EODE THINK TANK
La crise de l'économie occidentale (2) :
La faiblesse structurelle de l'Euro et
les craintes des marchés
Luc Michel & Karel Huybrechts
Lundi 20 octobre 2014
Luc MICHEL & Karel HUYBRECHTS pour EODE
Think Tank/
Avec AFP – Stratfort/ 2014 10 18/
www.eode.org
https://www.facebook.com/EODE.Think.Tank
Cinq ans après le début de la crise de
la dette, la zone euro a tourné le dos à
la récession et n'a plus que deux pays
sous perfusion financière, mais elle
reste rongée par des maux profonds qui
peuvent à tout moment raviver les
craintes des marchés.
LE SPECTRE DE LA DÉFLATION
Confrontée à un ralentissement continu
des prix, la zone euro pourrait basculer
dans la déflation, un cercle vicieux
dont le Japon peine à sortir depuis 20
ans. A la baisse des prix, succède la
baisse de la consommation, des
investissements puis des salaires, avec
des retombées néfastes sur l'activité.
Consciente de ce risque, la Banque
centrale européenne (BCE) a pris toute
une série de mesures (baisse historiques
des taux, rachat d'actifs, injections de
liquidité), mais les marchés veulent que
l'institut monétaire fasse le grand saut
en procédant au rachat d'obligations
souveraines (le "quantitative easing").
« Un tabou absolu en Allemagne »
commente l’Afp.
CROISSANCE FAIBLE ET CHÔMAGE
Avec une croissance au point mort, le
rebond de l'économie n'a jamais eu lieu
et certains pays, comme l'Italie, ont
même replongé en récession. Même
l'Allemagne, traditionnel moteur de la
région, commence à montrer des signes de
faiblesse, notamment dans le secteur
industriel. A ce tableau s'ajoute un
chômage de masse qui touche de plein
fouet les jeunes.
Pour stimuler la croissance, les appels
à la relance des investissements se
multiplient. Le président de la future
Commission européenne, Jean-Claude
Juncker, a proposé un plan de 300
milliards d'euros sur trois ans, mais
l'origine des fonds et la répartition de
l'effort entre public et privé ne sont
pas réglées, et Berlin se refuse à
"signer des chèques" pour stimuler
l'activité.
ASSAINISSEMENT BUDGÉTAIRE
La zone euro a remis de l'ordre dans ses
finances publiques, mais la situation
est contrastée selon les pays. Huit
d'entre eux ont des déficits excessifs,
au-dessus de 3% du PIB, dont la France
qui ne devrait pas revenir dans les
clous avant 2017 et justifie ce dérapage
par la conjoncture. Une situation qui
crée des tensions avec les partisans de
l'orthodoxie budgétaire, Allemagne en
tête, et avec la Commission, qui dispose
d'un droit de regard sur les budgets
nationaux.
Respect pur et simple des règles ou
flexibilité nécessaire pour ne pas tuer
la croissance ? Le débat agite les
capitales européennes. Un sommet de la
zone euro aura lieu le 24 octobre à
Bruxelles pour faire le point.
LE « PROBLÈME GREC »
Premier pays touché par la crise en
2010, la Grèce commence à voir le bout
du tunnel: elle doit sortir de la
récession cette année, ses taux
d'emprunt ont fortement reculé et son
deuxième programme d'aide touche bientôt
à sa fin, côté européen.
Mais la situation reste extrêmement
fragile, comme en témoigne l'accès de
fébrilité sur les marchés cette semaine.
Le pays est toujours lesté d'une dette
correspondant à 175% de son PIB et ne
semble pas en mesure de se financer
pleinement sur les marchés. Il veut
pourtant s'affranchir plus tôt que prévu
de l'aide du FMI, prévue jusqu'en 2016.
Des élections anticipées pourraient
également avoir lieu avant la fin de
l'hiver, avec la possibilité de voir
arriver au pouvoir la gauche radicale
(SYRIZA), anti-austérité et favorable à
une annulation partielle de la dette.
Les Européens ont promis jeudi de
continuer à soutenir la Grèce après la
fin de l'année. Fournir une ligne de
crédit pourrait être une option.
LES BANQUES OU LE MAILLON FAIBLE DE LA
ZONE EURO
Pour nombre d'analystes, les banques
sont un point faible en Europe car le
travail d'assainissement des bilans n'a
pas été mené jusqu'au bout. Les tests de
résistance, dont les résultats sont
attendus dans dix jours, devraient
mettre en évidence certaines fragilités
et identifier de nouveaux besoins de
recapitalisation.
L'agence de notation Fitch a déjà
souligné que les quatre grandes banques
grecques devraient certainement être
renflouées. Ces tests se veulent plus
rigoureux que les précédents, très
décriés pour ne pas avoir mis le doigt
sur le problème de banques en Espagne ou
de Dexia en Belgique.
Luc MICHEL & Karel HUYBRECHTS
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