Al Manar
La grande « gaffe » du Figaro qui n’a
rien d’une gaffe
Leila Mazboudi
Lundi 27 novembre 2017
Un chroniqueur du journal libanais
al-Akhbar a critiqué le quotidien
français le Figaro pour avoir publié
dans son édition électronique de
dimanche (26-11-2017) une
information bien douteuse : des hackers
iraniens sponsorisés par Téhéran
auraient attaqué les serveurs des
bureaux du président et du premier
ministre libanais pendant la récente
crise provoquée par sa démission
surprise de Saad Hariri à Riyad, de même
que ceux des ministères de la justice et
des affaires étrangères, de l’armée et
de plusieurs banques libanaises.
Il est aussi écrit dans cet article que
l’attaque a eu lieu depuis 6 mois et que
les hackers iraniens appartiennent à
l’opération « Oilrig ». Celui-ci
serait selon le Figaro « actif depuis un
an et demi », et « s’est illustré dans
de nombreuses attaques de serveurs dans
la région, notamment contre l’Arabie
saoudite et lors d’une opération massive
contre 120 sites israéliens, révélée en
avril 2017 ».
Une multitude de
faits plus spéculatifs qu’avérés.
Le site dit détenir
ses informations d’un service de
renseignement occidental, présenté comme
étant « très actif au Moyen-Orient ».
Une précision sur
la nature arguée de cette source qui se
devrait d’accorder une certaine
crédibilité à cette information, de
sorte que le lecteur l’admette sans
contestation. Pour tout lecteur avisé,
les services de renseignements sont loin
d’être des sources fiables.
« C’est une source
idiote », commente avec ironie
l’analyste du journal libanais, M.
Mohamad Ballout. Selon lequel cet
article est bourré de sophismes.
Une question
évidente s’en dégage à première vue,
remarque-t-il : pourquoi les différents
milieux libanais n’ont jamais été
informés d’une telle attaque
cybernétique iranienne ?
Et si ces derniers
étaient au courant, pourquoi
auraient-ils dissimulé une telle
infraction, enchaine M. Ballout. Sachant
que les milieux hostiles à l’Iran ne se
ménagent pas de la critiquer ouvertement
au Liban.
Toujours est-il que
dans l’article du Figaro, les objectifs
de cette attaque sont définis d’avance :
« peser sur le scrutin de 2018 au Liban
et étendre l’influence de l’Iran au
Moyen-Orient. »
Des allégations qui
sont en parfaite affinité avec la
propagande israélienne et saoudienne qui
diabolise l’Iran. Mais pas du tout en
corrélation avec les actes incriminés.
En quoi une attaque cybernétique
pourrait-elle réaliser ces présumés
objectifs?
« La campagne de
mensonges saoudiens est-elle arrivée
chez le Figaro afin de faire chanter
Hariri alors qu’il est libre au Liban »,
s’est demandé M. Ballout, qui a fait le
lien entre elle et une interview en
cours avec Saad Hariri pour la chaine de
télévision française I-télé et la
prochaine publication d’une interview
qui a été faite avec lui, lorsqu’il
était en Arabie saoudite, par un
magazine golfique Al-Rajoul (L’homme) .
En effet, la bonne
question qui s’impose est elle de
scruter les raisons pour
lesquelles des services de
renseignements occidentaux, et par
extension le Figaro voudraient propager
une telle information douteuse.
Plusieurs réponses
sont possibles en plus de celle de M.
Ballout. Celle de diaboliser l’Iran
comme toujours, afin de désavouer ses
amis libanais pendant les prochaines
législatives et de concourir à
élargir l’hégémonie saoudienne dans la
région en même temps. Tout en occultant
l’offense qu’elle a infligée au Liban en
séquestrant sont Premier ministre et en
l’obligeant à démissionner depuis Riyad.
C’est-à dire les
mêmes objectifs désignés pour la
supposée attaque iranienne, mais dont
les acteurs sont du camp adverse.
A noter que le
journal Le Figaro avait fait partie des
médias occidentaux, (l’allemand Der
Spiegel entre autre) qui ont interféré
dans les législatives libanaises, en
propageant à l’avance des conclusions de
la commission chargée de l’assassinat de
l’ex-Premier ministre libanais Rafic
Hariri, laquelle l’a imputé au
Hezbollah, après avoir accusé la Syrie,
et quatre hauts-officiers libanais.
Il avait diffusé
cette information en mai 2009, quelques
jours avant le lancement du scrutin de
juin.
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