la
« vie quotidienne des Québécois » serait
« passée au second plan ».
La « vie quotidienne » moyen de faire
passer au second plan le véritable enjeu
au Québec français : la question de
l’indépendance …
Luc MICHEL / EODE Press Office
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