Al Manar
La face cachée de la bataille de Raqqa
Leila Mazboudi
Vendredi 24 mars 2017
La Coalition et ses alliés se préparent
à conquérir la ville de Tabaqa, située à
55 km à l’ouest de la ville de Raqqa.
Selon le porte-parole des Forces
démocratiques syriennes, milice formée
d’une majorité de kurdes syriens des
YPG, l’opération sera lancée dans
quelques jours et débutera par la prise
de l’aéroport militaire de cette ville
qui sera réaménagée afin d’accueillir
les troupes des FDS et les avions de la
coalition.
Message au
gouvernement syrien
Cette annonce
intervient deux jours après la descente
des troupes américaines dans la province
ouest de cette ville, dans une manœuvre
qui semblait destinée à couper court à
l’avancée vers Raqqa des forces
gouvernementales syriennes. Ces
dernières devraient entrer dans la
province de Raqqa, à partir de l’ouest,
après la prise du dernier fief de Daesh
dans la province est d’Alep, Deir Hafer,
-laquelle est assiégée des quatre côtés
depuis jeudi-, puis de Masqanah.
Avant la descente
des militaires américains, quelques 500,
la plupart des opérations menées par la
Coalition et ses alliés des FDS était
plutôt localisées dans le nord et l’est
de la province de Raqqa.
Le transfert de la
bataille vers l’ouest montre bien qu’il
s’agit d’un message adressé au
gouvernement syrien.
Un premier message
avait déjà été envoyé à la fin du mois
de février dernier, lorsque les
Américains ont bombardé l’aéroport de
Tabaqa et celui de Jarrah, situé lui
dans la province est d’Alep.
« C’était comme si
les Américains étaient en train de
dessiner avec le feu les limites à ne
pas franchir par les forces
gouvernementales syriennes », estime le
journal libanais al-Akhbar.
Un écran de fumée
Jusque-là, les
dirigeants américains alimentaient le
doute sur leurs réelles intentions en
Syrie.
Le mercredi 22
mars, le secrétaire d’État américain,
Rex Tillerson a mis l’accent sur la
formation des zones sécurisées en Syrie,
lors d’une conférence organisée à
Washington avec la participation de 68
pays. Le jour-même, à la même
rencontre, le directeur du bureau de
presse du Pentagone, le général Joseph
Scrocca, affirmait que l’armée
américaine n’avait reçu aucun ordre
direct pour créer des zones sécurisées
en Syrie.
A la lumière de
l’accélération des évolutions ces deux
derniers jours, cette contradiction des
positions des dirigeants américains
semble servir d’écran de fumée destiné à
couvrir leur réel projet.
En effet, la prise
de Tabaqa par les Américains ne concerne
pas seulement la province de Raqqa mais
aussi celle de Deir Ezzor, frontalière
avec le voisin irakien, estime
al-Akhbar. L’administration américaine
actuelle semble vouloir interdire à
Damas de la reconquérir et surtout de
reprendre le contrôle des frontières
avec l’Irak.
A l’heure actuelle,
une partie de la frontière avec ce pays,
celle du nord est entre les mains des
kurdes, leurs alliés. L’autre celle du
sud, est entre les mains de milices
soutenues par leurs renseignements,
(depuis le passage de Tanef jusqu’à la
province de Souweïda au sud de la
Syrie). Alors que la partie centrale est
toujours entre les mains de Daesh.
Si la Coalition et
les Kurdes conquièrent cette dernière,
ce serait un coup fatal pour l’unité de
la Syrie, voire pour tous les exploits
réalisés ces six dernières années.
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