Al-Manar
Dans la prochaine guerre,
La Syrie et le Hezbollah, main dans la
main
Leila Mazboudi
Samedi 22 mars 2014
C’est désormais un lien de sang qui
relie le président syrien Bachar al-Assad
au Hezbollah libanais. Constat
amer, voire déprimant exprimé par un
haut officier israélien, lors d’un
compte-rendu sur une évaluation de la
situation, prononcé devant de grands
correspondants israéliens militaires sur
les dernières évolutions.
2 fronts au
lieu d’un
En effet, Israël se trouve dorénavant
confronté à deux fronts. Après avoir cru
qu’il a neutralisé son front nord, avec
la frontière libanaise, depuis la guerre
2006, le voilà depuis le conflit
syrien, face à un nouveau front, avec la
frontière syrienne.
Phénomène inédit depuis 1973, il est
face à un front qui s’étend sur deux
pays.
« La relation entre les deux
alliés qui étaient dans le passée bâtie
sur les intérêts communs s’est mue en
une relation d’un nouveau type : une
relation qui prône un seul et même
destin », pronostique l’officier
israélien, dont les propos ont rapportés
par le site The Time of Israel. Pour en
arriver à la conclusion suivante,
alarmante : « Si Tel Aviv décide
de mener une guerre contre le Hezbollah,
Assad n’hésitera pas à intervenir ! »
Ainsi
la crise syrienne aura dissipé les
efforts monstres déployés aussi bien par
les Israéliens que par leurs alliés
occidentaux depuis 1973 pour disloquer
le front arabe, et empêcher une
quelconque alliance anti israélienne.
Surtout chez les pays qui entourent
l’entité sioniste.
Malgré les affinités affichées entre le
Hezbollah, la Syrie et l’Iran, durant
ces trois dernières décennies, cette
alliance tripartite n’a jamais pris la
forme d’une guerre commune, ou d’une
coalition pour la guerre. Même si durant
la guerre de 2006, le président syrien a
exprimé son entière disposition à prêter
main forte au Hezbollah.
Après la défaite israélienne en 2006,
d’âpres discussions avaient eu lieu au
sein de la classe politique et militaire
israélienne sur la façon de briser cette
alliance, pour affaiblir l’axe de la
résistance. D’aucuns stratèges ou
responsables suggéraient la
neutralisation de la Syrie. Dès lors
qu’une attaque militaire contre l’Iran
s’était avérée hautement risquée car aux
conséquences imprévisibles.
En finir
avec l’axe de la résistance
Raison
pour laquelle les soupçons sur une
implication israélienne dans
l’éclatement de l’insurrection en Syrie
sont plus que plausibles.
Sans compter l’accueil favorable qui lui
a été réservée par les dirigeants
israéliens, lesquels se ménageaient de
l’exprimer ouvertement, pour leurrer
l’opinion publique syrienne, fortement
imprégnée d’une culture nationaliste qui
répugne une telle affinité.
Il ne faudrait pas non plus
sous-estimer les signes de séduction que
certains dirigeants politiques de
l’opposition syrienne armée à l’encontre
de dirigeants pro sionistes dans les
capitales occidentales. Dès les premiers
mois, des responsables du Conseil
National Syrien faisaient exprès de
fustiger ostensiblement le Hezbollah (et
l’Iran) comme pour s’accréditer auprès
des dirigeants occidentaux qu’ils feront
tout pour sortir la Syrie de l’axe de la
résistance.
Un lien de
sang
Contre
toutes les attentes, comme si la magie
se retourne contre le magicien, c’est le
contraire qui a eu lieu. Plus la crise
syrienne s’allonge, les liens syriens à
l’axe de la résistance se solidifient.
L’intervention du Hezbollah en Syrie a
joué un rôle primordial pour déjouer ces
plans. Les Israéliens le voient très
bien.
« Les sacrifices du Hezbollah
en Syrie ont scellé ce qu’on peut
appeler un lien de sang entre Assad et
le Hezbollah. Et le président syrien est
disposé à prendre des risques pour le
préserver », explique l’officier
israélien.
Selon lui, la collaboration entre la
Syrie et la résistance a pris des
proportions importantes : « en lui
accordant un armement de qualité qui
pour Israël dépasse les lignes rouges,
et en étant disposé à entrer en guerre
aux côtés du Hezbollah si Israël se
trouve contraint de déclencher une
guerre contre l’organisation libanaise,
tout ceci fait dorénavant partie de la
perception d’Assad ».
« La Syrie fera tout son possible
pour aider le Hezbollah à la prochaine
guerre. L’hypothèse d’action chez
l’armée (israélienne) prévoit que la
guerre avec le Hezbollah provoquera une
riposte syrienne dans deux directions :
des tirs de missiles contre Israël, d’un
tonne chacun et qui s’abattront sur tel
Aviv et l’activation des opérations
terroristes tout au long de la frontière
», a-t-il enchainé.
Plus
d’armes, plus d’expérience
Contre
les attentes aussi, alors qu’on augurait
un affaiblissement du Hezbollah, en
raison de son implication en Syrie, et
surtout son détournement d’Israël, son
principal ennemi, c’est également le
contraire qui se passé.
Au gré de son implication en Syrie, il
n’a jamais cessé d’enfler son arsenal
militaire.
« Le Hezbollah possède le
huitième plus grand arsenal de missiles
dans le monde », avance cet officier,
les estimations d’intelligence indiquent
qu’il possède plus de 100 mille
missiles, plus précis et d’une capacité
destructrice plus importante, ce qui
veut dire que nous allons faire face à
un Hezbollah qui tire 3.000 projectiles
par jour sur Israël », révèle l’officier
israélien.
En même temps, les combattants du
Hezbollah ont acquis de par leur
participation en Syrie contre les
insurgés « une expérience aux combats
inestimable, laquelle lui accorde un
important atout de force dans une guerre
terrestre », constate aussi l’officier
israélien.
Deux mains
au lieu d’une
Cet
atout se trouve renforcé du fait qu’il
ne travaille plus en solo, mais avec les
Syriens!
Dans trois des quatre opérations
effectuées en riposte au raid israélien
contre la position du Hezbollah dans la
Bekaa, dans les régions occupées et
contrôlées par l’armée israélienne à
proximité des fermes libanaises de
Chébaa et dans le Golan syrien occupée,
les Israéliens sont persuadés que des
Syriens étaient de mèche avec les
combattants du Hezbollah.
« C’est la fin du mur de sécurité
tout au long de la frontière avec la
Syrie dont on disait qu’il était capable
d’empêcher les violations et les
infiltrations des groupuscules ennemis.
Il y a un million de leçons à tirer de
l’engin du Golan, et elles sont
mauvaises. Et nous n’avons pas encore
parachevé le travail sur les résultats
des deux engins du 14 et 18 mars dernier
dans le Golan et dans les fermes de
Chébaa ».
« Ces opérations ont été
exécutées par des professionnels. La
qualité des engins explosifs et le fait
que la région où ils ont été plantés est
contrôlée par Assad et le Hezbollah
consolident les résultats des
renseignements selon lesquels elles sont
coordonnées par le régime d’Assad avec
l’aide du Hezbollah », rapporte le
quotidien israélien Haartez.
La revanche
de l’histoire
La magie se retourne contre le
magicien ? Lors qu’Israël a mené son
invasion au Liban, en 1982, pour en
finir une fois pour toute avec la
résistance palestinienne, il s’est
trouvé confronté à la résistance
libanaise qui a été la première à le
déloger.
De nos jours qu’il croit pouvoir se
débarrasser de l’axe de la
résistance, en soutenant corps et âme le
renversement d’Assad, il voit naitre
sous ses yeux la résistance syrienne.
Dès lors qu'une vraie résistance l’a
défié, ses plans sont sans cesse
contrariés. L’histoire ne manque jamais
sa revanche. Il suffit que les humains y
croient !
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