Al-Manar
Oui, la résistance palestinienne a
triomphé à Gaza.
La preuve : en chiffres!!
Leila Mazboudi
Lundi 1er septembre 2014
On ne peut que saluer la modestie des
factions de la résistance palestinienne,
qui dans leur conférence de presse de
mercredi soir dernier ont évité de
prononcer un discours pompeux qui vante
l’exploit qu’ils ont réalisé en 51 jours
de guerre. Par la voix de leur
porte-parole, ils ont dit préférer
ajourner cette célébration en grandes
pompes au jour de la libération de la
mosquée d’al-Aqsa.
Une modestie qui en dit long sur les
leçons qu’ils ont tirées de cette
troisième guerre israélienne contre la
bande de Gaza, en moins de 5 ans.
Pourtant,
leur triomphe est incontestable,
quoiqu’en disent le Premier ministre
israélien, Benjamin Netanyahu ou les
experts consultés ici et là par les
agences internationales.
D’ailleurs, le public israélien est de
leur avis. À 59%. Même s’il l’exprime en
terme qu’ « Israël n’a pas gagné la
guerre ». Il a surtout perdu, de
nouveau, sa force de dissuasion. Une
menace vitale compte tenu de sa
conjoncture, selon sa doctrine
militaire.
Il est vrai qu’une comparaison
superficielle des chiffres, aussi bien
ceux des pertes humaines que
matérielles, entre les deux belligérants
ne peut que donner raison aux opinions
les plus pessimistes, ou aux sionistes
les plus aveuglés.
Le nombre des victimes palestiniennes
(2.147 martyrs et 11.000 blessés) n’est
pas comparable à celui des Israéliens
tués (71 israéliens et plus de
2.00 blessés)
Il équivaudrait à dire que contre chaque
israélien abattu, ce sont près de 34
palestiniens qui sont tués.
Or, quand on s’approfondit un peu
plus dans l’histoire, via une petite
comparaison avec la première guerre
contre la bande de gaza, on comprend
mieux les progrès enregistrés.
En 2009, pendant les 22 jours de
l'offensive « Plomb durci », il y a eu
quelques 1.400 palestiniens tués contre
9 Israéliens.
L’équation était alors d’un israélien
contre 155 palestiniens !!
En terme militaire, l’échec est plus
flagrant.
Alors que l’armée israélienne assure
avoir tué 900 "terroristes", le Bureau
de coordination des Affaires
humanitaires de l'ONU (Ocha), bien plus
fiable, estime que la grande majorité
des morts et des blessés sont des civils
et assure avoir comptabilisé 215
combattants palestiniens parmi les morts
dont elle a pu vérifier l'identité.
(Journal français l’Humanité)
Seule
exploit de Tsahal : il a admirablement
bien tué des civils !
De leur côté, les Palestiniens
peuvent se targuer que ce sont des
militaires leurs victimes majoritaires :
69 selon le bilan le plus récent (Yediot
Aharonot).
Une équation en découle : un
militaire israélien contre 3 combattants
palestiniens !! Pas mal!!
Il en découle aussi, sur fond de
comparaison avec 2009, que le nombre des
soldats israéliens tués a été multiplié
par 6,9. Il était de 6 en 2009. Sachant
que le dernier tué de cette guerre a été
un soldat israélien ! Comme si la
résistance a eu le dernier mot.
Le nombre des tirs de roquettes et
leur portée pour leur part ont connu une
hausse vertigineuse : dans la première
guerre, les Palestiniens avaient tiré
571 roquettes et 205 obus, selon les
chiffres israéliens (source : Amnesty
internationale), et leur portée maximale
étant de 40 Km.
En 2014, le nombre des roquettes
tirés est de 4.500, dont 3792 qui n’ont
pas été interceptés par Dôme d’acier
(selon le Yediot Aharonot) (3.934 selon
des chiffres officiels israéliens, dont
3.356 qui se sont abattus, et seuls 578
qui ont été interceptés par Dôme
d’acier).
Et leur portée, comme nous l’avons
tous vu a atteint pour certain les 160
km.
Même remarque pour le nombre de
villes et de localités israéliennes
touchées par les roquettes
palestiniennes et qui a nettement
augmenté.
Le fait aussi que la guerre a perduré
51 jours n’est pas sans signification.
C’est la preuve qu’Israël peinait à
réaliser ses objectifs. De surcroit,
elle contredit la nouvelle doctrine
militaire israélienne qui préconise les
guerres éclairs.
Signe encore plus fort : les tirs
palestiniens ont gardé le même rythme
durant ces jours, contraignant
l’administration israélienne à négocier
sous le feu.
Le tout en dépit d’une force de feu
israélienne qui a été multipliée par 4.
4450 missiles israéliens se sont abattus
sur cette minuscule enclave de 130 km2,
et plus de 5.000 cibles ont été visées
(Yediot Aharonot).
Cette performance palestinienne est
d’autant plus louable que la bande de
Gaza est une enclave fermée, assiégée
par terre, par mer et par air. Elle
incarne l’intelligence, la force et la
persévérance, de ceux qui l’ont rendue
possible durant ces dernières années.
Tout cela rappelle la guerre 2006
avec le Hezbollah. Mais pour la
résistance palestinienne, c’est une
première.
En termes d’objectifs militaires, le
constat est également désolant pour
Israël.
Malgré la prudence de son gouvernement
dans le choix de ses mots, évitant
de lancer des positions pompeuses,
du style : « nous voulons écraser la
résistance », il était bien clair qu’il
voulait en finir une fois pour toutes
avec la résistance palestinienne, dans
toutes ses activités directes et
indirectes : stopper les tirs de
roquettes, élimination de ses
commandants, destructions des tunnels...
La force de feu déployée par Tsahal
montrait qu’il préconisait une solution
finale pour Gaza.
Le
contexte régional aurait dû l’aider
sachant que deux acteurs clés dans l’axe
de la résistance sont occupés ailleurs :
la Syrie et le Hezbollah. Auquel
s’ajoutent des relations au plus bas
avec le seul voisin arabe, l’Égypte de
Sissi, qui identifie la bande de Gaza au
Hamas, l’allié de sa bête noire le Frère
musulman Morsi. Sans omettre non plus
l’implication sournoise d’Etats arabes,
et dont la normalisation avec Israël se
fait au-dessus et en-dessous de la
table.
Et ne pas omettre non plus le
mutisme et l’impunité traditionnels dont
il dispose sur le plan international,
qui lui permettent de commettre
toutes les atrocités et tous les
massacres contre les civils y compris
les enfants et les femmes et de
commettre toutes destructions.
Sur ce point, c’est au peuple
palestinien que reviennent les preuves
de bravoure. Etant dans toutes les
guerres le souffre-douleur du courroux
israélien, lorsque celui-ci est
incapable de léser les combattants, il a
su par sa persévérance et sa patience
amortir cette tactique sanguinaire.
Sa leçon aux Israéliens : ce n’est pas
en tuant le plus de civils ou en
détruisant leurs maisons et leur
infrastructure qu’on gagne une guerre.
Même amortissement pour les attaques
visant la résistance : ce n’est ni en
liquidant ses commandants, ni en
traquant ses combattants, ni non plus en
détruisant les tunnels,..., que la
résistance sera décimée.
Au fil des guerres israéliennes,
contre le Liban et la Bande de Gaza,
tous ces stratagèmes ont affiché leurs
limites : leur impact n’agit que sur le
court terme....
Il est vrai que toutes les circonstances
sont en faveur de l'entité sioniste,
lequel dispose de surcroit de tous les
moyens pour triompher. Mais comme il n’y
arrive pas, son fiasco est plus
qu’éclatant.
En effet, la futilité de la
supériorité d’Israël est signe de sa
défaite.
A contrario, l’efficacité de la
résistance, malgré son infériorité est
l’incarnation de sa victoire.
Lorsque grande puissance et petite
puissance sont à égalité, c’est signe
que la première descend la pente, et la
deuxième la monte.
Un constat qui devrait faire
tourner dans leurs tombes les fondateurs
de l’entité sioniste, au bout de 68
années d’occupation.
Les résistants palestiniens en sont
pleinement conscients et ont l’œil sur
la mosquée AlAqsa. Pour eux, cette
guerre n’est que le prélude…
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