Al Manar
Déclaration finale d’Astana :
le front al-Nosra exclu de la trêve et
des négociations.
La Turquie refuse la laïcité de l’Etat
syrien
Leila Mazboudi
Mercredi 25 janvier 2017
Trois décisions forment l’essentiel
de la Déclaration finale signée
exclusivement par les trois parrains
russe, iranien et turc de la rencontre
d’Astana, sans les deux délégations
syriennes, officielle et celle des
rebelles.
Le renforcement du cessez-le-feu et
la création d’un mécanisme tripartite
pour sa mise en œuvre et sa
surveillance. Ce que veut dire que la
Russie et l’Iran, alliés de Damas, et la
Turquie, principal soutien des rebelles,
promettent « d’utiliser leur influence
et des mesures concrètes sur chaque
partie pour consolider le
cessez-le-feu », instauré le 30
décembre.
Le soutien à la participation des
rebelles présentés dans la rencontre
d’Astana aux négociations qui devraient
se tenir ultérieurement, à commencer par
la prochaine rencontre de Genève prévue
le 8 février prochain.
Et la nécessité de combattre les
groupes terroristes, dont nommément les
deux émanations d’Al-Qaïda, Daesh et le
front al-Nosra.
La plus importante est sans aucun
doute cette dernière. Et pour cause :
c’est sur cette clause réclamée avec
persistance par la délégation syrienne
gouvernementale que repose l’application
de toutes les autres.
En désignant les deux milices
classées dans la liste onusienne des
organisations terroristes, la
Déclaration les exclut ainsi que ceux
qui les soutiennent aussi bien de la
trêve que des négociations.
Alors que la lutte contre Daesh forme
un consensus parmi la plupart des
milices qui combattent en Syrie, celle
contre le front al-Nosra est plus
sujette à la contestation. La plupart
des groupes syriens combattent à ses
côtés dans la plupart des régions
syriennes.
Satffan de
Mistura et Mohammad Allouche à Astana
Le premier jour des pourparlers, des
représentants des groupes armés ont fait
entendre que ces derniers ne se
dissocieront du Nosra qu’une fois le
régime se sera débarrassé des groupes
armés étrangers qui le soutiennent, en
allusion au Hezbollah surtout et aux
Iraniens.
Cette équation n’a pas été retenue
par Ankara pour la Déclaration finale.
Ni l’exclusion de l’Iran, dont le
soutien au gouvernement syrien a
fortement été pris à part les
représentants des rebelles.
En réaction à la Déclaration finale,
la principale insatisfaction que le chef
de la délégation des rebelles Mohammad
Allouche a exprimée est « qu’elle ait
ignoré le rôle militaire de l’Iran ».
Pour des observateurs, cette
persistance des rebelles contre l’Iran
devait faire l’équilibre avec celle
exprimée par la délégation
gouvernementale contre la Turquie.
La Turquie
ne veut pas de laïcité de l’Etat syrien
?
Dans la Déclaration finale, lue par
le ministre kazakh des Affaires
étrangères, Kaïrat Abdrakhmanov, une
clause confirme « l’engagement pour la
souveraineté, l’indépendance et l’unité
du territoire syrien en tant qu’Etat
multiracial, multi ethnique, non
confessionnel, et démocratique »
Plus tard, lorsqu’un journaliste sur
place a questionné le chef de la
délégation syrienne officielle Bachar
al-Jaafari sur l’absence d’aucune
allusion à la laïcité de l’Etat syrien,
il a répondu que « c’est la Turquie qui
a rejeté cette référence alors qu’elle
l’avait admise dans les rencontres
précédentes ».
« Ce qui reflète le rôle suspect de
la Turquie, alors qu’elle s’estime être
un payx laïc », a-t-il ajouté lors du
point de presse organisé après la
lecture de la Déclaration finale.
Durant les pourparlers, les
responsables syriens étaient
particulièrement dans le doute quant aux
intentions de la Turquie, refusant entre
autre de signer un quelconque document
signé par un de ses responsables.
De même, dans son intervention, le
principal négociateur syrien a inclus la
Turquie dans la liste des Etats de la
région auxquels il a adressé un appel
afin « qu’ils arrêtent de nourrir
l’effusion de sang » dans son pays, « et
qu’ils changent de politique ». En
allusion aussi à l’Arabie saoudite, au
Qatar et aux autres pays du Golfe, comme
il l’a précisé ultérieurement.
Dans l’ensemble M. Jaafari a paru
satisfait de la rencontre d’Astana. Pour
lui, elle » a réussi à atteindre
l’objectif de consolider le
cessez-le-feu pour une période donnée,
montrant le chemin vers un dialogue
entre les Syriens ».
Son premier mot, lors de sa
conférence de presse, a été d’appeler
les autres factions syriennes qui n’ont
pas fait part à la rencontre d’Astana de
rejoindre le cessez-le-feu.
Sources: AFP, al-Mayadeen
TV
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